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Forum définitivement fermé. Merci pour cette belle aventure. <3
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FORUM FERMEdéfinitivement. merci pour les souvenirs !

l'amour fleurit et flétrit, il est comme une fleur qui passe et trépasse avec le temps.
l'amour ne dure qu'un instant, qu'un moment ; c'est ce qu'on dit, qu'il est éphémère, comme la vie, comme la pluie.
et pourtant, malgré ce moment si court durant lequel on aime, cela peut suffire à tuer ; et ça vous rend malade, d'aimer sans être aimé en retour, et ça vous tue le coeur et l'âme - littéralement.
vous avez envie de vous échapper, d'arrêter ça, et c'est votre poitrine qui se gonfle, vos poumons qui s'emplissent ; et vous toussez, encore et encore.
et ce sont des pétales de fleurs qui tombent lourdement sur le sol pâle.
auckland. juillet 2023, hiver.
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21.07.23réouvertue du forum, recensement, et petit évent (www)
04.01.23fermeture temporaire du forum, ceci dit, on revient vite !
10.08.22nous soufflons nos bougies à plein poumons et souhaitons un bon anniversaire à bloom et qui dit anniversaire dit nouveautés (www)
01.08.22tous des stars grâce à insta(r)gram (www)
27.06.22les choses se compliquent et les rumeurs voient le bout de leur nez (www)
13.06.22nouvelle màj dit nouvelles informations à retrouver juste ici
14.02.22on profite de la joie, de l'amour et de la nourriture gratuite pour la saint valentin (www)
26.01.22tom cruise en sueur, le forum réouvre pour sa V3 avec son lot de news à retrouver ici.
27.10.21tou beau tout chaud, prêt à braver la chaleur de l'été, voici les nouvelles juste ici
10.08.21bloom ouvre ses portes ❤
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Artiome » I will carry you, always [R-18]

 ::  RP abandonnés & terminés Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas
Jeu 25 Nov - 20:23
Let it lead your love away
I never strayed
Let it bury you away
In all your blame, in all your pain
Artiome avait encore traîné Astrid dans une des soirées de ses collègues, quelque chose d'un peu plus calme que la dernière fois cependant, quoiqu'Astrid était tout de même bien pompette, et Artiome au moins tout autant vu comme il avait l'air de crever de chaud.
Astrid aimait plutôt bien les collègues de son ami, ils l'amusaient un peu, l'incluaient toujours, quoiqu'elle ne s'y retrouvait jamais dans leurs conversations pleines de testostérone et de rires gras. Le collègue qui hébergeait la soirée avait indiqué que ses filles étaient à l'étage, qu'il fallait faire attention à ne pas trop les déranger pour qu'elle puisse essayer de dormir - peine perdue, évidemment, puisque tout le monde avait oublié de se faire un peu discret une fois les deux premiers verres passés. Un peu au hasard, alors qu'elle errait dans la maison, Astrid était tombée sur les deux petites, assise en tailleur autour d'un petit chat qui, il fallait le dire, était franchement vilain.

Elles avaient l'air tristes, les deux petites. Elles caressaient le chat et lui parlaient comme si elles n'allaient plus jamais le voir, alors même qu'il était petit, si petit qu'Astrid s'était demandé s'il était sevré - d'autant plus qu'elle n'avait pas vu d'autre chat dans la maison et en avait conclu qu'il avait été adopté, et que la mer n'était pas là.
Astrid avait passé la fin de la soirée avec les enfants, qui lui avaient expliqué, toute la peine du monde dans la voix, que leur papa était allergique aux poils de la petite boule et qu'il leur fallait s'en séparer, mais qu'elles avaient peur que le petit chat ne trouve pas de maison assez bien pour lui, quelqu'un qui prenne soin de lui.

Le chat était tout vilain, un peu étrange, comme s'il n'était même pas vraiment réel. Pourtant, Astrid en avait eu gros sur le cœur en le regardant, parce qu'elle le voulait, ce chat, qu'il était à elle, et elle le savait. Comme une espèce d'évidence, un truc qui vous tombe dessus comme ça. Que ce petit chat vilain était fait pour elle, c'était sûr.
Que les exilés finissent toujours par se retrouver, et que le petit chat, c'est un peu Astrid, c'est un peu Artiome ; que la seule maison qui lui convienne pleinement, c'est la leur.

Alors Astrid elle avait promis aux petites qu'elle en prendrait soin, du petit vilain. Qu'elle leur ramènerait des photos si elle revenait un jour, qu'elle demanderait à Artiome de les donner à leur père si jamais ce n'était pas le cas et qu'elle ne revoyait pas les enfants. Et lorsque la soirée toucha à sa fin, qu'Astrid salua les invités avant d'attendre Artiome dehors, elle glissa le chaton sous son tee-shirt, contre sa poitrine, serra son gilet contre en faisant attention à ne pas le serrer trop fort et s'assit au bord du trottoir.

Artiome passa quelques minutes à saluer ses copains, et lorsqu'il revint vers Astrid, elle avait l'air trop radieuse, était trop souriante, pour cacher trop longtemps le vilain entre ses bras. Elle leva les yeux vers lui, le sourire si grand qu'il dévoilait ses dents et empiétait sur ses joues, dandina ses joues de droite à gauche avant de se lever pour se planter devant lui.

Devine ce que j'ai sous mon gilet.

Astrid veilla à bien cacher la forme du chaton presque endormi, immobile, sous l'épaisse laine de son vieux gilet, à serrer le tissu entre ses doigts pour empêcher Artiome d'essayer d'ouvrir sa veste. Continuait de se balancer, de se dandiner, comme pour expulser le trop plein d'émotions dans son coeur, comme si la meilleure chose possible venait de lui arriver.
below the sun
Callisto Wisteria
actrice & mannequin
Callisto Wisteria
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Jeu 25 Nov - 22:01
 
lune au ciel en plein jour qui s'allume

   


N'avait pas été difficile, que de tirer Astrid hors de l'appartement. Soirée chez le même collègue, père de deux gamines un peu surexcitées, s'immiscent toujours d'un moment à l'autre dans la soirée, verre de whisky dans celle d'Artiome, jus de pomme dans celles des plus jeunes et la soirée continue son joug.
Mais cette fois elles ne sont pas descendues, que peu, n'aient pas fait de vagues et eux, ont peut-être trop bu, peut-être pas assez puisqu'il arrive encore à marcher droit, ne pas glisser, a les pensées presque claires. Presque.
Artiome n'a pas suivi Astrid des yeux toutes la soirée, qu'ici, ils savent le passif de la jeune femme, qu'elle est capable de s'endormir n'importe où, n'importe quand, qu'ils lui diront, s'il y a quelque chose, alors il est détendu, il se promène, divague entre les silhouettes.
Et qu'il commence à sentir l'alcool inhibé ses sens, le bout des oreilles qui chauffent, le sourire qui s'élargit un peu trop à chaque mots échangés.

La soirée passe, ne s'éteint pas, bat son plein puis il n'y a plus Astrid, la voit monter les marches et ne réagit pas, qu'elle doit être fatiguée la jeune femme, elle part bien vite et lui, salut ses amis, s'attarde un peu parce qu'il n'y a que ça à faire, de la nuit jusqu'au lendemain, jusqu'à que les plaies s'ouvrent à nouveau.
Artiome quitte la pièce, l'extérieur est frais, légèrement, pas vraiment plus. De quoi faire soulever le duvet du dos, des épaules, celui invisible à l'oeil nu puis il s'approche d'Astrid en soufflant, essaie d'avoir l'air clean, mais Artiome il empeste l'alcool, ses mains s'accrochent mal l'une à l'autre, ses épaules ne sont plus aussi raides, plus aussi droites.
Observe le gilet trop large pour la minceur de son ossature, le peu de chair sur elle et un instant de lucidité. Revoit les mois passés où Astrid, dans un élan de kleptomanie toujours pas diagnostiqué, voler les jouets des gamines, des peluches, des barbies, des camions ou des maisons. Et là il s'imagine encore qu'elle a volé un truc, que son collègue va le lui dire, qu'elle a encore carapaté des trucs, que ça fait chier, la dernière fois c'était les mugs grenouilles des enfants, qu'il attend toujours de les récupérer.
Alors Artiome vient passer ses paumes contre son visage comme pour dégager l'alcool qui l'habite, se penche vers elle.

Va falloir que tu arrêtes Astrid. Tu veux aussi voler les clés de sa maison ? Va rendre les poupées...


Dans un léger râle, il dégage les bras menus d'Astrid de ce qu'elle cache et, alors qu'il s'attend à voir des jouets, découvre un chat. Une boule noire, des énormes yeux, des dents qui ne rentrent pas à même la bouche, s'étendent à l'extérieur. Et les pupilles d'Artiome s'abaisse entre lui et elle, elle et lui, ne sait même plus quoi dire. Elle a volé le chat.
Alors il se relève Artiome, essaie de ne pas glisser du trottoir et en descend, remonte correctement son jean et vient démêler ses cheveux en y glissant ses doigts.

J'explique pas à Tim que t'as volé le chat. Ton problème cette fois.


Les bras en l'air, comme signe d'abandon. Non, cette fois, il n'allait pas encore ramené les idioties d'Astrid, qu'elle se débrouille avec cet être vilain.
Alfie Lewis
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Jeu 25 Nov - 23:14
Don't go, you're half of me now
But I'm hardly stood proud
I said it, almost
Astrid devinait bien comment il allait réagir, Artiome. Parce qu'au-delà de l'alcool qui court dans ses veines et le ferait avoir une réaction disproportionnée par rapport à la taille de la petite bête qu'elle tient contre son cœur, Astrid elle en a souvent chipé des trucs, chez les autres. Parce qu'elle les trouve jolis, qu'ils attirent son œil, ou simplement parce qu'elle avait envie de voir à quel point elle pouvait être furtive, pendant combien de temps elle pouvait voler des choses sous le nez des autres sans qu'ils ne le remarquent.

Alors elle savait d'avance qu'Artiome allait souffler, râler, parce qu'il serait certain que la petite boule de poils, elle l'avait subtilisé aussi ; et on ne pouvait pas lui en vouloir de penser de la sorte instinctivement, lui qui devait toujours s'expliquer le lendemain, au travail, sur les raisons qui avaient mené à la disparition suspecte de certains objets dans la maison.
Astrid serra fermement le gilet entre ses doigts pour l'empêcher de l'écarter, et recula même un peu, en vain cependant, parce que la force musculaire d'Artiome, même ivre, restait bien supérieure à la sienne. Alors elle ne pouvait que s'accrocher fermement à son gilet, reculer pour espérer qu'Artiome lâche, s'avancer pour se coller à lui et l'empêcher de voir.

Mais j'ai rien volé cette fois, t'es barje ! Je te le montrerai pas devant chez lui si j'avais piqué un truc, gros débile !

Astrid peut se débattre autant qu'elle veut, elle sait que le jeune homme en sortira gagnant. Elle retire ses mains, le laisse ouvrir son gilet pour regarder le chaton lovée contre elle, sous son tee-shirt.

Il est mignon, hein ? T'as vu comme il est tout calme ? Je crois qu'il m'aime bien. Vous avez le même poil.

Astrid rit de nouveau, lève une main pour la passer dans la chevelure décousu de son ami. Pourtant il n'a pas l'air convaincu par la moue adorable - d'après Astrid - du chaton, et il reste silencieux un petit instant, à simplement les fixer, sûrement se demander comment elle en est arrivée à voler un chat, comment personne ne l'a vu, comment les gamines n'ont pas remarqué la disparition du chat, comment le chat s'est laissé faire, pourquoi il est aussi laid...

Heureusement que t'es vraiment beau, parce que t'es pas très intelligent, Artiome...

Astrid fait la moue, elle aussi, baisse les yeux contre la petite bête qu'elle tient contre son coeur, lui caresse le haut du crâne et le berce contre elle. Elle le connaît assez, Artiome, pour savoir que le chat va rester avec eux, qu'il ne va pas dire non, quand même bien il est un peu étrange, que ce n'est pas vraiment le genre d'animal qu'on a envie d'adopter - qu'il est spécial, quoi. Elle le connaît assez, Artiome, pour savoir qu'il n'aurait pas le coeur à lui dire non, refuser que la boule de poils rentre chez eux, même si ce n'était pas prévu et qu'il ne veut peut-être pas d'un chat. Et Astrid s'en veut un petit peu, de le lui imposer, le petit chat. Mais le coup de coeur a été trop gros, le malheur serait trop gros si elle venait à devoir s'en séparer alors même qu'elle vient de le rencontrer,et elle était certaine que ça leur ferait du bien, un petit chat.

Mon pauvre bout de chou, t'es pas tombé sur le meilleur des papas malheureusement, il est un peu simplet...

