B L O O M into me
Forum définitivement fermé. Merci pour cette belle aventure. <3
B L O O M into me
Forum définitivement fermé. Merci pour cette belle aventure. <3
bannière
Le forum est la propriété du staff et de ses membres. Toute copie, même partielle, est prohibée.

FORUM FERMEdéfinitivement. merci pour les souvenirs !

l'amour fleurit et flétrit, il est comme une fleur qui passe et trépasse avec le temps.
l'amour ne dure qu'un instant, qu'un moment ; c'est ce qu'on dit, qu'il est éphémère, comme la vie, comme la pluie.
et pourtant, malgré ce moment si court durant lequel on aime, cela peut suffire à tuer ; et ça vous rend malade, d'aimer sans être aimé en retour, et ça vous tue le coeur et l'âme - littéralement.
vous avez envie de vous échapper, d'arrêter ça, et c'est votre poitrine qui se gonfle, vos poumons qui s'emplissent ; et vous toussez, encore et encore.
et ce sont des pétales de fleurs qui tombent lourdement sur le sol pâle.
auckland. juillet 2023, hiver.
Lire la suite

staffeux
staffeux
staffeux
staffeux
staffeux
21.07.23réouvertue du forum, recensement, et petit évent (www)
04.01.23fermeture temporaire du forum, ceci dit, on revient vite !
10.08.22nous soufflons nos bougies à plein poumons et souhaitons un bon anniversaire à bloom et qui dit anniversaire dit nouveautés (www)
01.08.22tous des stars grâce à insta(r)gram (www)
27.06.22les choses se compliquent et les rumeurs voient le bout de leur nez (www)
13.06.22nouvelle màj dit nouvelles informations à retrouver juste ici
14.02.22on profite de la joie, de l'amour et de la nourriture gratuite pour la saint valentin (www)
26.01.22tom cruise en sueur, le forum réouvre pour sa V3 avec son lot de news à retrouver ici.
27.10.21tou beau tout chaud, prêt à braver la chaleur de l'été, voici les nouvelles juste ici
10.08.21bloom ouvre ses portes ❤
prédéfini
prédéfini
prédéfini
prédéfini
prédéfini
prédéfini
prédéfini
DISCORD

Le forum a été créé le 10.08.21. La page d'accueil a été designée et codée par Artemis, pour Epicode. Le reste des crédits ici..

rejoins nous!



 
Le deal à ne pas rater :
Pokémon EV06 : où acheter le Bundle Lot 6 Boosters Mascarade ...
Voir le deal

Leslie + make me a safe place out of your bed

 :: Logements Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas
Lun 4 Juil - 17:08


make me a safe place out of your bed
Just make me a safe place out of your bed
And I promise to forget all of the places we've slept
Froid.
Froid.
Froid.
Il faisait putain de froid. Était-ce possible qu'il fasse aussi froid un jour ? T'en as affronté, pourtant, de basses températures. En Angleterre en hiver, quand tu semblais avoir si froid à l'intérieur aussi, quand tout en toi était vide et que les sons faisaient écho dans ton corps, si froid, froid partout. T'es trempé jusqu'aux os, t'as une grosse envie de pleurer coincée de la gorge, comment t'avais pu en arriver là ? C'est ce que tu te demandes, tout le temps, dès qu'il t'arrive une merde. Comment t'avais pu en arriver là ? Comment t'avais pu te retrouver avec ta sœur dans un fauteuil, par ta faute ? Célibataire et détesté ? Couvert d'eau gelée parce que le seul mec que tu as voulu draguer était en réalité le seul ennemi que tu t'étais fait ici ? Faut croire que tu ne savais rien faire d'autre que tout rater, que tout gâcher. Tu ne sais même pas ce que tu lui as fait, à ce gars. C'est lui qui n'avait pas voulu tenir sa parole, c'est lui qui avait ouvert sa bouche sans connaître son sujet, et pendant un instant, en découvrant son visage, tu t'es demandé si ce blind date n'aurait pas pu arranger vos rapports, si vous n'auriez pas pu recommencer à zéro. Mais non. Au lieu de ça, il t'a insulté, il t'a fait porter la faute, comme si tu avais tout organisé pour le piéger. Et il t'a versé de l'eau sale sur la tête, comme ça. Tu n'as pas compris. Tu n'as toujours pas compris. Tu as si froid. T'as du mal à avancer, à respirer même, t'espères que tu pleures pas, pas encore, tu ne pleures que chez Leslie ou caché dans ton lit. Tu ne sens pas vraiment la différence entre les larmes et les gouttes d'eau qui glissent sur ton visage. Tu dois ressembler à un chien mouillé, toi qui a passé beaucoup de temps devant la glace pour arranger tes mèches, pour te faire beau, pour paraître bien, même si c'était dans le noir, tu t'étais dis, si il y a un après et bien je serais prêt, tu parles. Les après, c'est pas pour toi. Même quand c'est de la simple baise. Même quand tu veux simplement t'envoyer en l'air. Tu ne sais visiblement pas faire.

C'était impossible que tu rentres comme ça chez toi.
C'était impossible que tu apparaisses devant Layla, si pathétique. Si dévasté.
Tu ne voulais pas qu'elle assiste à ce spectacle-là.

Alors tu reviens toujours aux mêmes pas. Aux mêmes trajets. Comme un aimant qui t'attire quand tout va au plus mal, quand tu es au plus bas. Tu t'en voulais déjà, de revenir chez lui. Mais il doit être quoi, vingt-et-une heures ? Son émission n'a sûrement pas commencé. Il doit être encore chez lui. Il doit avoir une serviette. Tu pourras peut-être emprunter sa douche, pour essayer de te réchauffer, même si à force tu ne sais plus si c'est le froid de ton corps ou celui à l'intérieur qui se fait le plus douloureux. Tu ne sens plus vraiment tes doigts. Quelle idée il a eu, de t'arroser d'eau en plein hiver. Il est fou. Tu pourrais attraper un truc grave. Une pneumonie. Un truc du genre. Pourquoi cela ne t'inquiètes pas ? Tu pourrais mourir que tu t'en foutrais. Sauf pour Layla. Tu sais pas vraiment si elle s'en remettra, de ta mort. Même si t'as du mal à comprendre pourquoi, puisque tu ne lui sers pas à grand chose. Même si tout est de ta faute et qu'elle ferait mieux de souhaiter que ça arrive. Mais tu sais que ça l'atteindra. Et c'est peut-être la seule raison qui te pousse à marcher encore et à ne pas te laisser totalement atteindre par tes doigts figés, par tes lèvres devenues bleues. Enfin, tu aperçois son immeuble. Tu plisses un peu des yeux, tu essaies de trouver sa fenêtre, de voir si il y a de la lumière. Il te semble que oui, mais tout est flou et si ça se trouve, tu te trompes même d'étages. Tout ton esprit semble engourdi par le froid. Alors, tu pousses ton corps, jusqu'au hall, jusqu'au perron dont tu grimpes les petits escaliers – pas adaptés pour les fauteuils roulants, ce bâtiment-là, lui non plus – et tu y pénètres avant de grimper. Tu reconnais les étages, le nombre d'escaliers à gravir, mais cela te semble bien plus fatiguant qu'à l'habitude, bien plus long aussi. Est-ce que quelqu'un avait augmenté le nombre de marches ? C'était possible au moins ? T'as si froid.

Et puis enfin, sa porte, son numéro.
La délivrance.
Tu dois t'appuyer un instant dessus pour reprendre ton souffle et réussir à rassembler suffisamment d'énergie pour lever le bras qui te semble peser une tonne. Et sonner. Une fois, pas plus. Parce que tu ne veux pas paraître insistant, même si tu as terriblement froid. Et t'attends. Priant pour qu'il soit, parce que tu ne te sens pas de rebrousser le chemin, de pouvoir retourner chez toi. Ça n'était même plus une question de te cacher ; c'était une question d'énergie. Tu étais vidé, et tu tremblais sans pouvoir t'arrêter. De tout ton corps. Comme si tu étais parcouru d'une secousse qui ne se stoppait pas. Et puis, du bruit de l'autre côté. Le soulagement dans ta poitrine, alors que la porte s'ouvre sur sa silhouette. Il était si beau. Tu l'avais toujours trouvé beau, Leslie, même après votre séparation. Toi tu dois ressembler... A rien du tout. Un sans abri, peut-être. Et encore, lui faisait sûrement plus attention pour ne pas se retrouver trempé par des connards qui n'en valent pas la peine.

Tu tentes un sourire. « S-salut... » Même ta mâchoire tremble, ça te fait bégayer n'importe comment, on dirait que t'as peur. Tu dois être si pâle qu'on aurait dit que tu as vu un fantôme, en plus. « J'suis dé-désolé de déranger mais... J'veux p-pas que Layla me voit c-comme ça et... Enfin... J'aimerais juste pouvoir me réch-chauffer un peu, tu vois ? Je resterais p-pas longtemps. » Même si t'as pas de vêtements de rechange, rien du tout, tu te débrouilleras pour la suite, c'est pas grave. Tu voulais juste reprendre des forces et quelques degrés, paraître mieux. Paraître mieux, pour ta sœur. Tu espères que tes épaules ne se soulèvent qu'à cause du froid, et non pas de sanglots. Tu ne captes plus rien, aucun signal de ton corps, alors tu ne sais pas vraiment ce qu'il est en train de faire. Tu sens juste le froid, partout.
Lukas Cutler
pianiste
Lukas Cutler
Messages : 33
Revenir en haut Aller en bas
Lun 4 Juil - 17:56


make me a safe place out of your bed

Tu as oublié ton café sur la machine, l’odeur du tabac froid réside. Tu soupires doucement, tu soupires tout le temps. Ils disent souvent que tu donnes l’impression de porter le malheur du monde sur tes épaules. Peut-être parce que tu as toujours l’air abattu, peut-être parce que tu as toujours l’air soucieux, peut-être parce que tu réfléchis trop. On devrait prendre ton cerveau, te l’enlever, le secouer un peu, le remettre en place, réparer cette mécanique rouillée.

