Forum définitivement fermé. Merci pour cette belle aventure. <3
B L O O M into me
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FORUM FERMEdéfinitivement. merci pour les souvenirs !
l'amour fleurit et flétrit, il est comme une fleur qui passe et trépasse avec le temps. l'amour ne dure qu'un instant, qu'un moment ; c'est ce qu'on dit, qu'il est éphémère, comme la vie, comme la pluie. et pourtant, malgré ce moment si court durant lequel on aime, cela peut suffire à tuer ; et ça vous rend malade, d'aimer sans être aimé en retour, et ça vous tue le coeur et l'âme - littéralement. vous avez envie de vous échapper, d'arrêter ça, et c'est votre poitrine qui se gonfle, vos poumons qui s'emplissent ; et vous toussez, encore et encore. et ce sont des pétales de fleurs qui tombent lourdement sur le sol pâle. auckland. juillet 2023, hiver. Lire la suite
21.07.23réouvertue du forum, recensement, et petit évent (www)04.01.23fermeture temporaire du forum, ceci dit, on revient vite !10.08.22nous soufflons nos bougies à plein poumons et souhaitons un bon anniversaire à bloom et qui dit anniversaire dit nouveautés (www)01.08.22tous des stars grâce à insta(r)gram (www)27.06.22les choses se compliquent et les rumeurs voient le bout de leur nez (www)13.06.22nouvelle màj dit nouvelles informations à retrouver juste ici14.02.22on profite de la joie, de l'amour et de la nourriture gratuite pour la saint valentin (www)26.01.22tom cruise en sueur, le forum réouvre pour sa V3 avec son lot de news à retrouver ici.27.10.21tou beau tout chaud, prêt à braver la chaleur de l'été, voici les nouvelles juste ici10.08.21bloom ouvre ses portes ❤
Une fois de plus, la toile demeure blanche, immaculée. Ce n'est pas faute d'avoir tenté de mélanger couleurs sur couleurs jusqu'à en créer des improbables du bout de ton pinceau. L'inspiration n'est pas là. Pas aujourd'hui. Tout comme hier. Et peut-être pas demain non plus. Un reflet solaire attire soudain ton regard et un regard jeté en direction de la fenêtre te fait réaliser que déjà, le zénith n'est plus et que le crépuscule approche. Tu soupires, résolu à mettre un terme à cette nouvelle tentative. Il est temps pour toi de prendre l'air. Après avoir rapidement nettoyé ton matériel en homme consciencieux que tu es, tu quittes ton appartement, télescope sous le bras. Dans le bus qui t'éloigne du vacarme de la ville, nombreux sont les regards curieux qui se posent sur l'objet que tu tiens. Malgré toute la nonchalance dont tu peux faire preuve à cet instant, un œil avisé remarque sans peine que tu veilles à le transporter prudemment. Lorsque tu remarques les messes basses de deux étudiantes, vous détaillant, toi et le télescope, tu prends soudain la pose, affichant une expression plus charmeuse que jamais. Ce qui a pour conséquence de faire descendre les intéressées à l'arrêt suivant. Tu t'efforces de ravaler ton égo blessé devant cet échec cuisant, prenant la chose avec un certain amusement tandis que le bus quitte enfin la ville pour gagner les hauteurs du Mont Eden.
Le soleil est couché quand tu finis par arriver à ta destination : un petit carré d'herbe surélevé dans lequel ancrer fermement les trois pieds du télescope, son tube optique dirigé vers le ciel qui s'assombrit à vue d’œil au-dessus de ta tête. Une à une, les étoiles apparaissent, d'abord paresseusement puis plus rapidement à mesure que la luminosité décline, te faisant lever la tête à ton tour. Voilà un spectacle dont tu ne te lasses pas en dépit du nombre incalculable de fois dont tu as été le témoin silencieux, même s'il fait toujours naître un brin de tristesse dans ton cœur meurtri. Cette vue, tu aurais aimé pouvoir l'admirer avec ta fille, si ce n'est ta défunte épouse. Mais les enfants grandissent vite. Très vite. Cela fait des années que ta fille s'est désintéressée des étoiles, parmi lesquelles sa mère continuer probablement à veiller sur elle. Sur vous. Si les individus aux profils variés que tu as pu croiser sur ta route t'informent sans peine que l'idée n'est pas uniquement la tienne, ton spot demeure en retrait, ce qui t'assure une certaine tranquillité. Du moins, c'est ce que tu pensais.
« Encore toi ? »
Des bruits de pas étouffés par l'herbe te font tourner la tête sur la gauche jusqu'à ce que ton œil remarque la silhouette qui s'avance vers toi. Les rares sources de lumière en contrebas du mont ne te permettent pas de reconnaître les traits du visage du nouveau venu mais tu sais cependant à qui tu as affaire. Ce n'est pas la première fois que le gosse vient ici.
« Tu veux y jeter un œil je parie... » reprends-tu en désignant le télescope. « Que ça ne devienne pas une mauvaise habitude de profiter ainsi de la gentillesse d'un vieil homme hein ! »
Dans le fond, cela ne te gênerait pas. Cette compagnie qu'est devenu Charlie au fil de vos rencontres sous les étoiles, tu as appris à l'apprécier. De ce que tu as pu voir, il est plutôt rare qu'un gosse de son âge s'intéresse aux étoiles. Un passe-temps davantage réservé à ceux de ta génération, aux vieux qui ont du temps à perdre à regarder en l'air quand les jeunes se déhanchent en boîte jusqu'au petit matin. T'écartant de l'appareil, tu t'assois lourdement dans l'herbe, laissant Charlie observer les astres à son tour. Une vision qui te fait sourire.
« T'es pas en soirée avec tes amis ? C'est pourtant l'âge où l'on fait la fête tous les soirs... » t'autorises-tu à faire remarquer en te grattant nonchalamment le menton. « A ton âge, j'avais une copine à emmener danser... Pas que ça m'ennuie que tu sois là mais bon... »
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Mer 15 Déc - 23:51
Une grande inspiration dans l’air encore chaud des rues soulage partiellement tes narines saturées. Le week-end passé à la coloc t’avait épuisé. D’abord parce que Naoki y avait fait des apparitions en te lançant des regards étranges - la marque sur son poignet n’avait pas disparu au bout d’une semaine comme tu lui avais dit. Puis parce que tu avais dû te retenir de tousser toute la nuit. À force, tu avais décidé de dormir sur le canapé pour ne pas ennuyer tout le monde. Un coup de bronchite chronique du fumeur que tu avais sorti en plaisantant. Tu ne fumais pas depuis assez longtemps pour avoir ce genre de problème, alors tu n’étais pas certain que cette excuse naze soit passée auprès de tes meilleurs amis. Ils n’avaient rien dit.
