gwen » pétales et tisane

C’est un choc ; retentissant ; la vérité qui s’écrase, soudaine – la violence du paysage qui s’offre devant toi.
Les pétales de fleurs qui s’effondrent ; rugissante contre le bois – couleur acérée contre celle, naturelle, de la table.
Ahurie – c’est le mot.
Tu ne sais quoi dire alors que tu sens les tiennes qui sont là, prêtes à sortir à leur tour – tu ne dis rien, ne sachant que trop bien.
La surprise ; l’angoisse ; la peine ; la peur.
Mais tu fais comme si – quand elle balaie les pétales, quand elle balaie son crime, quand elle fait comme si de rien n’était – tu fais tout comme.
Il n’y a jamais eu de pétale ici – juste les feuilles des arbres.
Il n’y a jamais eu que Leigh – douce Leigh, qui aime l’amour, qui a des tableaux des fleurs amoureuses dans son magasin ; est-ce qu’elle mettra les siennes aussi, en tableau, alors ?
Tu te retiens de lui demander – une envie trop soudaine, qui la brusquerait. Tu n’es pas censée avoir vu, après tout – à peine arriver, à peine tu viens de t’installer, la saluant doucement, un petit sourire aux lèvres ; chose rare, mais tu ne peux t’en empêcher.
De compatir.
Surtout quand, contre toute attente, vous êtes devenues proche.
C’en est presque étrange, au final – trop.
« Alors, comment se porte la boutique ? Il va falloir que je revienne faire un tour. »
Même si tu as déjà tout ce dont tu as besoin pour tu sais qui. Mais peut-être que tu pourrais utiliser quelques plantes dans ton appartement ; un peu de verdure ne ferait pas de mal, après tout.
« et toi alors, comment tu vas, alors ? il fait de plus en plus chaud, tu ne dois pas avoir l’habitude. »
Londres, ou l’Angleterre, en général, ne faisait pas partie des pays les plus chaud lorsque la chaleur frappait.

« c’est vrai. Surtout en ce moment, avec la… folie qu’il y a. » quelque chose se passe ; tu le sais ; l’hôpital est rempli, plus qu’il ne l’a jamais été, avec les fleurs.
Quelque chose se passe.
Tu ne sais pas ; folie passagère ou pollen qui étouffe.
Maladie étrange qui semble tourbillonner et qui tue dans son sillage ; incompréhension de la part des médecins et de l’hôpital.
Mais tu soupçonnes que des gens savent, là-haut.
« promis, je passerai bientôt. » et tu avais pensé, pendant un instant ; ramener des fleurs à l’hôpital, pour les malades. Mais peut-être que, justement, ils n’en voudrait pas, ces fleurs.
Celles-là mêmes qu’ils crachent, encore et encore.
Et tu ris un peu ; tu pouffes alors que tu imagines très bien ton amie en train de fondre littéralement. « j’espère que tu as ces petites serviettes dans ton sac. Elles sont toujours utile pour éponger la sueur ou s’essuyer les mains. » et tu en avais toujours une dans ton sac ; une que l’on t’avait offerte et qui venait d’un parc Disney, apparemment. Tu ne t’y connaissais pas vraiment, mais les couleurs étaient plaisante.
Et la serviette vraiment utile.
Et tu fronces un peu les sourcils alors que tu vois Leigh, habituellement si posée, qui n’arrive pas à vraiment rester dans son siège – ni à te regarder dans les yeux. Pas tout à fait.
Bizarre.
« C’est la cata à l’hôpital. On est débordé. Je crois que mon chef de service m’a donné une journée parce qu’il a vu que j’allais finir par étranger certains patients. »
Ce qui serait probablement arriver ; il y avait une limite qui avait été atteinte avec la patience envers employés mais aussi les malades.
Trop d’anxiété.
Trop de tout.
« oh oui, je meurs d’un petit thé glacé. Avec des biscuits aux beurres… » et tes yeux brillent d’envie et de rêve ; une véritable petite anglaise. Il ne t’en faut vraiment pas beaucoup pour te rendre heureuse.