Tu somnoles. Tu passes tes journées à somnoler. Peut-être que tu n’es plus fait pour la vie que tu mènes, peut-être que tu devrais raccrocher, peut-être que tu devrais reprendre une vie normale. Une vie de ton âge. Tu les entends parfois, dire que tu devrais trouver un vrai métier, dire que tu devrais vivre ailleurs. Mais toi, tu vis à l’envers ; tu aimes sortir le soir, quand les réverbères ne font plus assez de lumière, quand les rues sont inquiétantes, quand toutes les personnes sur les trottoirs semblent toutes être dangereuses, quand rien n’est sûr -tu aimes l’insécurité permanente de la lune pour soleil. Voir les enseignes qui clignotes, les grilles qui font du bruit, le vent qui secouent les feuilles, les femmes au bord du trottoir qui font ce qu’elles peuvent pour gagner leur vie et un sourire sur ton visage. Tu aimes la vie, parfois, tu devrais le dire plus souvent, mais tu ne sais pas si on te croirait.

Tu aimes aussi le matin, quand on prend la relève, quand il est trop tôt dans la matinée, quand personne n’est lever. Tu aimes voir le soleil pointer le bout de son nez, tu aimes entendre le monde se lever, sentir les murmures du matin. Tes talons qui claquent sur le sol étrangement silencieux -New York, la ville qui ne dort jamais. Mais tout le monde en rate les secrets, personne ne sait. Peut-être devraient-ils chercher à rencontrer la belle endormie, peut-être devraient-ils faire taire la pomme.

Ton regard est porté sur la rue pleine, sur les passants qui font leur vie, sur les gens qui s’ignorent, qui ne se sourient pas. Tu n’aimes pas cette ville, tu n’as jamais aimé cette ville. Peut-être que tu devrais partir ? Peut-être que tu devrais aller ailleurs ? Voyager, loin. Prendre l’avion, la voiture, peut-être même le train, le métro. Visiter le monde tout entier, l’état d’à côté. Peut-être que tu devrais prendre des vacances, un peu de repos -comme si tu n’avais pas assez de temps libre. Tu n’aimes pas cette ville. Elle bourdonne dans tes oreilles, elle a des souvenirs qui doucement t’écrasent. Rien ne te retient ici, Leslie, rien ne t’enchaîne et les barreaux à tes fenêtres, tu es le seul à les poser.

Prisonnier.
C’est ainsi que tu te sens, sûrement. Prisonnier du monde.

Tu as tout pour réussir disent-ils, tu as tout pour faire bien alors pourquoi est-ce que tu as tout raté, pourquoi est-ce que tu n’as aucune ambition, pourquoi est-ce que tu n’as aucune envie, pourquoi est-ce que tu te laisses porter.

Tu soupires.
Tu ne sais pas.
Le soir est tombé, toi avec. Tu t’es écroulé sur ton canapé. Il a pris la forme de ton corps, c’est amusant à voir. C’est comme si quelqu’un était toujours là, même quand tu ne l’es pas.

L’odeur du tabac froid, le café oublié.
La fumée qui brûle les yeux, peut-être que tu devrais arrêter de fumer aussi, arrêter de te ruiner. Et si tu arrêtais tout aujourd’hui ? Le travail, la cancéreuse, la vie. Peut-être que c’est une bonne idée, peut-être que c’est un bon jour pour tout arrêter, peut-être…
La porte fait du bruit. Ce n’est pas vraiment la porte. C’est une main faible contre le bois gonflé. La porte parle. Ouvre-moi, dit-elle, ouvre-moi et tu soupires. Si c’est encore ces cons pour une pub, le voisin pour du sucre, un enfant pour de l’argent, tu risques de ne pas être content.
C’est un autre enfant.
Quand tu ouvres la porte, c’est un autre enfant qui se tient dans l’encadrement. Trempé, bleuet, une fleur fanée. Ton regard s’est attardé sur ses lèvres violines, sur ses dents qui claquent, sur ses vêtements dégoulinants, sur son visage émacié. Il avait l’air misérable. Un bordel sur pieds, un vrai souk. Il avait l’air secoué, sans dessus-dessous, un peu ailleurs aussi peut-être, un peu fou. Des paroles que tu n’écoutes pas, à quoi bon ? Tu sais pourquoi il est là. Pour rester, pour se cacher, pour pleurer, pour vivre dans un soupire. Pour serrer ton cœur entre ses doigts.
Pour te faire mal.
Tu prends son poignet entre tes doigts, tu n’es pas délicat, tu t’en fiches, à quoi bon ? Tu le tires, fermant la porte de ton pied, tu regardes autour de toi quelques instants, à quoi bon ? Le café est froid, le tabac aussi, tes mains sont gelées et ton regard brûlant n’est qu’affection -il n’a que faire de tes yeux. « Va prendre une douche, tu vas attraper mal. » mais il n’a pas besoin de toi pour le guider jusqu’à la salle de bain -le même vieil appartement, la peinture qui s’effrite et les cadres de travers, « Des vêtements. Je vais t’apporter des vêtements. Quelque chose. » N’importe quoi pour lui, n’es-ce pas Leslie ? Tu soupires. Tu es ridicule. Si l’on te voyait comme ça, certainement qu’ils se mettraient à rire -fort, si fort, même toi tu rigoles.
Tu entres dans la salle de bain, à quoi bon la pudeur, tu l’as déjà vu dans tous ses états. Tu poses sur le lavabo des vêtements propres -rien de bien saillant, c’est qu’il ne faut pas beaucoup t’en demander, ils ont toujours remis en question ton sens de la mode. Toi, t’es plutôt satisfait avec tes vêtements colorés. « Tu veux que je te lave le dos ? » as-tu alors demandé, et tu t’es mis à pouffer de rire. Tu n’aimes pas le silence, tu n’aimes pas les situations gênantes, tu n’aimes pas quand ça va pas, tu n’aimes pas les larmes, tu n’aimes rien que son sourire -et tu voudrais mourir. « Si tu prends toute l’eau chaude, j’te noie. J’dois encore l’utiliser. » comme si de rien était, tu rigoles.
Après tout, il n’y a rien n’est-ce pas ?  

« Je vais faire du café. » et tu as allumé une cigarette, quittant la salle de bain.
Café oublié, tabac froid.
JUST MAKE ME A SAFE PLACE OUT OF YOUR BED
AND I PROMISE TO FORGET ALL OF THE PLACES WE'VE SLEPT


Leslie Hawkins
animateur radio
Leslie Hawkins
Messages : 54
Revenir en haut Aller en bas
Lun 4 Juil - 20:28


make me a safe place out of your bed
Just make me a safe place out of your bed
And I promise to forget all of the places we've slept
L'odeur du café et du tabac froid. Qui t'envahit, qui t'entoure partout, se glisse dans tes narines, odeur de café et de tabac, odeur qui te berce, odeur qui rassure. C'est l'odeur de Leslie, celle-là, seulement de lui, l'odeur que tu as côtoyé des mois durant, avec un soulagement presque palpable quand tu reviens ici. Odeur que tu aimerais transporté partout, tout le temps, pour te sentir rassuré. Comme un enfant, avec son doudou. Pourrait-on dire que tu voulais faire de Leslie ton doudou ? C'est contre lui que tu cherchais du réconfort, que tu te blottissais pour pleurer, petit enfant perdu. Tu glissais ton nez dans son cou, inspirais son odeur, et te voilà protégé. C'était pathétique, à ton âge. Misérable. C'était ce que tu étais, misérable. Mais ça n'était pas si grave, n'est-ce pas ? Peut-être pourrais-tu compenser par autre chose. Tu ne sais pas. Tu t'en veux, encore et toujours, de l'embarrasser. De te servir de lui, quelque part, comme Doudou, comme éponge à larmes, comme pansement pour ton cœur sanguinolent. T'en voulait-il ? Même si c'était le cas, tu es sûr qu'il te dirait non. Leslie était si gentil, si doux, malgré son mur autour de son âme, malgré la distance qu'il a avec lui-même, malgré sa blessure invisible mais bien présente. Toujours à se sacrifier pour les autres. Toujours à se sacrifier pour toi. Incapable de te refuser quoi que ce soit. Et encore une fois, il te le prouve. Il te le prouve en te tirant sans douceur aucune dans son appartement, claquant la porte derrière ton corps dégoulinant, et pourtant ses pupilles si tendres, si douces. T'aimerais qu'il te regarde amoureusement, aussi, mais tu ne sais pas si ça a été le cas un jour. Ni pour lui, ni pour toi. Tu fermes les yeux. Longuement. Te battant contre l'envie de t'enfuir ou de rester à tout jamais au creux de ses bras. Est-ce qu'il accepterait de te reprendre ? Oui, tu en es à ce point. Incapable de plaire à d'autres. Trop sale, trop triste, trop tout.