Alors cette semaine, tu avais décidé de rester chez toi, pour réfléchir un peu, un besoin de rester seul, loin du Japonais aussi. Tu espérais que ton abonnement absent te permettrait de ralentir la cadence de floraison dans tes poumons. Échec. Alors quand les pétales volent beaucoup trop dans l’appartement, tu sors, tu marches, tu réfléchis. Et peut-être aussi que tu fuis un peu tout ce qui t’arrive, les résultats d’examens pas très bons pour couronner le tout.
La réunion en pagaille entre ton cœur et ton cerveau laisse le pilote automatique de ton corps conduire tes pas, et encore une fois, tu te traînes au sommet du Mont Eden, à une bonne heure de marche de chez toi. Tes yeux ont à peine eu le temps de s’habituer à la nuit quand tu arrives aux abords du cratère. Le ciel était dégagé, mais la lune était présente. Tu regrettais tout de même de ne pas avoir le télescope avec toi, comme à chaque fois que tu venais ici. Tu avais besoin de voir le ciel autrement que dans des formules de physique.
Et toi qui pensais être seul pour cogiter, voilà qu’on t’interpelle. Encore toi. Tu pouffes. Toujours. Tu t’approches tranquillement de Milo, un gars avec qui tu avais fait la conversation plus d’une fois. Il avait installé son télescope à monture équatoriale sur l’herbe, et te laisse la place. « Évidemment que je veux jeter un œil et que je vais abuser de ta graaaande gentillesse. Tu as pointé sur quoi ? » Question rhétorique. Tu comptais bien observer quelques trucs de ton envie.
Milo te demande ce que tu fais là, tout seul. Tu ne lui en veux pas vraiment. C’est vrai que tu faisais tes promenades nocturnes en solitaire, alors tu hausses les épaules. « Pas de soirée ce soir, ça arrive. » Ou plutôt, tu avais décliné l’invitation. Tu tournes le télescope pour avoir dos à la lune, et tu regardes le ciel à la recherche de la constellation de la Croix, celle-là même sur votre drapeau avec l’Australie. « Je savais que tu serais là, je l’ai vu dans mon radar à astronome amateur, et il ne se trompe jamais ! » Puis tes yeux remontent sur celles de la Voile et de la Carène, la tête en bas, comme toutes les constellations si on les compare à leur disposition dans l’hémisphère nord. Là, tu repères un groupement d’étoiles dans lequel se cache la fameuse nébuleuse. Tu pointes le chercheur vers l’amas en espérant que Milo ait bien fait la mise en station. Tu pouffes un peu.
Ce discours de grand-père.
« C’est plus vraiment l’époque des bals à la Jane Austen, vieil homme. » Tu le taquines, l’œil toujours dans le chercheur, les mains en train de manipuler les molettes pour ajuster l’ascension et la déclinaison. « Et puis c’est pas trop mon truc d’aller danser, je laisse ça à ceux qui aiment. » Tu avais réussi au moins à y échapper à Halloween, moyennant des désagréments plus graves. « Je suis génération Netflix and Chill sous un plaid avec une pizza et une bière. Ça laisse de la place pour vous, les Anciens. »
Tu passes à l’oculaire. Tu grimaces en voyant le peu de grossissement qu’il offrait. « T’as pas la taille au-dessus ? On va pas voir grand-chose. »
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Jeu 16 Déc - 22:28
T'as pointé sur quoi ? La question te laisse songeur un instant, d'une part parce que tu n'es pas encore habitué à entendre ces termes techniques t'être adressés, toi qui vient observer les étoiles le plus simplement du monde et d'autre part... parce que tu n'en as pas la moindre idée en fin de comptes. Ta personnalité digne de celle d'un enfant te fait souvent chercher la constellation du sagittaire en premier lieu, si bien que l'interrogation de Charlie te fait d'abord agiter le bras en direction du ciel étoilé en une vague tentative pour englober la totalité de celui-ci sans véritablement désigner un astre, une étoile ou toute autre chose à observer en particulier. Puis ça te revient brusquement et tu cesses aussitôt de brasser inutilement l'air autour de toi.
« La constellation des Gémeaux. Aux dernières nouvelles, ils annonçaient une pluie de météorites... »
Maintenant que tu l'exposes de vive voix, le doute te saisit. Minuit est passé depuis un bon moment déjà et tu n'as encore rien observé de tel comme phénomène. Oubliant un instant la présence du plus jeune, laissant volontiers ce dernier explorer le ciel à sa guise, tu plonges la main dans l'une des poches de ton vêtement pour en extirper ton téléphone. Quelques clics plus tard et un bruyant soupir franchit tes lèvres.
« Et merde... C'était jusqu'à hier... Fallait que ça arrive... »
Ton interlocuteur va encore pouffer, tu le sens. Comme si ce genre de choses n'arrivaient qu'à toi. Mais dans le fond, ça t'importe guère. Tu as été et sera toujours tête en l'air. Ce n'est pas aujourd'hui que tu changeras ce trait de ta personnalité. Et puis, tu n'es pas un professionnel de l'observation du ciel la nuit venue. Ce n'est qu'un passe-temps pour toi, un moyen de t'évader pendant quelques heures, de te changer les idées. Et qui sait, peut-être de retrouver l'inspiration au passage. Alors si tes mésaventures amusent la galerie et plus particulièrement Charlie que tu trouves bien trop sérieux derrière ses taquineries, alors tu es en satisfait. D'ailleurs, le mordant de ce dernier ne tarde pas à résonner dans le silence du Mont Eden, portant jusqu'à tes oreilles.
« Jane Austen carrément ? Tu m'as pris pour un dinosaure ou quoi ? »
Bon, ce n'est pas très sympa pour l'intéressée mais elle s'en remettra. Du coin de l'oeil, tu observes comme tu peux les faits et gestes du plus jeune. La pénombre t'empêche de clairement les distinguer mais tu le sens habitué à la chose. Et pour cause, ce n'est pas la première fois que le gosse te rejoint ici. En revanche, la suite des explications de ton interlocuteur te tire une grimace.
