(terminé) naoki ; playing house

Ereinté, voilà comment tu étais après avoir subi la tornade Leina et Charlie. A deux, quand ils s’y mettaient, c’était infernal – pire que toi, vraiment. Alors que tu en tenais déjà une couche.
Un peu de repos ; le temps de respirer cinq secondes, c’est tout.
Avant d’aller retrouver ton partenaire, celui qui t’a été assigné.
Juste le temps de souffler – de te poser un peu, de reprendre ton souffle, te remettre de tes émotions – le visage rouge, le costume déchiré, mouillé par l’alcool et les liquides au sol (des sodas et diverses choses).
Un peu plus loin, près du mur ; Naoki, si tu te souviens correctement du costume que vous aviez pu épier avec Leina, quelques jours à peine avant. Tu t’avances, t’approches ; c’était rare quand vous vous retrouviez à deux cependant. Toujours avec un Leina ou un Charlie sauvage dans la patte ; non pas que ça te dérangeait, dans tous les cas.
Mais le japonais faisait désormais partie de votre famille – de votre petite vie, même si cela ne faisait qu’un mois à peine qu’il s’était installé.
Et qu’il essayait de vous fuir, aussi.
Vous étiez peut-être un peu trop intense, pour lui. S’il pensait que sa fuite en douce ne se faisait pas remarquer, cela pouvait être vrai au départ – mais de plus en plus, l’absence de votre nouveau colocataire se faisait ressentir.

Finalement arrivé à ses côtés, tu agites ta main (plus ton costume, vraiment) pour le saluer vigoureusement. « Naoki ! Hey ! » peut-être que tu aurais du prendre une boisson pour venir le voir. Qu’il aurait préféré ça à te voir débarquer seul avec ton pauvre costume débraillé qui se faisait – sans conteste – un petit peu trop remarqué.
« La soirée se passe bien ? Joli costume, d'ailleurs. » Et tu le pensais vraiment, c'était bien de le voir habiller un peu différemment ; peut-être que ça lui manquait aussi, le Japon. « Et le masque est très sexy, grr. » Essaies-tu d'imiter avec ton poing, comme un chat, mais l'effet tombe entièrement à l'eau avec ton costume chelou.
finalement à ses côtés - autant qu'il le permet, c'est à dire pas beaucoup - tu admires la salle de bal et les fêtards, dansant, riant, buvant.
Une véritable joie et un bonheur qui pouvait se lire sur le visage de la majorité des personnes présentes. Un peu moins pour Naoki, cependant.
« Dis, Naoki. » Ca allait être bizarre, à aborder, comme ça, sorti de nulle part. « Tu te sens bien la color ? » Et tu n'arrives pas à enlever cette idée que quelque chose ne va pas vraiment ; tu ne sais pas si ça vient de toi ou de Leina, ou juste que Naoki n'ait pas habitué à vivre avec d'autres, qui sait.

Ah – sous le coup du stress, de la nervosité d’anticipation de sa réponse, tu t’étais mordu la langue et n’avait pas prononcé le bon mot – et le voilà qu’il te pensait saoul.
Avec le peu que tu avais bu – ton costume devait probablement être plus bourré que toi, vraiment. Ce que tu avais eu la chance de boire pouvait sûrement se trouver dans un seul des petits gobelets qui étaient à disposition. Autrement dit – vraiment rien.
« Non, pardon. » tu tousses un peu ; reprenant contenance. C’était censé être une question lambda, qui n’avait rien d’étrange en soit – il était normal que tu te demandes comment il se sente, pas vrai ? Après tout, c’était vous qui cherchiez quelqu’un à la base. Et vous souhaitiez quand même le garder, alors il valait mieux savoir s’il y avait des choses que vous pourriez… améliorer. Peut-être.
Eventuellement.
Avec un peu de chance…
« Ce n’est pas avec ce que j’ai bu que je pourrais l’être ! » ris-lu légèrement, essayant de détendre l’atmosphère – de te détendre, en tout cas.
« Est-ce que tu te sens bien dans la colocation ? Je sais que parfois ce n’est pas facile de vivre avec de nouvelles personnes. »
Tout le monde n’était pas comme toi ou Leina – un peu trop extravertie et avec un pouvoir d’adaptation phénoménal. Certains avaient plus de mal – c’était normal, chacun était différent, après tout.