Astrid embrasse son nouveau bébé, titube vers Artiome, tout sourire, et colle le nouveau venu dans ses bras. Le chat est si calme qu'Astrid en est un peu plus persuadée que c'était le destin, qu'il était fait pour eux. Elle ne le voit pas se débattre, essayer de fuir parce que les bras le lassent, ou que la présence d'inconnus ne le rassure pas. Elle attache ses cheveux, parce qu'elle meurt de chaud aussi, Astrid, maintenant qu'elle le remarque, penche la tête, les mains sur les hanches, et fixe son colocataire.

T'as vu, il t'aime bien aussi. Peut-être il aime bien les gros pecs. Vas-y c'est toi qui lui trouve un nom, moi je l'ai choisi.
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Callisto Wisteria
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Ven 26 Nov - 0:11
 
pardon the fuck

   


L'incompréhension se dessine sur le visage d'Artiome. Ses veines se gonflent lorsqu'Astrid l'empêche d'approcher mais que sa force n'est même pas suffisante pour lui soulever un doigt malgré le nectar qui emplit déjà la totalité de son être. Il s'est acharné et a eu le dessus, qu'Astrid n'a probablement jamais gagné. Parce que la différence de gabarit est colossale, qu'en dehors de ça, Astrid n'a aucune idée de comment atteindre sa proie, lever les poings pour se battre, où frapper pour faire tomber sa cible.
Puis lorsqu'il la voit serrer la bête comme ça Artiome. Il se revoit à ses treize ans, Astrid du haut de ses onze venant à peine d'arriver chez lui. Qu'elle avait pris la fâcheuse habitude de ramener les clébards du coin à la maison, que Matthew ne les aimait pas, qu'elle se cachait et passer son temps à pleurer si fort, qu'il était sûr qu'on l'entendait depuis l'autre côté du globe. Et pourtant.
Pourtant Artiome il avait essayé plusieurs fois, de la couvrir, de dire que non, elle n'avait pas de chien. Puis punition. Se souvient des morsures du froid sur ses joues, les crampes dans les mollets, le souffle court et ce foutu terrain dont les côtés ne semblaient jamais s'arrêter. Et ce tout le temps. Tous les jours. Parce qu'Astrid était incapable de se retenir de ramasser tous les chiens de la rue. Et qu'il a détesté cette période de sa vie, cette incapacité à communiquer avec Astrid pendant plusieurs mois, années.

Puis cette pensée s'évade, Astrid qui le complimente, passif agressif, comme toujours, trop habitué, il ne réagit même pas Artiome. Se contente d'hausser les épaules en laissant échapper un long souffle de sa gorge. Comme si il s'en moquait, qu'il était trop habitué à ces idioties, de toute façon. Laisse la brunette s'approcher de lui, coller la bestiole entre ses bras, qu'il a l'air minuscule, dans les mains d'Artiome.
Il sourit un peu. Parce que les animaux ne le dérange pas tellement, qu'il s'en moque en réalité. Aurait aimé avoir son propre chien pour pouvoir courir avec quelqu'un sans avoir à déblatérer. Mais qu'il n'a jamais vraiment eu l'occasion d'en prendre un, n'aurait probablement pas non plus eu, le temps de s'en occuper, honnêtement. Qu'Astrid et le travail l'épuisent suffisamment.

S'il savait que sa mère est complètement zinzin...



Artiome ferme une paupière, clin d'œil en son honneur. Il sourit et soulève le chaton, lui touche le bout du museau, arrange les poils qui rebiquent dans tous les sens, observe les petites moustaches au dessus de ses grosses mirettes encore bleutées, qui ne le resteront probablement pas. Ne sait pas vraiment comment l'appeler. Qu'il n'a jamais eu a décidé d'un prénom, pour quoi que ce soit. Que c'est pas son truc.

Pash. Ouai Pash, j'aime bien. C'est mignon, ça lui va bien. Même s'il est vraiment vilain...



Esquisse une légère grimace, Artiome se rapproche d'Astrid, lui repose le chaton dans les bras, qu'il soit à l'abri, se sente mieux, dans l'odeur douce d'Astrid, dans les sillons qui se creusent entre ses seins, de la chaleur qui émane de son corps.
La marche reprend, Artiome reste auprès d'Astrid, jette parfois un regard au petit chat silencieux, qui ne bouge pas, semble en parfaite symbiose avec la jeune femme.
Puis se remet à rire, devance Astrid pour marcher à reculons devant elle, prenant garde à ne pas se prendre quoi que ce soit par la même occasion, qu'il ne s'écrase pas lamentablement.

Tu te souviens quand tu t'amusais à ramener les clébards dans la maison ? J'ai l'impression d'avoir treize ans encore. Et Dieu merci, y a personne pour me faire faire des tours de quartier.



Artiome lui tourne finalement le dos lorsqu'ils arrivent à l'angle de la rue pour aller vers la plage, vers les logements. Les boîtes sont encore ouvertes, les gens sont toujours par-ci et là, à boire, à danser dans les rues. Et Artiome il préfère malgré tout l'ambiance des pavés glacés à celle des ruelles bondées. S'arrête pour ouvrir sa chemise, s'asseoir sur l'un des bancs en face de la mer, les jambes tendues, les bras sur le dossier et Astrid à ses côtés. Sans oublier Pash, évidemment.

On devrait l'habituer à porter un harnais, non ? Si on veut le prendre avec nous dehors.



Artiome fait pivoter sa tête, regarde Astrid, l'air de lui dire, on peut essayer de le sortir quand on va voir quelqu'un, ce serait drôle. Un petit chat noir qui le suit partout, avec une laisse sûrement pleine de strass.
Alfie Lewis
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Ven 26 Nov - 2:02
Let it lead your love away
I never strayed
Let it bury you away
In all your blame, in all your pain
Astrid sourit, a le coeur qui s’emballe, à le regarder ainsi, le chaton entre ses mains, quatre fois plus grandes que lui, le sourire aux lèvres, les yeux clairement défoncés et le visage un peu rouge.

Longtemps Astrid avait pensé que son enfance la hanterait d’une telle manière qu’elle serait incapable de s’en décrocher, d’oublier et de ne plus avoir mal. Pourtant, Artiome, presque miraculeusement, il l’avait complètement fait oublié ce début de vie catastrophique. Et si aujourd’hui, c’est vrai, elle avait d’autres malheurs, ô combien plus important que son passé, Astrid pouvait aisément dire que son enfance n’était plus un frein, que son enfance était totalement derrière, et que quoiqu’elle avait apporté des problèmes et des traumatismes apparemment irréversibles, Astrid n’était plus malheureuse à cause de ça - et c’était Artiome, totalement Artiome, entièrement Artiome, uniquement Artiome.

Elle croise les bras contre sa poitrine en reniflant, un sourcil haussé, sa main un peu incertaine qui vient le bousculer tout en faisant attention au petit être un peu blasé dans ses bras. Parce qu’elle est pas zinzin Astrid, malade, c’est sûr, mais est-ce que c’est sa faute ? Est-ce que c’est mal, même ? Est-ce qu’Artiome n’est pas juste un idiot ?

N’importe quoi, commence pas à lui mettre dans le crâne des trucs qui sont faux…

Astrid récupère son petit chat, les yeux plissés et le nez froncé, revient coller son nouveau bébé contre elle, le berce comme elle le ferait avec un vrai, comme s’il avait besoin de réconfort, son tout petit, après avoir été nommé de la sorte.
Astrid tend les lèvres, parce que si Artiome n’a pas été convaincu par le charme évident de Pash, Astrid, elle, elle n’est pas convaincue par ce nom, et plus elle le répète, plus il lui paraît ridicule. Pauvre petit.

Tu dois vraiment pas l’aimer, ton fils, pour l’appeler Pash. Mais bon, soit…


La jeune femme soupire, rejette ses cheveux désormais courts en arrière - elle n’arrive pas à s’y habituer, c’est toujours un petit choc quand elle sent les longueurs effleurer ses épaules - et se recroqueville un peu contre le chaton, regarde les yeux globuleux, les dents un peu ridicules et ça la fait éclater de rire.

Pash Cullen du coup, c’est clairement des dents de vampire…Genre c’est un vampire à l’envers, il est pas comme les autres.

Astrid déambule dans les rues, surveille la boule de poils contre sa poitrine, qui semble être à peine endormi, encore un peu réveillé, et pourtant loin d’être apeuré. Elle le serre, mais Pash ne semble pas vouloir tenter une évasion, tenter de se glisser entre ses bras frêles ; il le pourrait pourtant.

Souvenir d’un passé un peu âcre, entre la douceur et l’acidité, comme les bonbons bon marché qu’ils achètent souvent en rentrant de soirées, ceux qui piquent la langue avant de s’adoucir un peu.
Astrid était évidemment une enfant perturbée, mais la barrière de la langue était ce qui avait rendu  son enfance si compliquée. Parce qu’elle ne pouvait pas parler avec les autres enfants qui partageaient son école, avec son russe de l’époque plus qu’approximatif, et que les enseignants ne pouvaient pas se permettre de reprendre son éducation à zéro, parce qu’elle n’était pas toute seule. Et qu’en dehors de l’école, Astrid, elle ne voyait personne ; solitude complète et totale, trop fatale pour une enfant si jeune.
La transition chez Matthew et Artiome avait été dure, un peu brutale, parce qu’on ne pouvait pas la comprendre, Astrid, et que son seul moyen de communiquer alors passait par ses pleurs trop fréquents, ses caprices quand les animaux dont elle tombait amoureuse ne pouvaient pas rester à la maison. Pourtant ce qui avait rendu différente cette maison des autres, outre les efforts intenses de Matthew, c’était Artiome. Ils ne se comprenaient pas du tout et pourtant, malgré les fois où ils savaient se tomber dessus et s’emmerder, comme le font les enfants de leur âge, il y avait entre une sorte d’entente implicite, un truc qui forçait Artiome à mentir pour elle souvent, se faire punir souvent, et recommencer le cycle.
Astrid en sourit aujourd’hui, et Artiome semble en rire aussi.

Franchement… Je m’en voulais trop des fois, mais après t’étais tellement un connard avec moi des fois que ça compensait. Mais j’apprécie que tu aies sacrifié tes mollets pour moi, regarde comme ils sont blindés aujourd’hui… De rien.

Astrid donne un coup de pied dans sa jambe en riant, le suit jusqu’au banc et s’assoit sur le côté, une jambe repliée sous ses fesses et l’autre qui frôle le sol. Elle pose le tout petit entre elle et Artiome, garde ses mains proches au cas où il essaierait de s’en aller, mais le petit chat n’a pas l’air très à l’aise sur ses pattes.
Pose sa joue sur le bras qu’Artiome pose sur le dossier, acquiesce en souriant, caresse l’animal du bout de ses doigts.

De ouf.. Je lui ferai un coin dans ma chambre. T’en veux un aussi ? Comme ça il pourra venir dormir avec toi.. Oh mais je vais lui tricoter des fringues ?

Astrid fait les gros yeux, lève la tête vers Artiome pour le fixer, comme si elle avait eu l’idée du siècle. Baisse les yeux vers Pash en ricanant, se dandine et lui attrape doucement les pattes pour qu’il fasse de même.

Va être trop beau mon bébé… Même s’il a le pire du nom du monde, mais bon..
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Callisto Wisteria
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Sam 27 Nov - 21:24
 
You're such a strange girl

   


Rictus qui incline la commissure vers le haut de son visage. Rire broyé par l'alcool, torse qui s'incline et il entoure son bras autour des épaules d'Astrid, le regard qui divague entre le nouveau compagnon d'une vie et la blonde. Ne sait pas sur qui le plus s'attarder, parce qu'Astrid ne semble même pas si ivre, le chat trop paisible et lui, même s'il avance droit, essaie et qu'il serait capable de réciter l'alphabet à l'endroit et à l'envers, Artiome sent que son corps surchauffe, que la sueur lui colle à la peau, qu'il rêve de la climatisation de l'appartement, là, maintenant.
Puis Astrid l'incendie, comme d'habitude, ne voit pas la réalité en face. Parce qu'elle est pourtant zinzin, Astrid. Quand il était gamin, il pensait réellement qu'elle terminerait dans l'asile du coin, qu'il devrait venir lui apporter en secret les chiens malades de la rue, ses jouets, ses crayons, ses livres. Artiome l'a imaginé et n'a pas eu envie de le vivre.
Se contente de rire lorsqu'il sent Astrid flambe un peu plus, alimente l'étincelle, ne la laisse pas périr. Qu'Artiome continue à son tour, ne veut pas laisser Astrid retourner dans les abysses de la mélancolie. Que les Dieux accordent un peu de miséricorde, que les anges ne s'acharnent plus.
Alors il serre un peu l'étreinte sur la jeune femme, se penche pour gratter le museau du chaton, observe ses canines, ses incisives, essaie même de voir les molaires. Ses dents ne sont pas droites, un peu inquiet.