Tu hoches la tête lorsqu'il te parle de la douche. Oui. Tu en as besoin. Si froid, tu as si froid. Tu rêves de l'eau brûlante sur ton corps, pour toujours. Alors, oui, une douche. Tu hoches la tête, et tu prends le chemin de la salle de bain. Lui aussi, tu le connais par cœur. Tout cet appart. Le moindre de ses recoins. Tu adorais la chambre, et pas seulement parce que vous pouviez passer des heures sous les draps à faire l'amour. C'était l'endroit le plus personnel d'un chez-soi, et même si Leslie pouvait paraître assez impersonnel même chez lui, toi, tu arrivais à le retrouver dans la chambre, même si il ne s'en rend peut-être pas compte. Tu pousses la porte de la pièce, et tu te mets aussitôt à enlever les vêtements qui te collent à la peau. Sensation si désagréable, qui en plus te fait galérer comme pas possible. Tu les poses sur la machine à laver, tu ne sais pas où tu pourrais les mettre autre part, tu te promets de t'excuser et d'essuyer la flaque qu'ils créeront pendant ta douche. Au moment où tu allumes l'eau, Leslie rentre, vêtements secs et chauds en main. Tu lui jettes un regard fatigué, encore tout tremblant de froid, et pourtant, tu souris. Il arrive à plaisanter, même dans ce genre de situations. Il arrive à te faire sourire, rire, te détendre un minimum, arrêter de t'apitoyer sur ton sort. Il repousse un peu la boule dans ta gorge au loin, il te rend mieux. C'est aussi pour ça que tu viens ici. Pour profiter de cet effet-là, sur toi.

Doudou. Leslie était un doudou.

« Pourquoi pas. » Que tu souffles. Pas vraiment sérieux, pas vraiment en train de rigoler non plus. Tu serais pas contre, qu'il te frotte le dos. Qu'il te montre que tu vaux encore quelque chose. Que tu n'es pas horrible et dégueulasse, comme Benedict t'a fait ressentir devant le restaurant. Pas moche ni rejeté. Désirable. Encore. Même un peu. Juste un peu. Mais vous ne pouviez pas, n'est-ce pas ? C'était une mauvaise idée, que de reprendre ce chemin-là. Peu importe à quel point il était beau, à quel point il était bien. Il l'était trop pour toi, probablement. Tu ne le mérites pas. Ni lui, ni personne. On te l'a bien rappelé ce soir, après tout. Tu n'attends pas plus pour grimper dans la douche, te glisser sous l'eau chaude. Frissonnant au contraste trop important de température, qui vient te brûler un peu. Mais cette douleur-là aussi, tu dois la mériter, n'est-ce pas ? Tu tournes la tête vers lui, souris encore faiblement et secoues la tête. « Promis, je m'attarde pas. » Et il s'en va, clope à la bouche. Tu te retrouves de nouveau seul, sous l'eau chaude, tu fermes les yeux pour y glisser ton visage aussi. Réchauffer ton bout du nez tout froid. Tu ne restes pas longtemps, juste le temps d'arrêter de trembler, te sentir mieux, jusqu'à ce que la sensation de brûlure disparaisse même si tu as la peau rouge désormais. Puis tu te laves. Le corps, les cheveux. Tu frottes longuement pour enlever la crasse de l'eau sale, pour enlever ta crasse à toi, celle de ton âme. Tu frottes et t'aimerais mourir. Et si tu sanglotes un peu dans la douche, personne n'a à le savoir.

Lorsque tu ressors de la salle de bain, tu es propre, réchauffé et les vêtements de Leslie sur ton corps, remplis de son odeur. Il fume. Toujours la cigarette aux lèvres, ça non plus ça n'a jamais changé. Tu t'approches doucement, tes bras encercles sa taille, tu poses ton menton sur son épaule. « Merci. » Que tu lui dis. Comme à chaque fois qu'il te sauve la vie. Merci. D'être là. De me supporter. T'as envie de l'embrasser, mais tu ne dois pas. Tu ne sais même pas si c'est une vraie envie, ou si tu veux juste compenser le fiasco de cette soirée. Si tu veux juste te sentir un peu aimé. Etait-ce si mal ? Probablement. Egoïste, en tout cas. Tu n'étais qu'un égoïste. Alors tes lèvres se contentent juste de son cou. De la jointure entre son épaule et son cou, précisément là. C'est déjà trop. La douceur de sa peau. Tu souffles et t'éloignes. « Je vais étendre mes vêtements. Je... Pourrais rester cette nuit, même si tu bosses ? Et je les récupère demain quand ils seront secs. Je ne veux pas trop déranger. » Tu te feras petit sur le canapé. Tu le promets. S'il te plaît, dis oui. Je ne veux pas être seul. Je ne veux pas apparaître si dévasté devant Lila. S'il te plaît, dis oui.
Lukas Cutler
pianiste
Lukas Cutler
Messages : 33
Revenir en haut Aller en bas
Lun 4 Juil - 22:36


make me a safe place out of your bed

Tu penses.
Tu penses à plein de choses.
Ton esprit chante à la vie, ton esprit chante à la mort.
Tes pensées sont un peu confuses, se bousculent, se cherchent.
Tu n'aimes pas réfléchir -c'est un truc d'adulte, un truc qui fait mal, un truc qui ruine un peu les gens. Trop penser, ça n'apporte jamais rien de bon. Trop penser, c'est pour ceux qui ont des choses à faire, pour ceux qui se morfondent, pour ceux qui essayent de changer le monde, pour ceux qui ont le droit de penser. Mais toi, tu n'as pas le droit, tu n'as pas le droit de prétendre à penser quand tout ce que tu sais faire c'est rien.
Rien.
Parfois tu aimerais doué pour plein de choses, parfois tu aimerais pouvoir dire que tu as accompli de grandes choses. Parfois, tu aimerais toi aussi dire que tu as marché sur la lune, conquit l'Everest, découvert l'Amérique.
Tu aimerais pouvoir dire que tu es un héros ; un vrai. Un de ceux qui reste dans la mémoire des gens, année après année, qui continue d'existe tel un fantôme.
Mais quand tu ne seras plus rien ; personne ne se souviendra de toi et les seules traces que tu laisseras seront le café oublié et le tabac froid.
Tu n'as rien d'extraordinaire, rien de remarquable.
Et pourtant, il se souvient de toi.
Il vient vers toi.
Soutien, pilier, fondation.
Tu n'aimerais prétendre à aucun de ces rôles ; c'est bien trop de responsabilité et si la construction s'effondre, ils diront tous que c'est de ta faute.
Peut-être que ça l'est, au fond ?
Le seul qui se souviendra vraiment de tes traits si jamais tu disparais, le seul qui peut dire que tu étais plus qu'une ombre, plus qu'un souvenir, qui pourra raconter des choses.
Son héros, en quelque sorte.
Et ça, tu voudrais le dire, pouvoir y prétendre. Être son héros -et tu te fais rire seul, comme un pauvre idiot, de parce que tu n'as rien d'un héros Leslie, tu n'as rien d'un sauveur, tu n'es que là, avec les autres.
Un corps parmi les corps.
Une âme parmi les âmes.

Tu as oublié le café sur la machine, tu le sais, mais tu n'y fais pas attention.
Tu brûles le tube entre tes lèvres, le laisse se consumer sans vraiment savoir pourquoi tu fais ça.
Odeur de tabac froid.
Ce sont des souvenirs, des choses qui restent.
As-tu vraiment envie de marquer le monde ta présence ?
As-tu vraiment envie de dire que tu étais là, à cet instant ?
Pauvre et misérable.
Mais tu n'es pas le plus misérable et tu le sais ; tu devrais te dire que les autres sont pires, tu devrais te dire que le monde ne tourne pas qu'autour de toi.
Mais parfois, tu égoïste,
égocentrique,
nombriliste.
Tu ne penses qu'à toi et toi seul ; et le centre du monde serait ton coeur, et les maux du monde serait ton esprit.
C'est pour cela qu'il s'écroule, pour cela qu'il ne tourne pas rond.
Ca ne va pas, Leslie.

Bras autour de ta taille, surprise dans ton estomac.
Des papillons qui se réveillent,
les restes.
Tu grinces des dents, serrent la mâchoire.
Tu as fermé les yeux.
Souvenirs.
Tu te fais rire seul ; pourquoi est-ce que les corps se souviennent si bien de leurs semblables, pourquoi les peaux n'oublient-elles jamais, pourquoi...
Tu pouffes. Ce n'est pas une situation à rire mais tu es quelqu'un de déplacé Leslie, tu ne sais pas faire les bonnes choses au bon moment. Tu ne marches pas comme tout le monde, Leslie. Il devrait le savoir, n'est-ce pas ?
Et tu ne te moques pas de lui mais de toi.
C'est à ton nez que tu ries.
Et tu devrais rire plus fort encore.
Parce que tu es ridicule, un petit homme que l'on écrase facilement.
Dis Leslie, à quoi tu penses ?
Tu ne devrais plus penser.