Charlie ? Qu’est-ce que Charlie venait faire dans votre conversation ? Est-ce qu’il savait quelque chose et te l’avait caché ? Naoki se serait-il confié à lui, un presque inconnu dans cet colocation ? Quand est-ce qu’il s’était autant rapproché sans que ni toi, ni Leina n’ait pu le remarquer ? « Non, il ne m’a rien dit… Tu lui as parlé ? Dis des choses sur la coloc’ ? » ce n’était pas un reproche ; juste une question curieuse.
Même si au fond, tu étais un peu blessé ; vous étiez les premiers concernés, après tout.
Ça aurait dû être vous, les premiers à qui il en parle… Mais, aussi, peut-être qu’il ne se sentait pas à l’aise avec vous. Justement parce que ça vous concernait. Parce qu’il avait des récriminations à votre égard…
Mais ce qu’il t’explique semble aller, alors… « Donc ça va ? Tu n’as pas envie de quitter la colocation ? Je me disais que si tu en avais parlé à Charlie alors peut-être qu’il y avait des soucis avec nous, ou notre manière de… vivre, ou d’être. »
Il pouvait ne pas aimer ; la coloc’, vous, ce que vous étiez ensemble. Tout le monde ne pouvait pas s’adapter aussi vite ; tout le monde ne pouvait pas vivre avec d’autres personnes aussi facilement.
Sa question te prend cependant de cours et alors que tu secoues la tête pour dire non, ta tête de tirex suivant le mouvement. « Non du tout, je voulais juste m’assurer que tout allait bien !! Après tout tu es nouveau dans le pays, et ça doit énormément te changer du Japon alors… je voulais juste être sûr. » qu’il ne se sentait pas de trop ; pas mal ; qu’il n’avait pas le mal du pays, par exemple.
Et tu trouves vraiment cette discussion trop lourde pour être discuté à une telle fête ; vous étiez là pour vous amuser, pour danser.
« Et sinon, tu as pu trouver ton partenaire de danse ? » le tien, pas encore. Il devait être quelque part, dans la foule.
« si ça te dit, tu veux danser ? » lui demandes-tu, sourire retrouvé aux lèvres ; paume de main (de tirex) ouverte vers lui ; si quelque chose ne va pas dans la coloc’, vous en discuterez ensemble ; avec Leina. Voir ce que vous pouvez améliorer, qu’il se sente mieux.

Il s’échappe ; il te file entre les doigts, littéralement.
Peut-être qu’il a honte de danser avec un t-rex, qui sait. Ou avec toi, tout simplement.
Pourtant, la gêne que tu avais pu voir sur le visage de Naoki te semblait un peu différente – comme pris sur le fait, et le voilà qu’il s’éclipsait.
Presque prêt à danser avec un autre, alors que tu avais été le premier à le lui demander.
Non
Non non non
Tu avais demandé en premier ; ‘prem’s’, comme dirait certain.
S’il ne voulait décidément pas danser avec toi, tu pouvais voir ça comme une insulte personnelle. Qu’il ne t’aimait pas, peut-être.
Serait-ce toi le problème dans la colocation ? est-ce que c’était pour ça que Charlie ne t’en avait pas parlé, s’ils avaient en effet parler de problèmes au sein des colocataires ?
Dans tous les cas, tu ne pouvais pas laisser passer cet affront ; comme un enfant boudeur, tu te diriges vers, prêt à demander à faire une danse à trois si cela était nécessaire.
Et pourtant quand Naoki se retourne, il rentre en collision directe avec toi ; ses lèvres entrant en contact avec le haut de ton costume – quel chanceux ce t-rex, tout de même !
« la quitter ? pourquoi ? tu me dois quand même une danse, mon petit naoki. » et tu essaies de mettre tes bras sur tes hanches ; sans réel succès au vu de tes mains de t-rex.
« je vais finir par être blessé au plus profond de mon cœur, tu sais. » tu imites une larme qui coule le long de ta joue ; espérant qu’il finisse par accepter ; et que, peut-être, sa gêne disparaisse en même temps.
Qui sait, peut-être que cela pourrait en réalité lui être bénéfique.

