(terminé) juju » smack my ass like a drum

Il y a des défauts qui ne se corrigent jamais. Malgré les cris des parents, malgré les demandes silencieuses.
Il y a des mauvaises habitudes qui ne se perdent jamais. Malgré le travail que l'on fait sur soi, malgré l'envie de faire des efforts.

Tu n'as pas réellement envie de faire des efforts de toute manière, tu ne connais pas ça. Tu en fais toujours qu'à ta tête, quoi qu'il arrive. Enfant têtue, les règles sont faites pour être écrasées quand il le faut.
Ce ne sont que des bonnes excuses pour justifier le désordre qui règne dans cet appartement. Des vêtements trônent sur le sol comme s'ils étaient maîtres de la maison, et ne parlons pas du reste.

En culotte et vêtue d'un t-shirt trop grand trouvé sur le sol et appartenant probablement à un de tes deux colocataires, te voilà à la recherche du graal. Brosse à dent entre les dents, tu rumages entre les vêtements comme un pilleur à la recherche d'un trésor. Tu râles, un peu trop peut-être,  tu fais du bruit. Tes longs cheveux roses tenus en une queue de cheval se promènent sur tes épaules et te gênent plus qu'autre chose.
Crachant le dentifrice dans l'évier, tu sembles scanner du regard la pièce, sans succès... Tu n'as plus qu'une solution.

"Juuuuuuuuuu !!!" ta voix résonne dans l'appartement, "Ju, t'es où ? Ju ?" appel désespéré, tu prétends être au bord de la mort. "J'ai perdu mon string.... le rose..." que tu chouines comme s'il en savait quelque chose.
Il n'en sait rien n'est-ce pas...?

Des affaires partout ; des habits, des chaussettes (et après tu t’étonnais de perdre des paires), des petites culottes de Leina, des vestes, des soutiens-gorges, du maquillage – votre appartement ressemblait plus à une foire qu’à un appartement réellement ranger. Et même si tu comprends la difficulté à tout garder, à tout organiser, tu es d’accord avec Naoki sur un point : Leina abusait peut-être parfois, de temps un temps, un peu.
Mais tu l’adores – tu l’aimes de tout ton cœur, elle est la sœur que tu n’as jamais eu, celle que tu as envie de protéger et de gâter avec tout et n’importe quoi tant ton amour pour elle est grand.
Mais pas assez pour ne pas faire de bêtise.
Tu dois l’avouer ; tu as toujours voulu essayer le genre de petite tenue qu’elle possédait. Les trucs à froufrous, les dentelles si détaillés et magnifique que parfois tu avais l’impression d’avoir mangé du sucre rien qu’en les ayant regardé.
Et pourtant, au fond de toi, tu le savais ; tu mourrais d’envie d’essayer, de voir ce que ça donnait sur toi.
Alors c’est vraiment en tout innocence, sans aucune arrière pensée que tu ramasses le petit string roses à trois cordes sur les côtés ; c’est en toute innocence que tu t’enfermes dans ta chambre et que tu déshabilles dans l’espoir d’enfin connaître la vérité.
La terrible, magnifique ou désespérante vérité – est-ce que tu étais sexy avec un strong rose bonbon sur les fesses. Ou dans les fesses, plus précisément.
Un tour sur toi-même et l’image que le miroir reflète te semble étrange ; inconnue. Tu as besoin d’un véritable avis, celui d’un expert, celui de quelqu’un qui s’y connaît réellement-
Et tu entends justement cette voix qui s’élève du plus profond de son âme, qui résonne à travers l’appartement dans un appel à l’aide auquel tu vas, évidemment, répondre.
« Oui, babe ? C’est celui là que tu cherches ? »
Demandes-tu alors que tu te trouves au travers de la porte entre ta chambre et le couloir. Tu t’avances afin qu’elle te voit un peu mieux, faire un tour, deux tour sur toi-même avant de marcher vers elle en donnant d’ample coup de hanche.
« Dis-moi tout, Leinana. Je veux la vérité ; la suprême et sanglante vérité, tout aussi bien que la douce et sulfureuse vérité. »
Une main sur les hanches ; tu regretterais presque de ne pas lui avoir emprunté de talons haut rien pour que ça.
« Est-ce que tu me croquerais avec ça ? »

c'est celui-là que tu cherches que tu entends comme une délivrance. oui, probablement. tu savais que tu pouvais compter sur jupiter, en fait, tu peux toujours compter sur jupiter. épaule sûre sur laquelle tu peux t'appuyer, tu savais qu'il aurait toujours une main sur tes petites culottes. en tout bien tout honneur, c'est certain. mais tu savais qu'il trouverait pour toi, dans les méandres de ce désordre sans fin, le graal.
il faut toujours avoir un homme à la maison, de toute manière, ça peut être utile.

