Forum définitivement fermé. Merci pour cette belle aventure. <3
B L O O M into me
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FORUM FERMEdéfinitivement. merci pour les souvenirs !
l'amour fleurit et flétrit, il est comme une fleur qui passe et trépasse avec le temps. l'amour ne dure qu'un instant, qu'un moment ; c'est ce qu'on dit, qu'il est éphémère, comme la vie, comme la pluie. et pourtant, malgré ce moment si court durant lequel on aime, cela peut suffire à tuer ; et ça vous rend malade, d'aimer sans être aimé en retour, et ça vous tue le coeur et l'âme - littéralement. vous avez envie de vous échapper, d'arrêter ça, et c'est votre poitrine qui se gonfle, vos poumons qui s'emplissent ; et vous toussez, encore et encore. et ce sont des pétales de fleurs qui tombent lourdement sur le sol pâle. auckland. juillet 2023, hiver. Lire la suite
21.07.23réouvertue du forum, recensement, et petit évent (www)04.01.23fermeture temporaire du forum, ceci dit, on revient vite !10.08.22nous soufflons nos bougies à plein poumons et souhaitons un bon anniversaire à bloom et qui dit anniversaire dit nouveautés (www)01.08.22tous des stars grâce à insta(r)gram (www)27.06.22les choses se compliquent et les rumeurs voient le bout de leur nez (www)13.06.22nouvelle màj dit nouvelles informations à retrouver juste ici14.02.22on profite de la joie, de l'amour et de la nourriture gratuite pour la saint valentin (www)26.01.22tom cruise en sueur, le forum réouvre pour sa V3 avec son lot de news à retrouver ici.27.10.21tou beau tout chaud, prêt à braver la chaleur de l'été, voici les nouvelles juste ici10.08.21bloom ouvre ses portes ❤
Les corps se bousculaient. Ils se bousculaient et raisonnaient comme le feraient les cloches de l’église. Les carcasses humaines se rassemblaient, se tassaient, s’unissaient afin de chanter la même note de corps. Le contact humain n’était pas forcément la chose la plus appréciée de la mauvaise herbe. Cependant, une bonne bouffée d’air vaporeuse, mêlant sueur et chaleur, lui ferait des plus grands biens. De toute manière, il n’est jamais trop tôt, ni trop tard pour s’oublier et se laisser aller le temps d’une soirée. Déposer le masque d’apparat, se retirer de sa propre enveloppe charnelle. Être quelqu’un d’autre. Au moins ça.
La semaine fût pénible, éreintante, irritante et fatigante. Les diverses préparations de ces derniers jours furent plus rudes qu’à l’accoutumée. Ophelia ne parvenait plus à se donner dans ses cérémonies et rituels. La petite voix qui ne chantait que pour elle su la charmer, et ne répondit pas deux fois à cette question : « Un p’tit verre ? »
Elle était las, subissant presque sa propre gravité alors que son corps fin était perché sur l’un de ces tabourets en hauteur. Son coude s’appuyaient nonchalamment sur le comptoir en chêne massif. Au loin, on aurait pu croire à une âme perdue. Son chemisier écru se fondait avait son échine laiteuse, son teint blafard. Sa chevelure fauve, elle, était sauvage et contrastait avec son air cadavérique et morne. Le malte valsait dans le fond de son verre, et son regard bleuté s’y perdait. Elle croisait ses jambes et pouvait presque sentir son jean loose se frotter sur sa frêle peau . Alors elle râlait en finissant d’une traite le liquide ambré.
La chaleur dans son œsophage lui semblait comme une renaissance. Son nez se tourna vers le serveur, le verre levé et vide. La trace de son rouge à lèvre carmin habillait malicieusement le verre qu'elle tenait entre ses doigts noueux.
Ophelia attendait silencieusement son breuvage. Elle était comme dans une bulle où tous les sons demeuraient en sourdine. Seule l’atmosphère moite et poisseuse de la marée humaine berçait son ossature. Ses orbes précieuses scrutaient sans but le bar déjà plein et vivant. Elles allaient de visages en visages, passant par toutes humeurs, par toutes émotions. D’autres étaient là, comme elle, à rincer leur quotidien fade. Elle souriait vainement, et s’empressa de boire une nouvelle gorgée de son nectar de joie éphémère.
Elle se laissait aller, le temps d’une soirée. Le temps de décompresser. Le temps de se retrouver au plus profond d’elle-même.