On ira au véto'. Histoire de voir s'il souffre pas, vu la gueule de ses dents...

Grimace un peu, redresse l'échine et aspire l'air marin, le laisse pénétrer ses poumons librement, s'engouffrer, le piétiner. D'une oreille attentive, écoute toujours Astrid et d'une autre, se perd un peu dans ses pensées, lorsqu'il regarde la mer. Le bleu se mélangeant au noir du ciel, qu'on aperçoit au loin les éclairs frapper le sol, vibrer dans le ciel, éclater, exploser. Il doit s'arrêter Artiome, pour s'en imprégner. Qu'il adore voir la mer, surtout la nuit.
Astrid le sort néanmoins de ses pensées, reprend la marche pour fuir les pontons, les bars où la joie respire trop bruyamment comme si la vie n'était pas si dure.
Ne sait pas vraiment quoi réponde. Pash Cullen. C'est ridicule, mais avec le temps, si Artiome a bien appris une chose et qu'elle semble lui rappeler à l'instant, c'est que si Astrid veut quelque chose, elle n'en démordra pas. Laisse son genou légèrement fléchir lorsqu'elle cogne son mollet, se met à rire et lui tire les cheveux.

Ouai, c'est sûr. Mais bon. Y a des jours où j'aurais aimé juste profiter du silence.


Le silence des pavés gelés. Artiome n'est jamais retourné au cimetière voir son père. Qu'ils ne sont pas restés dans la même ville et pourtant, il savait que Matthew y allait lui, déposer les fleurs. Celles semblables aux pavés gelés, sous le pont des amoureux. Qu'il n'a jamais aimé les fleurs, Artiome. Poursuite vaine d'un passé déjà forgé, déjà trop bien collé à la peau. N'arrive pas à passer outres, qu'il y pense, parfois, tout le temps. Et d'un revers de main il ignore les ombres, invasives, nocives. Se concentre sur Astrid, son envie de tricoter, de faire un coin mignon pour Pash, qu'il se sente comme chez lui. Comme chez nous.
Et le bâtiment se dévoile, pousse l'épaisse et lourde porte, prend l'ascenseur, hausse alors les éclanches.

Pourquoi pas. T'as de quoi le faire manger ? On a pas de litière.


Regarde l'heure à son portable, dans cinq heures ils pourront se rendre dans une animalerie, offrir un confort de vie supérieur à la plupart. Il voit déjà l'arbre à chat rose dans la chambre d'Astrid, les pelotes de laine partout dans l'appartement, les croquettes au sol et les meubles griffonnés. Qu'il désespère un peu déjà, Artiome. Puis il rentre Artiome, laisse ses baskets à l'entrée et s'écrase sur le canapé, l'intérieur du coude qui recouvre ses paupières, la pièce dans le noir, illuminée de quelques guirlandes sur le mur qu'Astrid à oublié d'éteindre. Ambiance légère, ambiance estival. C'est doux, ce soir. Qu'il n'y a rien, qui ne pourra enlever la candeur de l'instant, et les bras d'Artiome s'écartent pour venir frapper ses hanches, ajuste le bassin pour être complètement sur le dos afin qu'Astrid puisse s'asseoir, qu'ils s'amusent un peu avec Pash.

Je pense qu'on devrait songer à installer un filet, sur le balcon, non ? Il a pas l'air d'avoir la lumière à tous les étages ton minou...

Alfie Lewis
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Dim 28 Nov - 6:34
Let it lead your love away
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Pash est tout petit sur le banc, les pattes incertaines, comme si le banc était trop glissant alors même qu’il est un peu rêche, que la sensation est un peu désagréable sous les doigts d’Astrid parce que le bois n’est pas lisse. Elle pose une de ses mains sur le bord, pour l’empêcher de tomber comme elle le voit s’en approcher un peu trop, appuie son nez contre le bras d’Artiome et plisse les yeux. Suit le mouvement des doigts d’Artiome vers le visage du chaton, parce qu’Artiome a beau dire qu’il est vilain, ce chat un peu bizarre, il semble s’en inquiéter plus qu’elle. Le caresse, essaie de regarder s’il n’y a rien d’anormal, si le petit chat va bien.
Astrid se recroqueville un peu sur elle-même, cache sous son sourire contre la peau d’Artiome, soulève le petit chat pour le coller contre sa poitrine et lui lever la tête, que le jeune homme puisse mieux examiner ses dents.

T’as vu, Pash, t’as déjà ton hater numéro un, il va pas arrêter de t’insulter…

Astrid se redresse, suit toujours Artiome sagement, les yeux concentrés sur la petite boule de poils dans ses bras, qu’elle contemple comme s’il était irréel, trop merveilleux pour être vrai, comme s’il allait s’évaporer en un instant et la laisser seule.
Reste silencieuse un instant, laisse Artiome profiter de la mer, de la brise, du silence, parce qu’il a l’air drôlement apaisé, qu’elle s’en voudrait de lui gâcher le moment. Elle continue sa marche de son côté, berce Pash dans ses bras, regarde Artiome du coin de l’oeil qui s’est arrêté le long des pontons, regarde vers la ligne d’horizon les éclairs qui se dessinent au loin.
Qu’il a l’air serein, Artiome. Qu’il a l’air d’aller bien.
Astrid tend la main quand il se rapproche, attend qu’il la prenne, le regarde la glisser dans ses cheveux pour les tirer plus tôt, et elle doit retenir son rire alors qu’elle lui attrape de force les doigts pour les retirer de sa chevelure, qui a déjà assez souffert comme ça.

Eh, doucement avec les cheveux… Ils sont encore traumatisés…

Astrid fait la moue, regarde Pash comme pour qu’il confirme ses dires, le serre contre sa joue. Apprécie la présence calme de l’animal contre sa peau, contre son coeur, présence immuable, vierge de tout jugement. Présence qui l’aimerait peut-être pour Astrid, de manière un peu pure et désintéressée - du moins dans l’esprit un peu tordu d’Astrid.

J’étais silencieuse. Je parlais pas. Du silence t’en aurais eu à volonté si t’aimais pas faire chier ton monde.

Artiome crève de chaud, ça se voit. Elle le voit presque courir vers l’appartement, pousser la porte rapidement, appeler l’ascenseur en quatrième vitesse. Astrid se moque un peu, lui dit qu’il doit vraiment être vieux pour ne même plus supporter une petite soirée comme ça, qu’ils ont connus pire, que c’est la fin s’il commence à courir pour aller se coucher alors qu’il est quoi ? Une heure ? Deux heures, peut-être ?

Bienvenue à la maison, Paaaash…

Astrid tient Pash en l’air alors qu’ils rentrent dans l’appartement, comme pour lui donner une vue d’ensemble de ce qu’il peut voir depuis l’entrée. L’appartement un peu en bordel, principalement celui d’Astrid, parce que ça la réconforte, le bazar, quelque part. Qu’elle s’y retrouve, se sent bien dans les pierres qu’elle laisse traîner, le plaid abandonné sur le canapé, même si Artiome s’en plaint beaucoup, et qu’elle dit beaucoup que la prochaine fois, elle rangera.

On a qu’a lui faire une caisse avec de l’essuie-tout pour cette nuit. De toute façon je vais pas dormir, je m’en occuperai. Je vais te faire visiter mon ange…

Astrid lui montre la petite cuisine, le salon, lui fait remarquer quelques détails amusants comme les photos au mur, le tapis qui cache une latte du parquet complètement éclatée, la faute à Artiome et Ashton. Elle ouvre la porte de sa chambre, s’arrête à l’encadrement pour lui montrer, désigner l’endroit où elle lui mettra un petit coussin, comme s’il pouvait comprendre, Pash. Comme si ses énormes yeux lui répondaient, alors même qu’ils la fixent sans grande conviction.
Finit par la chambre d’Artiome, pousse la porte, appuie son doigt sur le museau du chaton comme pour lui couvrir les narines et grimace.

Respire pas bébé, ça sent le chacal. Je mettrai du parfum quand tu dormiras ici, je te laisserais pas tomber..

Astrid acquiesce, referme la porte derrière elle et s’installe sur le ventre d’Artiome, pose Pash sur le canapé, à côté de la tête d’Artiome. L’observe renifler, regarder, marcher un peu sur son torse, sur le canapé, avant de sauter pour aller explorer le reste du salon sur ses pattes un peu trop petites, peu trop maigrichonnes.

Je sais pas… Il est petit encore, ça devrait aller non ? C'est pas urgent, je pense... Si ?

Tapote ses mains sur son torse, les yeux plissés, une légère moue sur le visage. Se demande ce qu’elle va lui donner à manger pour cette nuit, en attendant de courir à l’animalerie dès l’ouverture.
Repose ses yeux sur Artiome, qui n’a pas l’air d’avoir dégrisé, et ça l’a fait rire. Elle se penche un peu pour passer ses mains dans ses cheveux et les plaquer en arrière, observer sa peau qui a pris des couleurs, ses yeux un peu rouges et elle incline la tête.

Mon pauvre chaton… Tu veux que je te ramène un verre d’eau, en vrai ? T’as l’air de crever de chaud, faudrait pas que tu me clamses dans les bras, je serais inconsolable…
below the sun
Callisto Wisteria
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Dim 28 Nov - 8:36
 
i think i'm made of stone
i should be, feeling more

   


Toujours le dos contre la couverture couvrant le canapé des déboires possibles, abat finalement ses bras contre son propre corps, laisse Astrid faire le tour du propriétaire au nouveau venu qui, ne semble pas vraiment passionné. Mais honnêtement, Artiome ne pourrait pas vraiment dire s'il est heureux ou non.
Ses pupilles discernent mal, le monde autour de lui. Qu'il a l'impression d'entendre les sons plus forts, qu'ils sont plus vifs, désagréables. Que la voix d'Astrid elle, semble pourtant bien loin, là tout de suite, qu'elle est pourtant à quelques pas, qu'il lui suffirait de se lever, de marcher, pour s'accrocher à elle, s'enticher de Pash. S'enticher d'elle.
Le ventre se tord, la mâchoire se tend, ne laisse rien passer. Jamais. Jamais. Que Papa l'a dit, qu'il ne faut pas laisser les émotions nous envahir, que c'est ça qui cause la perte des Hommes. Que ce n'est pas la guerre, ni l'amour non. Ce sont les aigreurs qui ne partent pas, qui amenuisent les corps et les esprits, qui créent les monstres.
Et Artiome, il y croit toujours. Ne pas plier, ne pas laisser les genoux fléchir, parce que sinon c'est foutu, c'est terminé, qu'il n'aura plus l'occasion de redresser fièrement l'échine, qu'il sera le front à terre pour toujours et à jamais.
Alors Artiome arrête de penser, ne laisse plus le son s'échapper, ne veut plus faire vibrer ses cordes vocales pour Astrid. Tout tourne en rond. Qu'il devrait pourtant là, tourner avec le Monde mais qu'il a l'impression de ne se prendre que les bourrasques en pleine figure, en permanence.
Relent d'alcool qui écorche sa gorge, retourne se cacher au fond de son estomac.
Puis il revient à lui, Artiome. Lorsqu'il sent des moustaches frôler ses joues, qu'il sent peser sur lui. Le poids plume d'Astrid, son corps toujours froid, ses petites mains qui parcourent sa poitrine, ses clavicules jusque venir écraser ses pommettes, caresser. Qu'Artiome revient poser le regard sur Astrid. Qu'autrefois, il sentait son cœur ratait les battements, qu'il le lui a dit, qu'elle n'a jamais réagit. Que parfois, il se dit que c'est tragique, mais que Papa avait peut-être raison et qu'au final, Artiome, il a peut-être un cœur de pierre. Que même sans la maladie, il ne peut aimer. N'aimera peut-être jamais. Et que là, soudainement, la sensation dans sa cage thoracique est différente, que ça fait longtemps, qu'il n'avait pas sentit la mélancolie l'envahir. Qu'il n'avait pas eu le temps d'avoir le temps, finalement.
Que parfois, la tristesse martelait violemment dans sa tête lorsque Astrid, impulsivement, se mettait en colère contre lui, pour une bêtise, qu'elle balançait des phrases donc la moitié du sens manquait, qu'il n'arrivait pas à remettre le contexte, ce qu'elle voulait dire, puis se muter dans le silence, qu'à son tour, le silence venait le murer, l'enliser jusqu'à qu'il ne ressente plus rien, Artiome.
Que l'aigreur d'Astrid à travers ses veines commence à l'épuiser, que les sautes d'humeurs deviennent difficiles, que si auparavant c'était simple, amusant, aujourd'hui ça devient douloureux, de devoir glisser sur les mots comme s'il ne faisait rien.