Faire la même taille ? dans ses rêves, peut-être. « je ne suis pas certain de ça, Naoki, mais c’est beau de rêver, je suppose ? » ricanes-tu gentiment – après tout, peut-être que sa taille était un sujet sensible.
« en plus en tant que t-rex, je suis très clairement au-dessus de toi. »
Comment ça, ça ne comptait pas ? si monsieur, si si. Je vous assure.
Mais tu n’en démords pas, tu continues de la vouloir, cette danse. Après tout, ce que tu avais effectué sur la piste ne comptait qu’à moitié ; tu avais dansé pour eux, pour te donner en spectacle, pour les faire rire.
Ce qui avait marché – plus que bien.
Tu sais qu’il te restait encore ton partenaire – mais rien n’était vraiment sûr, quant à la probable danse.
Avec Naoki, tu avais le plus d’espoir de vraiment danser, comme un homme, pas comme un t-rex. Quoi que, cela risquait de s’avérer compliqué…
« je ne dramatise jamais. » pas ton genre, c’était bien connu ; tu étais toujours dans la réaction mesurée, enfin.
Et quand bien même tout le monde vous regardait, ce n’était vraiment pas ton problème – tu avais l’habitude, que les yeux soient rivés sur toi. Pour le japonais, c’était moins sûr, par contre. Surtout vu comment il était mal à l’aise.
« si tu danses avec moi tout le monde reviendra à leur préoccupation ! »
C’est moins sûr, au vu de ton costume mais ça, tu ne lui dis pas, ça.
Et un mouvement étrangement fluide – un véritable miracle au vu du costume que tu portes, tu lui enlèves le verre pour le poser sur le plateau du serveur le plus proche, lui enlevant ainsi toute excuse étrange.
« plus de verre, plus de problème ? et je peux t’apprendre à danser, aussi ? » un grand sourire sur les lèvres, ta main de t-rex prend la sienne et tu l’emmènes sur la piste alors qu’un doux flow commence à émerger des hauts parleurs de la salle. « en plus, pile poil pour un slow, dis donc ! » tu dis ça comme si tu t’y connaissais ; comme si tu avais déjà dansé un slow de ta vie, de manière sérieuse.
Il n’en était rien.
Mais ça non-plus, Naoki n’avait pas besoin de le savoir.

La main sur la poitrine (ou la patte de t-rex, ne nous mentons pas) et l’air outragé, tu n’arrives pas à croire qu’il ait aussi peu confiance en toi. « enfin, Naoki, tu sais bien que oui ! pour qui me prends-tu donc ?? »
Et tu sais que ce sera terrible ; tu ne sais pas danser, tu n’as jamais su, tu n’y es jamais arrivé, à être assez calme et posé pour suivre les pas de danses des autres.
Et puis ce n’est pas comme si cela t’intéressait vraiment non plus, aussi.
Et ta main libre descend ; se met là où tu penses qu’elle doit se reposer, comme tu le vois dans les films, comme tu le vois dans les clips.
(même si probablement que ce n’est pas aussi bas dans la réalité)
« il faut que l’on fasse ça dans les règles de l’art enfin ! » quelles règles ? aucune idée.
Et tu ‘danses’ ; le mot le plus juste serait que tu te dodelines, que tu bouges, tournes avec le japonais en essayant de suivre l’exemple des autres couples qui ont l’air définitivement plus expérimenté que vous (avec une expérience à 0, c’est plus facile aussi), mais tu avais oublié un ennemi de taille dans cet espoir vain de réussir à danser un slow : ton costume, qui n’était vraiment pas fait pour ça.

