THAT PECKING ORDER. THE DOGS ARE TAUGHT.
Une livre de chaire ensanglantée enveloppée dans la soie familiale. Les yeux de sa mère, le menton de son père, les hurlements stridents du blason. Il a tout pour plaire, enroulé dans les lys et un hochet doré pour sceptre.
Désiré, graine de terreur, veut faire trembler de peur.
Il a le diable au corps et déjà beaucoup de noms : garnement qui découpe le méthylène des rideaux, ogre qui dévore son poids en chaire cuisson bleue et monstre qui pince les cuisses de ses gouvernantes à y laisser des marques.
D’une main, il dicte ses commandements.
De l’autre, il engouffre ses pilules.
Parce qu’il compte tout en plus,
il prétend que ceux sont des cachetons de superhéros.
Parce qu’il est courageux,
il jure qu’il n’a pas pleuré quand on l’a charcuté d’aiguilles.
Parce qu’il est retors,
il lave les yeux bouffis au lavabo avant de cracher ses mensonges.
Le petit brun croit fort comme le fer que c’est son destin spécial ;
que ça le rend unique les concerts de stéthoscopes et les batteries de tests ;
que c’est le
lot des forts d’endurer le médical.
Il prend trop de place, quatre murs ça l’angoisse, et veut faire exploser l’école. La maternelle où il faut être studieux quand lui veut juste déchirer, gribouiller et pester. Le primaire où personne d’autres que lui ne reste sur le banc pendant les cours de sport. La récréation où lorsque son cœur s’emballe, il pète le nez de ces connards.
La vérité c’est que Désiré n’est pas un paladin de dessin animé, ni même un cow-boy de feuilleton et encore moins le monarque divin de ce monde.
Désiré Chanteloup souffre d’un symptôme d’Ebstein.
une malformation congénitale complexe rare de la valve tricuspideLa sentence des analyses tombe :
fragile,
cassant,
à manipuler avec précaution.Le môme a en
horreur toute la pitié derrière ces mots désarticulés par la science. Il hurle, feule, enrage jusqu’à dégouliner d’indignation en écume blanche. Le plus discret des égards le fait dégobiller tout son fiel en venin. Ca le rend odieux d’être une victime collatérale de l’art erronée des probabilités.
Désiré préfère de loin être ce salaud infâme qu’un foutu flacon de stérilisant.
Ce monde cotonneux et précieux, c’est la cage matelassée d’un asile.
La perfusion arrachée, c’est la fin des fers et les prémisses de la débandade.
En furie, le malade fugue des contrôles hebdomadaires de l’hôpital.
Enfiévrée, le caïd disparaît des bancs des salles de classes.
Endiablée, le cancre d’héritier court à en perde à haleine.
Plein de boutons de puberté, Désiré erre dans des coupe-gorges où on le ramasse tabassé le jour tombant, éructant encore des insanités et ses dernières dents de lait.
I WILL CARVE MY WAY OUT WITH ONLY MY TEETH.
Sur les marches de la fac, première esclandre, Désiré vaut mieux que ça.
L’actionnariat, le notariat, ça lui plait déjà moins que la vie de paria.
Celle où il peut s’émousser dans la levure des pintes, s’acoquiner avec un tas de fausses prudes et déambuler sur K’Road où il finit invariablement détroussé ou esquinté. Il est déterminé à foutre en l’air jusqu’à la dernière chemise de son père et les
dernières chances du corps enseignant. Désiré, sous le tison rude de ses ardeurs, devient la p’tite frappe qui fait les quatre cent coups et s’met à dos tout c’qui traîne en bandes.
Il en redemande, les yeux vitreux, les babines tartinées d'ébullitions mousseuses.
Désiré, c’toquard dont l’espérance de vie a tendance à drastiquement réduire, fait la rencontre de ses premiers émois, le sang qui pulse sous plexus sans finir en nappe poisseuse sur le pavé.
Il en cracherait des bouquets, manquerait de crever pour une poignée de belles qu’il arrache au bas-fonds sans le salutaire du long-terme. Désiré, ces soirs d’agonie à fixer son poignet, souhaitant parfois l’entailler, une bonne fois pour toute, ne connaît pas l’abandon.
Parce que pour un empereur tout se conquiert.
Parce que pour sa belle gueule certains font des concessions.
Parce qu’être aimé de Désiré, c’est être la seule personne de cette Terre.
Phare omniprésent de leur vie où il s’engloutit par tous les pores, cellulaire, texto, fax, et, bien sûr, chair surpiquée des voluptés, Désiré dévore dans l’étuve de sa passion qui calcine même les os, à ne laisser que les cendres du chaotique de ses humeurs.
Mais peu importe que sa soif insatiable de sensations laisse des pantins privés d’amour, Désiré avance déjà fiévreusement sur son prochain naufrage.
RESUME
- Né le 8 juin (un gémeau Bouh) dans une famille française expatriée depuis deux générations (initialement à la tête d'un gastro et désormais d'un hôtel de luxe, avec option resort tavu)
- Enfant turbulent, Désiré est mis à l'écart des activités sportives en raison de son syndrome d'Ebstein (malformation du coeur à l'origine de crise de tachycardie)
- Désiré est un gros cancre qui fait le mur très tôt et que les parents ont bien du mal à canaliser
- A l'adolescence, son penchant pour la baston l'amène à fréquenter tout un tas de gars peu recommandables
- La majorité acquise le môme profite de sa relative indépendance pour faire tout comme il l'entend et devient ce type pathétique dont on entend parlé tous les quinze du mois en conseil de discipline
- Désiré devient familier de K'Road où il traîne à peu près partout où il ne devrait pas
- Il tombe quelque fois amoureux avec une intensité redoutable et endure péniblement les affres de la maladies, ceci dit il a tout toujours réussi à conquérir l'élu avant de passer l'arme à gauche pour l'instant