Que Papa il savait, que t'étais comme Maman. Du genre éponge, accumuler jusqu'à que ça dégorge, que ça coule, que ça se déverse en une marée dévastatrice.
Que tu commences à en être, au point de non retour. Qu'il a essayé de réprimer les colères, les jalousies, l'amertume et toutes ces choses trop néfastes, qui font perdre pied. Et il a réussi, Papa.
T'es devenu hermétique, Artiome. Au point de te laisser périr au dépit des sentiments de ceux qui font battre ce que ta carcasse protège si durement. Que ça va finir par éclater au visage de quelqu'un. Tu sais pas qui, encore. Mais ça va devoir se faire, que tu ne pourras plus bien longtemps garder les choses au fond de tes entrailles.

Que peut-être, tu n'es pas vraiment de pierre.
Que peut-être, tu peux toujours aimer.
Mais ce n'est pas sûr, qu'on t'aime en retour, Artiome.
Parce que t'es pas vraiment sincère, que tu prends pas soin des autres comme tu le crois. Qu'ils peuvent te le dire.

Comme t'as envie.


Sourire et dents qui s'affichent. Ne jamais dévoiler trop de choses. Pas même à Astrid. Préfère crever.
Alors il soulève son bras droit, lui dégage le visage des mèches fraîchement colorés qui viennent le déranger à lui. Tire sur son te-shirt difficilement, qu'il essaie de légèrement se soulever pour finalement le laisser tomber à terre, souffle longuement et baisse le regard, y voit les vestiges d'une des nuits dernières, à complètement oublié, parce que ce n'était pas important. Que les traces sur ses pectoraux, sur son cou et ses épaules ne sont que passagères. Qu'elles sont passé, que demain ne subsisteront plus.
Doucement, Artiome lui embrasse le bras, remonte vers l'épaule, passe sur les colliers d'os qui encadrent son cou puis remonte à son menton. Tendrement. Pour cette nuit. Que l'ambroisie lui donne chaud.

Que c'est probablement la tristesse, qui en réalité parle. S'exprime. Comme pour balayer d'un revers de manche l'ennuie qui sale sa peau, le rend trop amer. Que ce n'est pas sa faute, il essaie.
Alfie Lewis
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Dim 28 Nov - 23:07
Let it lead your love away
I never strayed
Let it bury you away
In all your blame, in all your pain
Il est drôlement silencieux, Artiome, d'une façon qu'Astrid ne lui connaît pas vraiment quand il a bu autant. Elle ne comprend pas vraiment, le fixe en quête d'une réponse, comme si elle allait apparaître sur son front, comme s'il allait miraculeusement parler de ce qui le tracasse, alors même qu'Astrid sait qu'il ne dira rien, qu'elle aurait beau demander, insister, Artiome il répondra que ça va, qu'il est juste fatigué, comme d'habitude.
Comme s'il était toujours fatigué, alors même qu'Astrid elle sait que ce n'est pas la raison de ses maux, pas la raison de la tristesse dans son regard, de l'hésitation qui le prend parfois, qui le force à s'arrêter un instant, se mettre en pause alors même que le monde continue de tourner, sans lui, qu'il avance, et qu'Artiome se retrouve en retard, un peu perdu, comme si Astrid allait trop vite pour lui, que ses pensées étaient à des années lumières et qu'il ne pouvait les comprendre.

Incompréhension éternelle entre celle qui ne parle qu'à mi-mot  et celui qui appuie fermement les mains sur ses oreilles.

Comme t'as envie, et Astrid ne comprend pas ce que ça veut dire, de quoi il parle, comme s'il avait à peine écouter ce qu'elle avait. Ramène moi un verre d'eau si t'as envie ? Aucun sens pour elle, alors qu'il aurait simplement pu dire qu'il se sentait bien, ou l'inverse ; dire s'il voulait effectivement un verre d'eau ou pas.
Astrid continue de le fixer, l'air perplexe, les sourcils froncés, se redresse un peu, laisse ses mains se reposer sur son torse. Astrid elle se fait vite des films, se demande vite si on lui a fait du mal, à Artiome, pourquoi, quand, qui.

Astrid aurait aimé qu'Artiome la voit comme une confidente, mais ce n'était jamais arrivé, ça n'arrivera peut-être jamais. Parfois elle y pensait, se rendait compte qu'il y avait des choses qu'elle ignorait totalement à son sujet, comme s'il était un inconnu, presque. Qu'elle elle lui avait tout dit, tout dévoilé, s'était mise à nue, complètement, pratiquement du moins. Qu'il n'y avait que peu de choses qu'elle lui avait jamais caché, qu'il était son confident privilégié, les bras vers lesquels elle se rue quand les choses vont mal. Du moins ça avait été comme ça avant qu'Astrid ne cherche à dégriser de l'ivresse qui lui montait à la tête quand il s'agissait d'Artiome.
Mais maintenant qu'elle y pensait un peu plus, elle n'était pas sûre que c'était ses bras à elle qu'Artiome venait chercher quand il se sentait un peu triste, quand le monde était un peu gris et qu'il avait envie de réconfort, qu'il avait envie de parler. Astrid elle avait envie de l'entendre parler, de lui dire ça va aller comme il le lui disait quand elle n'allait pas bien.

Comment ça, comme j'ai envie ? Tu réfléchis avant de parler, tête de nœud ?


Hausse les sourcils, rit un peu, tapote ses mains sur son torse, jette un œil vers Pash pour s'assurer qu'il ne s'est pas coincé quelque part, que son corps trop petit n'a pas glissé derrière un radiateur. Regarde la petite bête découvrir le salon, essayer de grignoter les feuilles des plantes qui tombent à sa hauteur.

Astrid aimait, d'habitude, les baisers qui remontaient le long de son cou vers sa mâchoire, les doigts qui attrapent ses mèches, les bras qui la serrent contre elle. D'habitude, Astrid elle aurait surenchérit - et elle essaie de surenchérir. Un mouvement pour le clouer sur le canapé, s'allonger sur lui, mais Astrid elle a l'impression de se brûler d'un coup.

C'est pas nouveau, les marques sur son corps. Rien n'est nouveau, et pourtant Astrid, en ce moment, elle a l'impression que tout lui arrive en pleine figure, comme si elle ne les avait jamais vus, ces choses qui la brûlent depuis quelques temps. Les absences, les rejets, les marques. Comme si Astrid avait fermé les yeux pour ne pas les voir, tout en sachant qu'ils étaient là, et que maintenant qu'elle les ouvrait, la douleur n'en était pas moindre, comme elle s'y attendait, mais décuplée.

Tu sais Astrid, c'est pas une envie de toi un peu soudaine. Il aurait fait la même chose à n'importe quelle meuf, parce qu'il est ivre, c'est tout.
C'est pas toi qui lui fait envie tout d'un coup. T'as la même tête que toutes les filles qu'il a enlacé dans leurs draps. Rien de différent. C'est pas Astrid qu'il veut, juste quelqu'un, n'importe quoi - c'est tombé sur toi parce que c'est toi qui est là. Naïve Astrid.

Elle se recule pour s'assoir sur l'accoudoir. Elle sent que ça lui gratte l'épaule, et elle se maudit un peu. Maudit son cerveau, parce qu'il lui semblait qu'il avait été conditionné pour toujours vouloir se battre avec Artiome - et pourquoi, d'ailleurs ?

Pourquoi tu vas pas chercher une de tes putes, sinon ? Moi j'en suis pas une.

Astrid ça la rend folle, de se dire qu'elle est comme elles, pas plus importante, juste pareille. Une fille qu'il mettrait dans son lit quand il a envie, dont il entretiendrait la flamme pour la garder un peu accro, qu'elle ne se désintéresse pas, parce qu'il aime l'attention sans avoir à trop en donner en retour, juste assez, juste ce qu'il faut. Et contrairement à ce qu'elle pensait, ça ne l'a jamais aidé, les câlins qu'Artiome lui accordait parfois, et elle doit bien affronter la vérité aujourd'hui. Que ça n'a fait que la faire couler un peu plus.
Le monde tourne un peu, comme si Astrid était ivre de nouveau. Ses yeux sont gros comme des soucoupes, elle se lève, regarde le sol pour mettre de l'ordre dans ses pensées, replace ses cheveux derrière ses oreilles nerveusement.

Vas-y, moi je suis pas ton bouche-trou. Je suis pas la meuf que tu mets dans ton plumard par défaut parce que c'est tout ce que t'as sous la dent, là.
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Lun 29 Nov - 1:04
 
Love
it's just face painting

   


Par delà les rideaux, à travers les vitres, les reflets de la lune jouent sur les corps. Tout est sombre. On ne voit rien. Que les corps qui se meuvent légèrement, le bassin d'Astrid sur le ventre d'Artiome, se soulève à chaque bouffée d'air qui pénètre à travers le nez, la bouche.
Zénitude qui le rassure, pourtant, accalmie qui fait mal. N'aurait jamais cru avoir un jour la boisson triste, celle qui au départ nous fait sauter de joie, rend les muscles saillants pour pouvoir porter le monde à bout de bras, le soulever jusqu'à que notre esprit subtilise toute la sérotonine, toute l'oisiveté de l'instant. Comme écrasé entre les paumes du purgatoire.
Le monde tombe, s'effondre sur la tête. Le pilori autour du cou, enchainé, prisonnier du chagrin.
Jusqu'à qu'on apaise les cœurs.
Jusqu'à qu'on fasse taire la colère qui dévore
Jusqu'à qu'on anéantisse l'essence même de notre tristesse.
Maus faut-il encore parvenir à trouver d'où vient la mélancolie qui toque contre le poitrail. Pourquoi s'invite t-elle. Pourquoi est-elle ici. Pourquoi. Comment. Depuis. Quand.
Artiome ne comprend pas, pourquoi, maintenant. Que ça n'aurait jamais du se produire, pas avec l'expérience, avec l'habitude.
 
mais artiome il est un peu usé, à force
un peu usé d'user les autres
d'étreindre les brasiers entre ses mains
qu'il se brûle un peu plus à chaque fois

Ses lèvres s'arrêtent sur les contours du visage, du gosier, de la bosse légère, moins proéminante que la sienne. Le rire espiègle, presque enfantin d'Astrid qui lui réchauffe les oreilles. Réchauffe le corps. Et si tu l'aimais, un peu plus, que ce que tu crois dire.
Puis les courbes d'Astrid s'éloigne, s'envole pour venir sur l'accoudoir, qu'à nouveau, elle le poignarde.
Astrid vient enfoncer ses phalanges contre son épiderme, le force à rester cloué contre les mailles du plaid, incapable de bouger. Incapable de surenchérir. Ses ongles pénètrent la peau, tirent, tirent si fort que c'est comme si elle avait attrapé le cœur à même la paume puis était venue le lui mettre sous le nez. Qu'il en a pas besoin, Artiome.
parce que t'es incapable de ressentir
de sentir
de comprendre
que tu blesses continuellement, que tu continues
que tu prétends vouloir sauver le Monde

que t'es juste en train de tout casser
que tu vas te brûler les ailes, Icare

Cycle incessant. Permanant. Va continuer et le faire plier, va le faire rompre. Poitrine au sol, mains à terre.
Astrid est cruelle. Artiome ne comprend pas, reste dans l'incompréhension. Regarde la brune enrager, encore, toujours. Soulever l'échine, les pieds nues sur le plancher, à faire le vide autour d'elle, semble réfléchir, en rajoute. Encore. Et encore. Et encore. Toujours plus.
Artiome laisse le menton en l'air, les yeux à même le plafond, les guirlandes qui faiblissent. Comme lui. Comme elle. Comme eux. Le fossé se creuse un peu plus, s'intensifie d'une telle façon qu'il va bientôt se faire happer. Crever entre les sillons de terre, de rochers, d'amertume et de regrets.
Qu'il n'arrive plus à suivre Astrid. Qu'il a beau essayé, de toutes ses forces, il le promet, il essaie, vraiment. Il peut plus. C'est en train de se briser, en lui. Que les myriades d'émois durement garder dans son estomac, allaient sortir. Les vomir aux pieds d'Astrid, qu'elles la débectent.

L'écume s'amasse dans l'œsophage, l'empêche d'avaler sa salive. Les vagues essaient de briser la glace de ses prunelles sombres, désabusées, fatiguées. Qu'elles n'y parviennent pas. S'agglutinent seulement. Se pressent. Qu'elles y arrivent. La cage thoracique se lève de façon irrégulière, trop irrégulière pour lui.
Vient écraser les pouces aux coins de ses paupières, retire l'humidité qui s'y accumule, l'eau qui brûle le visage. Les larmes salées et amers qui chatouillent sa mâchoire, faiblissent le long de son cou, meurent entre ses clavicules.
Artiome il a la voix incertaine. Un peu cassée. Peut-être parce qu'il a beaucoup hurlé à tue-tête les chansons de l'enfance de la plupart des gens de la fête. Qu'il s'est senti pousser des ailes. Que le Soleil a encore tout raflé. Comme elle le fait si bien. Qu'elle ne semble même pas s'en rendre compte, qu'elle enflamme tout autour d'elle. En combustion constante.