Et puis, elle soufflait en reposant lourdement son verre.
- « Qu’est-ce que j’ai a perdre, de toute manière. »
Qu’est-ce qu’une clope lui ferait le plus grand bien.
Pour une fois, tes pas ne t'ont pas conduit aux portes des Bacchanales. Est-ce l’œuvre de la paresse ou de la fatigue ? Tu ne saurais le dire. Les deux sœurs jumelles savent à merveille se confondre l'une et l'autre dans leurs méfaits respectifs. Ce n'est pas si grave dans le fond. Un bar est un bar. Tu t'excuserais auprès de Jean comme tu le faisais parfois. Elle te passerait un savon, menaçant de refuser de te servir à tout jamais et tu finirais par repartir chez toi, le liquide ambré se mêlant à ton propre sang. Comme à ton habitude. Une bien mauvaise habitude contre laquelle tu te révèles impuissant en réalité.
Passées les portes de l'établissement, tu balayes la pièce du regard. Et bien malgré toi, tu esquisses un sourire : l'endroit s'avère plus cosy que prévu, un brin chaleureux avec son décors de bois comme on le retrouve parfois dans les vieux westerns. Pas vraiment le genre de la jeune génération, habitué aux lieux plus électriques. Tu te frayes un chemin en direction du comptoir auquel tu prends place, ravi d'y trouver un tabouret encore disponible à cette heure. D'un signe adressé au barman, tu commandes un fond de whisky, humant l'arôme qui se dégage du verre rond avant de porter celui-ci à tes lèvres. La chaleur familière que laisse la boisson après son passage t'arrache un soupir de bonheur. Même éphémère soit-il, tu sais t'en contenter avec toute l'ironie que constitue l'acte en lui-même.
Du coin de l’œil, tu ne tardes pas à l'apercevoir. Une chevelure de feu, aussi magnétique que le malte qu'elle fait valser dans le fond de son propre verre. Un beau brin de femme à ne pas en doute. Avec de bons goûts qui plus est ! Et pourtant, elle demeure là, seule, aux prises avec ses pensées. Comme vous tous, elle s'est rendue jusqu'ici sans raison précise, avec simplement l'envie de s'oublier un instant, l'espace de quelques heures. Un verre à la main ou dans les bras d'un inconnu selon ce que le destin lui réservera.
Elle est là, immobile et silencieuse, comme une statue autour de laquelle on gravite sans même avoir conscience de sa présence. Au milieu de ses corps mouvants, elle apparaît bien triste. Solitaire. D'un mouvement de la tête, elle te révèle son visage, orné d'un sourire aussi pâle que sa peau. Beauté glacée. Beauté volée. La joie n'est qu'illusoire. Le sourire aussi. Mais la stupeur s'empara brusquement de toi quand la jeune femme finit son verre d'une traite. Avant de commander aussitôt le suivant dans la foulée.
« Et ben... Vous avez une bonne descente. »
Le commentaire t'a échappé. Non pas que ce soit réservé aux hommes uniquement mais tu ne t'étais pas attendu à ce que ce soit le cas de l'inconnue. Elle qui renvoie l'impression de porter le poids du monde sur ses épaules, prête à emporter le tabouret dans sa chute gravitationnelle. Tu n'aimerais pas qu'elle regrette son geste dans les prochaines heures. Vidant ce qu'il te restait d'alcool dans ton verre, tu baisses ensuite les yeux en direction de celui-ci, soudain trop transparent à ton goût.
« Qui plus est, le barman vous ressert plus rapidement que moi... Vous lui avez certainement tapé dans l’œil. » râles-tu en agitant ton verre à l'attention du principal concerné.
Le regard noir que ce dernier t'adresse te laisse indifférent. Ce n'est rien de plus qu'un constat. Au pire, une vague plaisanterie. Pourquoi diable s'en offusquer ?
« Il y a sans conteste des avantages à être une belle femme. On ne lutte pas à armes égales hélas... » renchéris-tu tout de même en attendant que l'on remplisse ton verre.
