un autre jour — slam

slam.

tap tap tap, tes mains cognent contre cette porte que tu connais si bien avant de revenir s'attacher à la bandoulière de ton sac, remontant ce dernier un peu plus haut sur ton épaule. t'avais pas vraiment prévu de sortir aujourd'hui, mais une fois lancée dans la cuisine, tu t'étais dit pourquoi pas. pourquoi pas faire un de ces gâteaux que slam aime tant, celui qui lui remonte (presque) toujours le moral. alors tu avais écouté cette petite voix dans ta tête, t'étais amusée surtout. puis tes pas t'ont guidé presqu'automatiquement jusque ici, face a cette porte dont tu connais presque tous les détails force est de l'observer a chaque visite.

tu ne bouges pas quand la porte s'ouvre, et te contente de sourire de toutes tes dents quand tes yeux rencontrent ceux si fatigués de ton ami. comme si ton sourire allait être si contagieux que slam serait lui aussi obligé d'être heureux. petit rayon de soleil a toi tout seul, tu illumines la pièce quand tu es là Calliope, que tu le veuilles ou non, et ça tu le sais. alors tu espères que ta visite pourra remonter (un tant soit peu) le moral de ton ami, ne serait-ce que pour un instant.

— Coucou Slam ! Je suis désolée je viens un peu a l'importuniste, j'espère ça te dérange pas, je t'ai fait un gâteau !

et en même temps de lever ta main tenant ta fameuse boite a gâteau, afin de montrer ce dernier au travers du plastique blanchâtre, recouvert de crème et de petits cœurs. c'est que tu as mit de l'amour dedans, t'en es sacrément fière.

t'espère que slam le sera aussi

slam.

tu ne remarques pas callie, ce qui se passe derrière les yeux de ton ami. t'es trop occupée a sourire, a te penser bienveillante pour voir qu'il y a quelque chose qui le tracasse face a ta venue.
non tu voyais vraiment pas
peut-être qu'en temps normal t'aurais vu, que les yeux déjà si fatigué de Slam ne brillaient pas autant qu'avant, qu'il y avait quelque chose derrière ces pupilles couleur noisette. peut-être que t'aurais fait attention, si seulement t'étais pas obnubilé par ta propre personne, oui tu l'aurais vu, et maintenant tu ne peux que t'en vouloir d'être aussi aveugle.

tout ce que tu voyais toi c'était ton ami, et ta sympathie dégoulinante de naïveté alors que t'essayais de faire un peu d'effort pour lui qui en avait bien plus besoin que toi.

— je t'ai déjà dit, arrête de m'appeler Calliope je me sens vieille a chaque fois.

tes talons claquent sur le parquet, que tu prends soin d'essuyer sur le tapis avant d'entrer. tu es comme chez toi ici, et tu connais l'appartement comme ta poche ; t'en es presque gênée, alors tu attends patiemment que ton ami referme la porte derrière toi avant de bouger ne serait-ce que d'un centimètre, comme un rituel qu'on aurait trop fait, tu as ta place attitrée dans ce couloir. c'est toujours la même chose, toujours la même danse.

— chocolat crème fraise vanille, j'espère que ça te plaira !

puis a tes yeux de gambader a travers l'appartement alors que tu suis ton ami vers la pièce de vie, posant ton cadeau sur la table basse, prenant quelques secondes pour observer ce qui se trouve autour de toi. et a tes prunelles caramel de se poser sur le tableau blanc, immense face a toi que tu te sentirais presque minuscule. tu souris, avant de comprendre, de reconnaitre. oui calliope, tu reconnais ce qui est écrit, tu le sais mieux que quiconque puisque tu l'as vu passer dans tes mains il y a (trop) peu de temps.

— Oh Slam... Ne me dis pas...

ton sourire s'est fané, et a la place les marques de l'inquiétude couvrent ton visage. tu sais pas quoi dire, calliope ; t'as cette boule dans le fond de l'estomac, mélange de culpabilité et d'angoisse alors que tes yeux retournent fixer le tableau, notant chaque détail dans ta tête.