Sebastien Masson » i would hate you if i could

Boo, I need you around
The pressures gettin' way too heavy now
And you should that I'm not ready, no
Not good at being alone
I know you know that I am empty now
Gettin' to sleep so very rarely now

Il est l'ombre du chien de la grand-mère du voisin.
Il est la face cachée de la lune
le compère, le bras droit de la tempête,
les secousses post-séismes
il est
pas grand chose – un souffle, un soupir
un sentiment sur un bout de papier qu'on met aussitôt au feu.
Cela lui convient, qu'il se dit -
personne ne le connaît, il ne connaît personne, il est de ceux qui s'attachent à peu de choses et dont peu de choses s'attachent à lui ; il est le conducteur silencieux, calme, la voix posée et douce, qui glisse une ou deux plaisanteries dans ses annonces pour en faire sourire quelques uns sans jamais qu'aucun visage n'apparaissent dans leurs esprits.
Cela lui convient, qu'il se dit -
mais il y a bien une face visible de la lune,
il y a bien le chien d'une grand-mère du voisin,
il y a bien
un papier dont il manque un bout quelque part et il voudrait
il voudrait
exister
rien que pour lui.

   

discret ; peu confiance en lui ; très intelligent ; sait toujours trouver une porte de sortie ou du scotch pour réparer ce qu'Ivo a pu casser ; ne sait pas communiquer ; colère sourde qui gronde constamment dans sa poitrine ; cache très bien ses émotions ; sait pourtant être très doux lorsqu'on le connaît un peu ; aime bien chanter à ses heures perdues, quand personne n'écoute ; peur profonde de l'abandon ; et des armes blanches comme à feu ; déteste la violence physique en général, ne l'utilise que lorsqu'il (Ivo) n'en a pas le choix ; distant de sa propre vie, tendance à s'en dissocier ; maladroit, dans ses paroles comme dans ses gestes lorsqu'il se veut un peu tendre.

   
Take me in your tender arms, roll me in the dirt
Cover me in roses, cover me in pearls
And then when the sun sets low, roll me in the dirt
Cover me in roses, cover me in pearls

Lui sait comment exploser les vitres et brûler le monde.
Lui sait comment tout envoyer en l'air, comment tous les envoyer se faire foutre.
Lui connaît tout de toi, et semble tout connaître des autres. Lui a prit ta main dès le premier jour et t'a poussé à hurler à la face du monde tous tes ressentis, tout ton mépris.
Lui sait que tu n'as plus rien à lui cacher et qu'il n'a plus rien à te cacher, que tu as tout vu de Lui et qu'il a tout vu de toi.
Pourtant,
pourtant
au bord de tes lèvres – des mots que tu ne diras jamais, qu'il sait lui-même mais ignore délibérément.
Des non-dits qui pourrissent entre vous et Lui qui te traîne dans la boue, ton échine qui ploie sous son regard, ne sait se défaire de son emprise – n'en a même pas envie.
Ca a toujours été comme ça.
Ses mains sur les corps des autres (que tu aimerais les avoir sur le tien)
tes poings qui rencontrent la mâchoire des autres pour le défendre Lui
Jamais toi
Jamais toi
ce n'est jamais
Toi

   

grand, 1m80, plus grand qu'Ivo, ça l'a toujours fait complexer ; yeux verts forêt, comme papa ; cheveux couleur de feu, comme maman ; la boucle est bouclée, mélange parfait – maman lui a toujours dit, le plus beau des petits garçons ; aime porter des bagues, en a deux/trois à chaque main ; un petit nez en trompette qu'on adorerait booper ; écoute très souvent de la musique, on le verra donc régulièrement avec un casque sur les oreilles ; prend jamais la peine de se coiffer, le style décoiffé lui va plutôt bien ; allergique aux poils de lapin, c'est dommage car il les trouve très mignons ; un tatouage sur la fesse droite, pari stupide avec Ivo qui a le même à la fesse gauche ; En a un autre, beaucoup plus sérieux, sur la poitrine – un petit train dessiné en suivant les lignes du signe infini ; ne tient pas l'alcool.

Come on break me down
I'll let you ruin my day
Flow through my veins
I need a fix
Bitter and sick

Elle était le soleil et elle éblouissait les environs de milles feux. Sa chevelure flottait dans les airs et la brûlure de son sourire était telle qu'on revenait lui en demander, toujours plus. Elle était magnifique et douce, elle était ta mère et ton père la regardait avec cette espèce d'amour doux comme une plume dans le regard. Une écharpe autour du cou les trois quarts de l'année, la neige qui recouvre la ville entière sous son linceul blanc, les mains qui tremblent constamment de froid à faire des bonhommes de neige.