« Tu peux rester. » tes mots se glissent dans le silence, entre deux nuages de fumée que tu regardais voler. Tu n'aimes pas dire non ; tu ne sais pas dire non. Tu ne sais pas lui dire non et s'il te demandait les étoiles, comment pourrais-tu les lui refuser ?
Tu ne pourrais pas et tu serais le seul idiot à lever les bras vers le ciel espérant les faire tomber.
Tu as de l'espoir Leslie et c'est ce qui est beau.
Tu crois encore en les choses, en les gens, en le monde -tu n'as pas perdu tout ce qu'il a perdu.
Tu devrais faire gaffe.
Peut-être veut-il te le voler ?
Tu soupires.
« Tu pourras prendre le lit... » de toute manière, tu ne rentres pas.
Et il sera peut-être parti quand tu rentreras.
Ce ne serait pas la première fois.
Rire amer, rire au goût de café.
« Je risque de rentrer tard. »
De lui laisser le temps de prendre ses affaires et de déguerpir, de lui laisser le temps de ne plus être aussi misérable, de lui laisser le temps d'avoir honte.
Tu es cruel, Leslie.
Et tes doigts passent sur ses mains et tes doigts récupèrent la cancéreuse que tu écrases et tes doigts passent dans les cheveux de l'enfant qui t'enlace.
Que peux-tu dire ?
Tu lui décrocherais la lune et les étoiles, mais voilà, il leur en ferait perdre leur éclat.

Peut-être est-ce ça qui t'avait séduit, peut-être est-ce son côté destructeur, peut-être est-ce son rien, son tout, ses idées qui se heurtent, ses pleurs qui se noient.
Tu aimes le désespoir, Leslie.
Il te fait sentir mieux ; il te fait sentir bien.
Tu te dis que tu ne vis pas si mal, au fond.
Et tu souris, un peu plus encore.
Arrête de sourire.
« Que s'est-il passé ? » demandes-tu alors ; au moins ça, au moins une histoire.
Peut-être que tu pourras en parler ce soir, ou peut-être pourras-tu te taire.
Arrête de parler.
Mais tu veux savoir.
Et tu as oublié le café sur la machine, odeur de tabac froid, cadavres de souvenirs. Tu soupires.
Idiot.
JUST MAKE ME A SAFE PLACE OUT OF YOUR BED
AND I PROMISE TO FORGET ALL OF THE PLACES WE'VE SLEPT


Leslie Hawkins
animateur radio
Leslie Hawkins
Messages : 54
Revenir en haut Aller en bas
Mar 5 Juil - 23:30


make me a safe place out of your bed
Just make me a safe place out of your bed
And I promise to forget all of the places we've slept
Il y a un trou noir en plein milieu de ta poitrine, et t'as parfois l'impression qu'il aspire tout ce qui est sur ton passage, tout ce qui est bon pour toi, il l'avale, l'efface, fait tout disparaître autour de toi ; et un jour, tu disparaitras à ton tour en son sein. Tu te sens t'effriter, perdre des morceaux de toi que tu ne retrouveras plus jamais, et ça aussi, ça te terrifie. Que ta culpabilité soit si grande qu'elle finisse par t'engloutir ; mais plus que tout, qu'elle finisse par engloutir les autres. C'est ce qui s'est passé avec Leslie, après tout, non ? Sa lumière a failli s'éteindre à tout jamais, par ta faute. Peut-être était-ce même déjà le cas et que tu ne voulais juste pas te l'avouer, que tu ne voulais juste pas t'en apercevoir. Qu'est-ce qu'il faisait encore à tes côtés ? Tu te le demandes, souvent. Pourquoi il accepte encore que tu sois dans sa vie, toi qui la gâche, toi qui gâche tout, toi qui ne sait faire que ça – gâcher, détruire, éteindre, étreindre ? Pourquoi t'es là, pourquoi il t'ouvre ta porte, accepte de t'aider, de te soutenir, de t'empêcher de te noyer alors qu'il risque de te suivre dans la noyade ? Tu ne comprends pas. Tu n'oses pas lui poser la question, par peur que cela le pousser à arrêter de le faire. C'était égoïste, mais tu avais besoin de lui. Sangsue qui avait besoin du sang des autres pour survivre, quitte à les vider.

Tu étais horrible. Tu voulais crever.

Les odeurs t'assaillent, odeurs habituelles, rassurantes, réconfortantes. Elles te bercent, te rappellent que tu es en sécurité, même si tu ne devrais pas te reposer autant dessus, tu étais trop secoué et épuisé pour t'en soucier. Égoïste, encore une fois. Préférant se reposer un peu, lécher tes blessures sans te soucier de l'endroit où tu étais, d'avec qui tu étais, ignorant les sentiments de l'autre tant que tu ne te sentais pas mieux. C'est pour ça que tu ignores ce que Leslie peut ressentir lorsque tu l'enlaces, lorsque tes bras entourent sa taille et le serrent, que ton corps réclame sa présence, sa douceur et sa chaleur. Tu ignores sa mâchoire – son corps entier – qui se contracte, tu ignores la possible douleur qu'il peut ressentir, celle de la nostalgie, de l'autre temps qui a disparu, de votre couple avorté. Toi aussi, tu la ressens aussi, parfois, ce manque, ce creux, ces souvenirs qu'on ne peut oublier, les esprits se souviennent mais les corps encore mieux ; le tien se rappelle encore de la douceur de sa peau, de ses doigts qui glissent sur tes flancs, tout son corps qui faisait trembler le tien, et exploser, et jouir, oui ton corps se rappelle encore de son vis-à-vis que tu serres en cet instant comme si ta vie en dépendait et c'était si, si égoïste de faire ça. Tu fermes les yeux, cases ton nez contre son épaule, inspires. Son odeur. Cigarette, et café froid.

Tu peux rester. C'est ce qu'il te dit ; tu peux rester, ce soir. Te blottir dans ses draps, son odeur, dormir, t'apaiser, te cacher. Surtout te cacher. Te planquer de tout, du monde, de toi-même, de ce qu'il t'est arrivé, des larmes dans ta gorge. Il te cède, encore, accepte, encore, t'a-t-il déjà dit non une fois ? Tu ne t'en souviens pas. Il risque de rentrer tard, qu'il te dit. Tu risques d'être seul longtemps, de tout retourner encore et encore dans ta tête, de te sentir honteux, de fuir, peut-être, sans même lui dire au revoir. Il doit y penser, lui aussi ; tu avais déjà fait le coup, après tout, te rendant encore plus honteux que tu ne l'étais déjà. Non, tu l'attendrais. Au petit matin, tu lui feras un repas, de quoi se restaurer, avant qu'il n'aille dormir, récupérer sa nuit, tu resteras, tu te le promets. Tu ne voulais plus faire les mêmes erreurs – même si ça ne marchait pas, même si tu finissais toujours par foirer quand même, tu devais au moins essayer d'être moins misérable. Tu ne pouvais de toute façon pas rester comme ça, n'est-ce pas ?

Puis il te demande ce qu'il s'est passé, et tes doigts se crispent sur son haut. Ce n'est pas vraiment que tu ne veux pas en parler, mais ça fait mal d'y penser ; ça fait mal de se dire que tu as essayé et que tu as foiré, encore une fois, de faire les choses comme il fallait, d'être normal, un peu, le temps d'une soirée. Et tu dois lui avouer, lui avouer que t'as pas réussi, encore une fois, et c'est compliqué parce que tu as foiré avec lui alors il sait, il sait que ça fait mal, que tu aurais espéré faire mieux ; et n'est-ce pas égoïste, aussi, de lui dire que tu as essayé de voir quelqu'un d'autre que lui ? Tu ne sais pas, tu ne comprends plus grand chose mais ton cœur est encore lourd de tes pleurs alors tu dois parler, tu le sais, il le sait aussi. « J'ai essayé de bien faire » Que tu souffles d'une voix un peu cassée. « J'ai essayé... D'être normal, et heureux, et normal oui, bien, quelqu'un de bien, j'ai essayé de plaire, je crois ? Oui... J'ai essayé de plaire et j'ai juste reçu de l'eau sale sur la tête en réponse. » Et tu te rends compte, en le disant, que c'était bien ça que tu avais essayé de faire ; que même si c'était Lila qui avait payé pour la soirée, que tu n'avais pas été motivé pour y aller, une fois au restaurant, tu avais essayé d'être toi, pas le toi dévasté mais un autre toi, plus joyeux, plus ouvert aussi, un peu dragueur. Mais ça non plus, ça n'avait pas marché. « Je ne sais plus quoi faire... » Que tu avoues dans un murmure. Tu ne sais plus quoi faire pour être comme tout le monde, pour te débarrasser de ton fardeau, pour t'illuminer à nouveau. Il te semblait avoir déjà tout essayé.