C'est quoi, ton, foutu, problème, bordel ?



Recourbe le tronc, visage fermé. Distingue mieux les traits d'Astrid. Traits qu'il déteste, à cet instant précis. Traits qui lui donnent envie de s'arracher le visage. Traits qu'il a envie de ne plus revoir, plus jamais. Qu'il n'en peut plus, des reproches. De tous ces reproches qu'on lui claquent au visage. Comme une vérité blessante. Vérité puissante. Mais qu'Artiome, il aurait préféré ne pas la savoir, la vérité.
Qu'il a beau en vouloir à Astrid, il a pourtant envie de s'excuser. Que ça se bat, à l'intérieur de sa tête. Ne sait pas comment réagir. Qu'il est pourtant enragé là, Artiome. Que la culpabilité s'entrechoque à la fureur. Devient un mélange acerbe qui roule sur sa langue, tâche les dents.
Cède à la furie. Comme un ouragan qu'on a pas vu venir.

J'en ai assez, de tes putains de sautes d'humeurs, t'entends ? Tu comprends pas, que t'es en train de me démolir ? T'es en train de m'immoler depuis des jours, des semaines, des mois. Et à chaque fois, t'allumes, la mèche pour tout faire péter. Et je m'excuse, toujours. Toujours.


Artiome a  du mal, à enchainer les phrases. Parce que les mots restent bloquer parmi l'écume, se perdent dans la marée, s'éloignent. Culpabilité exténuante. Coupable. Il est coupable, Artiome. Il le sait. Mais ça devient trop lourd. Fardeau accablant. Il va succomber, si ça continu. Ne pourra pas revenir en arrière.
La colère s'apaise. Elle devient fade dans les cordes vocales qui font vrombir la voix d'Artiome.
La colère s'apaise. Elle devient peine dans les cordes vocales qui font gémir la voix d'Artiome.
Et la peine amenuise le corps. Esquinte jusqu'à devenir vide.
Et le vide. L'ennui. L'ennui le néant. Jusqu'à qu'il n'y ait plus rien, dans le ventre d'Artiome.

Je peux plus, Astrid. J'ai beau essayé, je comprend pas. J'y arrive pas.



L'ossature n'arrive plus à porter le propre poids du garçon. Doit venir retrouver la mollesse du divan, s'y assoit, les coudes collés aux genoux, les paumes qui soutiennent son front.
Il n'a pas envie, cette fois Artiome. Il n'a plus, envie.
De s'excuser bêtement, que peut-être, il devrait. Parce qu'il a sa part de responsabilité. Que soudain, la fleur à son poignet lui fait sens. Comme le tonnerre qui gronde lors des pluies estivales. Douche froide. Il lève brièvement les yeux vers Astrid, revient plonger son visage dans ses mains, jusqu'à laisser le dos se courber vers l'avant, poitrine qui touche le haut des cuisses, bras croisés sur elles. Fermé. Comme toujours.

Que Papa, il avait raison, Artiome. Il te l'avait dit, t'avais même frappé l'arrière de la nuque, lorsque tu t'étais mis à pleurer, sous le pont des amoureux. Que t'étais comme Maman. Un cœur trop fragile, trop sensible. Facile à faire capituler. Qu'il n'a jamais aimé, cette partie de toi, Papa. T'as tout refoulé. Le moindre sentiment, la moindre expression.  

Depuis quand, t'as pas pleuré Artiome ?
Depuis quand, t'as pas parlé de Papa ?
Depuis quand, t'as pas parlé de Maman ?
Depuis quand ?

Et ça tourne en boucle dans ta tête, Artiome. Depuis quand t'as pas hurlé. Pleuré. Parce qu'Astrid n'a jamais su, pourquoi t'étais si triste parfois. Pourquoi, t'aimais pas, quand elle vannait sa mère. Qu'elle vannait la famille qu'elle n'avait jamais eue. Parce que ça te renvoie à celle qui t'a laissé dans le froid de l'hiver. T'as jamais vraiment connu la douceur d'une maman, même brève. Que les bras durs de Papa, qu'ils avaient beau être aimants, ils étaient maladroits, t'ont serré trop fort, t'ont scié en deux.
Le dos toujours rond, les os, les muscles, les tendons en jeux de lumière par la lune. Les cicatrices qui surplombent les tâches de rousseur, les grains de beauté. Il n'est plus rond, le dos d'Artiome. Ses phalanges se meurent entre ses jambes, lève les yeux sur Astrid. Le visage mouillé. Humilié. La mâchoire acérée. Comme s'il allait se jeter à sa gorge. Mauvais. Mauvais. Comme avant.
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Lun 29 Nov - 2:42
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I never strayed
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In all your blame, in all your pain

tic        tac

Bombe à retardement, explosion imminente, c'est ce qu'Astrid a toujours été. Création qui n'aurait peut-être jamais du voir le jour, là-bas, en Suède.
Maman trop jeune, à peine majeure, que l'amour avait aveuglé si fort qu'elle s'était dit que oui, elle voulait de cette famille trop bancale, qu'elle pouvait s'en occuper, de la petite Astrid qui frappait dans son ventre. Papa trop jeune, désabusé, forcé d'assumer les erreurs d'un été, forcé de soutenir celle qui n'avait été qu'une aventure de vacances, une jolie fille rencontrée au ski, rien de plus.
Famille mal assemblée, un patchwork auquel on ne croit pas, des regards qui ne regardent pas dans la même direction.
Astrid qui n'aurait peut-être jamais du voir le jour, parce qu'avant même que le soleil de Suède l'ait baigné, tôt le matin alors que les moineaux chantaient son arrivée, on voyait déjà les contours d'une vie pathétique, d'une vie qui ne vaut pas le coup, de ces vies qui répandent les ombres sur leur chemin, traînent les âmes heureuses avec elles, les innocentes, les Eurydices comme les Orphées.

Papa qui reste par obligation, papa qui ne s'intéresse même pas à la femme avec qui il a emménagé, ni aux poings qui s'agitent au fond d'un berceau qu'il ne va jamais voir. Maman qui se persuade de la beauté d'Astrid, se persuade qu'elle a illuminé le monde, que c'est le Soleil même qui l'a envoyé - Maman qui essaie peut-être d'ignorer les Enfers dans les yeux d'Astrid.


tic     tac

Bombe à retardement, et peut-être qu'Artiome avait su avant même qu'Astrid ne le réalise, elle. Qu'elle allait tout décimer un jour sur son passage, lui avec. Pourtant Artiome l'a prise entre ses bras, calmé les ardeurs du compte à rebours, bercé un peu pour lui faire oublier, à la bombe, son destin funeste, ce que l'univers attendait d'elle. Exploser, un jour, sans qu'on ne sache quand. Détruire ce qui s'approche trop près d'elle, ce qui rentre dans son champ de vision, ce à quoi elle accroche ses doigts parce qu'elle ne sait pas encore, Astrid. Qu'elle entend un tas de choses, mais pas le compte à rebours.

Aujourd'hui, Astrid comprend. Dans la voix rauque, fatiguée, morne d'Artiome. Les reproches qu'il lui renvoie, comme un match de tennis auquel ni lui, ni elle, n'auraient voulu participer. Pourtant les voilà sur le cours, à se renvoyer la balle, à voir qui la laissera tomber le premier, qui quittera le cours le premier.
Comprend que dans ses pulsions autodestructives, ce qu'elle pensait n'atteindre qu'elle embrase les alentours, alors même qu'elle pense avoir le contrôle des flammes. Qu'Artiome en est la première victime, la plus grave, peut-être même plus qu'elle, alors qu'elle se tient au milieu du brasier, qu'elle est le brasier.

Mains qui brûlent encore, qu'elle glisse sur sa nuque pour chercher le contact de sa peau froide, pâle, comme si son corps l'avait abandonné il y a bien longtemps, que son âme s'acharnait à faire mouvoir un corps qui appartenait désormais à la terre, au sol, à la poussière, à l'oubli. Une tombe qu'on ne visitera pas, ou plus. Des fleurs qu'Artiome viendra abandonner une fois, deux fois, trois peut-être, mais les saisons finiront pas défiler, les feuilles par tomber sur la pierre, et des roses, il n'y en aura plus.
Ou il n'y en aura jamais.

On en parle, de ton problème, à toi ? C'est facile de toujours tout me foutre sur le dos, c'est facile de dire c'est la faute d'Astrid parce qu'elle est zinzin, elle est zinzin alors c'est sûr, c'est elle, le noyau du problème. Moi je suis clean, moi j'ai rien fait, moi je suis gentil je dis pardon, et après je recommence, mais je m'excuse, alors c'est pas grave. Je peux bien la tuer, Astrid, c'est pas trop grave, si je m'excuse après.

Ongles qui grattent l'épiderme, se l'arracheraient presque. Angoisse palpable, anxiété qui lui serre la gorge.
Effectivement, Astrid, tu as un problème. C'est vrai. Tu n'y peux rien, c'est vrai. Ce n'est pas vraiment comme s'il y avait une solution miracle, comme si on pouvait guérir un coeur né meurtri.
Mais ce que tu peux faire, Astrid, c'est admettre que tu lui fais du mal, que c'est vrai ce qu'il dit. T'es une bombe, Astrid, t'as vu les dégâts que tu fais avant même d'avoir explosé ? Ce sera quoi, quand ce sera le cas ? Il sera dans quel état, Artiome ? Tu dis l'aimer pourtant, non ? Tu le dis, tu le cries haut et fort, tu te perches sur les toits de la ville, tu t'égosilles, tu laisses les fleurs parler.

Alors pourquoi, Astrid

pourquoi

pourquoi

pourquoi il a mal comme ça, Artiome ?

T'essaies pas. Tu fais le minimum pour te donner bonne conscience, mais t'essaies pas.

Deux ans, c'est long deux ans. Artiome, s'il avait essayé, comme il le disait, il aurait compris avant, parce que c'est pas si dur de comprendre que c'est pour lui qu'Astrid vomit, crache, se meurt.

Pourtant, Astrid, on en a déjà parlé, on a déjà dit qu'Artiome il aimait bien te voir comme une constante, la pieuse qui vénère sa divinité, la vénèrera jusqu'à la fin des temps. Adoration immuable, fidélité sans faille, et Artiome, il sait. Il sait, il s'en repaît. Aime les regards sur lui, l'envie qu'il lit dans les yeux des autres, et Astrid, t'as le visage tellement expressif qu'il voyait, qu'il aimait - mais te rendre la pareille, c'est s'enfermer dans quelque chose dont il ne veut pas, parce qu'alors, comment les autres pourront l'adorer, s'il n'est qu'à toi ?
Profiter des autres, te garder dans un coin, te jeter un morceau de viande de temps en temps, te faire saliver le reste du temps. Te garder dans un coin, te laisser t'éteindre comme les bougies que tu oublies tout le temps.
Naïve
Astrid.



tic tac


Elle aimerait bien la faire taire, Astrid, la voix qui l'empêche de penser droit, qui cherche à la faire détester Artiome, à la mutiler, la tuer. Parce qu'Astrid elle sait qu'Artiome, c'est pas celui qui la consume, c'est pas celui qui l'étrangle, c'est pas celui qui la garde en cage, la regarde souffrir derrière. Elle aimerait bien la faire taire, Astrid, la voix qui a tout bousillé, la seule vraie bombe, celle qui aura enterrée ce qui restait d'Astrid, ce qui restait d'Artiome et d'Astrid. Qui l'a tellement sonnée qu'elle fixe Artiome sans vraiment le voir, l'air ahuri, les yeux toujours aussi gros, si bien qu'elle met du temps, Astrid, pour revoir le visage d'Artiome. Les joues mouillées, les traits comme elle les a rarement vus c'est toi qui a fait ça Astrid, la colère dans les yeux, la haine peut-être il t'aimera plus jamais, les épaules affaissées sous le poids des mots trop lourds il t'a jamais aimé, toute la peine du monde qui s'écoule du coeur il veut que tu t'en ailles pour de bon.

J'ai pas envie de te démolir.

Pupilles qui s'agitent, papillonnent comme pour effacer une illusion, voir si Artiome pleure vraiment, si elle l'a vraiment bousillé. Comme si elle était surprise, alors même qu'il n'y a rien de surprenant. Que c'est vrai que tu allumes la mèche en boucle, encore et encore, comme si tu le cherchais. Que tu peux pas t'étonner que ça blesse, au bout d'un moment. Pourtant t'es honnête, Astrid, quand tu dis que la dernière chose que tu veux, c'est de le briser.