« Une génération de flemmards tu veux dire ! Les jeunes d'aujourd'hui ne savent plus comment s'amuser, c'est désolant... Netflix and Chill... Tu parles d'une jeunesse... Pfff... » ronchonnes-tu dans ton coin en te mettant en quête de ton paquet de cigarettes.
La nouvelle question de Charlie t'interrompt cependant et tu hausses les épaules en guise de première réponse.
« Dis donc toi... T'as fini de râler ? Déjà que je te laisse utiliser mon télescope... La prochaine fois, tu n'auras qu'à ramener le tien gamin. »
Le paquet enfin entre tes mains, tu sors une cigarette que tu viens coincer entre tes lèvres, tes doigts partant cette fois à la recherche du briquet. Tout une expédition quand on connaît la taille démesurée de certaines de tes poches fourre-tout.
« Qu'est-ce que tu voulais observer d'abord ? » demandes-tu soudain en faisant jaillir une lueur incandescente dans l'obscurité de la nuit tandis que tu allumes l'extrémité de ta cigarette.
En fonction de la réponse de ton interlocuteur, tu te dis que tu pourrais envisager l'idée de te procurer le matériel nécessaire. Tu te doutes que les étudiants n'ont pas forcément tous les moyens d'investir dans un télescope, encore moins toute la gamme qui allait de paire avec. Si ça peut rendre le gosse heureux, tu te renseigneras à ce sujet pour mieux préparer votre prochaine rencontre sur les hauteurs du Mont Eden. Car tu sais que cela se produira encore et encore.
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Ven 17 Déc - 22:00
La constellation des Gémeaux. Tu regardes le ciel à la recherche de Castor et Pollux. Elle devrait être normalement sous Orion. Tu as pivoté à 180° quand tu remarques les trois étoiles de sa ceinture, visibles malgré la lumière polluante de la lune. Tu pouffes. « Tu n’allais vraiment pas voir grand-chose avec la lune. » Une histoire de Géminides apparemment visibles jusque-là veille. C’est dommage, mais tu n’es pas vraiment déçu non plus. La lune, toujours.
Tu souris. Ah c’est bien facile d’insulter les jeunes, comme s’ils étaient responsables de tous les maux du monde. « T’as le discours d’un dinosaure, il faut bien que je m’adapte à ton époque. » Mais tu n’avais pas envie de te lancer dans un grand débat. Pas la tête à ça, trop crevé, trop déprimé aussi. Et puis Milo ne méritait pas de recevoir ton stress dans la figure, il n’y était pour rien, et tu savais que tu pouvais être vraiment froid si tu te laissais aller. Autant éviter ça, surtout que tu squattais audacieusement son appareil.
Tu remets l’oculaire dans le télescope. Il n’en a pas d’autres, tu ne savais pas pourquoi tu avais demandé. Le télescope ressemblait au tout premier que tu avais eu étant gamin, depuis tu étais passé à la taille au-dessus. Tu devais avoir les oculaires adaptés chez tes parents, surtout pour le ciel profond. Alors il paraît que tu râles. Normal. « Que veux-tu, je suis un homme exigent en astronomie. Je ramènerai mes oculaires la prochaine fois, mais pas le télescope. Je le garde pour le ciel de chez mes parents. » Qui était beaucoup moins pollué par la lumière, et transporter le matériel en avion était aussi le meilleur moyen de déplacer les lentilles. « Avec ça déjà, je pourrai te montrer des trucs trop bien ! » Parce que tu en avais observé des choses depuis le temps que tu regardes vers le ciel. Ça n’était que partie remise.
Tu le regardes sortir son paquet de cigarettes. Ça te donne envie de l’imiter. Mais tu regardes dans l’objectif et règles la focale pour avoir une image plus nette. Tu y voyais une tache gris clair, brisée par le ciel sinueux de noir si on plisse bien les yeux. Quelques étoiles sont encore visibles et pourrissent un peu le champ (le besoin d’un oculaire pour le ciel profond se fait bien sentir), mais tu reconnais la nébuleuse. C’était l’une des plus facile à observer, même à l’œil nu. Tu souris, satisfait. Tu as un regain de bonne humeur passager d’un coup et tu te tournes vers Milo, l’enthousiasme dans la voix. « La nébuleuse de la Carène ! Tu veux voir ? » Tu t’écartes du télescope pour le laisser observer s’il en a envie. « Bon, ce n’est pas aussi beau et précis que les couleurs artificielles de Hubble, et c’est tout petit, mais c’est toujours cool. » En même temps, personne n’avait les yeux pour voir autrement que dans le visible. C’était l’affaire des vrais télescopes, ceux en haut des montagnes.
Tu regardes le ciel en essayant une nouvelle fois de la distinguer mais tes yeux ne sont pas totalement habitués à la nuit. Tu hausses les épaules et sors ton tabac, feuilles et filtres. Les fesses à terre, tu te sers de ton téléphone pour y voir quelque chose et tu roules ta cigarette. L’odeur de lavande pas encore tout à fait partie malgré l’air frais de l’endroit te chatouille le nez et tu éternues une fois, deux fois, trois fois. Tu renifles en grognant un peu. Il était temps de la fumer cette clope.
Tu cherches dans tes poches de jean ton briquet. En vain. « Tu me prêtes ton feu ? J’ai paumé le mien je crois. » Ou alors tu avais juste la flemme de chercher aussi. Meilleure illustration de la génération de flemmards comme il dit. Mais ce n’était pas faux dans ton cas, sauf pour tes études.
La roulée allumée, tu expires longuement la fumée de tabac par le nez, crames tout résidu de plantes qui peut s’y trouver. Jusque-là, tu n’avais pas toussé, ce qui était plutôt rassurant. Tu avais l’impression de sortir tout le temps la même excuse quand tu toussais des pétales ou éternuait. Tu fais comme si de rien était, Milo n’avait pas à savoir et tu n’étais pas le meilleur homme de communication du monde de toute façon. Tu lui rends son briquet en le remerciant. « Tu as réussi à observer quoi avec ton télescope depuis que tu l’as ? »
Inconsciemment, tu tires un peu trop sur le bâtonnet de nicotine qui orne désormais tes lèvres, t'arrachant une toux ou deux. Ses oculaires ? Son télescope ?! Alors comme ça, le gosse est calé en astronomie ? Pire, il a déjà tout le matériel que tu lui prêtais gracieusement jusqu'alors, pensant à tort que Charlie n'avait peu-être pas les moyens de s'offrir un tel attirail en tant qu'étudiant. Tu ne t'y vraiment attendais pas et la surprise t'a fait consommé un peu trop de tabac d'un coup.