Lukas Cutler
pianiste
Lukas Cutler
Messages : 33
Revenir en haut Aller en bas
Ven 8 Juil - 8:29


make me a safe place out of your bed

Il a essayé de bien faire. Il a essayé d'être comme les autres. Il a essayé de bien faire, qu'il te dit.
Ton cœur se serre,
Mots en étau,
Maux en étau.
Il a essayé de bien faire et si tu étais méchant, tu aurais rigolé.
Il n'a jamais essayé de bien faire avec toi, il n’a jamais essayé  d'être bien ni de faire.
Mais tu ne dis rien ; peut-être que c’est bien, peut-être que tu ne devrais pas être jaloux, peut-être que tu devrais le féliciter.
Les mots sont maux dans ta gorge entravée. Barrière de ronces, te voilà à fleur de peau.
Tu voudrais lui dire -il est incapable, incapable de faire bien, incapable d'être normal, incapable d'être comme les autres mais tu ne dis rien.
Tu voudrais lui rendre son éclat terni, celui qui l’a rendu différent des autres. Celui qui t’a fait poser les yeux sur lui. Tu voudrais lui dire : brille.
Brille dans le noir. Brille dans le ciel.
Brille comme une étoile. Brille comme celles que tu jalouses.
Brille et ne dis rien ; il ne peut être comme les autres.
« Tu es mieux que ça. » arrives-tu à dire, peut-être, d'une voix basse, d'une voix réticente, d'une voix qui accepte difficilement qu'il aille voir ailleurs.
Mais c'est toi qui vit dans l'illusion, Leslie. C’est toi qui imagine des choses, toi qui les voit différemment, toi qui pense encore à lui parfois, qui te dis que c'est possible, qui t'imagines que tu pourrais le récupérer.
Il n’y a que toi qui pense qu'on peut réparer les étoiles tombées.
Il a essayé de plaire et tu voudrais qu'il arrête d’essayer de plaire.
Il a essayé et tu voudrais qu'il arrête d'essayer.
Tu sais que ça lui fait du mal -tu ne sais rien. Tu sais qu'il n’y arrive pas -il ne s’en donne pas les moyens. Tu sais que ça le détruit doucement de devoir ou peut-être que c’est ce que tu imagines.
Tu fabules, tu te dis que sans toi, il ne peut rien. Sinon pourquoi est-ce qu'il serait dans tes bras, pourquoi est-ce qu'il serait là, pourquoi est-ce qu'il penserait à toi.
Tu es égoïste, Leslie.
Tu fais du mal, Leslie.
Mais tu souris dans ses cheveux encore mouillés, tu as posé comme un baiser -ceux qui disent que ça va aller, peut-être
.
« Je ne sais pas qui c'était mais ils ne savent pas ce qu'ils ratent. »
Des cris, des secrets, des disputes et des réconciliations, des départs, des retours, parfois des échappées belles et des rigolades et d'autres fois, cette descente aux enfers qui a causé de si nombreuses fois votre perte.
Ils ratent cette relation qui doucement se mord la queue, celle qui tourne en rond, qui s'écroule, s’effondre, celle qu'on essaye de reconstruire sans jamais en trouver tous les morceaux.
Ils ratent l'échec que l’on essaye de transformer en victoire, le plaisir de dire oui quand tout autour de vous crie non.
Ils ratent le courage de tomber, le courage de se briser.
Ils ratent ce que tu as vécu, ce qu'il t’a fait vivre.
Ils ratent un Lukas qui s'émiette.
Mais toi, tu bomberais le torse s'il y avait ces autres ; toi, tu vois tout. Toi, tu vois ses larmes. Tu vois ses faiblesses. Tu vois ses plaies à vif, tu appuies dessus, tu t’amuses presque de ce corps tremblant qui est là. Toi, tu le vois quand il est prêt à tomber, rouler, quand rien ne va, quand il est au plus bas. Tu vois ce qu'il ne montre pas aux autres, ce qu'il n’a montré qu'à toi -tu as encore le privilège de la première fois.
Tu vois son malheur tout autant que son bonheur et avec toi il n’a pas besoin de devenir son reflet dans le miroir - marionnette de ses désirs, illusion de perfection.

« Peut-être qu’essayer, ce n'était pas ce qu'il fallait faire. »
Comme si tu faisais sens.
Comme si tu n'avais jamais essayé.
Comme si tu étais parfait.
« Peut-être que si tu avais été juste toi… » mais tes mots restent en suspens -là comme ça au bord de tes lèvres. S'il n'avait été que lui, c’est ainsi qu'on l'aurait vu et alors tu ne serais plus le seul, alors tu n'aurais plus aucun privilège.
Alors tu ne serais qu'un homme parmi les autres et cette idée t’as faite frissonner.
Hors de question.
Tu soupires.
« Les gens reconnaissent jamais les efforts… » et tu ne doutes pas des siens, et tu ne demandes même pas s'il a fait une bêtise ; tu ne demandes rien, il n’y a rien à demander, « On fait tous des erreurs », tu marmonnes, toi le premier.

Tu as simplement repris Lukas dans tes bras, c’est encore à toi de le réparer.
Tu as simplement repris Lukas dans tes bras et tu as soupiré, lèvres contre son front, lèvres sur sa tempe.
Consolation.
C'est ce que tu es,
Enivrant comme l'alcool qui réconforte.
Tu es un poison.
JUST MAKE ME A SAFE PLACE OUT OF YOUR BED
AND I PROMISE TO FORGET ALL OF THE PLACES WE'VE SLEPT


Leslie Hawkins
animateur radio
Leslie Hawkins
Messages : 54
Revenir en haut Aller en bas
Ven 8 Juil - 18:02


make me a safe place out of your bed
Just make me a safe place out of your bed
And I promise to forget all of the places we've slept
Peut-être étais-tu égoïste.

C'était évident, même. Tu ne pensais qu'à toi ; à chaque fois que tu venais t'échouer ici, tu ne pensais qu'à ce que tu pouvais ressentir, qu'à ce qui secouait ton âme, sans que jamais l'idée que cela fasse du mal à Leslie ne te vienne à l'esprit. Tu lui racontais tes déboires, tes recherches amoureuses comme si il n'était rien, comme si il ne représentait rien. Presque comme si tu venais toquer chez lui pour le narguer. Pour lui montrer; hey tiens regarde, moi je passe à autre chose, moi je vais voir ailleurs, ton amour ne m'importe plus désormais. Tes sentiments, je n'en n'ai plus rien à faire. Si tu m'aimes encore, cela ne rime plus à rien.

C'était faux.
Les autres n'étaient pas lui, et lui était encore partout.
Il était tes rêves et tes cauchemars, il était ta plus forte relation, celle que tu as mené à sa perdition. C'était de ta faute, si il était aujourd'hui partout sauf au creux de tes bras. Parce que tu n'as pas été assez bien. Parce que tu n'as pas été assez normal. Et maintenant, même quand tu essaies de l'être, même quand tu essaies de faire mieux, d'être mieux, d'aimer mieux, ça ne marchait toujours pas. Tu essaies et tu aimerais arrêter d'essayer. Tu aimerais abandonner, baisser les bras. Fais-toi une raison, Lukas, tu ne pourras jamais avoir le cœur qui bat correctement, normalement, sainement. Tu auras toujours ce cliquetis tordu en toi, qui te poussera à sucer l'énergie des autres jusqu'à ce qu'il ne leur reste plus rien.

Tu aimais mal.
Tu étais mal.
Tu devrais arrêter de l'approcher.

Tu profites de sa faiblesse. De ces sentiments ambigus qui restaient entre vous, autour de vous, qui flottait dans l'air et vous enivrait parfois beaucoup trop. Ces sentiments avaient l'odeur de son parfum. Celui que tu sentais avant, le soir, lorsque tu te blottissais au creux de son cou avant qu'il ne parte pour la radio. Celui qui te manquait, parfois, souvent.

Tu es mieux que ça qu'il te dit et un rire amer secoue tes épaules.
A-t-il vu ce que tu lui avais fais ? Ce que tu lui as fait subir, pendant bien trop longtemps déjà ? Peut-être qu'il se cachait encore les yeux, qu'il refusait de voir la vérité. Cette tornade qu'était votre relation, ces vestiges de sentiments, en miettes encore tout autour de vous.
Tu n'étais pas mieux que ça.
Tu étais pire que ça.

Pourquoi tout le monde le voyait sauf lui? Pourquoi ne pouvait-il pas s'éloigner enfin de toi? Se sauver. S'en aller. Pourquoi étais-tu trop faible pour le repousser, aussi? Incapable de ne pas céder à son aveuglement. Cela te faisait tellement plaisir, de te dire qu'à ses yeux, tu n'étais pas un monstre. Qu'à ses yeux, tu existais, tu étais quelqu'un. C'était égoïste, tu le savais. T'es venu dans sa vie, t'as tout envoyé en l'air, et tu ne lui laisses même pas l'occasion de réparer les dégâts, tu restes en territoire conquis.

Ils ne savent pas ce qu'ils ratent. Ils rataient quoi, au juste? Les cris les disputes les cœurs qui s'écorchent les corps qui s'entretuent qui font l'amour puis se brisent et toi, toi, tu ne voulais plus briser. Il n’y avait rien à rater chez toi, rien à ignorer ou aimer ou détester. Parce que tout était déjà vide. Il valait mieux passer son chemin quand on te croisait, avant d'être aspiré par le trou noir de ta poitrine. Comme Leslie. Il n'y avait rien à rater, on y gagnait plus à ne pas être dans ta vie.

Peut-être que tu n'aurais pas dû essayer.
Et cette fois, tu souris, parce que tu es entièrement d'accord. Tu te fais la promesse de ne pas réessayer. C'était trop dur, trop fatiguant, trop blessant, d'essayer. C'était tellement plus simple, de se cacher. Tellement plus simple, de se planquer. Et de ne jamais souhaiter aimer. « Je ne sais plus vraiment être moi… » Souffles-tu, lorsqu'il suggère que tu aurais dû être toi. « Je ne sais même plus si il reste quelque chose de moi. » Ou si tu n'étais plus que larmes et poussière. Une ville en ruines, une âme brisée, un cadavre dont il ne resterait plus que les os.

