Jude » easy to netflix & chill but to be a father is another thing

C'était il y a un an, déjà. Il pleure, tu le berces, mais il ne cesse pas. Ca va être ça ma vie, maintenant ? Tu n'as jamais voulue ça, ça n'était pas sensé arriver. Pas maintenant, pas jamais. Tu n'as jamais voulue d'enfants. Tu ne savais même pas si tu voulais en avoir un un jour à la base, tu ne t'étais pas posé la question. Elle n'avait aucun sens, elle n'avait pas lieu d'être. Tu n'avais pas les épaules, pas le mental, pas l'envie, rien. Mais il avait fallut que ça tombe sur toi. Que ces pourcentages infimes que la contraception orale ne couvre pas, tombe sur toi. Il pleure, continue de pleurer, et pleure encore. Tellement, que tu en serais presque à pleurer, toi aussi. De fatigue, d'épuisement. Je t'en prie.. Dors.. J'en peux plus.. Ca dure encore une bonne demi heure. Un temps où tu penses à comment tu en es arrivée là. A comment tu vas faire pour survivre à un changement su drastique non voulu, car ça a beau faire un an, tu ne sais même pas comment tu as fait jusqu'ici. L'argent s'épuise, tu ne vas plus autant faire de danse, tu ne vas plus rencontrer d'hommes riches et seul tard le soir le temps d'un restaurant de luxe. Il va falloir que je trouve une babysitter.. Et que je reprenne le travail. Tu as cette excuse de l'argent, mais tu le sais. Ce n'est pas que pour ça, qu'il faut que tu retournes travailler le soir et la nuit durant. C'est aussi, surtout car tu as besoin du toucher des autres, des plaisirs nocturnes, des regards luxuriants et des gémissements endiablés. C'est l'échappatoire à tout, le plaisir. Un sentiment si bon, des frissons si doux, des sensations qui transporte aussi loin que le ciel n'est haut. C'est ce qu'il te faut, pour tenir cette vie où peu sont les amis, et absent est l'amour véritable.

Il est en retard, ça ne t'étonnes pas. Il est vingt et une heure, et il s'est enfin endormi. Pas pour très longtemps, tu le sais. Mais c'est un répits déjà inestimable, que d'avoir quelques heures sans pleures ni couches à changer. Je lui ai donné la bonne adresse ? Tu regardes tes messages, oui. Ca avait tellement était la galère, d'avoir son numéro de téléphone. Il t'avait fallu compter sur la voisine qui t'agaces pour garder le bébé, afin de trainer au bar où tu l'avais rencontré. Dans l'espoir qu'il finirait par se pointer. Ca t'avait pris quelque jours, heureusement, tu savais que ça ne serait pas bien plus longtemps, il avait l'air du genre revenir souvent. Tu étais allée lui parler, il avait eu le sourire grand, toi la mine pâle. Une mine qu'on te connait peu, avec un regard d'appréhension, de peur. Pas de sa réaction, car tu te doutais déjà de ce qui allait se passer. Mais plutôt pour ce qui étais arrivée, pour la suite, pour la dégringolade de ta vie comme tu la voulais. Tu lui avais donné un simple papier, avec ton numéro. Il avait mis plusieurs jours à te répondre, sûrement surpris que tu partes comme ça sans rien dire en lui laissant seulement un bout de papier. Et peut-être un peu effrayé aussi, par ce que ça pouvait bien vouloir dire. Et enfin après qu'il te recontacte, tu avais pu lui donner rendez-vous. Un message clair et court. Ton adresses, le jour et l'heure.
Quelqu'un toque. Heureusement, ça ne le réveille pas. Un soupir d'apaisement, et tu vas ouvrir sur la pointe des pieds. Tu entrouvres, et mets aussi vite le doigt sur ta bouche, l'air strict. Signe qu'il ne fallait pas faire de bruit. Tu ouvres grand pour le laisser rentrer, retournes près du berceau, que tu emmènes avec toi très doucement dans sa chambre. Tu le poses directement dans son lit, le plus délicatement possible, ressort, et retournes dans le salon. Maintenant tu sais, que tu peux parler normalement. Il ne vous entendra pas.
Il est là. Abasourdi. Tu ne sais pas comment désamorcer. Alors tu dis les choses comme elles sont.

❝ C'est le tiens. ❞ Une pause. Personne ne parle. Tu continues. ❝ Il s'appelle Adam. ❞ Qui se prononce Adame. Tu préférais cette sonorité au -en que les gens prennent d'habitude. Il ne dit toujours rien. Sûrement encore sous le choc. ❝ Désolée d'avoir mis un an à te le dire. C'était.. Compliqué à accepter pour moi. Ca l'est toujours. ❞ Tu t'assois sur le canapé, pose la tête entre tes mains. Epuisée. Dépitée.