table 2 ; tallulah & jupiter

Les doigts se grattent, se frôlent, s'enclenchent. Les yeux parcourent la salle, tu sais que ce soir, Jules est là et t'espères pour l'amour du ciel, qu'en face de toi, ce soit un homme.
Tu patientes cependant. Parce qu'il n'y a toujours personne qui s'approche de la table, pas une silhouette, même éphémère. Que le brouhaha éreintant qui s'intensifie un peu plus à mesure que tu fermes les yeux, que tu fronces les paupières, que t'essaies de t'imaginer loin de ce bourbier. Mais Astrid a insisté. Ce serait sympa. Tu verras.    Quelle merde.

Puis t'as les paupières qui se serrent moins, les néons pénètrent, illuminent un peu plus les environs que tu découvres encore et... Un mec. T'as le regard qui se perd sur sa silhouette brièvement, tu relèves pas vraiment sa manière de te saluer. Parce que t'as pas l'habitude. Que tu trouves ça limite, de saluer quelqu'un que tu connais pas, de cette manière, avec ces mots. T'es peut-être vieux jeu, peut-être coincée. Tu saurais pas vraiment dire, Tallulah.
Alors tu souris, tu forces, tu manges tes lèvres.


La vie a voulu que, pour aujourd'hui, tu sois mollassonne, un peu morose, pas dans ton assiette. Parce qu'il n'y a pas grand chose, qui roule, en ce moment. Si t'avais été d'humeur, tu l'aurais piqué ce gars là, qui s'installe sans même s'excuser de son retard. Parce que si Tallulah, t'as bien retenu un truc des gens en retard, c'est que la plupart du temps c'est vraiment des cons.


Alimenter la conversation. Juste un peu. Pas de trop. Tu sais pas trop quoi ajouter, tu tournes les yeux, continues de tripoter tes doigts, tu t'arrêtes à ceux qui manquent, ceux qui font un vide, là-dedans.