On fait tous des erreurs, qu'il conclut, et tu te demandes combien tu en feras encore avant de réussir. Avant de devenir fier, de le rendre fier, de te dresser là, en héro. Tu avais l'impression d'accumuler les erreurs, de les collectionner jusqu'à ce qu'elles représentent ta vie entière.
L'une d'elle a probablement été de briser votre couple.
Et la prochaine sera peut-être ce réflexe que tu as lorsque tu sens ses lèvres sur ta tempe.
Celui de lever la tête, de croiser ses pupilles.

Et de fixer sa bouche.

Comme avant.
Lukas Cutler
pianiste
Lukas Cutler
Messages : 33
Revenir en haut Aller en bas
Lun 11 Juil - 16:08


make me a safe place out of your bed

Tu dis des choses.
Tu dis des mots, tu fais du bruit.
Tu aimerais que ça résonne, tu aimerais qu’il t’entende mais si le monde marchait comme tu le désirais, cela se saurait.
Tu fais comme si tu savais, comme si tu le comprenais ; mais est-ce vrai ?
Tu ne sais rien Leslie, tu ne sais plus rien de lui.
Tu ne sais pas ce qui l’a rendu ainsi, tu ne sais pas pourquoi est-ce qu’il pleure dans tes bras, tu ne sais pas pourquoi est-ce qu’il est de nouveau en morceau, tu ne sais pas pas pourquoi est-ce qu’il a essayé, tu ne sais pas et tu ne sais pas si tu veux savoir ; il y a peut-être des choses qui sont mieux en secret bien gardé.

Il ne sait plus vraiment être lui ; il ne sait pas s’il reste quelque chose de lui et le sourire sur ton visage s’efface.
Soi.
Tu te dis que c’est idiot, tu te dis qu’on est jamais vraiment nous, tu te dis aussi que l’on se perd souvent mais peut-être as-tu lu trop de livres et peut-être dis-tu des âneries.
Peut-être qu’ils ne sont pas comme toi, qu’il n’est pas comme toi ; peut-être a-t-il besoin de se rattacher à une image, une impression, une description.
Des mots rassurants.
Tu ne sais pas faire ce genre de choses, toi. Tu ne sais pas dire les choses que les gens veulent entendre, tu devrais pourtant mais ta langue velour ne se fait douce que dans le mensonge.
Tu ne veux pas lui mentir, pas encore.
Tu l’as assez fait, tu as assez joué et tu t’es promis un jour d’infortune que jamais tu ne lui dirais à nouveau de ces choses qui font rêver, à quoi bon ? Il n’y croirait pas.
Tu as envie de lui dire que d’être ici, c’est être lui.
Tu as envie de lui dire que d’exister, c’est être lui.
Il n’y a pas de lui défini, il y a simplement ce qu’il en fait, ce qu’il décide de vivre.
C’est ça “être lui”; mais peux-tu réellement décider à sa place ?  
Tu ne peux plus le prendre par la main et le diriger sur un chemin incertain ; tu ne peux plus rien faire de cet homme parce que tu n’en as pas les droits, parce que tu devrais te retenir, parce que qui es-tu pour lui et qui es-tu pour faire ça ?

Un homme faible. Voilà ce que tu es ; un homme qui ne sait pas résister, qui se laisse aller. Un homme dont le regard se perd, dont les pensées se froissent, dont la vision s’efface. Tu rigolerais presque de toute cette volonté disparu, de ces beaux mots que tu n’écoutes pas et de ces promesses que tu ne tiens pas.
Tu n’es pas capable d’être honnête avec toi-même, comment pourrais-tu l’être avec lui ?
Tu te moques, un peu.
Tu te moques de toi-même et de ces beaux discours que tu fais sans jamais les écouter.
Tu te moques de ta faiblesse face à ces morceaux de passé ; tu aurais voulu les écraser, les éviter, tout envoyer valser. Toi aussi tu aimerais montrer que tu es allé de l’avant, que tu l’as oublié, que tu l’as remplacé mais tu ne peux rien faire de tout ça.
Tu es comme bloqué.
Entité capturée.
Tu te moques de toi parce que tu ne peux pas rire de lui et ça te tue ; comme ses yeux dans les tiens, comme son regard sur ta peau.

Brûlure, caresse, tu voudrais arrêter, être fort, cesser d’être un enfant.
Tu voudrais le monde et tu voudrais les étoiles et tu voudrais tout ce que tu ne peux pas avoir ; n’est-ce pas comme ça que ça marche ?
Tu le voudrais, lui.
Rien qu’un peu.
Rien qu’un de ses morceaux.
Ce soir et peut-être demain et pourquoi pas le jour d’après encore.
Tu désires les impossibles et te voilà prêt à te brûler les ailes ; tu joues, Leslie, tu joues bien trop.
Ou peut-être est-ce lui qui joue avec toi, qui se joue de toi.

Doigts qui glissent, retiens-toi.
Inspire.
Soupire.
Quel homme résiste à la tentation ?
Tu es pêcheur parmi les pêcheurs et personne ne t’accordera miséricorde ; tes ailes ont depuis bien longtemps perdues de leur éclat et tu ne fais que te jeter dans le feu des enfers.
Qui cela intéresse ?
Qui s’occupe de toi, Leslie ?
Au fond, Lukas est le seul. Il est le dernier qui fait encore un peu attention à ta présence, le dernier qui confirme ton existence. Si ce n’était pas pour lui, serais-tu vraiment encore là ? A trainer ta peau au jour le jour, à flinguer ton corps et ton âme comme si ce n’était pas grave.
Peut-être.
Peut-être pas.
Tu serais sûrement ailleurs -et ne serait-ce pas mieux ? Qu’il t’oublie, que tu disparaisses. Peut-être est-ce ce que tu aurais du faire depuis le début ; t’éclipser.
Tu te serais évaporer et peut-être que sa vie irait mieux.
La tienne n’existerait plus.

Tu a posé tes lèvres sur les siennes.
Elles ont le goût amer du regret, le goût salé de ses larmes gaspillées.
Tu as posé tes lèvres sur les siennes comme si demain ne viendrait jamais, comme si vous n’alliez jamais regretter, comme si tu ne l’avais jamais fait.
Tu as posé tes lèvres sur les siennes comme si tu le faisais pour la première fois.
Doucement.
Réconfortant.
Mensonger.
Briser l’échange, c’est un peu comme tomber à la renverse.
Une chute infinie.
Une boucle sans fin.
Tu aurais voulu t’arrêter mais rien ne peut te stopper ; tu as pris son visage entre tes doigts et ce fut doux et ce fut attentionné pendant quelques instants avant que tes lèvres ne reviennent sur les siennes, avant que tu n’oublies toutes tes résolutions, avant que tu ne laisses tomber tous tes remparts.
Tu as abandonné,
Abdiqué,
Perdu.

« Désolé » as-tu soufflé contre ses lèvres.
Tu n’es désolé de rien. Ce qui est fait est fait.
Tu n’es pas très loin de lui, tu n’es jamais très loin de lui et peut-être que tu devrais l’être un peu plus.
Désolé, dis-tu mais tes yeux ne crient que ton envie, ton plaisir, ta satisfaction.
Et peut-être que tu ne t’excuses pas de l’avoir embrassé -à quoi bon.
Peut-être t’excuses-tu de l’avoir laissé tomber,
De l’avoir laissé se casser.
JUST MAKE ME A SAFE PLACE OUT OF YOUR BED
AND I PROMISE TO FORGET ALL OF THE PLACES WE'VE SLEPT


Leslie Hawkins
animateur radio
Leslie Hawkins
Messages : 54
Revenir en haut Aller en bas
Lun 11 Juil - 23:00


make me a safe place out of your bed
Just make me a safe place out of your bed
And I promise to forget all of the places we've slept
Tu es un engrenage enraillé.

Un jour, quelqu’un a glissé un objet, pas plus gros que ton petit doigt, juste entre les deux valves de ton coeur - et depuis, tout va mal. Depuis, tu respires plus correctement, t’es bloqué, tu stagnes Lukas, c’est ça, tu flottes à la surface sans vraiment savoir comment bouger de là, comment refaire fonctionner la machine. Y’a le temps qui passe et toi qui reste là, bien droit, incapable de faire quoi que ce soit. Le passé au creux des rétines, qui se répète en boucle et toi, qui ne fais rien, qui ne sers à rien ; t’as jamais servi à quoi que ce soit, Lukas, même pas à toi-même. T’étais ce meuble mis de côté, poussiéreux, dont on ne voulait pourtant pas se débarrasser mais dont on ne savait pas quoi en faire ; et tu comprends, parce que tu sais pas quoi faire de toi non plus. Dans ton crâne y’a les tic-tac des secondes qui résonnent,
un
deux
trois
quatre
secondes
et déjà, le temps est passé, ton âme a pourrie un peu plus encore, et tu n’as rien fais. Rien dis. Tu devrais faire, tu devrais dire, c’est pas compliqué pourtant ; tu sais comment faire. Tu sais, mais tu ne bouges pas. Tu le regardes et ne penses à rien. A part peut-être à ces lèvres, si proches de toi. A part peut-être à ce regard, si loin de toi. Comment vous en étiez arrivés là ? Et pourquoi reveniez-vous au début ? C’était un cycle dont tu ne pouvais pas sortir ; l’engrenage qui bloquait tout te menait là où tu avais pourtant perdu la première fois. C’était comme une éternelle bataille que tu ne pouvais pas gagner. A chaque fois, tu luttais, de toutes tes forces, de toute ton âme pour écrire une fin différente, mais tu revenais au même point. Toujours. Plongé dans l’océan de tes larmes, et dans la douceur de ses bras.

