leina'ala kalili » I'd rather be anyone else but jealousy started following me

dans les nuages, sans cesse, le regard ailleurs. l'envie de faire des grandes choses, la frustration de ne jamais pouvoir y arriver. les cris, toujours des cris, cette rage hystérique qui bouillonne au fond de ton estomac, les dégueulis de mots trop durs, ceux que tu ne penses que trop rarement et qui pourtant passent la barrière de tes lèvres. les regrets qui s'empilent sur tes épaules frêles, l'indécision marquée sur ton visage. l'incompréhension, souvent, le vide dans tes grands yeux bronzés ; tu ne comprends pas toujours tout. les rires qui éclatent comme des ballons, soudain, sans prévenir, les sourires comme peints sur tes lèvres toujours glossées de paillettes. le chaos dans ton esprit, dans ta vie, l'impression que chaque jour de plus est un cadeau, quelque chose que tu ne devrais pas avoir. peur de rien, sauf de ton ombre peut-être, peur de vivre parfois aussi, peur d'aller trop loin, d'oser, peur de toi-même, bien trop souvent. la chance qui te sourit, tu le sais, l'envie de bien faire, de faire la grande, de prétendre savoir, de jouer les ignorante. jouer des autres comme ils jouent de toi, maline, petit diable qui sort de sa boîte. rayon de soleil parfois caché de nuages, rien de plus, toi comme ça, offerte aux autres parce que tu n'as plus rien à donner. l'amour que tu cherches, encore, toujours, comme si tu n'en avais pas assez souffert, comme s'il ne t'avait pas assez détruit ; oh l'amour que tu rêves, encore, sans cesse, sans jamais que ton coeur ne batte à nouveau. âme perdue, sans but, âme en peine, au bord du vide. chute libre.

malgré les origines qui font rêver, une peau diaphane signe de ton métissage, les traces de ta mère qui te hantent. des cheveux décolorés, trop souvent, rose depuis bien des années, abîmés par les larmes et la colère. caressant tes hanches, presque sensuels, trop souvent attachés pour moins gêner, une frange trop courte, impulsive. un regard ambré, pétillant, un sourire à en faire tourner le monde à l'envers, et le reste, que tu ne regardes plus vraiment mais qu'ils aiment voir à travers leurs écrans, des jambes trop minces sûrement, des ongles toujours manucurés, beauté factice, un personnage inventé.

les fleurs roulaient sur ta langue.
tu trouvais ça charmant, toi, les hortensias qui naissaient au coin de tes lèvres mais voilà que tes poumons se remplissaient de fleur autant que ton cœur se remplissait d'amour. un peu plus de l'un donnait un peu plus de l'autres. poussaient les hortensias au fond de ta cage thoracique, jardin secret qui se développait au creux de ton corps. l'amour en cachette, le prix à payer de la maladie.
le cœur aux bords des lèvres, comme ils disent.

tu ne sais pas comment s'est arrivé. un regard partagé, un sourire peut-être et ton cœur qui s'emballe sans que tu ne l'expliques. le refus, le déni, tu ne pouvais pas l'aimer pas, pas elle. rien ne te l'autorisait, maman allait crier, elle allait te quitter, ils seraient dégoûter. c'était les Enfers qui s'abattaient sur toi, la guillotine te guettait. indicible secret, il fallait le garder.
malheur quand son sourire te faisait sourire et son rire te faisait rire. douce mélodie à tes oreilles, chacun de ses mots étaient comme des couteaux dans tes artères.
hémorragie interne ; tu saignais d'amour pour elle, tu te vidais petit à petit à chacun de ses regards. rien ne pouvait l'arrêter ; chaque coup te sera fatal, tu le savais.
tu tombais pour elle, si bas, que tu ne pourrais jamais t'en renlever.

tu n'as jamais rien dit. sous la torture des jeux adolescents, sous les baisers alcoolisés, malgré la curiosité, l'envie de nouveauté. tu t'es tue, jusqu'au bout. forte, têtue, des défauts autant que des qualités. tu t'es tue, silence et bouche cousue, tu t'es préservée.
à quoi bon tenter sa chance ? à quoi bon s'heurter à une négation ? tu n'aurais pas supporté, tu te serais laissée aller parce que tu les as vus les fleurs sur son poignée, et tu les as cachées les fleurs que tu crachais.
tu t'es noyée dans les pétales virginales.

personne ne t'aimera jamais. maman te l'avait dit, comme ça, un jour et peut-être avait-elle raison.
tu es morte de ces paroles ; impossible à aimer, détestable au possible, tu es morte de ces mots en litanie dans ton crâne, morte des ces mots qui tambourinaient tes tempes.

et tu aurais aimé ne jamais te réveiller.
mais tes yeux se sont rouverts, là où tu les avais fermés. et tu as eu envie de pleurer. encore et encore. des larmes sans fin, à mouiller ton oreiller, à noyer tes draps. tu as pleuré au milieu des dernières pétales que tu as vomis, au milieu du sang qui a tâché tes vêtements. poupée désarticulée, tu pleurais au milieu de ta douleur. tu pleurais, inlassablement, tu pleurais la mort qui t'avait quitté.

tu es partie. la campagne pour la ville. Le nouveau monde. tu es partie : un nouveau départ, une nouvelle vie. on t'offrait un si beau cadeau -voilà ce que l'on t'as dit. la chance de recommencer. mais toi tu avais envie de cracher sur cette chance, tu n'avais rien demandé. qu'on te laisse en paix, qu'on te laisse mourir. à quoi bon te ramener si c'était pour souffrir ? parce que tu souffres encore, bien plus même. les fleurs ne sont plus mais les larmes restent, les souvenirs aussi.
et qu'on te laisse mourir ; tu ne peux plus aimer, tu aurais préféré t'étouffer.

alors tu as tout ruiné.
ta vie.
cette nouvelle chance.
celle qui rend jaloux le monde entier.
tu as tout cassé.
château de carte écroulé.  
tu as donné ton corps en pâture parce que ton cœur a cessé de fonctionner. ton corps contre d'autres à la recherche des sentiments que tu ne pourras plus jamais ressentir. ton corps contre un peu d'amour ; et tu fais semblant, semblant d'aimer les autres, la vie, semblant d'aimer le monde. tu détruis les autres, encore, et encore. tu les brises comme on t'a brisé.

toi à la recherche de l'amour, celui que tu as perdu, celui que tu as vomi, celui qui t'a détruit.

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