Les doigts viennent essuyer les larmes d'eux-mêmes, alors même qu'Astrid devine qu'il n'a pas envie qu'elle s'approche, qu'elle le touche. Pourtant elle se penche, passe ses pouces sur les joues pour les essuyer avec attention, s'assurer que la peau est sèche maintenant. Presque comme pour effacer le moment dans sa tête, comme s'il n'avait jamais pleuré. Empêcher les doigts de serrer son cœur comme elle le sent dans sa poitrine à l'instant, les fleurs de remonter, et elle doit se retenir de tousser, d'aller vomir, d'essayer de cracher ses poumons, de s'en détacher, parce qu'ils sont foutus de toute façon, ne marcheront plus jamais.

S'assoit en tailleur à côté de lui, les doigts qui se serrent, se tirent, les ongles qui essaient d'arracher leurs confrères, cherchent à griffer, détruire, faire saigner. Cherchent à caresser, embrasser, enlacer, faire sourire les fossettes autour des lèvres d'Artiome.

Je cherche pas à ce que tu te justifies, juste que t'arrêtes de me laisser dans le noir et de me faire attendre. Je veux juste des réponses et tu me les donnes jamais clairement. J'ai juste envie que tu sois honnête au moins une fois.

Quitte à te casser pour de bon, quitte à briser les maigres espoirs qui t'habitaient encore. Qu'au moins ce soit fini pour de bon, qu'il le dise je veux pas de toi Astrid, pas maintenant, pas demain, jamais. Qu'elle puisse se décrocher sans jamais se raccrocher, capituler. Qu'il lui accorde le repos, c'est tout ce qu'elle demande.


tictac
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Callisto Wisteria
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Lun 29 Nov - 4:24
 
Love
It's just easing, awaiting

   


La colère ressurgit. Revient en trombe. Elle piétine la culpabilité dévorante, celle qui allait le faire fléchir il y a quelques secondes avant. La culpabilité qui est maîtresse des maux, mais elle s'évanouit, se loge entre les poumons, ne veut plus sortir, craint la colère.
Ses phalanges s'imbriquent les unes dans les autres. La lèvre du haut du tressaute légèrement, sursaut d'amertume qui cherche à s'extirper de là. Qu'Artiome serre si fort la mâchoire qu'on distingue les veines qui détonnent, les jugulaires sur la gorge.
Le problème, il n'a jamais dit que c'était elle. Le problème, c'est la mésentente qui s'étend. Qu'on ne comprend plus rien, lorsqu'on parle.
Retour à la sortie de l'enfance, début de l'adolescence. Qu'Astrid ne comprenait rien du russe, qu'Artiome n'entendait pas le suédois sortir de sa bouche écaillée.
Que pourtant, entre des mots mâchés, des mots bancals, des gestes approximatifs, ils se sont compris, Artiome et Astrid.
Parce qu'ils sont Astrid et Artiome, après tout. Non ?
Alors pourquoi, pourquoi aujourd'hui, que la communication est fluide, direct, ça ne passe plus ? Qu'ils n'y arrivent plus ?
Boucle infernale, boucle infinie dans la tête d'Artiome. Lâche un léger râle lorsqu'Astrid parle, qu'elle parle et parle et parle. Que maintenant c'est L.u.i le problème. Qu'elle en a assez, elle aussi.
Alors il revient Artiome, appuyer les ligaments des pouces contre ses paupières à demi-fermées.
Qu'à son tour, il aimerait hurler, frapper, cogner jusqu'à que tout s'en aille. Qu'il ne reste plus rien que le silence entre ses viscères.

Puis il sent le froid, toucher sa peau. Son corps si chaud. Le tracé sur le galbe de son poignet lui revient vite à la gueule. Astrid et ses phalanges qui écorchent, que ça fait mal, de la sentir. Poitrail déréglé, ne sait plus comment convenablement respirer. Comme si à son tour, sa poitrine s'engorgeait de pétales, qu'à son tour il fanait au milieu des souvenirs.
De sa faute. Encore. Toujours. Qu'il en a assez. aSSEZ. A S EZ EE SZZZ Z Z .ZZZZAAAAS

Vif. Trop vif, Artiome lui attrape les joues, serre ses doigts. Creuse du bout des doigts sa chair, lui penche légèrement la tête vers l'arrière avant de la bousculer sur le sol, qu'elle s'écrase. Qu'il n'a jamais vraiment bousculé Astrid. Ne lèverait jamais la main sur elle. Jamais.
Il n'en veut plus, Artiome, de cette vie là. De ces reproches là.
La sécurité des draps, des bras, de la chaleur des autres. Des autres qui ne sont pas Astrid, parce que c'est toujours plus facile, quand c'est quelqu'un qui ne nous plaît pas comme ça.

Encore. Toujours. Pourquoi ce serait toujours à moi, de faire les choses ? Pourquoi ce serait à moi, de devoir comprendre ce que tu n'as pas envie de me dire ?.


Ses mains rejoignent son visage, essaie de se débarrasser de la fureur qui ronge, qui grignote, perfide et malicieuse. Répond à la place d'Artiome. Comme la jalousie qui ronge Astrid, qui parfois, répond à sa place.
Rire qui claque de sa langue à ses dents, un sourire qu'il tente tant bien que mal de garder lorsqu'il pose les yeux sur Astrid, qu'il n'y arrive pas. Planter les incisives à même la chair, enfonce, ne rien laisser paraître. Rien. Jamais. Ca devait être comme ça. Rester comme ça.
Et t'as tout foutue en l'air ,Astrid. Que t'es même pas foutue de t'en apercevoir.

Honnête ? Et toi, tu l'es ? Tu l'es toi ? T'es même pas capable d'exprimer clairement ce que t'as envie de me dire. Arrête d'attendre de moi que je devine les choses merde.


L'acidité remonte, picote, dégoûte. Il aurait envie de se taire, maintenant, Artiome. Mais il ne peut pas, n'y arrive pas. La hargne continue, s'acharne. Il s'acharne, ne peut pas s'en empêcher. Frustration accumulée. Excuses toujours fournies sur un plateau d'argent à Astrid. Qu'à l'entendre, c'est toujours sa faute. Sa faute. lUI Lu i Lui lu iL u Il ui l u il ui
et ça tourne en rond, il tourne en rond artiome, cesse sa route lorsque son dos vient trouver la fraicheur de la poutre contre le mur
a l'air plus calme
plus posé
qu'il n'en est rien
gronde gronde gronde tonnerre
déchaine toi
jusqu'à que le ciel s'éclaircisse enfin

S'essouffle. Artiome s'essouffle, son cœur avec, ses gestes avec, ses yeux avec. L'alcool n'est plus, il est descendu, vagabonde probablement encore un peu dans les veines, terminera sa course dans le creux des reins. Puis il prend ses mains, Artiome. Pas celles d'Astrid, les siennes. Joue avec ses doigts, les bagues, les bracelets. Rage devenue désespoir. Désespoir qui se lit sur la courbure de l'échine, sur les épaules qui ne se tiennent plus, la falaise de la gorge qui remonte puis redescend dès qu'il ravale difficilement la salive.
N'a pas envie de regarder le visage d'Astrid. Qu'il va se sentir coupable, s'il se met à voir le visage probablement démuni face à lui. Astrid démunie. Astrid qui n'en peut plus. Astrid qui préfère se laisser mourir que plutôt dire les choses comme elles le sont.

Tu fais toujours en sorte, de me mettre en rogne. D'essayer de me foutre la haine. Tu t'en rends compte ? Qu'à la moindre chose qui va pas te plaire. Qu'à la plus petite étincelle, tu vas déclencher un immense incendie. Et pour toi c'est dur, Astrid. Je le sais. Parce que tu sais pas éteindre les feux que tu déclenches, c'est moi qui doit m'en charger. Toujours. Et tu sais, combien c'est fatiguant, de devoir gérer, tout ce qui fait, que tu es toi ?


Artiome n'aurait jamais aimé lui dire ça. Parce que sa paranoïa va lui faire entendre une autre comptine. Que les silhouettes perfides lui chanteront une autre berceuse. Qu'Astrid, on aura beau lui dire les choses droit dans les yeux, ça ne sera jamais assez.
Va bien falloir assumer Astrid, que t'as un problème. Que les voix là haut, les brouhahas incessants, ils sont en train de tout ravager autour de toi. Et toi d'abord.
Qu'Artiome, il n'aurait qu'à s'éloigner, pour ne plus rien avoir à entendre. Mais toi, Astrid, comment tu vas les faire taire, les chuchots dans tes oreilles ? Les mains lourdes sur tes épaules, ta nuque, tes poignets ?

J'ai jamais dit, que j'avais pas un problème. J'ai jamais dit que j'étais pas une des causes de tes problèmes. Je veux juste...


Sa gorge s'obstrue avec l'écume, l'acidité, la colère, la culpabilité, l'amertume. Toutes ces choses qui faisaient d'Artiome, l'homme qu'il était. Qu'à présent, il ne sait même plus qui il est.
Que sa voix s'est arrêté, les mots ne sortent plus. Bouchonnent à l'entrée de ses lèvres, cognent contre les canines pour espérer enfin brûler Astrid.
Pourtant, il n'y a que le silence qui pèse. La sensation des joues encore glacées d'Astrid sur les doigts d'Artiome.
Qu'il aurait aimé, n'avoir jamais quitté sa ville. N'avoir jamais quitté les pavés. Que rien de toute cette tragédie soit arrivée. N'avoir jamais connu Matthew. Ni Astrid. Jamaaaammmmasssisskskkssssss

L'océan revient. Prêt à tout engloutir. Artiome entier. Qu'il voudrait juste, que la mer avale ses peines, le désespoir naissant au creux de ses paumes. Celui d'Astrid en même temps, la colère qu'elle dit ne pas avoir, la jalousie, la fatigue, l'aigreur. QU'il ne reste d'eux que les sourires et les rires enfantins.
Pourtant ils sont grands, maintenant. Ce ne sont plus des enfants. Qu'il faut bien affronter nos démons, pour pouvoir s'en débarrasser.
Regarde enfin Astrid. Rictus qui fait soulever l'un des coins de ses lèvres, tourne la tête. Ne peut pas. N'y arrive pas. La culpabilité ronge, gratte sur sa peau. L'irrite trop. Irrite avec violence.
La voix basse. Presque chuchotant.

Ils avaient raisons. C'est peut-être moi qui casse tout. Pas toi.


Faute. Punition. Se punir. Le punir.
Qu'il faut se résoudre, Artiome. L'infamie grandit, s'étend. Tu pourras jamais t'en débarrasser. Parce que l'infamie est l'essence même de ce qui fait de toi, qui tu es. qui tuer.
Coupable. Pilori. Poings liés tête coupé. Mélange âcre dans la bouche, te dégoûte, macère.
Alfie Lewis
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Lun 29 Nov - 21:26
Let it lead your love away
I never strayed
Let it bury you away
In all your blame, in all your pain

Il y avait toujours eu un espèce d'accord tacite, entre Astrid et Artiome, quelque chose dont ils n'avaient jamais parlé, mais qui semblait être là. Quelque chose dont ils n'avaient pas besoin de se rappeler, parce que c'était là, que ça ne bougerait pas, que ça ne bougerait jamais. Qu'ils ne penseraient jamais à le briser, à l'ignorer. Du moins dans l'esprit d'Astrid, ça avait toujours été ainsi.
Qu'on ne se rejetterait pas, qu'on ne laisserait pas la colère creuser un fossé, nous éloigner, jamais. Qu'on hurlerait à plein poumons, qu'on s'insulterait s'il le fallait, mais que fossé il n'y aurait jamais, qu'on viendrait s'enlacer lorsque les larmes coulent sur les joues de l'un ou de l'autre, qu'on accepterait les étreintes, les tentatives de réconfort. Que les disputes ne seront que ça, des accès de colère, pas des déclarations de haine, de guerre. Rien que des disputes, comme tout le monde en a sans que ça ne brise quoique ce soit.

Doigts qui s'enfoncent dans la chair. Regard mauvais qu'on ne supporte pas. Bras si tendu qu'on discerne les veines, alors même que la pièce n'est pas si bien éclairée. Violence qu'Astrid ne connaît pas, rejet qu'Astrid ne connaît pas, ne pensait jamais connaître.
Epiderme qui brûle, qui se consume sous les doigts haineux d'Artiome. Cœur qui chute de d'un étage, de dix, de cent, chute qui ne s'arrête jamais. Cœur qui tombe dans sa poitrine, comme sur les montagnes russes quand la descente est trop soudaine et trop rapide, que le vent vous fouette le visage si fort qu'il en devient rouge et douloureux, que le cœur chute si rapidement que c'est comme s'il tombait au fond des intestins.
Douleur si froide qu'elle en devient brûlante, qu'Astrid a l'impression de sentir les sillons enflammés creuser la peau de ses joues.

