(terminé) you're saying, "It's hopeless that I should hope less" ; maks

La nuit se fait fraiche ; la lune, haut dans le ciel, n’illumine pas grand-chose –
Les néons du centre-ville derrière vous, les lampadaires ont repris le rôle de la lumière.
Vos pas vous mènent en direction de chez vous ; Maks habiterait par ici aussi, apparemment.
Vous rentrez ensemble –
Chose impossible
Chose incroyable
Chose rêvée.
Jamais tu n’auras cru cela possible – comment cela aurait-il pu l’être ?
Il te détestait, te haïssait ;
Tu n’étais que de la chair à canon ;
Fait pour les clients ;
Fait pour ses porcs.
Tu en étais un aussi, à ses yeux.
Pourtant, c’est bien sa main qui tient la tienne ; ce sont bin ses doigts qui s’agrippaient il n’y a pas si longtemps à tes hanches ; c’est bien sa voix qui n’a fait que murmurer un ‘je sais’ dont tu te souviendras encore longtemps.
Il n’y avait pas eu de déclaration de sa part ; rien.
Mais il n’y avait pas eu de déni pour les tiens ;
Pas de dégoût ;
Pas de haine ;
Rien du tout – c’était déjà beaucoup.
Tu prenais ça pour une victoire, aussi petite soit-elle.
Retourner sur ce pont ; c’était quelque chose. Il y a quelques semaines, déjà – tu as l’impression que ça fait un éternité.
Qu’il a voulu mourir, ici.
Que tu as essayé de l’en empêcher, ici.
Et que tes mots ont toujours un peu dépassé ta pensée – enivrée par la colère, hypnotisée par l’amertume, le presque désespoir de ne pas être aimé.
Mais tu te sens léger, ce soir ;
Comme si tu flottais ;
Comme si tu volais.
La robe d’ange dans le vent, tes ailes t’ont fait décoller ;
Et tu te demandes bien comment cette soirée somme toute idéaliste pourrait désormais se terminer.

« tu vas finir pas t’empoisonner les poumons. » réponds-tu simplement ; comme si ce n’était pas déjà fait, comme si le mal ne l’avait pas déjà infecté, avec tout ce qu’il fumait.  
Mais il n’insiste pas ; peut-être qu’il sait, que ce n’est pas bon la cigarette – ni pour lui, ni pour toi. tabagisme passif – tu t’en passerais, si tu le pouvais.
« non, pas trop. » et c’est bizarre, de répondre ça –
C’est bizarre, de le ramener chez toi.
Ramener quelqu’un chez toi.
Un garçon –
Maks.
Pas n’importe quel garçon – mais Maks.
Et ça te fait papillonner le cœur ; ça te mord l’estomac.
Ta main est moite – tu le sais, tu le sens.
Le cœur au bord des lèvres – ou est-ce des fleurs, mais ce serait étrange, car ton amour est réciproque, maintenant.
Tu es trop habitué, sûrement – et la sensation se ressemble.
Car en fin de compte, les fleurs était con cœur, aussi – non ?
Et tu lui serres un peu plus la main. « on est bientôt arrivé. »
Comme s’il allait se passer quelque chose, en arrivant –
Comme si tu attendais quelque chose –
Ou lui, peut-être.
« non je n’avais pas de rechange. Et tu peux parler. » lui aussi ; toujours en tenue de… non costume, en réalité. On le reconnaissait à mille lieux – et il le savait probablement très bien.
« je voulais me purifier. »
Et tu ris.
Comme si c’était drôle – comme si tu te pensais vraiment sale, pour de vrai.
(tu l’es, camille)
« je voulais qu’on me pardonne mes pêchés. »
Tu souris, en disant ça –
Mais il n’y a pas de quoi, vraiment.
« et toi alors, comment tu as pu te retrouver là-bas ? »
Ça t’étonnait – te surprenait. Il n’était pas de ce genre là ; vraiment pas.
« tu as perdu un pari ou quoi ? » c’était la seule raison plausible à laquelle tu pensais.  