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Sam 22 Jan - 11:57
Milo & Ophelia
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Ses ongles étripaillaient évasivement la chaire de son poignet. Ses mouvements lui semblait cotonneux. Tout doucement, l’impression de bonheur artificiel et éphémère qu’elle recherchait commençait à l’accueillir dans son âtre chaleureux. Elle marquait vite, sa sensible peau. Ses fines griffes se baladaient sur son autre main posée sur le comptoir de chêne massif. Elle tapotait mécaniquement, d’un rythme incertain, sa manucure en attendant son prochain verre. Les cliquetis, échos de son cœur enclin au néant.
Une silhouette qui se mouvait tel un spectre venait de faire son apparition. Ophelia ne le remarquait pas tout de suite. Du moins, elle ne cherchait pas à porter son attention vers l’inconnu. Elle ne retenu que son soupire de surprise face à son avide amertume.
L’ourlet de ses lippes carmines se redressait en un pâle sourire presque satisfait. C’est souvent cet effet là, qu’elle procurait aux passants, aux manants cherchant à se perdre comme elle le faisait C’était aussi ses réactions, à lui. Ses petites réflexions quant à son besoin de se remplir le cœur de paradis artificiel et autres liqueurs de bonheur.
Lentement, son menton pointu se tournait vers l’homme qui se perchait non loin d’elle. Sa barbe de trois jours était probablement la chose qu’elle préféra remarquer en premier lieu. Non pas que cela lui donnait un air négligé. Elle s’accordait plutôt avec sa tignasse désinvolte et libre. La nonchalance de sa posture respirait cette revendication d’assurance. Ce fut comme une bouffée d’air frais, pour la mauvaise herbe.
Ophelia restait silencieuse. Ses orbes bleus scrutaient vaguement l’anonyme qui tenait son verre désespéramment vide et si sec qu’une mouette ne pourrait s’y rafraîchir.
Son nouveau verre se glissait habilement entre ses doigts fins. Ses bagues faisaientt malicieusement chanter le récipient au style d’une autre époque, digne de ses films noirs favoris. Elle empoignait son godet comme le ferait un gangster fugitif tout en provoquant son premier contact visuel avec sa rencontre incongrue. Il l’intriguait, le roseau. Sans détour aucun, ses iris se plantaient dans le vert profond et brumeux de son camarade de beuverie à venir. Sa voix lente et rocailleuse, comme les notes traitantes d’une vieille boite à musique, raisonnait et laissa échapper un rire cristallin des lèvres de la jeune femme. Ophelia levait son verre vers lui, comme pour trinquer en avance. Mais elle ne le portait pas à ses badigoinces.
Il était amusant, le roseau.
- « Si cet avantage me permet de passer une agréable soirée à me détruire le foie, alors je le prends avec grande joie. »
Elle riait comme pour briser son propre silence. Son regard se portait sur le barman. Elle levait davantage son verre comme pour l’inciter à tenir la même qualité de service qu’elle bénéficiait, à l’inconnu à ses côtés.
- « Je ne toucherais pas le fond de ce verre tant que cet homme ne soit pas servit. Empressez-vous, j’ai grand soif... »
Elle avait soif, et c’était peu si bien dire. Le désir de se mettre minable était si présent, si tentateur et intrusif. Si charmeur et si persuasif. Sentir le breuvage brûler son corps comme la fleur l’avait auparavant fait. Serait-ce une vrille, un mauvais choix ? Qu’importe, l’interrupteur de la désinhibition était déjà enclenché.
- « Je paye la tournée de bonheur, si vous le voulez-bien. » Elle scrutait le barman qui versait, avec ton son savoir faire, le verre de l’inconnu. « Et si vous avez des cigarettes. Je crèverais d’en griller une. »
Son sourire franc, désarmant, fendait son doux minois. Les ridules qui ornaient ses yeux, soulevaient la peau de ses joues rebondies et rosées. L’œil brillant, elle semblait ravie de la présence de cette drôle de plante. De cet individus visiblement ici pour les mêmes raisons que la mauvaise herbe.
On est comme deux gouttes d’eau, on se ressemble, comme provenant de la même mer. On est comme deux ruisseaux qui se rassemblent, pour faire de grandes rivières.
Le sarcasme s'écoule de ses lèvres, enrobant chacun des mots qui les franchissent distinctement. Trop peut-être dans l'ambiance sonore du lieu qui vous accueille. Et malgré toi, tu ne peux réprimer un sourire d'apparaître sur les tiennes. Tu avais toujours aimé le sens de la répartie, encore plus chez la gente féminine. Preuve que ton interlocutrice est une femme de caractère derrière son visage de poupée. Tu ris même de l'entendre s'adresser ainsi en ces termes au pauvre barman, lequel n'avait certainement rien demandé, l'invitant expressément à te resservir. Tu loues silencieusement l'initiative, remerciant l'inconnue d'un signe de la tête, prêt à lever ton verre en direction de cette dernière pour trinquer à deux.