tu allais le remercier grandement à coup de fausses pirouettes et de coups dans le dos quand stupeur et tremblements, il avait passé le pas de la porte avec ton string sur les fesses. enfin, pour le peu qu'il cachait, en fait. pose magnifique, un rire t'échappe, un grand rire qui fait pleurer ton regard amusé. oh non. tu ne peux t'arrêter de rire.
avoir un homme à la maison se révéler réellement utile, au final.

tu reprends ton souffle, et dégaines ton téléphone portable d'un coup habile. tu ne pouvais pas laisser passer ça. c'était impossible. « oh mon ju....  » tu te retiens de rire, quelques instants, prends un air sérieux, mais il ne dure pas bien longtemps. « J'en tombe à la renverse ! Je défaille ! Ah ! C'est bien trop de beauté pour moi ! Je suis subjuguée ! Vous m'avez envoûtée !  » une main sur ton front et tu prétends ton meilleur malaise, t'écroulant de rire à moitié sur un jupiter à demi-nu pour ne pas dire à trois quart....

« T'as jamais été aussi beau Ju.  » tu l'embêtes bien sûr, comme toujours. « un look à adopter tous les jours...  » et alors que t'es sourcils se froncent, tes doigts viennent attraper ses fesses avant de t'arracher à nouveau un rire. « carrément à croquer ouais. » que tu lui dis alors. et ta caresse se transforme en une claque sur son postérieure, douce mais sonore (elle laissera sûrement une trace). tu te mets de nouveau à rire..
un homme à la maison, c'est vraiment pratique.

« attends, j'ai ce qu'il te faut...  » t'es partie en courant dans ta chambre pour lui rapporter un boa à plumes tout aussi rose que le string. Le combo parfait.
« prends la pose !!!  » que tu lui ordonnes en le visant de l'appareil photo de ton smartphone. il fallait évidemment immortaliser le moment.

Son rire est comme un soleil dans ta vie ; elle est là et rit à gorge déployée ; elle est là et les larmes se forment aux coins des yeux alors qu’elle ne s’arrête pas, elle ne s’arrête jamais – tu n’aurais jamais cru que toi en string lui causerait un tel fou rire.
Et tu ne peux t’empêcher de sourire ; tu adores la faire sourire, à Leina. La faire rire ; lui montrer une face plus rose de la vie alors que tu sais que la sienne ne l’est pas toujours ; que c’est dur, encore. Elle ne t’a pas tout dit ; tu le sais ; tu le vois ; tu l’entends.
Tu n’es pas idiot, Jupiter.
Mais tu ne veux pas la forcer ; alors tu fais l’idiot – l’ignorant.
Tu fais celui qui ne sait pas ; tu restes son ami, à ses côtés ; celui qui partage les bêtises, celui qui est à la fois son coloc’ et idiot adoré.
« Quoi ? J’ai l’air si ridicule que ça pour que tu ris autant ? » lui fais-tu la remarque en boudant faussement ; les bras croisés sur la poitrine et le popotin que tu tournes pour lui montrer le dos. Promis, tu ne veux pas plus lui montrer tes fesses. Quoi que…
Tu es parfait qu’elle dit ; tu l’éblouis, elle défunte, et tu fais la fausse diva fière d’elle, tu repousses des cheveux que tu n’as pas ; que tu n’auras jamais. Tu papillonnes des yeux alors que tu fais une bouche en cul de poule ; « merci merci, je sais. Je suis parfaite. » accentues-tu.
Et elle s’en va aussi vite qu’elle n’est arrivé ; comme si elle venait d’avoir la meilleure idée qu’elle soit, celle qu’elle n’avait jamais eu dans sa vie. alors tu attends un peu ; tu tâtes tes fesses alors que le string ne cache absolument aucune parcelle de peau à part le devant – tu es réellement nu devant elle, en fait.
Et cela ne semble pas la choquer plus que ça.
Qu’est-ce que tu l’aimes, ta jolie Leina.
Et la voilà qui revient ; grand sourire au lèvre, grande chose rose fluo et poilue dans les bras – qu’elle te donne.
Elle te dit de prendre la pause ; tu t’exécutes. Le bao autour des épaules, sa queue qui vient se poser sur un de tes bras, ta main qui récupère ce qui est, tu supposes, sa tête ; les lèvres qui ressortent, un genoux plié et un profil de trois quart – pour voir tes fesses, pour voir le string. Parce que c’est bien ça le but, non ?
« comme ça, ma chérie ? » et tu prends une voix faussement aigue, c’est terrible ce que tu entends dans tes oreilles ; ça te donne envie de frapper mais tu continues. « sois sûre de prendre le meilleur angle pour moi, mh, honey ? Je veux être absolument f a b u l o u s sut tes images. Tu m’entends ? »
Tu prends une seconde pause différente, de l’autre côté ; puis une de dos, qui montre seulement tes fesses et le boa, toujours là ; l’accessoire dont tu ne te sépareras plus jamais si tu dois remettre ce string là.