Maman adorait se poser devant les rails, toi dans ses bras, blotti tout contre son cou ; maman adorait regarder les wagons défiler à toute vitesse, fendant l'air et les flocons pour arriver à destination. Le paysage magnifique qui reste gravé dans tes rétines et l'envie d'être à la place du conducteur qui a secoué ton cœur dès les premiers instants. Il y a toujours eu quelque chose de magique pour toi d'être à bord d'une si grande machine et d'avoir la meilleure vue possible sur le paysage qui nous entoure.

Vous auriez pu être une heureuse famille mais si ça avait été le cas, il n'y aurait pas eu d'histoire à raconter – il n'y aurait pas eu les larmes et la colère contre ce monde injuste qui tire sur des gens au hasard, il n'y aurait pas eu la haine des autres et un manque si intense qu'il ne sera plus jamais comblé. Maman était si jolie et si douce, elle ne voulait pas que ses fleurs fanent dans le froid ; elle est sortie juste pour les ranger. Un pied dehors, ce n'est pas grand chose, on le fait tous, constamment.

On a dit qu'il avait des problèmes mentaux.
On a dit qu'il était rempli de haine du monde, trop pour ne pas en déborder.
On a dit qu'il a juste voulu se venger – de quoi, on ne sait pas, de n'importe quoi.

Elle avait juste voulu rentrer ses fleurs.

Eat, sleep, wake
Nothing but you
I may not say it outwardly
So all I have are memories

Papa ne s'est pas laissé abattre. Tu ne sais pas comment il a fait pour rester droit sur ses jambes malgré la perte de son soleil, mais il est parvenu à tenir, pour toi. Uniquement pour toi. Il te le répète encore, à chacun de tes anniversaires. Ses doigts sur tes joues, son front contre le tien, il te souffle qu'il t'aime et qu'il est fier de toi, que ta mère le serait aussi. Qu'il continuera de te soutenir, quoi qu'il arrive, année après année, jusqu'à sa mort.
Tu n'aimes pas penser à sa mort.
Tu n'aimes pas penser à leur mort.

Papa ne s'est pas laissé abattre, mais la vue de la neige vous insupportait. Toi comme lui, incapable de la contempler sans penser à votre soleil disparu, il a demandé sa mutation ailleurs. Loin. Un pays où la neige ne se fait pas aussi abondante, un pays où la chaleur du climat d'été remplacera la perte de chaleur de maman. Un pays où tout est inversé par rapport à votre vie de maintenant, où vous ne croiserez jamais cette période de deuil de la même manière que si vous étiez restés au Québec.

Tu as sept ans et vous avez volé jusqu'en Nouvelle-Zélande, là où la terre est renversé, où le temps est inversé, là où tous les mœurs sont étrangers.

Tu n'avais pas encore pleuré. Malgré la douleur constante dans ta poitrine, malgré la colère qui te donne envie de crier jusqu'à t'en arracher les cordes vocales, tu n'avais toujours pas pleuré. L'avion a décollé et tu n'as pas pleuré ta terre natale ni ta mère disparue. L'avion s'est posé et tu n'as pas pleuré ton arrivée ni ta mère disparue. Les bagages ont été récupérés et tu n'as pas pleuré tes affaires abandonnées ni ta mère disparue.

Ton corps s'est entrechoqué contre un autre enfant de ton âge, tu es tombé sur les fesses, l'a dévisagé quelques secondes.

Et tu t'es mis à pleurer. Vous vous êtes mis à pleurer – tous les deux, exactement en même temps. Les âmes qui se sont mises en résonance dès l'instant où vous vous êtes rencontrés. Il n'a plus jamais été possible de vous séparer, dans les bras l'un de l'autre, comme une moitié retrouvée.

What the hell would I be without you ?
Brave face, talk so lightly, hide the truth
'Cause I'm sick of losing soulmates
So where do we begin?
I can finally see you're as fucked up as me
So how do we win?
Yeah, I'm sick of losing soulmates
Won't be alone again


Papa aurait pu te dire mille fois qu'il est de mauvaise influence – car c'est le cas. Il ne l'a jamais fait. Il t'a simplement regardé droit dans les yeux, avec cette petite lueur dans le regard qui te chuchote qu'il comprend, pour te dire : fais attention à toi. Quoi qu'il arrive, quoi qu'il se passe, même s'il devait venir te chercher au commissariat à trois heures du matin, c'est les seules paroles qu'il se permettait d'avoir. Et tu l'as fait, tu n'as jamais cessé de le faire – juste pour lui. Faire toujours attention à toi, assez pour que rien ne soit jamais marqué sur ton casier ; assez pour apprendre à ne plus te faire prendre, assez pour te construire un avenir. Cela a semblé lui suffire.