« Vous savez exactement comment faire chavirer mon vieux cœur dites moi... » plaisantes-tu pendant qu'en arrière-plan, le barman s'empresse de remplir ton verre, comme désireux de se retirer au plus vite de ces échanges.
Ce qui te suit te prend de court. Littéralement. Passée la stupeur devant ce retournement de situation, un nouveau rire s'échappe d'entre tes lèvres, nerveux tout d'abord avant de gagner peu à peu en chaleur.
« Je me disais aussi... Une femme a toujours un coup d'avance... »
Reposant ton verre à présent plein sur le comptoir, tu te mets en quête de ton paquet de cigarettes, bien déterminé à satisfaire la demande de ton interlocutrice, dont la compagnie te plaît. Alors que tes doigts effleurent l'emballage égaré au fond de l'une de tes poches, les mots employés par la jeune femme s'imposent à toi. Tu les as déjà entendus quelque part. Pas dans leur totalité. Mais cette manière d'évoquer l'ardent besoin de porter l'un de ces bâtonnets de nicotine à ses lèvres résonne familièrement à tes oreilles. Je crèverais d'en griller une. Doucement, le souvenir émerge, gagnant en précisions à mesure que les secondes s'écoulent.
« Ah ! Vous êtes... »
Tu te figes en plein mouvement, tournant de nouveau la tête en direction de l'inconnue dont tu remets soudain une profession sur le visage à défaut de son nom complet.
« Nous nous sommes déjà rencontrés auparavant. Lors du décès de mon épouse. »
L'affirmation jaillit brusquement, sans aucun tact et tu réalises après coup ton erreur.
« Excusez moi, ce n'était pas vraiment délicat de ma part... Vous êtes... cette conseillère funéraire... Je me souviens de vous à présent. »
Pour éviter de t'enfoncer davantage dans des explications hasardeuses à la limite de l'impolitesse, tu te résous à sortir une cigarette pour la lui tendre, maladroitement.
« Je n'ai jamais eu l'occasion de vous remercier pour votre accueil... Les mois qui ont suivis ont été un peu difficiles... »
Et c'est le moins que l'on puisse dire les concernant. Ta femme morte, tu l'étais devenu également, perdant tes sentiments amoureux en même temps. S'occuper de trouver un internat pour ta fille, tenter de remettre de l'ordre dans ta vie, fêter le retour de ta fille sous votre toit, enchaîner les petits boulots dans le bâtiment, réapprendre la vie à deux... Sans que rien ne soit plus jamais pareil. Cela laissait que peu de temps pour songer à une conseillère funéraire là où la plupart des individus voyaient le deuil comme une épreuve à surmonter.
« Si le cœur vous en dit, j'insiste pour payer la prochaine tournée du bonheur... Pour me faire pardonner mon impolitesse. » conclus-tu en levant ton verre à l'attention de l'intéressée. « Sauf si vous préférez sortir fumer ? Je doute que notre ami ici présent vous laisser fumer à l'intérieur. » ajoutes-tu en désignant le barman d'un mouvement du menton.
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Ven 11 Fév - 22:23
Milo & Ophelia
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La pointe de ses petits escarpins frottait péniblement sur le-repose pied en bois massif du tabouret. Ses talons, comme bien d’autres avant les siens, ont du créer de nouvelles marques dans la matière, comme pour graver son passage misérable. Ses doigts fins se détachaient quelque peu du verre qu’elle tenait, comme si la chaleur de son corps pouvait altérer le goût de son breuvage d’évasion.
Ses orbes étaient encore claires et pleines de vie. Lascivement, sa main droite se perdait dans les ondulations naturelles de sa chevelure fauve. Ophélia replaçait distraitement quelques mèches derrière son oreille en orientant son buste vers l’inconnu.
Les notes du roseau caressaient le creux de son oreille nue. Il riait doucement, et elle souriait silencieusement. Il était amusant, cet homme à la prestance étrange, et aussi surprenant que cela puisse paraître, familier. Il tendait son verre pour trinquer. La carcasse de la rouquine ne se fit pas prier. Les verres chantaient à l’unisson d’une mélodie des plus réconfortante. Son minois crayeux s’illuminait à ces ondulations délicieuses.