Tu n'es plus que pluie de rire quand il prend la pose, acceptant sans discuter le boa que tu lui as tendu.
C'est ce que tu aimes, ici, c'est ce que tu aimes, chez lui. Il n'y a pas besoin de penser, de réfléchir ; il n'y a que les rires et les bonne humeur, tout le temps.
Peut-être parce que vous êtes un peu amochés, parce que vous êtes de grands enfants, mais un rien semble vous amuser. Que ce soit les fesses nues de Jupiter ou autre chose, il y a toujours sujet à la rigolade et l'ambiance se lève.
Pas le temps pour le moral dans les chaussettes ici, c'est interdit.

« Ju, j'y crois pas, t'as des plus belles fesses que moi, c'est pas possible !!! » tu prétends bouder un petit peu -mais c'est grâce à ton string aussi, il est génial. Il fait de ces fesses. C'est pour ça que tu aimes bien le porter -jupiter aussi apparemment. et tu n'as de cesse de rire devant ses poses, si seulement quelqu'un vous voyait, il n'en croirait probablement pas ses yeux. « j'suis désolé Ju, mais clairement le genre de photos que je vais mettre sur le diapo pour ton mariage hein.... » voire, tout le monde les aura clairement vu avant, ces photos.

tu te redresses après avoir pris les meilleures photos qui soit, « regarde moi ce chef d'oeuvre ! t'es le plus beau. » tu flattes sont ego alors que tu lui montres les photos prises sur ton smartphone. celles-là, elles sont collector.
et tu le regardes.
soudainement.
comme si tu avais eu l'idée du siècle.
bien sûr que tu as eu l'idée du siècle.

« je pense. je pense qu'il te faut des talons... tu peux pas rester comme ça... » et tu rigoles, « la tenue manque de.... spice, ça va pas du tout. » et cela vire presque au déguisement. « t'sais quooooi. j'vais mener une photo à développer. déjà le mec, il va se rincer l'oeil, franchement, me remercie pas. mais en plus. on va en afficher une dans l'appart. genre... top model Ju. tu vas être célèbre ! » ce n'est pas comme si vogue venait souvent dans votre appartement, mais bon, on ne sait jamais.

Leina est enchanté ; son rire est contagieux et tu ne peux t’empêcher de rire avec elle même si tu essaies de rester sérieux. Tu le jures ; tu essaies.
Mais le rire est communicatif ; surtout entre vous. Quand vous vivez à deux, quand vous vous connaissez assez longtemps pour vous permettre ce genre de chose – les rires font partie de votre quotidien. Surtout avec deux idiots tels que vous ; et tu n’aimes pas la voir avec ce sentiment de vide, ce sentiment un peu triste – un peu grave.
Alors qu’elle soit comme un rayon de soleil aujourd’hui te remplit d’une fierté étrange mais que tu as finis par accepter ; parce que c’est toujours bien de savoir que c’est grâce à toi qu’elle rit ainsi, qu’elle a l’air aussi joyeuse, oui.
Et ses photos sont sublimes, aussi.
Ne perdons pas de vue le sujet principal de vos éclats de rire ; toi, dans son string, toi, qui fait la Diva.
« je suis magnifique. je devrais faire mannequin, tu crois pas ? » lui demandes-tu dans un grand moment sérieux ; peut-être que tu pourrais te rediriger si jamais youtube ne marche pas.
« je devrais faire égérie d’une marque de lingerie pour femme. Que les hommes aussi peuvent porter. On pourrait révolutionner la mode, Leina. » l’idée du Seigneur venait d’arriver sur toi ; la lumière fut.
« des talons ? tu es géniale. Parfaite. Je t’aime. Je t’attends. Je veux des escarpins. Le genre de truc qui me rend encore plus sexy tu vois. Qui met en avant mes magnifiques jambes, et quand tu remontes tes yeux ; mes magnifiques fesses sont là pour t’accueillir. »
Et elle te dit top model ; ce n’est pas si loin du mannequin, finalement. « Oui, Leilei, O U I. Je veux un portrait de moi là, en haut du canapé. Le premier truc qu’on voit quand on rentre dans l’appart’. Que tout le monde connaisse ma beauté et mon talent ! » et peut-être que tu t’emballes un peu, juste à peine.
« Leina, ma chérie, darling, ma choupette en sucre. S’il te plait. Prête-moi des talons. »
Et ce n’est même pas sûr que tu puisses seulement les enfiler ; mais ça, ça ne te traverse pas du tout l’esprit ; toi, te voyant déjà sur le tapis rouge à défiler pour des string.