Et Naoki ne manque pas de te le dire ; te demandant d’arrêter de bouger autant, que ta tête lui bloque la vue. Mais a-t-il vraiment besoin de voir que ce soit, en réalité ?
« il faut bien que je bouge pour danser, tu sais… mais ne t’inquiète pas, je vois tout ! on ne va pas s’emboiter les uns sur les autres, ne t’inquiète donc pas. » enfin, ça, c’était ton espoir. Mais entre ceux qui riaient après t’avoir vu tourner les fesses à l’air, vos pieds qui se mélangeaient sur la scène et les gens qui avaient un peu trop bu – c’est avec une surprise qui n’en est pas une que vous finissez par vous écrouler alors que la chanson arrive finalement à sa fin ; et c’est toi qui glisse, c ta patte arrière qui se prend l’alcool renverser et tu te retrouves (encore) le cul par terre, le caleçon désormais sur le sol froid de la salle, embarquant Naoki avec toi avec tes mains qui avaient décidé de ne pas le lâcher.

Alors que la musique reprend, beaucoup plus électrique et entraînante, après un petit rire lâché par certains spectateurs, la chute est vite oubliée tant l’ambiance est trop bonne pour se laisser arrêter par ça. et toi aussi, tu ris un peu ; du ridicule de la situation. Pas comme si tu ne l’avais pas vu venir. Pas comme si tu étais déjà tombé par terre au cours de la soirée, vraiment.
« on a réussi à danser, au moins… jusqu’à la fin. Tu ne t’es pas fait mal, ça va ? » parce que pour toi, c’est peut-être drôle ; mais qu’en était-il de ton colocataire, bien plus réservé et timide que toi ?

La voix ; froide. Cassante.
Naoki qui reprend sa main et qui s’écarte – un peu trop vite, un peu trop précipité, et son regard froid que tu devines sans mal sous le masque ; son ton y est pour beaucoup.
Que tu ne l’invites plus à danser ; tu peux entendre le « plus jamais. » comme s’il te demandait presque de ne plus l’approcher, presque – et pourtant, tu tends la main, tu tends tes doigts pour venir le rattraper, pour t’excuser ; tu ne savais pas ; tu ne voulais pas ; promis, tu ne…
Tu ne voulais pas quoi ?
Tu savais comment ça finirait ; pas forcément mal, pas forcément comme ça. Mais tu savais que c’était dangereux – la danse avec le costume qu’il est impossible de bouger sans casse. Tu t’en doutais – ce n’était pas une surprise, pas vraiment.
Mais la réaction de Naoki, elle, l’était.
Il était sérieux – plus que la moyenne, un peu trop japonais pour toi, qui sait. Pas du genre à vraiment s’amuser comme vous, plutôt à avoir honte de vous.
Tu le savais, vraiment.
Et tu avais insisté – tu avais fait comme si tu n’avais rien entendu quand il avait presque refusé, l’obligeant à venir (pour une danse, juste une danse, promis).
Et te voilà maintenant à le suivre ; à pousser les gens pour passer, à chercher les toilettes, là où tu as pu voir qu’il se dirigeait.
Tu ne feras rien ; des excuses et c’est tout.
Des excuses et tu t’en vas – tu as déjà assez fait de mal comme ça, il est peut-être temps de rentrer, il est peut-être temps de mettre ce costume foutu à la poubelle.
Tu t’es assez amusé comme ça, Jupiter.
« Je suis désolé. » dis-tu à bout de souffle lorsque tu le retrouves finalement en train de se laver les mains. « Je le suis, vraiment. Je ne voulais pas que ça se passe comme ça. je voulais juste… » tu déglutis, un peu. Tu ne veux pas que ça sonne comme des excuses, comme une raison valable pour te pardonner aussi rapidement. « je voulais juste que tu t’amuses, apprendre à mieux te connaître. Désolé, c’était pas smart de ma part. » tu reprends ton souffle, encore un peu. « je vais te laisser tranquille. Je… profites encore un peu de la soirée, d’accord ? et fais attention en rentrant, Naoki. »
Et tu lui tournes le dos ; tu repars, le costume déchiré et la tête un peu baissée, la tête du t-rex suivant.
Il est l’heure d’aller dormir ; l’heure d’expier ses péchés en les oubliant.
L’heure de commencer une nouvelle journée et de faire comme si tout ça n’était pas arrivé.