Milo Fowler » Une vie après l'autre

Heureux pour la vie qu'ils disaient.

Dire que ce n'était même pas cette saloperie de maladie improbable dont tout le monde parlait qui eut raison de votre amour. Non, ce fut quelque chose de plus banal, sans être moins brutal pour autant. Un cancer. Insoupçonné, insoupçonnable. Et pourtant fulgurant. De toi qui avait cumulé tous les excès possibles entre le tabac et l'alcool, il se désintéressa pour fondre sur ton épouse. Dévorant sa chair, consumant son être. Cela ne dura que quelques mois, ne vous laissant pas le temps d'organiser vos propres défenses, votre fille et toi. L'annonce de sa mort fut un choc mais déjà, tu te plongeais dans les papiers administratifs pour fuir le deuil auquel tu ne souhaitais faire face. Un moyen comme un autre de t'occuper l'esprit, pour ne pas réaliser qu'elle était partie, à jamais. Mais lorsque l'agitation des obsèques retomba et qu'il te fallut revenir à ton quotidien, tu subis son absence alors que son parfum flottait encore dans la pièce.

Le deuil te frappa de plein fouet, toi qui n'avait jamais pris le temps de le faire auparavant. Déjà, le mal fleurissait dans tes poumons, les asphyxiant peu à peu. Tu avais bien cherché à cacher la vérité à ta fille dans un premier temps mais plus les pétales envahissaient ta bouche et plus tu dus te résoudre à l'envoyer en internat contre son gré pour qu'elle ne te voie pas sombrer à ton tour. Elle avait déjà vu sa mère mourir, tu ne voulais pas lui infliger ça une fois de plus. Une fois de trop. Tu avais essayé d'étouffer ces sentiments qui à présent te tuaient lentement. Te résoudre à accepter son départ. Mais force était de constater que tu n'étais pas assez fort. Tu ne l'avais jamais été. De vous deux, c'était elle qui rayonnait, tu le savais. C'était bien ce qui t'avait attiré chez elle après tout. Qui aurait pu croire un jour qu'un étudiant en art, désinvolte et paresseux rencontrerait cette dynamique jeune femme destinée à une brillante carrière de droit ? Pire, qu'ils se plairaient et que de cette attraction réciproque, naîtrait une adorable petite fille ? Personne, assurément.

Ce fut la tête plein de souvenirs et un sourire nostalgique flottant sur tes lèvres que tu t'endormis ce jour-là. A ton réveil, les fleurs avaient disparu. L'amour aussi. Ce serait mentir que d'affirmer que tu te sentais plus léger. Mais au moins, tu pouvais poser les yeux sur les photos de vous trois sans te remettre à tousser des pétales. Cette indifférence à l'égard de celle qui avait illuminait tes journées dès lors que tu avais posé les yeux sur elle te parut étrange. Sans que tu puisses réellement y changer quoique ce soit. La vie reprit son cours, ta fille revint habiter avec toi. Sauf que plus rien n'était pareil. Si elle remarqua le changement chez toi, elle n'en fit jamais mention, gardant la découverte pour elle. Et tu la remerciais silencieusement pour ça. Alors que tu perdais intérêt pour cette vie, la subissant plus qu'autre chose, tu pouvais néanmoins regarder ta fille grandir. Elle avait le caractère de sa défunte maman, n'hésitant jamais à le bousculer, à son grand damne. Sa maturité faisait pourtant ta fierté. Elle était tout pour toi à présent, te donnant même une raison de te lever tous les matins. Autre que celle visant à subvenir à vos besoins respectifs.

Ayant perdu ta muse, tu te résolus à proposer tes services dans le bâtiment histoire d'avoir des revenus plus ou moins fixes. Peindre sur toile ou sur béton, quelle différence ? Les missions d'intérim se succédaient, tu passais d'un chantier à un autre, sans grande conviction mais avec la certitude de retrouver le sourire de ta fille à ton retour. Tu lui devais bien ça. Doucement mais sûrement, vous vous remettiez de cette tragédie. Soucieux de lui offrir des études, tu commençais même à mettre de l'argent de côté, plaisantant quand ta fille te pressait de te remettre à peindre. Sur un coup de tête, tu lui offris un télescope alors qu'elle traversait une période d'intérêt subit pour les étoiles. Inutile de dire que tu te retrouvais bientôt à le rentabiliser toi-même sitôt que ta fille s'en désintéressait. Et curieusement, cela te plut au point que tu te rendais deux à trois fois par semaine sur les hauteurs de la ville pour admirer le ciel une fois la nuit tombée. Ta fille partie pour entreprendre ses études, le passe-temps devint un hobby. Et le hobby, une routine. De quoi lui donner envie de reprendre les pinceaux.

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COEUR DETRUIT
» <b>Veuf</b> ✿ <a href="https://bloomintome.forumactif.com/u52">Milo Fowler</a>

Il aura fallu le temps mais voici le second bébé... J'espère que Milo vous plaira, j'ai hâte d'écrire avec tous