« J'avais déjà remarqué que tu t'intéressais beaucoup à l'astronomie depuis le temps que tu squattes mon télescope... » commences-tu d'une voix rendue un peu rauque par les toux. « Mais j'ignorais que tu avais ton propre matériel... »
D'autres que toi se seraient indignés, fâchés même de se retrouver dans une telle situation. Ce n'est pas ton cas. Et pour cause : le soudain enthousiasme qui anime le plus jeune à la simple idée de pouvoir observer davantage de phénomènes te fait aussitôt oublier sa mesquinerie qui n'en est pas vraiment une dans le fond. Tu souris de le voir retrouver son entrain.
« En tout cas, ça fait plaisir de te voir aussi enjoué. » commentes-tu le plus naturellement du monde en tirant une nouvelle fois sur ta cigarette.
Des taquineries de Charlie, tu avais l'habitude. Et tu lui rendais bien. Une manière de ponctuer vos échanges sous le ciel étoilé. Mais si tu pouvais en faire apparaître à leur tour dans le regard de ton interlocuteur, il s'agissait définitivement de ta plus belle victoire. Le gosse ne lâche plus ton télescope en dépit de son précédent commentaire concernant la qualité de ton oculaire. Le voilà qui se redresse d'un coup, se tournant vers toi et manquant de te faire lâcher ta cigarette au passage.
« La quoi ? » répètes-tu en clignant des yeux.
Devant l'enjouement du plus jeune, tu te résous à te remettre debout pour y jeter un œil à ton tour. Avec les réglages effectués par Charlie, tu crois identifier ce que ce dernier cherche à te montrer.
« Hmm... je me demande bien où ils vont chercher tous ces noms ronflants. »
Se disant, tu abandonnes l'oculaire pour lui préférer l'observation à l’œil nu, le nez en l'air. Tu essayes d'apercevoir ou du moins localiser la nébuleuse en question quand du mouvement sur ta gauche te fait tourner la tête. A la lueur du téléphone, tu aperçois les gestes du garçon en train de se rouler une cigarette. Les éternuements successifs qui agitent Charlie, compliquant son entreprise au passage, te font froncer les sourcils. Mais quand l'autre finit par de demander ton briquet, tu t'autorises une remarque :
« T'es pas un peu jeune pour ces saloperies ? Tu vas te ruiner la santé à force de fumer cette merde, regarde comment tu tousses. »
Même si tu es bien placé pour savoir que le hasard ne s'attarde pas sur ce genre de détails hélas. Tu en es l'exemple incarné. Fumeur depuis toujours et pas de trace d'un potentiel cancer à l'horizon. Cette pensée te traverse l'esprit, te faisant céder à la requête de Charlie dans la seconde qui suit. Le briquet revenu se nicher au fond de ta poche, tu te remets à observer le ciel, bras croisés et cigarette coincée en coin de tes lèvres.
« La Lune... Quelques planètes et constellations aussi... » énumères-tu après avoir délogé le bâtonnet de nicotine. « Il me faudrait de nouveaux oculaires pour observer plus que ça. Mais je ne viens pas ici avec le désir de découvrir quelque chose de nouveau. »
Cela peut sembler bizarre à dire mais c'est la stricte vérité. Se perdre dans la contemplation silencieuse des étoiles a quelque chose d'apaisant. Malgré toi, tu y cherches le réconfort et l'inspiration tandis que d'autres s'évertuent à être les témoins de quelques phénomènes particulièrement rares. Tu laisses échapper un rire bref en te passant une main à l'arrière du crâne.
« Un vieil homme n'a plus les mêmes ambitions dans la vie tu sais. La quiétude de l'endroit me suffit amplement. »
Quand tu t'y retrouvais seul, en tête-à-tête avec tes pensées comme seule compagnie. La présence du plus jeune à tes côtés change quelque peu la donne mais au moins le gosse prend plaisir à observer les étoiles avec toi. Sinon, pourquoi serait-il revenu à la suite de votre première rencontre ?
« Et toi alors ? D'où te vient cette passion ? » demandes-tu soudain avant de tourner en direction de ton interlocuteur.
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Lun 20 Déc - 16:42
En effet, tu ne lui avais pas vraiment dit que tu squattais son matos alors que tu avais le tien à des centaines de kilomètres de là. « Oui, j’en ai un, un peu plus puissant que le tien. » Eh. Ça donnait l’occasion de parler d’autre chose que du temps du Jurassique dont Milo avait l’air de faire partie.
Tu répètes. « La Nébuleuse de la Carène. » Peut-être qu’il ne connaissait pas, finalement. La suite te confirme bien tes soupçons. Où les astronomes étaient allés chercher tous ces noms bizarres. « Je te dirais bien la mythologie grecque, les noms chinois et persans des étoiles essentiellement. » Sans oublier les constellations aux noms qui ne collaient pas vraiment avec l’alignement des étoiles, comme celle du microscope. Ça te faisait toujours marrer. « Pour la carène, en fait c’est parce que c’est l’une des trois parties de l’ancienne constellation du Navire Argo, avec la poupe et les voiles. » Tu le regardes, content de partager un peu ta culture astronomique en réalité. « Tu sais, Jason, la toison d’or tout ça. » Des trucs antiques.
Il te fixe en train de fumer et tu sens arriver le commentaire de daron à dix kilomètres. Ça n’a pas loupé, et tu hausses les épaules. « Je suis majeur et vacciné jusque-là, je peux bien faire ce que je veux. » Tu pouffes. Tu ne pouvais pas plus te ruiner les poumons de toute façon avec tout ce que tu avais dedans. « Et puis tu peux parler, l’Hôpital-qui-se-fout-de-la-charité. » Ton regard en coin est à la fois ennuyé et taquin. Y’a pas un jour où on ne va pas te faire une remarque sur ça. Tu craignais un peu la réaction de tes parents d’ailleurs. Tu verras bien dans quelques jours. Tu ne voulais pas leur cacher non plus.