Cinq cent étages, mille étages, et le sol, enfin.

Dur

froid

douloureux

hostile

amer


le sol sous son bassin.

Cœur qu'elle voit tomber à même le sol, ricocher sur le paquet avant d'éclater comme du verre, en milliers de petits morceaux qu'elle regarde glisser entre les lattes, sous le canapé, s'écraser sous les pieds d'Artiome alors qu'il fait les cent pas.
Astrid pose ses mains derrière elle pour se soutenir, empêcher son corps de chuter un peu plus bas, comme si elle le pouvait. Comme si les entrailles de la Terre l'appelaient, étaient prêts à l'engloutir, la dévorer, l'écraser comme il l'avait fait avec son cœur
là, sur le sol
pas un regard pour lui
pas un regard pour les craquements sous ses pieds
l'organe qui hurle sa douleur, appelle à l'aide
comme s'il n'entendait pas, qu'il n'y avait que les oreilles d'Astrid qui étaient prises d'assaut par les cris de désespoir.

Muette. Comme si Artiome avait tout arraché quand il avait pris son cœur avec lui, l'avait jeté à même le sol. Dommages collatéraux, atonie du corps, cordes vocales qu'elle n'arrive pas à retrouver, chaud et froid tout à la fois. Ses joues qui brûlent toujours autant, le vide en elle qui souffle de manière si glacée. Le filtre de ses yeux qui semble avoir disparu, les larmes qui coulent seules alors même qu'Astrid n'a pas l'air de pleurer, qu'elle a juste l'air ailleurs, sonnée, immobile.

Les mots, enfin.

Durs

froids

douloureux

hostiles

amers


les mots qui martèlent ses oreilles.

Le monde est si vide qu'Astrid n'entend même plus la voix qui hurlait à plein poumons dans sa tête un peu plus tôt. Elle la cherche, l'appelle, presque désespérée de ne plus l'entendre, d'être laissée seule, comme si elle était incapable de réfléchir toute seule. Comme si elle était incapable de faire face, sans elle. Elle s'entend appeler, crier à l'aide, crier son désarroi, mais personne ne lui répond. Personne pour lui dire on te l'avait dit, Astrid. Personne pour lui dire, on savait que ça se passerait comme ça, on s'y attendait. Personne pour lui prendre les mains, la relever, frotter sa jupe et dire c'est pas grave, Astrid, on savait que cette vie-là était pas pour toi.

Alors Astrid se le dit à elle-même, tout bas, chuchote. Qu'elle le savait, que ça devait se passer comme ça. Que c'était bête d'avoir attendu si longtemps, d'avoir laissé deux années s'écouler alors même que le résultat était connu d'avance. Qu'il n'avait même pas essayé d'entendre le SOS, qu'il avait complètement ignoré le désespoir dans sa voix, me laisse pas dans le noir s'il te plait, me fais pas attendre pour rien s'il te plaît. Comme s'il n'en avait rien à faire.
Et Astrid chuchote, agite ses lèvres rapidement, il en a rien à faire, mais ça ne sonne pas aussi convainquant quand c'est elle qui le dit.

Je viens. De le dire.


Tu te rends compte, Astrid, que c'est fatiguant de gérer ce que tu es ?

Monde bruyant, de nouveau, tout à coup. Astrid se relève, un peu malgré elle. Les doigts la relèvent, doucement, prudemment, comme si ses jambes pouvaient s'effriter, comme le coeur qui est tombé plus tôt.

Tu te rends compte, Astrid, que c'est fatiguant de gérer ce que tu es ? Tu te rends compte, Astrid, que c'est sorti de ses lèvres
c'est lui qui l'a dit

Les larmes ont arrêtés de couler. Plus rien. Comme si Astrid était trop cassée, là tout de suite. Tellement vide que les larmes ne coulent, tellement dépourvue de tout que les émotions l'avaient quitté. Que ce qui faisait d'elle quelqu'un, que ce qui faisait d'elle une personne, un être humain, s'était envolé. Qu'il n'y avait plus rien, plus rien d'Astrid.  Parce que c'est fatiguant de gérer ce que tu es. Astrid s'attend presque à ce qu'elle tombe, d'un coup, raide morte, pour de bon. A ce que la vie la quitte vraiment. Elle attend, pourtant rien ne vient. Tu es épuisante. Astrid est toujours debout sur ses deux pieds, son cerveau fonctionne toujours, elle sent toujours la fraîcheur de l'air qui rentre par ses narines. T'es rien d'autre que les incendies que tu provoquent, c'est ça que t'es. La chaleur quand il se bloque au niveau des poumons, ne semble pas passer les fleurs. T'es rien d'autre que ça, rien que la misère que tu répands. Astrid aurait aimé faire une mauvaise chute, qu'il la pousse un peu trop fort, que son crâne se cogne contre le coin de la table basse, qu'il se cogne trop fort contre le sol, mais rien. Il veut plus te voir, Astrid, il vient de le dire clairement.

Eh ben ne le fais pas. Ne le fais plus.

Dégage son visage de ses cheveux
au moins tu peux partir sereinement Astrid
essuie les vestiges des larmes sur ses joues, regarde ses pieds s'agiter, comme pour vérifier qu'elle était bien vivante
au moins les choses sont claires et tu peux passer à autre chose
se demande ce qu'elle va faire maintenant. Où aller, comment marcher, avancer, comment vivre.

En tout cas je veux plus que tu le fasses.

Pash est si calme, comparé à la tornade qui vient de ravager ce qu'il restait de la vie d'Astrid, qu'elle doit le prendre dans ses bras pour avoir un semblant de chaleur, quelque chose qui ressemble à la vie. Sentir le coeur minuscule qui bat sous le doigt qu'elle pose contre lui. Aurait aimé avoir l'innocence et l'insouciense du chaton, ne pas se soucier du monde qui l'entoure, des autres.
Retourner en Suède voir le soleil qui l'a fait naître, qui lui a dit peut-être qu'on peut te donner une chance Astrid. S'assoir dans l'herbe pour le regarder, lui dire qu'on a essayé, que ça a pas marché, que les bulldozer ne se mettent pas soudainement à bâtir des empires.

T'en as fait, des jolies choses. C'est dommage que tu te concentres que sur ce qui n'a pas marché.

Plus de colère, plus de tristesse. Rien du tout. L'objectivité de celle qui s'est détachée complètement, comme si elle regardait Artiome de tout en haut. Comme si elle ne le regardait pas comme Astride, mais comme des yeux dénués de tout jugement, parce qu'hors du temps et de l'espace, inexistant sur la terre.
Parce qu'Astrid elle ne peut sûrement pas être sauvée, c'est certain même. Qu'Astrid on l'a déjà perdu, que le corps qu'elle s'acharne à faire mouvoir est vouée à disparaître, bientôt. Parce qu'Astrid et Artiome ne peuvent peut-être pas vivre l'un avec l'autre, qu'il faut que l'un se sacrifie pour que l'autre puisse vivre, s'épanouir, fleurir autrement que comme les fleurs qui ont habités les poumons d'Astrid. Qu'il faut peut-être qu'Astrid s'efface pour que l'agonie quitte les doigts d'Artiome, coule de son coeur jusqu'à disparaître totalement. Que les larmes s'assèchent, qu'il ne pleure plus jamais. Qu'il rit comme quand il est ivre, qu'il aille aimer comme le monde l'aime, que l'univers puisse chérir l'arrangement d'atomes un peu trop parfait qu'ils ont crée, que le soleil a appelé Artiome, placé près d'Astrid pour lui faire goûter à un peu de chaleur, un peu de vie, avant qu'on ne la rappelle là-haut. Donner au tournesol qu'était Astrid une raison, un instant, avant qu'elle fane.

Tu fais naître des jolies choses, y a qu'à voir comment les gens te regardent.

Y a qu'à voir comment tu le regardes, Astrid. T'aurais pu le dire, peut-être. Parce que ça n'a plus d'importance, maintenant que le monde est éteint.
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Callisto Wisteria
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Lun 29 Nov - 23:45
 
Before
Dying without company

   



Carcasse ambulante, déambule parce que les organes fonctionnent encore, le cerveau force à activer la marche, ne pas plier, jamais Artiome. Parce que Artiome, c'est pas le type qui lâche facilement. Artiome il fait partie de ceux qui avanceront tête baisée jusqu'à s'écraser, se relever, encore et encore. Encore et encore. Encore et toujours. Jusqu'à ne plus avoir la force que de se traîner par les bras, gire sur le sol. Gueule ouverte, plaies béantes, mais bien là. Toujours là.
La silhouette d'Astrid craque sur le sol qu'elle traverse, qu'il observe ses chevilles tituber, se déplacer un peu, comme pour reprendre conscience. Conscience que c'est vraie. Que c'est pas factice, que c'est bien la réalité dans laquelle ils sont.
Que ça  c'est brisé d'une façon trop brute, qu'ils ne l'ont pas vu venir. Qu'il faut se rendre à l'évidence, qu'Artiome lorsqu'il glisse les yeux de ses orteils à sa chevelure en bataille, ça lui serre l'estomac. C'était pas comme ça, avant. Qu'Astrid elle est encore en train de tout brûler, elle brûle en permanence, que peut-être, il n'a jamais éteint le feu d'entre ses paumes. Qu'il s'alimente des désillusions depuis des jours, des mois, des années. Qu'il était aveugle depuis tout ce temps, Artiome.
Et les mots d'Astrid frappent, écorchent, infligent. La colère s'éteint, elle se meut dans le silence. Comme si soudainement, elle n'avait jamais été là. Retourne mourir dans les entrailles d'Artiome, qu'il doit déglutir pour être sûr qu'elle est partie se nicher là.
Frotte ses paumes l'une contre l'autre, ne peut pas la regarder, n'y arrive pas.

Que c'était pas ta mission.
Pourtant tu l'as fait.
Que tu devais protéger Astrid.
Parce qu'elle n'a jamais rien connue que les bras froids du monde.
Les étreintes agitées de la rue.
Que quand tu l'as vu ce jour là, c'est le jour où t'as su
Puis t'es devenu aveugle Artiome
Puis t'es devenu sourd Artiome
T'as entendu les appels de détresse
Bleu et Rouge à l'extérieur
Plutôt rouge à l'intérieur
Sur les carreaux de la salle de bain
T'as pas su protéger Astrid.
T'as pas su te protéger toi.
T'as pas su sauver Astrid.
Et personne viendra pour te sauver.
Qu'elle est condamnée.
Toi tout autant.          Que si l'un périt
 C'est tout un univers qui s'écroule, on change pas les lois, on change pas le destin

Chaleur qui s'ébruite des paumes qu'il frotte trop fort, essaie de faire partir l'aigreur qui quelques secondes avant, a déferlé. Que ça ne s'est jamais produit, culpabilité qui revient en furie, brise le poitrail.
Que les mots d'Astrid ne veulent rien dire, lorsqu'elle les prononce. En rit un peu, légèrement, un souffle, comme un rire, n'en est pas vraiment un.
Mal à l'aise, arrive rarement. Anxieux. Pas souvent. Coupable, tout le temps.
Lève enfin la tête pour regarder le soleil qui s'est éteint, qu'il ne brûlera plus les ailes d'Icare, ce soleil.
Macère un peu plus, pourrie tellement que ça en devient ingérable. Artiome laisse son dos se fondre contre le dossier du canapé, salive qui reste coincée sous sa langue, ne se résout pas à l'avaler, que ce serait comme ravaler toute la culpabilité, se refuser à dire Pardon, Astrid. Comme toujours. Pardon Astrid, je te jure, je voulais pas m'énerver. Je te jure, ça arrivera plus. T'es pas un brasier incontrôlable. C'est promis. T'es plus que ça. T'es plus. T'es bien plus que les draps tièdes d'une nuit. Que l'ivresse des baisers des inconnus ne vaudraient jamais autant que tes lèvres humides Astrid, que les os qui se brisent entre mes doigts, de l'odeur de ta peau. Rien. Rien.

La poitrine d'Artiome lui fait mal, doit racler la gorge et déglutir sans cesse.
Qu'il a était aveugle si longtemps, trop longtemps, que ça lui revient en plein visage.
Que ça le submerge, tout à coup.
N'arrive pourtant pas à se l'avouer. Que simple désir est devenu bien plus. Bien plus fort qu'une simple envie. Que des simples embrassades. Voulait pas y croire. Fort à ce jeu là, Artiome. Comme les enfants qui se serrent le petit doigts, se jurent d'être ami pour la vie. De ne jamais laisser qui que ce soit entraver leur relation, que c'est unique.

