Mercy » Won't you come down off of this pedestal too high for you to see

Tu te sais bien. Quand tu es toi, celle qui affronte le monde avec la tête haute et l'allure fière, tu te sais belle, au fond, tu te sais supérieure aux autres. Jusqu'à ce que la réalité ne te rappelle à l'ordre, ne te renvoie des images des enfants qui t'entourait petite, de l'absence aussi, qui te tenait compagnie auparavant. Tu ressens le tout comme le rien, c'est un combat qui n'en est plus un, bien plus une habitude maintenant. Mais cette fille mon dieu, tu ne la supportes pas. Elle a juste une émission et elle pavane comme si elle venait de gagner la starac.. Quel cirque.. Qu'est-ce que j'fous ici avec elle..
Les remords. De ne pas avoir dit non, de ne pas avoir anticipée. Ce n'est pas comme si tu aurais pu, mais tu l'aurais souhaité. Toi tu avais juste voulue retrouver un semblant de vie " normale ", estimant qu'être une mère célibataire ça ne fait pas assez envie, que ce n'est pas la normalité pour une femme de ton âge, si jeune, si pleine de vie. Toi, tu rêves des moments où tu n'avais pas un mioche dans les pattes, où tu pouvais sortir sur un coup de tête sans avoir à te préoccuper de " Ah mais c'est qui qui va garder Adam " et " Je peux pas partir sans l'avoir fait mangé ", tout ce qui accompagne cette vie que tu n'as pas choisie, en somme. Quoi qu'on pourrait te dire que tu l'as choisie. Après tout, c'est toi qui ne t'es pas protégée. C'est toi qui n'a pas avortée. C'est toi qui n'a pas fait de démarches pour qu'Adam se fasse adopté d'une famille qui ne rêvait que d'avoir un enfant alors que tu ne rêves que de soirée endiablées. C'est toi qui a pris toutes ces décisions, de le garder, de le nourrir, le loger. C'est toi qui a décidé d'essayer. D'être quelqu'un que tu n'es pas. D'être mieux que tes parents. D'être une bonne mère.
Mais ce soir comme bien des soirs tu avais craquée. Pour l'appel à une nounou, pour le bisou de bonne nuit et retour tard la nuit. Pour une fois néanmoins ce n'était pas pour l'argent, ni pour calmer ce qui se trame entre tes jambes. C'était pour une simple soirée entre amis, entre jeunes qui ne se soucient presque de rien. Une soirée comme avant.

C'était sans compter sa présence. Mercy.. Merci que dalle ouais. Elle est là avec ses cheveux bleu et ses lunettes à la forme peu commune, sur-maquillée, sur-habillée.. c'est bon calme toi meuf. Sans s'éparpiller, tu peux pas l'encadrer. Rien que d'entendre le son de sa voix perfide à la télévision te fait changer de chaine plus vite que tu ne sors de chez toi lorsque le baby-sitter arrive, alors c'est dire. Mais tu es là, tu manges lentement ton plat. Entourée de personnes qui ne semble que l'apprécier, mais soit. Tu as besoin de cette soirée. Besoin de ce moment. Personne ne sait que tu es mère, ici. Tout le monde te pense encore être la Lilith libre, fun et si enjôleuse. Tu devais rester, tu devais profiter de cette occasion d'être ce que tu n'es plus. Il te le fallait.

Les saveurs et les blagues s'enchainent, ainsi que les ragots et les peines. Personne dans cette pièce n'a vu un autre depuis quelque temps, alors chacun raconte sa vie un par un, et tout le monde réagit de manière drôle et désabusée, car ça a toujours été comme ça. C'était bientôt ton dire, et le cerveau commençait à chauffer. Il faut dire qu'à part cette vie de maman lâche, tu n'as pas grand chose à raconter. Mais avant, c'était son tour à elle. Alors le regard se pose sur la jeune femme, déjà fatigué par ce qui va très sûrement se passer, mais qui va t'arranger. Elle va parler mille ans c'est sûr.