Et parfois, tu t’en veux.

Tu t’en veux parce que Leslie aussi aurait besoin de tes bras. Tu le sais, tu le vois. Dans son regard qui te fixe un peu trop longuement, dans la cigarette qui se consume au creux de ses doigts, dans ses lèvres qui dessinent des sourires aussi faux que ton être tout entier. Et encore fois, tu aimerais faire tellement ; tu aimerais dire tellement. Leslie, ça va aller. Leslie, regarde-moi, respire, accroche-toi ; tu mérites mieux, tu sais, mieux que la radio à pas d’heures, de la fatigue, de tes épaules déjà trop avachies pour ton âge, t’es grand et t’es merveilleux tu devrais briller - soit mon soleil mon étoile ou même ma lune, je t’offrirais le monde si je le pouvais alors arrête de pleurer, y’a un océan entier dans ta poitrine et si je le pouvais, je boirais tout, je t’assure, je boirais la moindre goutte pour que tu n’ai plus mal, pour que tu n’ai plus peur. T’aimerais lui offrir ta pourriture, même ton engrenage bloqué si il le voulait, si ça lui permettait de se sentir mieux, de ne plus paraître aussi vide et creux quand il regarde par la fenêtre avec sa tasse de café. Mais y’a tout qui tremble quand tu penses à lui comme un château de sable, quand tu avais besoin de lui comme d’un roc. Mais y’a tout qui s’ébranle quand tu te demandes comment tu vas faire si lui tombe, si lui s’effondre, comment tu vas faire si Leslie s’éteint - t’avais besoin de sa lueur dans le noir. T’aimerais lui faire voir, comment son sourire peut briller lorsqu’il le veut. Mais tu sais pas. Tu sais même pas si tu arriverais à le faire sourire, à nouveau.

Et puis tu penses tout ça, tout se bouscule dans ton esprit, les mots hurlent mais ne se font pas entendre, mais tu te rends à peine compte que Leslie se penche. Qu’il happe tes lèvres, naturellement, et que cela ne te surprenait même pas vraiment. Tu le regardais avec tant d’envie, tant d’avidité, tant de supplication dans les pupilles ; et Leslie a toujours été trop gentil avec toi, à céder à tes demandes, même les plus sombres, les plus basses et les plus silencieuses. Tu fermes les yeux et te laisses happer. Tu fermes les yeux et te laisse tomber. Leslie était une lumière et tu étais un trou noir ; pourtant, en cet instant, tu avais l’impression qu’il était celui qui t’aspirait et non l’inverse. Tu sais pas ce que ça va donner. Au fond de toi, ça hurle que tu devrais prendre la fuite, partir, t’en aller, que vous alliez chuter encore, que vous alliez souffrir encore, que les chairs allaient se déchirer et les os se craquer - que ton âme, elle n’allait pas survivre cette fois et t’as envie de répondre -

Vous savez, mon âme elle n’est déjà plus là
Elle est loin
Et lui, il est si près.

Et c’est lorsque tu poses tes doigts sur sa joue, dans le même geste que lui, que tu te rends compte que tu ne regrettes pas. Que tu te rends compte que tu respirais de nouveau, un peu mieux, un peu plus fort, plus amplement, que tu flottes et que tu t’en fiches de flotter encore pendant des années si le courant te menait toujours à lui. Lorsque vous vous reculez et séparez, qu’il s’excuse du bout des lèvres, toi, tu souris et tu caresses sa mâchoire. « Désolé » que tu répètes dans une symétrie parfaite. Parce que tu es fautif, aussi. Parce que tu l’as cherché, aussi. Ses lèvres. Votre destruction. Tout. Que tu étais tempête et qu’il avait un océan en lui, que c’était évident que vous ne feriez pas bon ménage. Et pourtant. Et pourtant - qu’est-ce que tu voudrais recommencer. Te lancer dans une nouvelle folie, avec lui. Couler. Te laisser couler. Boire son océan tout entier, le laisser t’engloutir.

Tu le regardes et tu souris.
Faut croire que tu aimais bien avoir mal.
Qui sait, peut-être qu’à force de te prendre des coups, tes engrenages se remettront à tourner.

« Je ne veux pas partir. Ne me laisse pas repartir » Tu sais pas si tu supplies, si tu le demandes, ou si tu l’ordonnes. Y’a tes bras qui s’enroulent autour de son cou, qui s’accrochent et s’attachent à lui comme des chaînes dont tu n’arrives pas à te défaire. T’aimerais qu’il te porte qu’il te tienne qu’il te crève te noie et te secoue - tu ne sais pas vraiment t’aimerais juste
être là
et qu’il soit là aussi
vraiment présent
pas le fantôme qu’il te laisse entrevoir, parfois, quand il ne fait pas attention
quand son esprit est loin et toi si près et ton cœur qui crie
regarde-moi
regarde-moi
ne me laisse pas partir
regarde-moi
je suis là
je suis là.

Lukas Cutler
pianiste
Lukas Cutler
Messages : 33
Revenir en haut Aller en bas
Dim 17 Juil - 19:12


make me a safe place out of your bed

Peut-être que tu deviens fou.
Peut-être que tu perds la tête.
Mais si ta folie, c’est lui alors jamais tu ne voudras la soigner, alors jamais tu ne voudras la voir s’en aller.
Mais ta folie, c’est lui. Complaisance, tu te noies dans les tourments, complaisance, tu souris entre vos cris.
Désolé, c’est ce qu’il te dit mais tu n’entends pas, tu n’entends plus -tu ne veux plus.
Désolée, désolée, désolée, désolé, les mots se brisent, les lettres se fondent, désolé, ça bourdonne, ça fait battre ton coeur, ça te fait fermer les yeux, désolé qu’il te dit de ses lèvres outrageuses. Désolé.  
Ca tourbillonne, tu te perds. Tu voudrais dire des choses mais c’est là, bloqué dans ta gorge, bloqué dans tes yeux -tu ne peux plus rien dire, tu ne peux plus le voir, c’est brumeux, brouillon.
Un peu comme vous.
Peinture étalée, toiles abandonnées.
Tu voudrais dire quelque chose, arrêter cette folie -votre folie, ta folie. Tu voudrais arrêter tout cela, arrêter le temps peut-être, le remonter, l’ignorer, passer à côté de lui sans sourire, ne jamais le rencontrer, ne jamais le voir, ne jamais faire partie de sa vie -oh que tu voudrais pouvoir arrêter la grande horloge, celle qui fait tourner la terre, celle qui fait se lever le soleil, celle qui doucement t’éloigne encore un peu de lui.

Ne me laisse pas partir.  Et tu penses avoir mal entendu, peut-être est-ce le malaise qui te guette, le bourdonnement de tes oreilles qui ne veut pas se taire.
Peut-être le rêves-tu encore et rien de tout ça n’est réel.
Imagination, torpeur, peut-être qu’il te hante encore.
Ton regard glisse quelques instants sur la table basse -il n’y a rien, tu n’as pas bu, tu es toi.
Et il est là.
A te supplier.
A te dire des choses que tu n’espérais plus.
A te dire des choses qui te font frissonner.
A te dire des choses que jamais tu n’aurais osé espérer.
Rêves, chimères.
Et si Orphée voulait te faire plaisir, peut-être que tu n’aurais jamais eu envie de pleurer et jamais il ne te laisserait marcher sur les ruines de ton passé.

Doucement, avec assurance, tu écrases les fleurs de ton jardin secret, celles que tu avais laissé pousser, celles qui te disaient ça va aller, celles qui montraient que tu t’en sortais.
Tu les piétines, tu les ignores, elles ne comptent plus -à quoi bon le renouveau quand on peut se plaire et se complaire dans le passé, quand on peut reconstruire un vase brisé.
Bancal, dangereux.
C’est un peu ce que vous êtes, ce que vous vivez, vous tanguez sur vos deux pieds.
Et tes bras se sont resserrés autour de son corps.
Tu l’étouffes de ta misère, tu l’étouffe de ton espoir, tu l’étouffes de tout ce que tu tais, de tout ce que tu sais.
Tu viens enfouir ton nez dans sa nuque, tu respires son odeur, tu fais ton chemin sur sa mâchoire, sur sa joue, sur sa tempe, dans ses cheveux.
C’est bien lui, il est là.
Amour onirique, peut-être, une impression, un moment,
Une ébauche.

Il est ta plus belle oeuvre, celle que l’on prend plaisir à détruire.
Tu soupires.
Qui es-tu pour refuser sa demande ? Qui es-tu pour dire non ? Pour qui te prendrais-tu si tu le lâches  maintenant, que serais-tu si tu l’abandonnes ?
Tant pis.
Tu jettes la faute sur les autres -sur le destin, sur ceux qui ne vous veulent pas ensemble, sur les dieux et tout ce en quoi tu ne crois pas.
Peut-être devrais tu commencer à avoir la foi.