« si c'est de la lingerie pour femme mais que les hommes porter, alors c'est de la lingerie juste, mon chou. » et tu éclates de rire. à vous deux, vous avez probablement la moitié d'un cerveau, mais c'est clairement pas toujours grâce à jupiter, c'est certain.
tu t'en fiches, tu t'amuses, plus que de raison, tu as vraiment l'impression de tout oublier. d'être quelqu'un d'autre. c'est comme si tu vivais au final, et c'est tout ce qui t'importe réellement.

tu sais ce qu'il lui faut, « babe, tu vas être la plus belle de toute ce soir, ne t'inquiète même pas. » et tu étais déjà partie parcourir votre château (non) à la recherche des tes plus beaux talons. mais du haut de ton mètre soixante, soyons honnête, tu n'as pas les plus grand pied du monde -il ne rentreras surement que les orteils dedans. tant pis, c'est ce qui est encore plus drôle. tes éclats de rire résonnent dans l'appartement, « t'inquiète, tu l'auras ton portrait, tu seras le plus beau de tous. j'suis même jalouse. » (comme si tu n'exposais pas ton corps à la vue de tous, déjà).

tu reviens, talons en main. une paire de claquette à talons, le devant fait de fourrure rose, une paire dans laquelle il pourrait probablement rentrer son pied. et te voilà à genoux devant lui, les larmes aux yeux tellement tu rigoles, « princesse, vos pieds. » et s'il a tout de javotte plus que cendrillon pour rentrer le pied dans tes pantoufles de verre, ça ne t'arrête pas. c'est là, à peu près, à son pied.

« oh mon dieu... » tu t'es redressée, mains sur le visage, pour l'observer de loin. tu as voulu paraître sérieuse, ça a duré trois secondes, montre en main. tu n'as pas pu. le tableau était terminé. incongru, et pourtant... tu ne peux pas t'empêcher de penser que oui, il est vraiment beau, même comme ça.
ce n'est pas juste.

« Ju........ » tu éclates de rire, à nouveau, encore, toujours. « marche un peu, défile, vas-y... » tu veux le voir faire, marcher au milieu des vêtements sur le sol, tu veux le voir défiler devant toi, tu veux rire encore un peu, rien qu'une dernière fois.