Et sa prise est étrange entre tes doigts
Une force à laquelle tu ne t’attendais pas vraiment.
Tes doigts moites dans les siens, froids de la nuit ; ou du stress, peut-être, qui sait.  
Et ton cœur bat ; tu accélères le pas sans vraiment y faire attention
Un besoin de rentrer
Un besoin de l’avoir chez toi
Un besoin de l’embrasser.
Maintenant que tu le peux.
Maintenant que c’est permis.
Et tu l’entends dans sa voix, qu’il fait la moue, qu’il bougonne un peu ; tu es certain qu’il l’a payé cher, qu’il regrette l’avoir amené à une telle fête où sûrement que quelques gouttes d’alcool se sont déversées dessus pendant qu’il passait entre les gens, au sein de la foule.
« mais oui, il est très bien. » comme tout ; comme toujours. Toujours flamboyant à tes yeux – mais tu ne le lui avoueras jamais, plutôt mourir.
Et tu craques ; tu t’esclaffes alors qu’il dit qu’il ne rate jamais une fête. Alors celle-là, elle est bonne. « tu veux dire que tu rates toutes les fêtes, non ? »
A ne jamais se montrer en public, à toujours rester en retrait – et c’est peut-être normal, au vu de son travail, aussi.
« c’est ça, moque toi donc. Au moins, je n’avais pas à porter ce masque ridicule de lapin. Et j’étais dans le thème, monsieur je mets juste un trois-pièces pour une fête costumé. » ton rire retentit dans la nuit tandis que ton sourire reste ; étires tes lèvres alors que tu le regardes, alors que tu adores te moquer comme ça de lui, gentiment, doucement.
« tu avais raison sur le fait que je le porte bien, oui. surtout avec mes cheveux, je suis assorti. » un ange tombé du ciel t’avait-on dit ; une couleur que tu avais faite, t’avait-on demandé ; ça avait l’air si réel, olala.
Pas vraiment de commentaire sur tes cheveux auquel tu avais répondu ; tu étais à peine resté, après tout. le temps d’une danse avec ta partenaire puis tu avais vu le grand maître à travers la baie vitré.
Et tu ne sais pas ; ton corps avait bougé tout seul, comme aimanté ; attiré.
Et maintenant, c’est comme si tout ton piquant avait presque disparu, comme si tu avais fait la paix ; vos mains jointes, rentrant chez toi.
Si tu avais bu, tu aurais pu croire que tu avais abusé de l’alcool, très clairement.
Et, en haut de la pente, ta maison qui se découvre, le jardin rempli de fleurs qui commencent à faner – la chaleur se fait trop forte, ces derniers temps. au plus grand bonheur des cactus en pot, par contre.
« on est arrivé » souffles-tu en te retournant, perdant un petit peu de ton sourire.
Et maintenant ?
Regretterait-il ? ce ne serait pas vraiment une surprise, en soit ; une déception, peut-être, un peu. Mais tu ne sais pas ; s’il est prêt, pour quoi que ce soit.

Pas vraiment de réponse ; un silence plutôt pesant, dans l’attente ; l’incertitude
Toujours l’incertitute, avec lui
Avec Maks
Toujours l’attente
De quelque chose qui ne viendra pas.
Un sourire presque triste alors que tu t’apprêtes à lui lâcher la main, à rentrer, penaud, un peu ; déçu, beaucoup
Mais le voilà
Qu’il parle à nouveau, et ses mots sont incroyables
Inattendus
Surprise totale.
Et tu ris ; tu ris tellement tu ne t’y attendais pas, tellement il saute les étapes. Il n’y presque pas eu de baiser ; de caresse, rien de tout ça ; pas de rendez-vous, pas de mots susurrés sur l’oreille.
Il n’y a eu rien de tout ça et il te dit d’habiter avec lui ; peut-être que ce serait mieux, plus facile – pour lui ?
« tu brûles les étapes, tu ne crois pas ? » et tu as tellement ris que tu viens attraper une larme qui perle au coin de l’œil ; tu te sens si léger, si… étranger à ce bonheur.
Et il te laisse aller ; te laisse rentrer, il te regarde, qu’il te dit.
Alors tu lui lâches la main ; tu te mets sur la pointe des pieds et déposes un baiser sur sa joue ; chaste, court ; et te voilà reparti, voilà que tu as fais quelques pas en direction de ta maison, celle vide ; toujours vide ; celle de ta mère, celle qu’elle t’a laissé avant de partir pour toujours.
« à plus tard », finis-tu par lui dire avant d’être trop loin, avant qu’il ne puisse plus t’entendre ; et tu trottines, comme une enfant, comme une jeune fille en pleine adolescence ; étoiles dans le cœur et explosion dans les yeux – ce soir, tu dormiras bien.
Ce soir, tu rêveras peut-être, un peu.