Il te raconte ses observations et tu l’écoutes en regardant les étoiles, à l’opposée de la lune, même si elle polluait toujours autant. Il l’avait vue, quelques planètes aussi (tu supposais au moins Vénus, Mars, Jupiter ou Saturne, on pouvait très bien les voir même avec un grossissement à 200). Il ne venait pas pour la découverte. « Oh tu sais je pense que pour ça, les télescopes plus puissants font bien leur job. Autant profiter de ce qu’on connait déjà. » Surtout pour trouver des choses qui émettent partiellement ou pas du tout dans le visible, comme les pulsars ou des étoiles à neutrons. Le genre de choses que tu aimerais bien faire plus tard, toi par contre.
Mais Milo avait raison. Cela ne servait à rien de se donner des ambitions pareilles, surtout quand on cherche juste à tirer parti du calme loin de tout. Bon, Auckland ce n’était pas l’idéal, mais tu n’allais pas tarder à rentrer dans le Sud, tu allais en profiter toi aussi. « T’as bien raison. » Tu réponds finalement, un peu mélancolique. Tu t’allonges dans l’herbe en soupirant. Elle était fraîche. Les yeux tournés vers le ciel tu restes silencieux quelques instants. Tu oubliais un peu tes problèmes, ne serait-ce qu’un instant et cela te faisait atrocement du bien.
D’où te venait cette passion. Tu y réfléchis quelques instants. Tu avais l’impression que c’était depuis toujours. « Je voulais être astronaute, un peu comme tous les enfants en fait. Et puis j’ai eu des lunettes. » Autant dire que ce n’était même pas la peine de tenter. Il fallait avoir un brevet de pilote pour le concours et avec tes yeux, c’était mort. « Du coup mes parents m’ont offert un télescope à dix-douze ans. Un peu comme le tien. Et je me suis offert l’autre il y a quelques années. » A force d’économies.
Tu te redresses. Assis dans l’herbe, tu te remets la roulée au bec. « J’ai pas trop quitté l’astronomie depuis, vu que c’est mes études. » Au point de vraiment en chier. Surtout depuis que ta tête était tournée vers le coloc de tes meilleurs amis. La simple pensée du Japonais fait remonter les pétales dans ta gorge. Tu tentes de les retenir en inspirant une nouvelle bouffée de tabac mais le choc entre la montrée et la descente te fait tousser, une bonne quinzaine de secondes, au point que tu en lâches une larme. Les pétales dans la bouche, tu les mélanges à ta salive pour mieux les cracher loin de toi. La classe, mais au moins elles étaient loin. Tu passes une main dans tes cheveux en soupirant. Nouvelle fumée dans les poumons. Tu pouffes. « Ça y est, le cancer me guette. » Auto-dérision.
Invité
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Mar 21 Déc - 11:51
Là, sous les étoiles, tu l'écoutes te fournir un début d'explication quant au choix des noms de ces mêmes étoiles. La mythologie hein. Le gamin dit vrai, les exemples sont nombreux en ce sens. Même si au final, ça se résumait à chercher des réponses dans le passé pour nommer le futur. Toutes ces découvertes qui ont fait avancé la science et les connaissances... Résumées à de vieilles légendes ou mythes. En revanche, tu apprécies la précision apportée concernant la carène. Cela te laisse songeur tandis que tu visualises inconsciemment le navire en question. La remarque qui suit, surtout le ton de Charlie, te font finalement tourner la tête en direction de ce dernier, faussement résigné.
« Des trucs de mon époque, j'ai compris. N'empêche que les types n'ont pas fait preuve d'imagination... Reprendre des trucs existants... »
Toi ? Faire preuve de mauvaise foi ? Non, à tes yeux les artistes en tous genres avaient bien plus de mérite à inventer des choses nouvelles, tout droit sorties de leur imagination respective. Tout comme tu ne peux t'empêcher de t'autoriser une remarque sur la cigarette. Eh ! Daron un jour, daron toujours !
« Encore heureux que tu sois majeur, gamin. Moi, j'ai déjà profité de ma jeunesse, je peux bien mourir demain d'une saloperie de cancer. »
A bien des égards, ce serait juste. Pour qui, tu n'en sais trop rien. Pour toutes ces années passées à fumer ? Pour l'industrie du tabac ? Pour ceux et celles mortes de maladie sans avoir mené cette existence qui était la tienne ? Pour ton épouse ? Pour être mort et toujours là contrairement à elle ? Aucune idée. Mais tu n'arrives pas à te défaire de ce sentiment de justice.
« Puis, ce n'est pas comme si le gouvernement comptait repousser l'âge légal pour acheter du tabac d'année en année... T'as vraiment mal choisi ton moment. »
Gentiment, tu railles son initiative. Tu sais combien les raisons pour commencer à fumer sont nombreuses et diverses. Jamais tu ne te permettrais de juger quelqu'un là-dessus mais avec le recul et l'expérience de la vie, tu préférerais le voir abandonner cette pratique au plus vite. Heureusement, tu es parvenu à dégoûter ta fille de la cigarette passées toutes ces années. Un combat de moins à mener. Astronaute ? Charlie avait de l'ambition, tu peux au moins lui reconnaître ça. Alors que tu es sur le point de lui demander comment il comptait s'y prendre pour y parvenir avec des lunettes sur le nez, le plus jeune te devança sur le sujet. Si tu te sens désolé pour lui, tu ne dis rien. La déception, le gosse se l'était mangée en pleine face et tu ne peux qu'imaginer ce que ça représente, enfant. Depuis, le gosse avait certainement trouvé sa voie d'une autre manière. Ce que Charlie te confirme rapidement.
« Ah ! Ça explique pourquoi tu fais ton crâneur sur les étoiles... Petit malin. »
Au moment où tu t'autorises une énième bouffée de ta cigarette, la nouvelle toux qui agite Charlie t'inquiète suffisamment pour que tu observes la silhouette qui s'agite dans la pénombre. Si tu en distingues à peine les mouvements, les sons eux, te parviennent de manière très nette. La tentative du plus jeune pour rire de son état ne t'amuse pas le moins du monde.
« Malheureusement ou heureusement pour toi, le cancer ne fait pas cracher de pétales. »
Cette situation, tu l'as déjà vécue par le passé. Pas au point d'envisager détruire ces fleurs par le tabac comme Charlie, non. A cette époque, tu n'avais plus suffisamment de volonté pour te battre, pour vivre. Et pourtant, tu es bel et bien là aujourd'hui.
« L'odeur de la cigarette va simplement masquer celle de la fleur, ça n'empêchera en rien sa progression dans tes poumons. Crois moi, j'en sais quelque chose. »
Sourire fataliste et impossible à discerner dans l'obscurité de la nuit. Mais le gosse était encore jeune, il allait bien finir par passer à autre chose non ?