Ah, tu n’y avais pas pensé ; un peu stupide, un peu tête en l’air – tu ne fais pas vraiment attention à tes mots, tu parles sans réfléchir, comme toujours ; un naturel, c’est tout.
Mais oui, elle a raison ; Leina n’a pas toujours raison alors c’est important de le souligner, quand c’est actuellement le cas, comme maintenant. « oui, oui, bah, de la lingerie quoi… tu aimes juste me reprendre ! » et faire la plus maligne ; parce que c’est ce qu’elle est Leina.
« je te fais confiance, vas-y. » parce qu’elle sait ce qu’elle fait, surtout concernant la mode, tu ne te fais aucun souci là-dessus ; Leina est magnifique, et même si sa garde-robe a toujours l’air d’un foutoir sans nom, dès qu’elle s’habille c’est une toute autre histoire. Leina est belle – ses habits ne font que la mettre encore plus en valeur. Comme ce string.
Que tu portes présentement.
« j’espère bien, Leina, j’espère bien ! On l’accrochera en haut du canapé, ce sera la première chose que les invités verront, je te le dis ! » et tu entends de là les gens jaser, tu entends de là Charlie mourir de rire, sur le sol, tellement c’est ridicule, tellement il espère que vous n’allez pas le laisser là – la honte quand même, quoi.
Et pourtant ; si. Une fois qu’il sera mis en haut, il y rester. Pour toujours ; jusqu’à ce que vous quittiez cet appartement. Et même après peut-être ; qui sait.
Et la voilà qui revient et tu ne peux t’empêcher de rire à gorge déployée – la jeune femme revient avec une paire de talon, il est vrai ; mais pas des escarpins, donc. Des sandales. Ces foutus trucs que tu vois partout et que tu trouves ridicules – cette fourrure autour, quelle horreur. Mais la paire est là, accrochée au doigt de ton amie qui te fait un grand sourire – tu ne peux t’empêcher de continuer à rire et de la laisser te les mettre, alors que le ‘princesse’ ne fait qu’accentuer ton rire ; ah, tu te meurs, tu sens que tu manques d’air.
Et te voilà, en hauteur ; les talons aux pieds, la fourrure qui caresse ta peau, le boa autour du cou et sur les bras, le string et un t-shirt blanc qui n’a absolument rien à faire là. Tu imagines de là le tableau ; tu sens que ça va être un chef d’œuvre.
« Comme ça, darling ? » accentues-tu pendant que tu te déhanches doucement, lentement – tu n’as jamais marché avec des talons, et dieu qu’ils sont durs, tout en hauteur sans aucune douceur, uniquement prêt pour les femmes qui portent souvent des centimètres en plus.
Tu ne fais pas partie de cette catégorie de génies, hélas.
Alors tu fais le tour du couloir comme si c’était un tapis rouge ; tu tournes sur toi-même, tu salues le public, tu envoies des baisers que Leina récupère et tu reviens vers elle. « Il est temps que tu fasses de nouvelles photos. Que l’on choisisse la meilleure à envoyer et la faire développer. Et demain, on va acheter un cadre. Le plus beau et le plus magnifique de tous. » autrement dit, le plus laid et celui qui ira le moins bien avec le reste de la décoration (déjà chaotique) de votre appartement.
Mais Leina rit ; Leina oublie ses soucis.
Rien que ça vaut toutes les décorations terribles que vous pouvez avoir.

tu as comme l'impression d'être rédactrice en chef pour vogue. mais en encore mieux. parce que vous rigolez. vous rigolez énormément. vous rigolez tellement que tu as l'impression de perdre la tête -elle tourne, tourne, tourne autour de ton rire. c'en est trop. peut-être que mourir de rire est réel, au final. peut-être que tu es en train de décéder à cause de jupiter.
il allait te tuer -et si c'était ça son plan depuis le début ?

tu as mal aux abdos tellement tu rigoles. et tu essayes de reprendre ton sérieux, de te concentrer. tu l'aides à se redresser avec les talons, à tenir droit. « mon chou, tu es absolument parfait. » il tente de marcher, ce n'est pas fameux au début. il faut dire, même toi, tu as eu du mal à marcher avec.
quand il traverse le couloir, il manque de se casser la cheville une ou deux fois, tu vois le monde défiler devant tes yeux, tu ne veux pas rire -ce n'est pas super recommandé pour le karma, mais tu ne peux pas t'en empêcher. tu imagines déjà la catastrophe. mais s'il veut finir à genoux devant toi, tu ne le refuses clairement pas.

« prends la pose, je suis. » et te voilà hamilton à photographier sous tous les angles ton meilleur ami qui se trémousse. c'est un peu comme un photoshoot pour yves saint laurent mais plutôt contrefaçon. l'idée même te fait rire comme jamais. tes photos ne sont probablement pas parfaites mais tu essayes au mieux de capturer le fessier de jupiter. c'est qu'il faut une photo magnifique pour pendre au dessus de votre canapé. et quand tu penses avoir assez de clichés -au moins une dizaine, tu le tires jusqu'au canapé où tu le laisses s'écrouler et tu viens te mettre à moitié sur lui. de toute manière, l'espace vitale ou tu ne sais trop quoi, ça n'existe pas ici. « aide-moi à choisir une photo. elles sont toutes... parfaites. » ça te fait rire à nouveau, tu t'étais pourtant calmée. « faut vraiment que ce soit la plus belle de toute. genre, qu'elle laisse les gens bouche bée... » comme si la photo de ses fesses, peu importe laquelle, ne suffirait pas. « je vais en garder une dans mon porte-monnaie aussi... » et l'idée te fait éclater de rire.