Ton coming-out ne l'a ni surpris, ni dégoûté. Il paraissait presque amusé de la situation, parce qu'il avait sûrement compris bien avant toi, dès lors de votre première rencontre, que tu es tombé sur le soleil de ta vie ce jour-là, à l'aéroport.

Le problème est sûrement qu'Ivo est plus qu'un soleil ; c'est une supernova, au bord de l'effondrement. Il n'est pas loin de devenir un trou noir qui t'engloutira tout entier – qui commence déjà à aspirer des petites, toutes petites parties de toi, à chaque fois qu'il embrasse quelqu'un d'autre, à chaque fois qu'il te pousse dans tes retranchements, tes limites que tu t’interdisais de franchir, juste pour être certain que tu lui es fidèle. Juste pour être sûr que tu resteras toujours à ses pieds, l'échine ployée.

And we were just having sex,no
I would never call it love
But, love...
Oh no, I think I'm catching feelings
Avec la vie d'adulte sont venues les responsabilités. La peur au ventre de ne pas être assez bien, assez mature, assez intéressant, assez adulte. Tu as l'impression qu'on t'a introduit dans cette vie sans mode d'emploi, sans directives précises. Alors t'as continué à faire tout ce que tu as toujours fait ; accompagner Ivo lors de ses conneries, couvrir ses arrières, enchaîner les soirées (et les corps pour l'effacer lui), retourner travailler.

Et puis – le coup de fil qui a tout envoyer balader. Une proposition d'un travail en Australie. Si loin et si proche à la fois, les convictions qui basculent.

Une main sur la bouche et les premiers pétales qui en sortent lorsque tu le sens dans ta poitrine, ton cœur qui s'effondre en mille morceaux à l'idée d'être loin de lui. Prise de conscience douloureuse, tu t'es fait avoir comme un bleu. Tu ne peux plus retourner en arrière ; il te tue à petit feu, littéralement et tu ne voulais pas qu'il assiste à ça.

Tu as accepté.

Je vais partir Ivo et son habituel sourire carnassier, comme si ça ne le touchait pas. Comme si ça n'allait rien changer à sa vie – ça n'allait rien y changer, réellement. Qui étais-tu pour lui, après tout ? Un bon compère, un ami d'enfance. Pas si important, ce n'est jamais Toi. Quelques gorgées d'alcool et
ses doigts
ont pianoté sur ton corps comme
il n'a jamais joué de symphonie sur toi
auparavant.

Et ses traces sur toi qui résonnent encore d'une si jolie musique, tu sais que tu les emporteras dans la tombe, tu sais qu'elles seront encore là quand tu vomiras les pétales dans les toilettes, tu sais qu'elles seront encore là lorsque tu y laisseras ton cœur et ta capacité à aimer.

Rien qu'une fois,
ça a été toi.

Maybe won't you take it back?
Say you were tryna make me laugh
And nothin' has to change today
You didn't mean to say, "I love you"
I love you and I don't want to

Quelqu'un d'autre. Quelqu'un qui a de la famille là-bas, quelqu'un qui n'aura pas besoin de se dépayser pour venir y travailler.

Le faux espoir qui se transforme bien trop vite en soulagement de ne pas être éloigné de ton soleil. Tu es un simple satellite qui a besoin de graviter autour de lui, c'est comme ça ; pourtant, les pétales n'ont pas disparu. Tu les tousses et tu te demandes pourquoi maintenant, pourquoi après tout ce temps. Pourquoi tu es incapable de redevenir comme avant (avant ses lèvres, avant ses doigts, avant ta peau marquée de ses lois).

Pourquoi devais-tu aimer quelqu'un qui
est incapable
d'aimer en retour sans
les défaire de leurs pétales,
les uns après les autres, jusqu'à
les laisser
à l'air libre, tordus de douleur ?

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COEUR PRIS
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Bjr moi c'est Tetsu/Eli (elle/ael) j'ai 22 ans et c'est leina qui m'a donnée le lien du fofo y'a quelques semaines déjà... Oui j'ai mis mon temps... Mais j'ramène Ivo donc on me pardonne