- « Sans offense aucune, le cœur d’un homme est si simple qu’un liquide doré pourrait le rendre heureux. »
La pulpe de ses lippes charnues se perdait et se mêlait avec le malté tourbé, dont la tonalité des saveurs lui rappelait ses vieilles terres du Nord. Si elle se concentrait suffisamment, elle pourrait presque sentir les vents frais fouetter ses joues rosies par la fraîcheur mordante. La brume aurait puis lui monter à la tête, lui donner cette légèreté tant souhaitée, mais son ancre était à ses côtés, à lui tenir compagnie, un verre de whisky à la main.
Tout en reposant son verre encore ambré, elle le détaillait avec retenue, et laissa échapper un sourire qui exprimait son rire mutin. Bien évidemment que toute femme ait toujours un coup d’avance.
Ophelia profitait du temps de silence pour reporter de nouveau son verre à ses lèvres. Elle se délectait de cette liberté. Liberté qui avait tout de même un prix, et des conséquence. Qu’importe. Il fallait remplir le vide de son cœur avec quelque chose. La nourriture était bien trop écœurante. Son appartement était déjà bien trop encombré d’objet en tout genre. Et puis, qu’on se le dise… Ses artifices qui font planer sont bien plus efficaces et séducteurs. Pourtant, elle ne le bu d’une traite comme son premier verre.
Elle semblait surprise. Son regard s’éclaircit lorsqu’il reconnut la mauvaise herbe. Son godet encore coloré se posait délicatement sur le comptoir. Pour davantage atténuer le bruit de l’impact, elle accompagnait le mouvement à l’aide de son petit doit sur le plat du verre. Ses yeux bleutés se posaient sur lui, sans amertume, sans rancœur. Elle l’observait avec pureté d’âme qui lui appartenait.
Elle se souvenait, elle aussi, de cet homme et de sa gamine à qui la Mère du foyer leur a été arraché. Si injustement.
- « Mais vous êtes Monsieur Fowler, c’est bien ça ? » Elle attendait son retour, mais il s’empressa de s’excuser, comme si ses propres paroles étaient prohibées. « Ne vous excusez surtout pas de ça. Je me souviens très bien de vous et de votre épouse. »
Ophelia marquait un silence avant de descendre, sans vergogne, son verre. Elle demeurait silencieuse quelques instants.
- « Vous savez… Milo, si je ne me trompe pas ? Le cabinet garantit un suivit après les funérailles. De manière professionnelle. Ou encore de manière peu habituelle, si je puis dire. Mes portes vous seront toujours ouvertes, pour vous comme pour votre fille. »
Elle déposait le verre avant de lui offrir un sourire simple, mais son regard si pâle parlait pour elle. Même si son cœur était éteint, elle ne pouvait que comprendre cette perte et cette détresse face à cette grande séductrice qu’est la Mort. La tête rousse restait interdite et l’observait presque innocemment. Elle ne pouvait que le comprendre. Elle, éponge humaine, pouvait ressentir cette mélancolie au goût amer.
- « Avec ou sans impolitesse, je ne dirais jamais non à un verre aimablement offert. J’en serais ravie. » Leurs regards croisèrent celui du barman qui ne pipait pas mot, mais qui sut faire comprendre que les fumeurs n’étaient pas admis. « Le p’tit tube de nicotine est bien tentateur. »
Son sourire fleurissait aux bords de ses lèvres légèrement décolorées. Son rouge à lèvre avait marqué le nouveau verre de teinte carmine. Son corps longiligne initiait le mouvement. Doucement, elle descendait de son perchoir en attrapant habilement son sac à main et sa veste en cuir noire. Par politesse, elle ne prit pas les devants, mais attendait sagement que l’homme à la barbe revêche emboîte le pas vers l’entrée du bar chaleureux.
Le tintement cristallin qui naquit de la rencontre furtive entre vos verres, joints l'espace d'un bref instant, se noya dans le brouhaha ambiant du bar. Tu n'y prêtes pas davantage attention, bien trop heureux de voir le liquide ambré danser au creux de ta main et tu portes le verre à tes lèvres, esquissant un sourire satisfait. La gorgée laissa place à une traînée de chaleur sur ta langue et dans ta gorge, te laissant échapper un soupir de contentement. Les mots de ton interlocutrice te parviennent alors et tu prends le temps de reposer le verre sur le bois usé du comptoir, sans rien perdre de ton sourire tandis que tu lui jettes un regard en biais.
