c'est doux, la nuit, de regarder le ciel, toutes les étoiles sont fleuries.
34 ans, on tourne en rond.
quand le matin pointait le bout de son nez, wanaka, un peu loin de tout, un peu perdu
néo-zélandais, que sur les papiers.
sud-coréennes, de la tête aux pieds, encore quand maman t'appelle.
aucune importance, tu es un romantique, l'amour c'est tout et rien, c'est un regard et coup qui fait mal.
amoureux, en couple, c'est Lukas qui coule dans tes veines, en rouge, dans le cœur qui bat.
tu ne gagnes pas grand chose à la radio, tu ne travailles plus à la ferme, papa et maman s'étouffent quand ils doivent te donner un peu d'argent alors tu te débrouilles.
animateur radio, pour ne pas dormir la nuit, à parler dans le vide, dans les oreilles de ceux qui ont des insomnies, pour oublier de vivre le jour.
soulmates.
la glycine, belle et violette, fatale contre ta langue.
Ce qu'il préfère chez lui, physiquement ou non ?
tes yeux en amande qui se dessinent sur ton visage fin que tu aimes autant que tu détestes.
Son moment de la journée préféré ?
tu aimes quand il fait chaud, quand le soleil est au zénith, quand les rayons te brûlent le dos à travers la fenêtre pendant que tu dors.
Est-ce qu'il a une passion dont il ne parle pas ?
pas vraiment de passion, peut-être l'écriture, parfois.
Plutôt du genre à s'endormir directement ou à se faire trois films dans sa tête avant ?
du genre à ne pas dormir du tout et à tomber d'épuisement, oui.
Comment est son écriture ?
illisible, brouillonne.
Gaucher, droitier, ambidextre ?
droitier.
Quelque chose qu'il ne supporte pas ?
le bruit des talons de sa voisine qu'il mettrait bien au fond de sa gorge, pour être honnêtre.
Est-ce que sa vie actuelle lui plaît ?
oui
caractère
Tu n'aimes pas le froid, tu ne sais pas vraiment parler coréen, tu créés des mots croisés quand tu t'ennuies, tu lis beaucoup trop de livres, tu as mal au coeur en voiture, tu ne sais pas conduire, tu fais de la radio parce qu'un jour on t'a dit que ta voix était faite pour, tu n'as pas de passion particulière, tu n'as rien à vrai dire, tu as ton sourire, tes yeux rieurs, tu ne sais pas si c'est assez, tu ne sais jamais rien, tu es plein de reproches, tu fais plein de reproches, tu fumes comme un pompier, tu ne tiens pas l'alcool, tu n'es pas très drôle mais tu adores les blagues, tu ne fais pas ton âge, tu es encore un enfant, tu le sais on te le dit souvent, tu n'aimes pas te répéter, tu n'aimes pas grand chose, t'es bon vivant quand même, tu aimes bien manger, tu adores les oeufs, tu n'as pas peur des insectes, tu adores les enfants, tu ne vois jamais tes parents, t'es un adulte responsable, tu vis seul, tu vis dans rien, tu n'as pas d'argent, tu n'as pas le coeur brisé, t'es comme tout le monde.
histoire
Y a-t-il toujours quelque chose à raconter ? Quelque chose à dire ? Tu n'en es pas certain. Tu n'as pas d'histoire, toi. Tu n'aimes pas ça les histoires de toute manière. Pourtant, tu en racontes beaucoup. Mais ce ne sont pas les tiennes. Parce que les tiennes sont embêtantes, ennuyantes, parce qu'on s'en fiche un peu.
Tu es né, et c'était déjà trop.
Maman aurait aimé que tu viennes plus tard, ou que tu ne viennes pas du tout. Ca aurait été plus facile pour toi, pour eux, pour tout le monde.
Tu as grandis en disant que tu n'aimais pas le monde, que tu n'aimais pas les gens. Tout était contre toi, tu n'étais qu'un adolescent. Il n'y avait rien autour de toi, la ferme, les animaux, les fruits -les choses qui te font faire des cauchemars. Tu n'aimais pas ça non plus. Tu voulais aller à la ville, faire tes études, être doué. Mais tu n'avais rien de tout ça. L'école, ça t'énerve, tu n'es pas bon, trop turbulent, ils ne savent pas quoi faire de toi.
Un montre, un petit monstre. C'est ce que tu étais, quand tu avais cinq, seize, vingt ans.
Vingt ans.
C'est l'âge où tout change, disent-ils et tu les as cru.
Il pleure dans mon coeur comme il pleut sur la ville. Mais la pluie n'était pas là. Il n'y a jamais de pluie. Et pourtant il faisait sombre.
A vingt ans, tu vis ta vie, tu fais ce que tu veux, tu t'en vas si t'as envie. C'est ce que maman t'a dit un jour, c'est ce que papa t'a hurlé du haut de l'escalier. Abandonne-les si tu veux, mais tu n'auras rien d'eux.
Et tu es parti.
Tu étais con, tu t'es dit que tu n'avais pas besoin d'eux, qu'ils n'étaient là que pour t'avoir mis au monde, pour t'avoir forcé à vivre cette vie. Tu leur en voulais, pour tout et n'importe quoi, c'est vrai. Tu étais stupide, c'est la vérité.
Tu regrettes.
Tu regrettes tes vingt ans.
Parfois maman t'aide encore, elle dit qu'elle t'a pardonné, que si tu es heureux c'est bien mais elle, elle n'est pas heureuse et tu t'en veux. Tu vis avec ça sur le coeur, et ça te tue, ça te pèse, ça te coûte.
Mais tu n'es pas pardonnable.
Tu es con.
T'as vécu. Tu as vu des gens défiler, des hommes, des femmes, l'amour et parfois le désespoir. Dix années sont passées, et tu t'en es pas occupé. Dix ans, c'est quoi ? Tu es encore jeune, encore heureux. Tu vois des adolescents ici et là et peut-être que parfois tu regrettes encore un peu.
Mais il faut savoir tirer un trait.
Tu sembles heureux. C'est comme ça qu'ils disent. Tu souris, tu rigoles, tu vis. Tu sors le soir, parfois, tu te tues avec de la fumée parce que vivre trop longtemps ça ne t'intéresse pas. Tu ne veux pas être vieux. Les rides, tout ça, ce n'est pas pour toi. Ca fait peur même. Alors si tu pouvais vivre encore dix ans puis disparaître, ça t'irait bien.
Oui, c'est comme ça que tu vis.
Au jour le jour.
En espérant mourir.
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