les contours de ton corps emportés par la marée
Le crane à moitié tapissé par son épaisse écharpe, il se laisse embarqué par le canidé. Son museau vers le sol blanchâtre furète probablement la trace de ses prédécesseurs. Crocus, il n’a pas vraiment des allures de chasseur. Il se contente de courir un peu partout, meilleur ami du baroudeur. Bien qu’il ne passe pas tous les portiques : c’est une graine de voyageur.
Quelques fois, il se roule dans les flocons, fardeau ou cadeau de la saison. Il trempe le harnais que le cinématographe a empalé contre sa fourrure protéger des potentielles gelures. C’est qu’il caille, il a sorti sa meilleure parka le garçon en quête d’un court séjour dans un parc à quelques rues de son habitation.
- Crocus, doucement….
Et bien qu’il le dise, Nolan n’y croit pas vraiment. Il se laisse emporté volontairement : il n’est un jeune homme qui survit en errant. Alors qu’il commence à s’installer à côté d’un banc pour refaire son lacet, il est perturbé par quelques aboiements. Il lève la tête alors que Crocus répond à son tour avec quelques jappements.
- Salut ! Moi c’est Nolan et celui qui répond c’est juste Crocus.
Il ne voit pas grand-chose dans la pénombre mais finit par se redresser le lacet doublement noué. Il attend que la lumière cogne contre le visage de l’inconnue : son visage lui dit quelque chose, mais le garçon se dit qu’il a vu tellement de personnes dans ce petit univers, qu’elle ne doit être que doublon similaire.
- Crocus, oh c’est une crème ! Il ferait pas de mal à une mouche… Peut-être à quelques paires de chaussures probablement.
Crocus, il porte un nom de végétal, mais il est tout sauf végétatif. Croqueur de souliers, il est un chenapan trop vif. Le garçon se baisse tranquillement pour lui donner quelques caresses et le faire rouler contre le sol pour choyer sa poitrine avec quelques gestes d'affection. Il leva les yeux après la remarque de la petite brunette avant de subir l’illumination : drôle de prophète. S'il se met à clamer la stupéfaction, Crocus calque dans l'aboiement l'ovation.
- AH MAIS OUI. A PEKIN.
Le visage se décompose ébaudi dans la surprise. S’il ne l’avait pas reconnue, l’idée de l’avoir déjà croisée n’est plus que parcelle de mémoire exquise. La joie s’accroche aux lippes, alors que les rires remontent le long de sa trachée : ils s’agrippent.
- C’est fou ! Que le monde est petit ! Comment ça va ?! Ne me dis rien, t’es encore un voyage je suis sûr !
Il garde le bras s’adressant à son portrait, il pointe du doigt l’inconnue, comme s’il la connaissait depuis toujours, depuis de longues années. Pourtant Nolan, il ne l’a vue qu’une seule fois, au détour d’un festival à l’étranger : au-delà du pays des kiwis. Nolan, ça l’amuse : les hasard des la vie. Les sourcils haussés, son regard pétille, explose en feux d’artifice : il la considère déjà comme une semblable, il considère déjà qu’ils ont le même vice. Est-elle une âme qui suit les continents comme une bouée gonflable, portée par le vent, portée par les flots, guidée par le renouveau ?