« Elle est au courant ? »
Invité
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Mer 22 Déc - 0:12
Le Roi de l’auto-dérision, l’Empereur du manque de communication sur ton propre état, et tu te moques bien tristement de ces quelques pétales ainsi expulsés dans une toux au goût de lavande cendrée.
C’était dégueulasse.
Tu te râcles le fond de la gorge en pensant encore sentir le grattement dérangeant des boutons de fleurs qui commençaient à apparaitre. Tu mets ça sur le coup de tes venues encore fréquentes à la coloc ; pour faire comme si de rien était. En réalité, cela ne faisait qu’empirer les choses. Ton cœur se pinçait atrocement à l’idée que Naoki soit présent dans l’appartement sans vous rejoindre, parfois, tu jetais des coups d’œil pleins d’une appréhension nerveuse vers le couloir dans l’espoir que le Japonais y fasse une apparition. Il t’évitait. Tu le savais. Tu ferais comme si de rien était. Et cela te faisait mal.
Mais personne ne devait savoir.
Pourtant Milo tire dans le mille, tes épaules se crispent. Comment avait-il compris ? Il continue. C’est bien peine perdue que de fumer pour cette raison qu’il te dit. « Je sais. Je ne suis pas stupide. » Tu finis par lancer, légèrement irrité. Laisse-moi espérer juste deux secondes. Tu regardes la lueur faiblarde de ta roulée prête à s’éteindre. Tu tends le bras. « Je peux ravoir ton briquet ? » Ton cœur fait des bonds dans ta poitrine. Tu ne veux rien répondre. Pourquoi tu dirais quoique ce soit à Milo quand tu refusais de tout avouer à tes meilleurs amis.
Pire encore que tu as toi aussi la marque au poignet. Mais tu ne voulais pas y penser.
Tu rallumes ta cigarette, en prépares une autre à la lueur de ton téléphone. Tu t’isoles dans le silence quelques instants. Tu n’as vraiment pas envie de répondre à ces questions. Pas envie d’en parler. « Il le sait. » C’est tout ce qui sort de ta bouche. Simple. Bref. Il devrait comprendre toutes les conséquences.
Ça t’angoissait tellement. Tu as un nœud dans la gorge.
Bientôt tu pourrais souffler n’est-ce pas ? Loin. Chez tes parents et avec tes chiens. Tu feras sans doute une rando en solitaire aussi. Puis tu disparaitrais à moitié pour la Summer School, totalement pendant deux semaines pour les examens. Peut-être que l’amour serait disparu à ce moment-là. Tu espérais.
Tu tournes la tête vers l’homme dont tu distingues très bien les contours avec la lumière de la lune.
Un vieux comme lui, il avait surement connu l’amour, il était aussi passé par là. Pourquoi ne pas profiter de son expérience ? Non. Oui. Ça serait la meilleure chose à faire pourtant. Tu réfléchis encore et toujours à cette question. Tu avais véritablement hésité à en parler à Leina, mais si tu lui disais quoi que ce soit sans mettre au courant Jupiter, tu ne trouvais pas cela très juste. Donc c’est une fierté mal placée qui rencontre encore tes pensées rationnelles dans une guerre de tranchées, embourbée depuis des semaines. Rien n’avançait, tu étais toujours dans la merde, et c’était de plus en plus dur de jouer la comédie.
« T’as fait comment toi ? »
Le cerveau avait gagné la bataille. Pour l’instant.
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Mer 22 Déc - 19:48
Ce ton là, tu le connais. Pour l'avoir déjà entendu dans la bouche de ta propre fille lorsque tu lui demandais avec qui elle comptait sortir si tard alors qu'elle avait école le lendemain. Puis des années plus tard, quand ce fut à son tour de te confronter, cette fois pour t'inciter à mettre le nez dehors. Le monde était ainsi fait, pour ne pas tourner rond. C'était en tout cas ta conclusion personnelle. Tu as visé juste, tu le sais et le gamin n'apprécie pas. Peut-être viens-tu même d'anéantir ses espoirs et il te le fait bien comprendre.
Le silence s'installe de nouveau entre vous. Mais contrairement à jusqu'alors, l'atmosphère se charge soudain en tension et électricité. Charlie est sur ses gardes. Tu sens bien qu'il est inutile d'insister pour le moment. Après tout, tu n'es pas son père. Juste un pauvre type avec qui il lui arrive de regarder les étoiles. Pas le genre de confident que l'on peut souhaiter ou même envisager. Alors tu demeures silencieux, dans l'attente que, peut-être, ton interlocuteur reprendrait de lui-même la parole. Quand cela finit par se produire, tu soupires qu'il te réclame de nouveau ton briquet. La leçon n'avait pas l'air d'être rentrée.
« Quelle tête de mule tu fais. » grognes-tu.
Néanmoins, tu combles la distance entre vous pour lui tendre le précieux objet. Si le gosse voulait se ruiner la santé, qui étais-tu pour l'en empêcher ? Cette fois, tu lui laisses le briquet. La curiosité prend toutefois le pas sur ton mutisme et tu tentes une approche différente pour réengager le dialogue avec le plus jeune. Sa réponse, bien que courte et lâchée du bout des lèvres, sans intention de poursuivre leurs échanges, te prend de court.
« Ah. »
Donc c'était... Charlie était... Enfin... Quelle importance ça faisait ? Chacun pouvait bien aimer qui il voulait. L'amour était l'une des rares choses encore merveilleuses dans ce monde. Si tenté qu'il soit réciproque ou possible... Tu reprends ta place d'origine, aux côtés du garçon assis dans l'herbe. La tête dirigée vers les étoiles, tu tires et retires sur ta cigarette. Tu es incorrigible. Déjà, ton esprit s'essaye à imaginer ce que l'on peut trouver d'attirant chez le même sexe. Curiosité quand tu nous tiens... Te perdre dans tes pensées est un bon moyen de rester silencieux. A quoi bon titiller Charlie sur un sujet qu'il ne souhaite de toutes évidences pas aborder ? Toi, tu ne t'es pas gêné pour mettre les pieds dans le plat mais tout le monde n'est pas aussi extraverti et sans tabou comme toi.
T'as fait comment toi ?