Et tu te prends pour un véritable mannequin à faire des poses toutes les dix secondes ou presque.  Tu te souviens de cette article, de cette vidéo d’un top model qui faisait une pose toutes les secondes – incroyable, la dextérité et l’imagination de la personne.
Tu n’es pas certain de ce que ça donne pour toi – mais tu essaies. Les brais croisés, les jambes pliés, écartés, les mains sur les hanches, la bouche en cul de poule, le visage impassible, hautain, terrifiant, affreux – ridicule. Tu testes tout et tu laisses ta manager prendre les choses en charge ; la mitraille est là, son rire aussi et c’est dur – dur de te retenir de ne pas rire avec elle alors que tu prends ton travail d’égérie de String & vous très au sérieux, vraiment.
Peut-être que tu devrais réellement quitter youtube pour ça, au final.
Même si tu n’es pas certains que ta petite bedaine de personne qui mange sans faire d’activité physique soit réellement apprécié du côté des mannequin…
Et puis au diable les standards, après tout, pourquoi ne pas faire ta propre ligne de mannequin, avec des formes ! Charlie pourra en faire partie, avec sa petite ceinture de graisses qui se forme aussi.
Vieux et graisseux avant l’heure, punaise. Heureusement que Leina était là pour redresser la barre – heureusement que Leina était là tout court, finalement.
« J’espère tu prends mon meilleur profil ou trois quarts. » commences-tu à parler avec une voix royal. « Ou même de face. Je te fais confiance, je sais que tu es la meilleure pour ça, ma manager. Ma star. » l’exagération, toujours. « C’est toi qui fait prendre vie aux photos. » tu te crois vraiment dans un studio maintenant, à faire la star qui complimente son photographe.

Et finalement c’est fini ; finalement elle te tire vers le canapé pour te montrer tout ça, les magnifiques clichés qu’elle a pu faire, qu’elle va pouvoir tirer, imprimer. Et tu n’en peux plus, c’est trop pour toi ; des photos de fesses, beaucoup, peu de ton visage en réalité, pas mal de ton corps en entier mais beaucoup de fesses, quand même. A croire qu’elle aimait les voir avec ton string.
Et tu craques ; les larmes coulent et tu es comme un asthmatique alors que tu as du mal à respirer, alors que ton rire s’éteint dans ta gorge tant tu t’es retenu – tu n’en peux plus, tu vas t’asphyxier.

Et finalement il ressort ; tonitruant, tu te meurs, tu pleures alors que vraiment chacune de ses photos vaudraient le coup de refaire la déco entière de l’appart. « Envoie les moi. Envoie les à Cha, aussi. On va lui poster une photo ou deux photos imprimés. Il les gardera au-dessus de son lit, comme un dieu. » parce que tu en étais un, dans ce string et ces talons.
« Il faut qu’on en mette une au-dessus du canapé, Leina. Qu’on montre à tous cette beauté que nous avons mis au monde. » comme si c’était de votre enfant, que vous veniez d’accoucher.

les rires qui résonnent, tu as tant de mal à te calmer. c'est toujours comme ça. les photos défilent devant vos yeux et tu ne peux t'empêcher de parfois zoomer -tu es hilare à nouveau, tu en as mal aux ventres. c'est comme ça que tu fais tes abdos, tu le sais. « cha va être ravi, pas qu'il ait jamais vu ton cul... mais je vais juste envoyer un message sans rien dire. » et tu t'exécutes avec tes plus beaux clichés des fesses de jupiter. ah, vraiment, si le brun ne rapplique pas dans l'heure après ces photos, c'est que tu ne le connais pas.
et l'idée tombe.

« adjugé, vendu. une photo au dessus du canapé. format raisin. le futur coloc' va être ravi de ça. tu le sais, j'espère ? » et tu imagines la tête de celui qui va emménager dans votre appartement -le temple des fesses. c'est comme ça que vous devriez le renommer, au final. et cela te fait encore rire. « bon ma déesse. » tu te reitres tes jambes de sur les siennes pour t'étirer. « j'adore te voir en string, mais maintenant, ça veut dire que je peux pas le mettre. » et tu fais légèrement la moue, amusée. « je vais aller me préparer... » et tu le regardes sérieuse. « je vais aller faire imprimer la photo. t'es pas prêt. je vais aller trouver un cadre aussi. j'ai super hâte. » et tu tapes dans tes mains toute excitée avant de déposer un baiser sur la joue de jupiter. « t'es le plus beau et le plus drôle, je t'adore. » que tu lui dis et tu te lèves, sans avoir rien rangé, à la recherche d'un nouveau string que jupiter te volera peut-être un jour.
qui sait.