JUST MAKE ME A SAFE PLACE OUT OF YOUR BED
AND I PROMISE TO FORGET ALL OF THE PLACES WE'VE SLEPT


Leslie Hawkins
animateur radio
Leslie Hawkins
Messages : 54
Revenir en haut Aller en bas
Dim 17 Juil - 19:16


make me a safe place out of your bed
Just make me a safe place out of your bed
And I promise to forget all of the places we've slept
C’est comme une mauvaise blague qu’on rejouerait en boucle. Les mêmes protagonistes, les mêmes tournures de phrases, la même chute - c’est une bobine de film cassée et le même passage qui se répète, encore et encore, là sous tes paupières. Mais l’illusion est trop belle et trop forte et toi tu n’as rien de beau ni de fort, tu te laisses piéger, bercer par les mêmes images qui reviennent et rayonnent quand toi tu as besoin d’une lumière à laquelle te raccrocher. Tu tombes dans le gouffre qui s’est ouvert sous tes pieds, corps en avant, les lèvres entrouvertes sur un sourire presque conquis. Tu n’as rien de sensationnel, Lukas ; tu n’es pas un acteur de mauvais drama, ce n’est pas un déchirement ni une consécration,
c’est juste vous
et vos corps
qui se retrouvent.

C’est des baisers qui ont l’impression d’une première fois sans en avoir le goût, c’est des doigts fébriles qui frôlent les peaux qu’ils connaissent par coeur, c’est des retrouvailles  qui font trembler les corps d’anticipation. Comment pouvais-tu être fort face à cela ? Et peut-être qu’être faible ou être fort n’avait plus d’importance ; peut-être que tu pouvais juste enfin être toi au creux de ses bras et que tu t’y plonges sans penser au lendemain. Peu importe les conséquences, vous étiez déjà damnés, la malédiction est tombée dès l’instant où vous vous êtes rencontrés. Aimants, magnétisés, vous êtes irrémédiablement attirés, peut-être pour l’éternité.
Ton égoïsme te perdra, Lukas. La gangrène et la moisissure auront raison de toi, un jour viendra, et tu regretteras toutes ces fois où tu t’es laissé chuter alors que tu aurais dû être fort et lutter. Tu t’en rendras compte lorsque Leslie claquera la porte dans ton dos, lorsqu’il parviendra enfin à te dire non, à te dire c’est mal, à te dire nous ne devons pas faire ça - parce que vous ne devez pas faire ça, parce que c’est mal, parce que tu le sais déjà mais tu n’en as que faire, si il fallait brûler tes ailes sous le soleil alors tu le feras, tu mourras. Tu offriras ton corps à ces Dieux qui demandent sacrifice, tu t’étendras au sol, bras en croix, pour te faire pardonner de tous tes péchés. Mais maintenant, tu plonges tête baissée. Yeux fermés. Et à chaque nouveau baiser, tu te promets que tu pourrais tout à fait t’y damner.

Tes bras autour de sa nuque, tu t’accroches et lui demandes de ne pas te laisser partir. Il pourrait, pourtant. T’achever, là, te laisser, te lâcher, il en aurait tous les droits, toutes les raisons du monde, tu l’as pris, déchiré, déchiqueté, tu as profité de sa gentillesse, de son incapacité à te dire non, t’as vu cette lueur désespérée dans son regard et tu en as tiré tous les profits jusqu’à ce qu’il ne lui reste plus rien. Mais tu sais aussi que malgré tout cela, il ne t’en veut pas. Qu’il n’arrivera peut-être même jamais à t’en vouloir. Cruel amant, tu es incapable de te retenir, tu reviens vers lui pour en avoir un peu plus encore, vampire assoiffé d’amour et d’affection. Et ton prénom, litanie macabre sur ses lèvres alors que tu lui tires tout ce qu’il n’a déjà plus, tout ce qu’il a déjà perdu, comme une supplication - devais-tu arrêter ou continuer ?

Devais-tu l’achever ou t’achever ?



Lukas Cutler
pianiste
Lukas Cutler
Messages : 33
Revenir en haut Aller en bas
Mar 19 Juil - 19:29


make me a safe place out of your bed


JUST MAKE ME A SAFE PLACE OUT OF YOUR BED
AND I PROMISE TO FORGET ALL OF THE PLACES WE'VE SLEPT


Leslie Hawkins
animateur radio
Leslie Hawkins
Messages : 54
Revenir en haut Aller en bas
Jeu 21 Juil - 19:53


make me a safe place out of your bed
Just make me a safe place out of your bed
And I promise to forget all of the places we've slept



Lukas Cutler
pianiste
Lukas Cutler
Messages : 33
Revenir en haut Aller en bas
Jeu 21 Juil - 20:02


make me a safe place out of your bed



“Lu…” tu as la voix qui défaille. tu n’es pas capable de lui donner ce qu’il attend, cet amour fictif, celui qu’il te donne du bout des lèvres. et pourtant, tout brûle en toi, ton corps entier brûle pour lui. fièvre sans but, fièvre qui ne part jamais, fièvre qui te pousse à l’irréparable, encore et toujours. “tu… veux que je reste avec toi… ce soir ?” et les autres soirs ? pour combien de temps ? tu n’en as que faire du travail, peut-être même que tu es en retard, déjà.
tu te redresses pour récupérer la dernière cigarette qui trônait, reine de son paquet, sur la table de nuit. allumée entre tes doigts, elle embaume la chambre. égoïste à nouveau, tes poumons détruits, les siens qui t’accompagnes, comme toujours au final. l’un sans l’autre, qu’êtes-vous réellement ?
"Lukas, tu regrettes de m’avoir connu ?” que tu demandes alors soudainement, le reste de larmes au fond de la gorge, les sillons encore présent sur les joues. toi, tu regrettes de l’avoir connu, tu regrettes de l’avoir terni, tu regrettes de l’avoir détruit, tu regrettes de l’avoir fait briller, de l’avoir éteint, lune devant le soleil comme une éclipse soudaine. “Des fois, je regrette.” que tu souffles en même temps que la fumée, que tu souffles sans le regarder.
Tu regrettes car sans toi peut-être aurait-il été heureux mais sans lui, aurais-tu été vivant ?
JUST MAKE ME A SAFE PLACE OUT OF YOUR BED
AND I PROMISE TO FORGET ALL OF THE PLACES WE'VE SLEPT


Leslie Hawkins
animateur radio
Leslie Hawkins
Messages : 54
Revenir en haut Aller en bas
Lun 15 Aoû - 0:52


make me a safe place out of your bed
Just make me a safe place out of your bed
And I promise to forget all of the places we've slept


Tu tournes lentement la tête vers lui lorsqu'il t'appelle. Clignes des yeux pour lui faire comprendre que tu l'écoutes, et que tu es surpris aussi, pourquoi pleurait-il ? Tu ne voulais pas le faire pleurer - tu ne voulais plus, c'était trop. Trop d'émotions d'un coup et tu inspires, bloques ta respiration à sa question. "Ne pleure pas." Tu t'approches de lui, tes doigts passent sur sa joue pour effacer les perles, avant de déposer un baiser sur sa joue gauche - proche du coeur, de son coeur. Que tu aimerais le comprendre, ce coeur, peut-être le tenir entre tes mains, ne plus le laisser s'échapper, s'évaporer. En voir chacune de ses formes, chacune de ses courbes, pouvoir toucher l'aorte, passer ton doigt au travers la couche du myocarde, t'infiltrer dans ses pores, dans sa circulation sanguine, qu'il ne respire plus que par toi. Est-ce mauvais ? Sûrement. Tu es égoïste. Et c'est bien pour ça que tu souffles : "Oui, reste." Alors que tu sais pertinemment qu'il a son travail, qu'il vit de nuit, qu'il devrait t'abandonner sans se retourner.

Il s'allume une cigarette, tu prends une grande inspiration pour inhaler la fumée - tu n'as jamais touché une clope de ta vie, tu n'en as pas envie, mais parfois tu aimerais comprendre ce qui pousse Leslie vers cette petite mort à chaque instant de sa vie. Il te pose une autre question, plus personnelle ; plus métaphorique. Rajoute que parfois, il regrette et la douleur est telle que tu dois fermer les yeux quelques secondes de plus. Tu ne peux que le comprendre, bien entendu. Tu gâches tout ce que tu touches, y compris lui, y compris vous. Tout ce que tu connais, tu le fais partir en cendres en quelques instants seulement. Un feu immense ronge tout sur son passage, un feu qui provient de ton corps, de ton esprit, de ta façon d'être, de vivre. Un feu dont tout le monde a peur, et lorsqu'ils font semblant de s'y accommoder, les gens finissent par en être consumés.

Bien évidemment qu'il regrette.
"Oui, parfois." Parce que s'il ne t'avait pas connu, tu ne l'aurais pas autant blessé. Parce que s'il ne t'avait pas connu, t'es même pas certain qu'il aurait continué à fumer. "Mais..." Parce qu'il y a toujours un mais, parce que tu rajoutes toujours un mais. "La plupart du temps, je suis juste. Heureux." Tu te redresses à ton tour pour t'asseoir, t'approches un peu plus de lui et déposes un baiser sur son épaule. "La plupart du temps, je me dis juste que je suis plus complet avec que sans toi." Et c'était là, la seule vérité à retenir.  

Lukas Cutler
pianiste
Lukas Cutler
Messages : 33
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé
Revenir en haut Aller en bas
Page 1 sur 2Aller à la page : 1, 2  Suivant

Sauter vers :
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
B L O O M into me :: Logements-