« Sans offense aucune, à vous voir ainsi là, je dirais que les hommes ne sont pas les seuls à se satisfaire d'un certain liquide doré. » Tes lèvres s'étirent davantage et il lève son verre à l'attention de l'inconnue. « Nous voilà enfin sur un pied d'égalité. »
Pour autant, tu étais loin de t'imaginer partager cette soirée en compagnie de cette conseillère funéraire que la malchance avait placée sur ta route. Pire encore, voilà que cette dernière se souvient parfaitement de ton nom quand ta mémoire te fait défaut. Alors tu trouves une parade, puis une seconde, où ta sincérité transparaît, masquant ton embarras de ne pouvoir mettre un nom sur ce visage. La mort rendait-elle amnésique ?
Pris au dépourvu par l'offre de ton interlocutrice, tu demeures silencieux. Les secondes s'étirent paresseusement entre vous alors que tu cherches désespérément tes mots. Bien que professionnelle, l'invitation sonne étrangement à tes oreilles. Pourquoi repasser les portes de cet établissement de malheurs après tous ces mois, ces années ? Cela n'a pas le moindre sens à tes yeux. Voir un psychologue à la rigueur mais... Tu aimerais trouver les mots pour décliner la proposition sans paraître impoli mais la surprise t'en empêches.
Finalement, c'est la jeune femme qui rompt la première le silence devenu gênant entre vous. Savoir qu'elle accepte de se voir payer la prochaine tournée te tire un rire bref, presque maladroit, qui ne te ressemble pas. Mais au moins, le malaise se dissipe et tu découvres avec stupéfaction que tu avais retenu ta respiration jusqu'alors. D'un commun accord, vous prenez la direction de la sortie, imaginant sans peine le regard du barman rivé sur vos dos qui s'éloignent. Tu espères qu'il ne récupères pas vos verres en votre absence mais sans doute l'homme redoute une nouvelle scène de la belle rousse pour oser s'y risquer.
En poussant la porte donnant sur l'extérieur, une bourrasque un peu fraîche en comparaison de la température de l'établissement vous fouette brièvement le visage en guise d'accueil. Tu savoures l'instant, celui-là qui te rappelle que tu es en vie puis tes mains trouvent spontanément le chemin jusqu'à ton paquet de cigarettes. Tu en sors deux avant d'en tendre une à la jeune femme. Profitant d'un accalmie dans l'air, tu présentes ensuite le briquet à la belle, l'actionnant d'une pression du pouce pour faire surgir la flamme qui allumera vos cigarettes respectives. Cela fait, tu ranges le tout, tirant une première longue bouffée avant de souffler la fumée. Si l'alcool apporte le bonheur, le tabac détend le corps.
« Excusez-moi, je crains d'avoir oublié votre nom... » commences-tu, passant ta main libre sur ta nuque avec embarras. « Mlle Greenaway... » répètes-tu machinalement pour t'assurer de mémoriser l'information cette fois. « Je n'ai pas répondu à votre proposition dans le bar car pour être tout à fait honnête, je ne m'y attendais pas. Je ne savais même pas que vous offriez ce genre de prestations, de... suivis. Je ne peux pas affirmer que j'ai été un modèle pour ma fille mais... Nous nous en sommes sortis, à notre manière je dirais ? Elle tient beaucoup de sa mère vous savez. »
La nostalgie voile un court instant ton regard. Les sentiments ont peut-être disparus mais pas les souvenirs qui les ont fait naître. Quand ta fille te crie dessus, tu revois parfaitement ta femme de son vivant. Dans le fond, heureusement que vous aviez eu une fille et non un garçon... Qui sait s'il avait hérité de toi plus que de ton épouse ?
« Qu'un vieux comme moi traîne dans les bars ça peut se comprendre mais vous ? Même si entre nous, ça a son charme de vous voir descendre ces verres à la suite en clouant le bec au barman... » conclus-tu avec un clin d’œil complice en direction de la jeune femme.