Pris dans tes pensées comme tu l'es à cet instant, tu manques de ne pas entendre la question qui t'est adressée. Surpris, tu jettes un coup d’œil à ton interlocuteur, comme pour t'assurer que tes oreilles ne t'ont pas joué un tour. Qui sait, peut-être que ton ardent désir de renouer avec le dialogue te fait soudain avoir des hallucinations auditives ? Malgré ta joie de l'entendre parler de nouveau, les regrets prennent forme sur les traits de ton visage.
« J'aimerais pouvoir te dire que j'ai réussi et t'enseigner la bonne méthode pour y parvenir à ton tour mais... »
Cette absence de tristesse te rassure et t'effraie en même temps. La douleur de sa disparition s'est effacée avec la perte de tes sentiments. Comme si elle n'avait jamais fait partie de ta vie.
« Il y a certains amours dont on ne guérit pas hélas. Un peu comme le cancer. »
Quand tu tires une nouvelle bouffée de ta cigarette, c'est plus par réflexe qu'autre chose. Entre tes doigts, tu sens le bâtonnet de nicotine qui s'effrite peu à peu, se consumant dans l'air à chacune de tes inspirations sur son extrémité.
Allons bon, Milo, tu peux pas te montrer aussi défaitiste ! Pour une fois que tu peux servir de modèle ! Du nerf enfin !
« Elle était l'amour de ma vie. Mais toi, tu es jeune. Tu sauras passer à autre chose et à oublier ces sentiments. Cependant, ce n'est pas en te morfondant sur ton sort que tu en guériras. Sors, fais la fête... Vide toi la tête comme si chaque jour était ton dernier sur cette Terre. L'amour ne se trouve pas dans les étoiles gamin. »
Des conseils de vieux à ne pas en douter. Tu crois presque entendre la remarque acerbe jaillir des lèvres de Charlie à ces mots.
« Par contre, le briquet s'appelle revient. » conclut-il soudain.
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Mer 22 Déc - 22:33
Tête de mule, tête d’âne, tête de cochon, tête de bique. Tous les animaux de la ferme y étaient passés avec les années. Tu étais têtu, et parfois tu t’en fichais bien si cela avait des retombées pour les autres. Le plus souvent, c’était toi qui subissais les conséquences de tes obstinations. Trop fier pour l’avouer. Mais Milo t’avait redonné son briquet, alors qu’il te traite de tête de pioche ou pas, le résultat était là. Il contribuait à ton vice et c’était bien ce que tu avais voulu.
L’étonnement s’entend dans la voix du peintre. Ah. Bah oui : ah. Tu n’avais même pas fait attention à ce « elle » automatique. Ça n’avait pas vraiment d’importance pour toi ces choses-là, surtout en amour.
Le silence. Milo qui s’assoit à côté de toi alors que tu grilles un peu trop vite ton tabac.
Tes doigts sont fébriles contre le filtre. Tu as l’impression qu’elles tremblent. Mais ce n’est qu’une impression.
Et ta voix qui brise le mutisme de l’air. Tu ne regardes même pas le visage de Milo tourné vers toi.
Il n’a aucune recette miracle à te donner. Tu t’attendais à cette réponse, mais tu ne peux t’empêcher d’être déçu. Les jambes relevées contre ton torse, tu poses ton front contre tes genoux dans un léger grognement. La suite était pire. Et tu ne voulais véritablement pas finir dans sa situation, ou celle de Leina. Ta meilleure amie t’avait brisé le cœur ce jour-là.
Tu étais jeune. Ça passerait avec le temps. « Ma meilleure amie était jeune elle aussi. »
Ça ne résoudra rien. Les fêtes, l’éloignement. Se vider la tête comme il dit. Tu soupires. Tout ça ne t’aidait pas à aller mieux. Tu lui rends son briquet. « Ecoute, j’ai pas envie qu’on me dise que tout ça c’est dans ma tête et qu’en sortant ça ira mieux. C’est faux. » Des conseils d’ignorants dont tu te passerais bien. Tu venais chercher de la quiétude, te voilà légèrement irrité. « Je fais déjà tout ça. Ça ne marche pas. »
Tu te tournes vers lui, observes ses traits que tu peux distinguer dans la pénombre. « Et puis qu’est-ce que tu as fait toi. Tu es sorti comme tu dis ? Tu as profité de la vie ? T’as essayé de ne plus y penser ? Et finalement quoi. »
« Finalement t’en es mort. »
C’était sorti plus cruel que tu ne l’aurais voulu. Alors tu te rattrapes aussitôt, d’une voix plus calme, plus douce aussi, en temporisant intérieurement toute cette peur, cette tristesse et cette colère que tu voudrais laisser exploser. Tu fuis son regard. « Je sais que tu ne penses pas à mal, mais c’est vraiment pas de ça dont j’ai besoin. » Qu’est-ce qu’il en savait le pauvre Milo, il ne te connaissait pas tant que ça.
« C’est censé passer. » Tu reprends. « Des râteaux j’en ai pris, ça passe toujours en quelques jours. Là, ça ne veut juste pas et c'est pas normal. » Tu n’y piges pas grand-chose. Au point que cela t’épuise, que ça t’énerve aussi.
Alors tu finis ta clope, enveloppé dans le silence, avec tes yeux qui picotent et ta gorge qui se serre.
Peut-être que ce n’était pas une bonne idée de lui avoir demandé. Mais tu étais désespéré.
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Jeu 23 Déc - 12:02
Les mots fusent brusquement, glaçants de vérité. L'amertume se mêle à la contrariété tandis que les peurs se déversent des lèvres de son interlocuteur. Et tu devines. A quel point le gosse est terrifié sans vouloir le reconnaître. Et tu comprends. Quoi de plus normal quand on connaît quelqu'un dans son entourage à qui cela était déjà arrivé. Maintenant, c'est notre tour et l'idée même de mourir d'amour nous terrifie. On n'est pas prêt et on ne le serait jamais. Car c'est une chose de savoir que cela existe, une autre de s'y voir confronté en personne. Tu te sens désolé pour Charlie. Tu ne te souviens pas d'avoir autant paniqué, sans aucun doute parce que vos deux situations sont bien différentes l'une de l'autre. Tu t'es laissé mourir, c'est un fait. Peut-être qu'au fond de toi, tu ne voulais simplement pas guérir de ce mal. Que tu n'imaginais pas ta vie avec une autre que celle que tu avais aimé et qu'on t'avait arraché. Cette mort-là n'était rien de plus que de la résignation. Mais qu'en aurait-il été si tu avais eu l'âge de Charlie ? Sans ces années de vie commune ?
