[Terminé] Et les fleurs tuent || PV Sebastien

Tu savais qu’un jour cela se terminerait, mais pas aussi rapidement.

A la lecture du sms, ton coeur rata un battement. Le portable rencontra le sol, mais tu le récupéras très rapidement (tu ne fis même pas attention de la vitre.). Tu répondis distraitement. La séance venait de se terminer et tu avais perdu une heure (tu avais perdu une heure.) «  Remplace-moi pour le prochain cas, je te revaudrais ça. », lanças-tu à ton collègue avant de te précipiter vers l’extérieur. Aussi étrange que cela paraisse, Ivo n’avait jamais rechigné à faire des heures sup’ et il était surprenant de le voir quitter la cour aussi tôt. Tu passas dans les vestiaires déjà à moitié dévêtus de ta robe. Tu avais un mauvais pressentiment Ivo, très mauvais (et tu avais raison.). En moins de cinq minutes, tu tapas un sprint alors que tu avais si froid. Tu aurais dû fermer ta veste, mais il y avait urgence.

Ces histoires de fleurs devaient être derrière vous, mais elle semblait vous hanter comme une mauvaise suite.

Tu avais couru autant que tu le pouvais, peut-être pour te rassurer, peut-être pour être sûr que cela n’était qu’un mensonge (il ne devait pas y avoir de fleurs.). Tu rongeais ton frein dans le métro, même si ton visage était tempéré. Mais tu ne pouvais pas ignorer ce message, Seb ne mentirait jamais sur cela (il avait toujours été docile.). Malgré tout, ton coeur semblait sur le point d’exploser et à la moindre contrariété, tu aurais sorti les crocs.

L’Amour n’était pas mort encore, alors pourquoi ?

Tu avais monté les marches de quatre en quatre de son immeuble parce que son ascenseur prenait des plombes. Il n’y avait aucune raison à sa rechute, la marque avait disparu (mais tu ne l’avais jamais exprimé clairement.). Tu avais déconné un peu, mais cela faisait deux semaines que vous aviez accordé vos violons (mais tu ne l’avais pas dit.).

Tu étais au bord d’un gouffre d’incertitude.

Tu ouvris la porte (tu la défonçais presque.), et tu pus enfin reprendre ton souffle. Tu cherches ton partenaire des yeux, en sueur après l’effort physique (cette course contre la montre.). Tu le vis planter là, sur le canapé. Il te fallait quelques secondes pour décrire ses courbes, t’assurer que c’était bien lui.

Seb était vivant.

Tu soupiras avec agacement si fort que même les voisins t’avaient entendu. T’avais couru pour rien au final. Tu te rapprochas de lui, les sourcils froncé et totalement blasé de la situation : « Franchement Seb, t’abuse. Si tu voulais de l’attention, t’aurais pu au moins attendre que je fi... ». Tu l’avais vu, et cela t’arrêta dans ton élan. Quelque chose avait changé dans son regard. Il y manquait quelque chose, quelque chose de bien plus précieux que le reste (toi.).

Tu restas quelques secondes dans cet état de sidération. Il y avait un truc, un tout petit truc, un grain de sable qui avait détruit toute la magie de sa machinerie. Tu ne le reconnaissais pas (alors que tu l’avais presque toujours connu.). Tu ressentais l’angoisse et pourtant, tu restais droit dans tes bottes. Il te fallait vérifier, comprendre ce changement d’attitude (tu espérais te tromper.).

« Sébastien ? »

Tu ne l’appelais presque jamais par son prénom, c’était une règle tacite que tu avais mise en place autrefois, pour te préserver. C’était un test, le plus probant que tu avais trouvé. (S’il t’avait échappé.)

L’Amour n’est pas mort, mais il a quitté son coeur.

Ses excuses, tu ne les entendais qu'à moitié Ivo. Tu ne pouvais pas rester aveugle. L'Amour est mort une seconde fois (mais pas le tient.). Malgré la douceur de ses deniers jours, tu avais pensé à cette fin comment tu l'encaisserais. Tu pensais que tu serais dramatique au point de tout détruire autour de toi. Tu serais la supernova et l'emporterais sur ton sillage ( à la vie à la mort). Tu aurais injurié la Terre entière avec ton dernier souffle.

Mais la douleur était anticlimatique il fallait croire dans le plus grand des malheurs.

Le silence accompagnait ton coeur meurtri ( bientôt, les fleurs se logeront dans tes poumons.) Sébastien pleurait à ta place, alors qu'il n'y avait plus rien à sauver ( il avait toujours été le plus sensible.). Toi, ton visage ne laissait plus rien paraître, cette tempête insondable tuerait ta chair avant que tu ne puisses l'exprimer.

Tu avais perdu, et tu n'aimais pas les combats perdus d'avance.

" Okay, arrête de pleurer, tout va bien". Ta voix est détachée, comme si tu parlais d'avoir oublié d'acheter des pommes. Sébastien était mort, et tu n'avais pas été là. Tu passais ta main dans tes cheveux " Tout va bien." Tu répétais ton mensonge, mais tu ne savais pas pour qui tu le faisais. Il n'y avait rien à sauver et pour la première fois de ton existence, tu étais vraiment seul.

Tu restas planté là, comme pour chercher tes mots (il n'aurait de toute façon aucun Impact.). Mais il n'y avait rien, rien à dire, rien à transmettre. Dans ce désert de sentiments, tu avais besoin de cette oasis, mais ce n'était qu'un mirage.

Tu n'aurais jamais dû y croire.

" Je vais y aller. Porte-toi bien." C'était tout ce que tu avais pour te sauver la face (et pour l’aider ne serait-ce qu’un peu de sa culpabilité.). Tu tournas les talons et tu sortis aussi vite que tu étais venue.

La fin du monde ne serait pas dans les cris et dans les pleurs. Elle était dans le silence gênant du quotidien.

Il te fallait descendre les escaliers, mais tu suffoquais. Tu voudrais retourner en arrière, avant sa chute (avant la tienne). Cela ne devrait pas te faire mal, cela n’aurait pas dû te faire du mal. Tu t’étais assis sur les marches, recroquevillé sur toi-même. C’était le calme avant la tempête, mais il te fallait au moins rejoindre ton appartement. L’Ennui t’attendait en bas, tu allais suffoquer (littéralement). Même si ça n’irait pas, tu n’avais pas besoin de l’exprimer.

Tu n’avais plus ton garde-fou, tu n’avais plus lui et tu étais seul. Ce n’était pas grave et tu irais bien. (c’était faux.)

Les fleurs tuent et vont certainement te tuer. Mais en te relevant, tu essaierais d’oublier. Tu repasserais sur les corps comme toujours (mais cela ne serait plus pareil.).

Une vie sans lui était impensable, mais il te faudrait faire avec.

Jusqu’à ta mort.