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Mar 15 Fév - 21:41
Milo & Ophelia
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Et elle riait tout simplement. Il n’avait pas tort, le roseau. Si peu de chose pouvait alléger le cœur des Hommes. Le rendre heureux. Ici, en l’occurrence, il s’agissait bien de ce liquide ambré aux douces nuances dorées. Elle s’en délectait tout autant que son acolyte d’un soir, son acolyte de beuverie. Ophelia ne lui répondait pas, son rire cristallin le faisait et s’exprimait pour elle, comme pour son regard rieur.
Peu à peu, ses épaules si tendues et si serrées dans son chemiser écru, se détendaient et laissaient s’échapper peu à peu la pression quotidienne de sa propre existence.
C’était agréable pour elle, de lâcher prise de cette manière. La brume lui montait lentement aux yeux. La douce chaleur l’embrassait délicatement et son souffle aux effluves d’alcool l’engourdissait à petit feu.
Loin de là l’idée de passer une soirée à se foutre en l’air le foie avec une âme en perdition qui avait franchi les portes de son cabinet. Après tout, la Mort frappe partout, là où elle le souhaite. Dans les corps comme dans les corps. A s’en étripailler les sangs. Tout ça lui semblait si abstrait, si loin lointain. Si injuste. Inconsciemment, elle se mordait l’intérieur des joues et des lèvres, comme pour contenir son trop-plein d’émotion.
Oh, Ophelia, cette âme si pure, et si dure.
Sa voix similaire aux vielles note d’une berceuse l’arracha de nouveau de ses tourments. Elle enfilait habilement sa veste en cuir et suivait avec un léger sourire aux lèvres son inconnu. L’idée de pouvoir s’en grillait une l’enchantait plus autant qu’une gamine face à son gâteau d’anniversaire.
La dernière fois que le tabac avait ou flirter avec ses poumons datait de sa rupture. De son amertume au fond de son cœur. Comme pour combler le manque de ses fleurs qui lui irritaient la gorge.
L’air frais et vivifiant la secoua légèrement, et lui remit quelques idées en place. La brise dissipait légèrement la brume qui s’installait dans le fond de son regard bleuté.
La mauvaise herbe se vit offrir le tube de nicotine, qu’elle attrapait habilement de ses doigts noueux. Le filtre entre ses lèvres, Ophelia se penchait machinalement vers le briquet tendu vers elle. Comme cette odeur lui avait manqué. Le fin papier brûlait et laissait découvrir ses premières saveurs de tabac fumé.
Un bon verre, une agréable compagnie surprise, et une bonne clope. De quoi la rendre un brin heureuse.
- « Il n’y a aucun mal, rassurez-vous. Qui irait retenir le prénom d’une conseillère après tout » Elle riait légèrement avant de libérer sa fumée. « Vous pouvez m’appeler Ophelia. »
Sa main libre alla s’enfoncer dans sa poche arrière de jean tandis que son dos épousait le mur frais derrière elle. Elle l’écoutait calmement. Ses mots coulaient comme le ruisseau qui gelait en début d’hiver. Elle ne pouvait que sentir l’émotion dans sa voix calme. Elle revoyait le tableau sous ses yeux pâles. Lui, et sa fille. Elle tirait une longue bouffée comme pour brûler des souvenirs, et les laisser s’enfuir au rythme du vent d’Auckland.
- « J’étais tellement jeune à l’époque. J’ai certainement dû oublier de mentionner certains points. Vous aviez l’air si solide pour votre fille. Ça m’avait impressionné, à l’époque, j’vous avouerais. » Elle glissait ses orbes précieuses vers le grand homme, observant les teintes veridiennes de son regard perdu dans les volutes de brumes au parfum nicotine. « Quand bien même, sachez que je serais présente pour vous, sans pour autant porter la casquette de la professionnelle. »
Le fin papier brûlait et laissait découvrir ses premières saveurs de tabac fumé. Tel un roque, le roseau semblait fendre l’air. En sentant l’émotion dans le regard de Milo, Ophelia fixait à son tour le petit bout incandescent de sa cancerette, comme hypnotisé par les braises et les cendres qui s’écrasaient sur le bitume si froid.
- « À croire que je suis un cow-boy, à vous entendre parler ! » Moqueuse, rien que trop peu. « Certainement pour les mêmes raisons que la plupart des personnes comme nous. »
Elle se redressait et le regardait en laissant échapper un sourire évasif.