Finalement, t'en es mort.
Finalement, le coup est porté. En quelques mots, le gosse a exprimé toutes ses peurs. Son incompréhension face à sa propre situation aussi. Pensait-il vraiment te blesser en disant ça ? Ce n'est rien de plus que la vérité, pas de quoi susciter l'indignation de son côté. Tu le laisses poursuivre, vider son sac et mettre des mots sur des angoisses trop longtemps refoulées. Aussi vrai que tu es mort, tu ne connais pas Charlie. Mais pour que ce dernier peine autant à refréner ses émotions, peut-être n'avait-il jamais eu l'occasion de les laisser sortir auparavant. Et rien que pour ça, tu ressens de la pitié pour le gosse. Se retrouver face à ses terreurs, sans possibilité de se confier, il n'y a rien de pire à tes yeux.
« Oui, je suis mort. Et après ? Tu pensais que j'allais m'apitoyer sur mon sort ? »
Ton attention se détourne du profil de ton interlocuteur pour chercher la pâleur de la lune.
« J'aurais pu c'est vrai. Sombrer dans le désespoir à l'idée d'avoir perdu ma femme. D'avoir perdu la capacité d'aimer à nouveau. J'aurais pu en finir pour de bon. Sauter du toit de mon immeuble et la rejoindre dans la mort plutôt que d'avoir à vivre ça. »
Les souvenirs t'enveloppent. Où comment la souffrance avait laissé la place à l'indifférence.
« Mais je ne l'ai pas fait. Tu sais pourquoi ? Parce que ma fille avait besoin de moi. A défaut de pouvoir aimer, j'étais vivant. J'avais cette chance là. De pouvoir voir ma fille grandir. D'être là aujourd'hui pour regarder les étoiles. »
Un soupir franchit tes lèvres avant que tu n'aies le temps de le retenir. Déjà, celui-ci s'envole vers les étoiles qui vous observent d'en haut.
« Même mort, j'ai un but dans la vie. Et je trouve toujours le moyen de la chérir. On en a qu'une après tout, il faut en prendre soin. »
Ta cigarette se consume une fois de trop et tu baisses les yeux sur ce qu'il reste du bâtonnet de nicotine entre des doigts, ennuyé. Encore un petit plaisir de la vie qui s'achève trop vite. Tu grognes de dépit en écrasant le mégot dans l'herbe qui t'entoure, sans le jeter pour autant.
« Je suis désolé pour ton amie. Je ne souhaite à personne d'avoir à vivre ça si jeune. » lâches-tu soudain en te remettant debout. « Peut-être que tu arriveras à te défaire de ces sentiments. Peut-être pas. On ne peut rien y faire, seulement apprendre vivre avec. Mais tant que tu respires, tu peux faire quelque chose de ta vie. »
Tout en parlant, tu t'approches du télescope pour commencer à le démonter. L'envie d'observer les étoiles pour cette nuit n'est plus. Tu sens bien que l'ambiance a changé, que le gosse aura envie de méditer ses paroles ou tout simplement de le maudire pour ses conseils de vieux.
« Par contre, si tu t'es pris autant de râteaux que ça, va falloir sérieusement y remédier gamin. Je peux t'enseigner deux ou trois trucs. » avances-tu, sûr de toi.
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Jeu 23 Déc - 18:09
Il s’en tape d’être mort d’amour. Tant mieux pour lui. Il avait eu sa fille pour s’accrocher. Tant mieux pour lui. Il avait un but dans la vie. Toi aussi. Mais toi, tu n’étais même pas à la moitié du chemin.
Tu te souviens de ce que tu avais dit à Leina. Que tu prendrais le risque. Que tu n’allais pas t’arrêter de vivre pour ça. Que tant pis si jamais ça arrivait.
Beau mensonge.
Parfois tu te dis que tu feras bien d’arrêter de t’attacher, et peut-être que là, tu serais protégé. Une vie éternelle de célibat. Une vie tout seul comme un con. Mais à quoi bon être aussi extrême quand tu n’étais pas encore condamné. Tu pouvais encore respirer. Les fleurs n’étaient encore que des boutons.
Alors Cha’, ne soit pas une bécasse stupide et bouchée. Admets que ce n’était pas la fin du monde. Mais une vie amoureuse, pour toi, c’était important.
Tu soupires. Milo avait raison. Ses paroles feraient leur chemin dans ta tête. Mais ce soir, ce soir tu étais borné.
Tu l’entends démonter le télescope et tu te dis que tu avais bien pourri l’ambiance avec tes problèmes. Ce n’était pas à Milo de le régler, encore moins de subir l’humeur atroce dans laquelle tu t’étais mis. Et tu n’étais même pas plus léger d’avoir déblatéré tout ça. Vu le résultat, tu aurais eu mieux fait de te taire.
Pour autant tu ne t’excuseras pas. Tu avais le désolé difficile.
Tu hausses les épaules. « Peut-être. » que tu réponds. Oui. Peut-être que ces sentiments partiront comme ils sont venus. Peut-être que ton cœur allait se rendre compte que, définitivement, Naoki n’était pas ton genre. Les personnalités aussi discrètes n’étaient pas celles qui t’attiraient le plus de toute façon. Jusque-là, il n’avait rien voulu savoir.
Tu termines ta cigarette, ranges le mégot dans ton paquet de tabac. Tu soupires encore et Milo renchérit en voulant te donner quelques conseils en matière de drague. Ton rire est nerveusement incontrôlé. Les techniques de séduction, ce n’était pas ton truc. Tu n’aimais pas manipuler les gens pour qu’ils t’apprécient, encore moins pour en tirer un bénéfice. « C’est gentil mais ça ira, live and learn comme on dit. » Tu te lèves et époussette ton jean. Pas que tu ne lui fasses pas confiance, mais tu n’avais pas la tête à ça.
« Je vais plutôt y aller. Merci pour le télescope. » Tu mets les mains dans tes poches. « Et le reste. »
Même si ce n’était pas ce que tu aurais aimé entendre. Au moins ça t’avait donné un coup de pied au cul.
Tu allais plutôt continuer ta promenade méditative. Un besoin soudain d’avoir une réunion de staff avec le reste de tes débilos de cœur et de tête. Peut-être que tu irais vers Cornwall Park. Tu t’en fiches.
Tant que tu marchais. Et tu verrais où la lumière de la lune et tes pensées t’emmèneraient.
Terminé
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