Qu'on peut pas le battre, que c'est devenu son attraction phare, à Artiome. Capacité à ravaler le moindre émoi qui serait susceptible d'un jour grandir. L'étoufferait entre ses doigts jusqu'à qu'il en crève, que lui crève.
Mais qu'il fallait bien se résoudre, qu'éternellement, les viscères n'auraient jamais tenu le coup. Les matraquages incessant, vicieux, perfides. Que ça aurait, d'une manière ou d'une autre, volontaire ou involontaire, explosé.
Alors cherche ses mots. Ne veut pas s'excuser encore bêtement. Dans le vide. Veut que pour une fois, les mots fassent sens aux oreilles d'Astrid. Que rien ne soit compris de travers. Que tout aille droit. Angle droit. Côté parfaitement tracé.


C'est redondant, ce que je vais dire. Je voulais pas, m'énerver comme ça. C'est.. Je veux continuer à m'occuper de toi, Astrid. A faire attention à toi. Poster des mots sur ta porte, marcher sur le sable à deux heures du matin parce que t'arrives pas à dormir, t'apporter les cadeaux qui font sens que pour toi, parce que c'est juste des babioles. Que les gens, ils ont pas tes yeux.


Respiration irrégulière, le cœur désaccordé. Soulève le bassin, la poitrine, les épaules, foule le sol pour s'approcher, saisir de ses mains les joues de la jeune femme, la regarde.
Et ça frappe un peu plus fort dans sa poitrine, de ne rien voir dans ls yeux d'Astrid que cette fatigue permanentes, les cernes qui empiètent sur son visage, fragilise tout.
Les pouces sont tendres, essaient, du moins. Pince ses lèvres.


Il me faut du temps, Astrid. Pour y voir un peu plus clair. Juste, un peu.


Parce que ce soir le monde est bien trop sombre, pour qu'Artiome y distingue quoi que ce soit que la culpabilité dans le recoin du mur. Debout, là, haute comme une montagne, le dos courbé parce qu'elle dépasse des étages. L'odeur fétide qui rend le goût âpre, sans savoir pourquoi, sans savoir comment. Qu'elle est mauvaise. Et de l'autre côté, il voit la colère, recroquevillé, joue avec Pash. Fait glisser ses griffes sur le sol, les trous béants de l'âme sur lui, ne parviennent plus à atteindre son corps pour l'amocher lui. Qu'elle s'évapore un peu plus pour que l'autre prenne sa place.
Doit lever les yeux au ciel pour retenir encore un relent d'émotion.

Les bras de Papa.
Le cœur de Maman.
Lâcheté d'Artiome.

Cesse de soutenir le visage d'Astrid pour reculer de quelques pas, les planches couinent sous les pieds, sous le poids des corps. Le poids des maux. Souffle brute, souffle direct. Que la poitrine ne prend pas le temps de s'abaisser, de remonter. Ca saccade trop vite. Cherche Astrid du regard, tente de discerner un quelque chose, n'importe quoi.  
Qu'il n'a pas l'impression, Artiome, de faire naître de belles choses. Que ce n'est pas le cas, c'est pas vrai. Que dès le départ, il n'avait jamais lui même, été une belle fleur.
Que si ça avait été le cas, Maman ne serait jamais partie. N'aurait jamais fui d'un enfant beau comme Artiome, qui peut faire fleurir les fleurs à foison, comme il le désire.
Parce que Artiome.
Parce que Artiome sait manier les mots.
Parce que Artiome sait comment faire s'enticher les gens.
Parce que Artiome sait comment les faire succomber.
Succomber jusqu'à crever.
Qu'Artiome ne sème que le chaos et la destruction sur son passage.
Qu'il aura beau s'excuser, ça ne sera jamais assez, pour pardonner les sacrilèges. Que les excuses ne seront jamais assez pour balayer les peines, crève-cœur.
Qu'Astrid était peut-être son salut, qu'il a tout bousillé, encore. Toujours.
Que c'est peut-être ça, le but de la vie d'Artiome.

Tout mettre à feu et à sang
Tout faire plier sous ses pieds
Jusqu'à son tour
s'écraser
Alfie Lewis
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Alfie Lewis
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Mar 30 Nov - 4:00
Let it lead your love away
I never strayed
Let it bury you away
In all your blame, in all your pain

Silence. Entracte. Rideau. Le plus gros est passé, les sentiments tirent leur révérence. La colère disparaît des yeux d’Artiome, cesse de tirer ses traits, de lui faire grincer des dents, de tendre chacun de ses muscles, si bien qu’Astrid pouvait presque les compter sous la peau de son cou.

Les émotions ont totalement quitté Astrid. Comme si elle en avait trop ressenti, pendant trop longtemps. Comme si elles avaient été tellement fortes qu’elles avaient fini par s’annihiler, par s’annuler. Elle les cherchait, Astrid. Cherchait une once de sentiment, n’importe lequel, même la colère, essaie de voir ce qu’il reste d’elle, ce qu’il reste dans sa tête, dans ses entrailles, au fond de ses poumons. Mais elle se sent
tellement vide
Astrid
qu’elle a même l’impression de ne plus aimer,
comme si les fleurs étaient parties.
Pourtant elle devine qu’elles sont encore là, elle le sait, qu’elles ne partiraient pas si facilement. Qu’elles se sont accrochées pendant deux ans, ce n’était pas pour disparaître maintenant. Qu’elles faisaient presque totalement partie d’elle maintenant, comme si elles n’allaient jamais partir, comme si, si elles le faisaient, elles allaient emporter Astrid avec elles.

Le corps de Pash est si petit entre ses doigts qu’Astrid doit le fixer pour être certaine qu’il est bien là. Ou peut-être le fixer pour ne pas avoir à le regarder, comme si elle allait retrouver les abysses, si elle le voyait de nouveau. Que les émotions allaient affluer à nouveau, alors même que, pour la première fois depuis longtemps, Astrid avait l’impression de connaître le calme. La tête vide. Plus de pensées parasites, qui la forcent à détester le seul qui a jamais fait battre son coeur, qui la forcent à faire peser tous les malheurs du monde sur ses épaules, alors même qu’il a tant porté, trop porté, et qu’il porte encore beaucoup trop. Qu’il est fort, qu’il est déterminé, mais qu’il ne mérite pas, qu’Astrid se repose totalement de lui, attende de lui qu’il la porte dans ses bras, la fasse traverser les passages les plus douloureux de sa vie à sa place.

Astrid pèse, et elle le sait, l’a toujours su. L’a su dès le moment où ses premières larmes, chez Matthew, ont forcé Artiome à mentir, à la couvrir. L’a su dès le moment où les caprices d’Astrid, ses tentatives de trouver le rire et les sourires chez les petites bêtes abandonnées qui lui rappelaient un peu la petite fille qu’elle était, avaient des conséquences sur Artiome, un gamin aussi, avec ses propres problèmes, un deuil trop lourd qui fait couler le coeur.

Les émotions reviennent, d’un coup. Une tristesse si forte qu’Astrid se sent presque monstrueuse. Que ça lui saute aux yeux, d’un coup, qu’Artiome n’a peut-être jamais pu faire le deuil parce qu’Astrid avait décidé qu’il devait prendre soin d’elle, parce qu’elle avait décidé de mettre toute sa vie entre ses mains, de faire dépendre sa vie de lui.
Qu’Artiome il n’avait plus vraiment le temps de penser à lui, à ce que son coeur réclamait, ce que ses pensées voulaient, à la paix qu’il recherchait.

Astrid inspire longuement, enfouit son nez dans les poils de Pash.
Triste constatation que de voir qu’on a été égoïste, alors même qu’on pensait ne pas l’être. Qu’on pensait se mettre en arrière-plan, qu’on pensait avoir mis l’autre sur un piédestal, le faire passer avant nous, leur sourire avant le nôtre, leurs peines avant les nôtres.

C’est acide, dans sa bouche. C’est écoeurant, de voir son reflet dans la fenêtre, ça la met presque en rogne, d’être Astrid.

J’aurais du m’occuper de toi. Je pensais que je le faisais. Je suis désolée.

C’est dur, de se regarder, de voir les pires facettes de soi. C’est dur pour Astrid de voir comme elle a été égoïste alors qu’elle l’aime tellement qu’elle pensait que c’était impossible, pour elle, d’être égoïste.
Qu’elle aurait peut-être du s’éloigner, accepter qu’Artiome ne l’aimait pas, lui donner son épaule s’il en avait besoin, aller chercher la sienne où la douleur était trop forte. Mais accepter.

Artiome elle ne l’a jamais vu pleurer.
C’est elle qui l’a fait pleurer aujourd’hui, et elle a du mal à imaginer à quel point elle a du le pousser pour qu’il en vienne à laisser glisser les larmes qu’il retenait d’habitude. N’ose pas imaginer comme elle a du briser quelque chose en lui, alors même qu’il essaie de réparer ce que son enfance a brisé et ce qu’il n’a jamais pu réparer, parce qu’Astrid en attendait trop, en a toujours trop attendu.
Qu’elle ne peut pas complètement s’en vouloir, de s’être autant accroché à lui, alors qu’Artiome, même en étant gamin, avait plus fait pour elle que sa mère, que son père, que tout ce qu’elle avait connu jusqu’alors. Qu’elle l’avait vu comme le seul échappatoire, la seule preuve qu’elle n’était pas condamnée, qu’il lui restait encore un peu d’espoir ici, que tout n’était peut-être pas perdu.

Mais Astrid elle n’a peut-être plus de temps, elle.
Qu’elle aurait aimé lui dire qu’elle attendra. Qu’après tant de temps, elle n’est plus à ça près.
Mais Astrid elle sait, qu’elle n’a pas le temps que lui a. Que les fleurs ne sont pas aussi patientes qu’ils le sont, qu’elle l’a été, qu’Artiome le sera.
Elle a peur, Astrid, maintenant.
Peur que le temps ne change rien dans les yeux d’Artiome, que le temps n’amène pas l’affection, la tendresse et l’amour.
Peur que les fleurs l’emportent avant que l’affection ne vienne. Peur qu’elle soit marquée alors qu’elle ne peut plus aimer.

Astrid renifle, essaie de supporter les pupilles trop sombres, celles qu’elle ne quitte pas d’habitude. Celles qu’elle avait vu sous la neige, pour la première fois, sous un bonnet. Il n’a pas changé, Artiome. Petit garçon un peu brisé, au regard un peu dur, qui n’arrive pas à comprendre les balbutiements d’Astrid.
Elle hoche la tête pourtant, Astrid. Elle ne dit pas grand chose, parce qu’elle ne sait pas quoi dire. Qu’elle n’ose pas dire oui parce qu’elle a peur. Qu’elle n’ose pas dire non parce qu’elle ne veut pas dire non. Que les démons soupirent derrière elle, naïve Astrid, mais Astrid elle s’accroche comme elle peut, elle se dit que ça n’a jamais été si loin, les gens ont pas tes yeux, et ça résonne si fort dans sa tête qu’elle n’arrive même plus à penser, que les démons elle ne les entend même plus, alors même qu’ils s’agitent très fort autour d’elle, qu’il la secoue, agrippe les doigts d’Artiome pour les retirer de son visage.

C’est vrai que les autres ont pas autant de cernes.

Léger sourire, Astrid repose Pash. Le regarde errer de nouveau sur ses petites pattes, trouver le confort d’un coussin pour s’allonger.
C’est trop dur, les émois sur le visage d’Artiome. C’est trop dur, c’est trop nouveau, et Astrid ne veut plus, de la tristesse dans ses yeux, de la colère qui irrite son visage. Plus jamais. Les oublier, les effacer, les broyer, qu’ils n’existent plus. les gens n'ont pas tes yeux
Elle fait un pas, tend les mains pour les passer dans les cheveux désordonnés, sur le visage fatigué d’avoir pleuré, de s’être tordu, d’avoir serré les dents. Lui penche la tête en arrière en riant légèrement, retire ses mains.
Plus sereine, plus apaisée.
les gens ont pas tes yeux.

Par contre tu me pousses plus jamais, ça va pas ou quoi.

Astrid ne sait pas, si Artiome est trop triste pour rire. Si les émotions le submergent encore trop pour qu'il esquisse un sourire, passe à autre chose. Mais Astrid elle ne voit pas pourquoi ils s'éteindraient.
Parce qu'il a dit qu'il avait besoin de temps, qu'il devait réfléchir, tout seul, de son côté,et Astrid a dit oui. Astrid a dit qu'elle attendrait, qu'elle essaierait d'aller contre le temps, contre les fleurs. Contre les démons, contre les entrailles de la Terre qui la rappelle, qui lui demandent de rentrer à la maison. Qu'Astrid elle pourrait bien fouler encore un peu la terre pour les yeux sombres qui l'emmèneront peut-être un jour, de nouveau, en Russie. Sous la neige, là où tout a commencé, là où Astrid a senti qu'elle était vivante, qu'elle existait vraiment. les gens ont pas tes yeux
below the sun
Callisto Wisteria
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