- « Pour m’oublier un peu. Et me rappeler que je suis qu’une simple humaine, une mauvaise herbe parmi tant d’autres. »
Le clin d’œil furtif ne la laissa pas de marbre. Alors elle y répondit avec quelques maladresses, charme qui n’appartenait qu’à elle.
Savoir que la jeune femme ne te tiendrait pas rigueur d'avoir oublié son nom tandis qu'elle se souvenait jusqu'à ton prénom, te rassura et tu sens un poids quitter tes épaules à cette annonce. Tu souris maladroitement en lui jetant un regard en coin, ne trouvant pas vraiment les mots pour te rattraper devant ta maladresse évidente et dans le doute, tu préfères demeurer silencieux. Qui sait au fond à quoi pensaient les femmes ? Peut-être ton interlocutrice te ferait payer ton oubli un peu plus tard au cours de la soirée ? Aucune idée. Pour l'heure, tu préfères l'entendre rire, signe évident de sa bonne humeur.
« Très bien Ophelia. Dans ce cas, appelez moi Milo. »
Certes, l'intéressée ne s'était pas privée pour le faire auparavant mais tu mets un point d'honneur à clarifier les choses entre vous. Tu sens d'avance que ce serait trop étrange qu'elle continue de te désigner par ton nom de famille plutôt que ton prénom comme tu le fais avec elle. Ce serait presque dérangeant comme situation, te plaçant dans un rôle que tu ne souhaites pas endosser. Alors que l'usage de vos prénoms respectifs rompt certaines barrières, enveloppant soudain vos échanges d'une drôle d'intimité. Inopinée. Inattendue. Un peu fausse toute en étant sincère. Tu te confies alors, dévoilant la surprise qu'avait suscité la proposition de la jeune femme à ton encontre. Même si en t'écoutant parler, tu ne peux t'empêcher de revivre ces moments. La douleur est toujours là, tout comme la nostalgie mais différente. A jamais.
« Ne me vieillissez pas plus que je le suis déjà... ça devient vexant vous savez ? » ronchonnes-tu quand ton interlocutrice se remémore sa jeunesse de l'époque.
La suite te prend toutefois de court. Et tu te tournes vers Ophelia, la stupéfaction étirant tes traits, agrandissant tes yeux.
« V-Vraiment ? Je n'aurais pas imaginé... Je veux dire... Je ne pense pas être si solide que ça... »
Sinon, tu ne serais pas en train d'aligner les verres au comptoir d'un bar quelconque. Puisque la mort avait fini par t'emporter, toi aussi.
« Vous l'avez dit vous-même. Vous étiez jeune- et vous l'êtes toujours hein ! Ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit... ! » te rattrapes-tu au dernier moment avant de reprendre : « Mais je vous assure qu'il n'y avait vraiment pas de quoi être impressionnée... ce n'était qu'une façade, rien de plus. »
Parce qu'au fond de toi, tu sais. Tu n'es rien de plus qu'un lâche, un inconscient. Que la jeune femme renouvelle sa proposition te fait brièvement rire. Cette fois, le son qui s'échappe de tes lèvres te paraît plus chaleureux, plus assuré.
« Faites attention Ophelia ou je pourrais vous prendre au mot... »
L'humour comme défense. Oui elle est charmante. Mais vous vous connaissez à peine. Quelques bribes de paroles rendues légères par alcool. Un rien. Et que dire de votre différence d'âge ? Non, vraiment, ce n'était pas sérieux. Le liquide ambré faisait tourner bien des têtes, déformant les pensées et les propos. Ton sourire revient en même temps que tu entends la réaction moqueuse de ton interlocutrice.
« Une cow-girl je dirais. Oui, ça vous va bien ! » laisses-tu échapper, songeur.
Sentant du mouvement à tes côtés, tu reviens dans le moment présent, reportant ton attention sur la silhouette d'Ophelia.
« Une mauvaise herbe dites vous ? »
Ton sourire s'élargit devant ce clin d’œil maladroit qu'elle t'adresse en retour.
« Je ne vois pourtant qu'une jolie jeune femme. Un peu perdue sans doute pour finir dans ce genre d'endroit. Mais vous avez toute la vie devant vous alors souriez Ophelia. Je préfère vous entendre rire. » Il tira une longue et dernière sur ce qu'il restait de sa cigarette puis ajouta : « Devrions-nous retourner à l'intérieur ? Je vous dois toujours un verre, ne l'oubliez pas. »
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