Mackenzie ~ Une journée ordinaire

Une journée d’hiver, une journée de travail plutôt ordinaire où il y a du passage dans la boutique. Nous n’avons pas beaucoup à présenter puisque nous faisons exclusivement du sur-mesure mais les gens se contentent de ce peu et généralement, on arrive quand même à faire des ventes sur ce que l’on propose. Ce sont généralement des business woman qui veulent avoir une tenue de travail assortie et comme nous rajoutons toujours notre petite touche, nos uniformes n’ont absolument rien à envier aux autres boutiques de ce genre. Quand je regarde ma boutique, je trouve que le tout est plutôt satisfaisant. Gris et beige avec une touche de violet mais pas trop prononcé. Des canapés cosys dans un coin, là où je fais mon œuvre de styliste. Au mur, un grand écran projetant un défilé où plusieurs de mes tenues sont mises en avant. Elles ont signé mes débuts et certaines ont été portées par de célèbres actrices et chanteuses.

Il y a bien sûr quelques mannequins présentant des tenues que nous mettons en vente et deux armoires en bois gris ouvertes où nous avons déposé plusieurs vêtements. C’est la collection que nous sommes en train de mettre en place et que nous vendons depuis peu. Puis, après il y a l’espace confection avec deux grands ateliers où tout est réuni en matériel pour pouvoir coudre, faire les patrons etc. Et enfin, petit espace pour la caisse avec une porte juste derrière, qui donne sur l’étage où se trouve la grande réserve de tissu et le bureau de mon frère accessoirement. Aujourd’hui, mon objectif principal est de travailler sur des tenues qui puissent être abordables en vue d’une vente en gros auprès d’un grand distributeur de vêtements.

Personnellement, je n’étais pas d’accord pour qu’on élargisse notre activité à ce genre de choses mais le requin qu’est mon frère en termes de finance et marketing a eu le dernier mot. Du coup, on est en signature avec un gars. Je crains un peu qu’élargir notre activité et notre offre ne nous fasse défaut, alors que mon but c’était uniquement de faire du sur-mesure et de proposer des choses qui plaisent à ceux qui les porteront. Concentrée sur mon travail, je n’entendis pas tout de suite qu’une cliente était entrée dans la boutique. Un petit coup de coude de la part d’un de mes employés et je levais finalement la tête. Une jeune femme. Bien. Me levant de mon poste, je m’approchais tranquillement d’elle, faisant claquer mes bottes à talons noir sur le parquet de la boutique. Aujourd’hui, j’étais habillée plutôt simplement. Un jean noir avec une chemise à froufrou violet aubergine et les cheveux attachés et retenus par un de ces accessoires japonais typiques.

« Bonjour mademoiselle, je peux peut-être vous aider ? »

La jeune demoiselle au regard océan semble perdue alors qu’elle me donne la raison de sa visite. Du moins, la curiosité qui l’a emporté. Je suis ravie d’avoir un compliment sur la devanture de la boutique, je ne me suis pas fait chier pour rien. Enfin, pas comme si tout le monde me faisait déjà des compliments sur la devanture mais j’apprécie toujours autant ce compliment.

« Je vous remercie. Il est vrai qu’elle est jolie et à l’image de la propriétaire des lieux si je puis dire. »

Je ris légèrement, me lançant des fleurs. Eh bien oui, ça m’arrive de temps à autre. La demoiselle me demande ensuite si c’est moi qui confectionne bien les tenues. La question parait dérisoire et en même temps, elle amène à de la curiosité. Serait-elle ainsi donc intéressée pour avoir une tenue sur mesure. Il est vrai que le sur-mesure coûte généralement assez cher mais si la cliente n’est pas trop exigeante sur la qualité du tissu, il y a toujours moyen de réduire un peu les coûts. Enfin, bien sûr, la couture sur mesure reste tout de même chère. Même les tailleurs avec du tissu synthétique coûte dans les 500 dollars l’unité.

« Effectivement, c’est bien moi. Est-ce que vous vouliez voir pour un modèle, pour une tenue sur mesure, à tout hasard ? »

A vue de nez, je ne sais pas si elle aura le budget nécessaire, quant à la possible demande d’une tenue sur mesure. Après tout, les gens qui passent par cette porte ressortent rarement sans avoir passé commande ou avoir acheté un des articles présentés à la boutique. Je l’invite ensuite à me rejoindre au niveau du petit salon pour que l’on puisse discuter un peu plus tranquillement sur ce qui l’amène dans la boutique.

« Et alors, que dit votre curiosité quant à votre entrée dans la boutique ? En quête d’un vêtement ? Une recherche d’astuces mode ? »

Je parais abrupte avec mes questions mais je voudrais savoir en quoi je peux l’aider. On ne pousse jamais cette porte sans raison. Et ce, quel que soit la raison d’ailleurs. Si elle a besoin de conseils ou d’astuces mode, je peux lui en donner pas de problème.