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FORUM FERMEdéfinitivement. merci pour les souvenirs !

l'amour fleurit et flétrit, il est comme une fleur qui passe et trépasse avec le temps.
l'amour ne dure qu'un instant, qu'un moment ; c'est ce qu'on dit, qu'il est éphémère, comme la vie, comme la pluie.
et pourtant, malgré ce moment si court durant lequel on aime, cela peut suffire à tuer ; et ça vous rend malade, d'aimer sans être aimé en retour, et ça vous tue le coeur et l'âme - littéralement.
vous avez envie de vous échapper, d'arrêter ça, et c'est votre poitrine qui se gonfle, vos poumons qui s'emplissent ; et vous toussez, encore et encore.
et ce sont des pétales de fleurs qui tombent lourdement sur le sol pâle.
auckland. juillet 2023, hiver.
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Table 3 - Dana Teariki et Naoki Fujitaka [Terminé]

 :: Salle des fêtes :: [EVENT 02/2022] St Valentin Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas
Jeu 17 Fév - 21:55
Peut-être aurait-il dû se faire violence pour accompagner Leina lorsque le temps était venu de retourner faire les courses. Le souvenir de sa dernière virée similaire avec la jeune femme était encore frais. Malgré tout, peut-être aurait-il dû passer outre et se proposer au lieu de Jupiter vers qui leur colocataire féminine s'était tournée, en désespoir de cause. Il aurait dû savoir que laisser ces deux-là ensemble ne pouvait aboutir qu'à une catastrophe. Que le mauvais pressentiment qui accompagna le départ du duo infernal n'était pas qu'une impression que l'on pouvait ignorer à sa guise. Et cela se confirma que le japonais aperçut le grand sourire de Jupiter tandis que ce dernier lui tendait une petite enveloppe rose bonbon.

Une invitation ? A un speed dating ? Naoki n'en croyait pas ses yeux. En guise d'excuses, l'autre lui expliqua que Leina et lui les avaient tous inscrits à ce qu'ils pensaient être une loterie organisée à l'approche de la Saint Valentin. Contre toutes attentes, l'entreprise s'était révélée être un événement préparé par la municipalité, pour se jouer des participants en les conviant à rencontrer le grand Amour. Interdit devant les gloussements et autres sons épouvantables émis par ses colocataires à l'idée de prendre part à l'événement, le japonais baissa de nouveau les yeux en direction de la petite carte extraite de l'enveloppe. Un seul et unique indice pour l'aider dans ses recherches : une boîte de chocolats. Non vraiment, il ne laisserait plus Leina et Jupiter faire les courses seuls. C'était définitivement une bien mauvaise idée.

Le jour J, les trois compères prirent ensemble la direction de la salle des fêtes où devait se dérouler l'événement en question. L'endroit n'était pas sans rappeler le bal masqué d'Halloween, avec son cortège de mésaventures et émotions. Une soirée riche en rebondissements, qui n'étaient pas pour plaire à tout le monde. Voir autant de monde rassemblé rendit nerveux Naoki. Non pas qu'il fasse de l'ochlophobie mais le japonais préférait sa tranquillité. D'autant plus que nul n'était masqué aujourd'hui, pas question donc de profiter d'un semblant d'anonymat pour faire dans l'extraversion l'espace d'une soirée. En voyant les tables ainsi disposées un peu partout dans l'immense pièce, Naoki ne mit pas longtemps à comprendre ce que signifiait le chiffre qui avait accompagné la petite description des attentes de son ou sa partenaire du jour : 3.

S'éloignant du duo, les yeux en quête du fameux chiffre, le japonais passa en revue les différentes tables. Il ne tarda pas à découvrir la sienne, se figeant sur place. Personne à l'horizon. Serait-il le premier arrivé ? Ou bien l'autre personne avait décliné l'invitation ? En son for intérieur, Naoki ne savait pas ce qu'il y avait de pire entre passer ce speed dating improvisé avec un parfait inconnu ou finir seul l'événement. Du coin de l’œil, il observait les binômes se former ci et là. Si la surprise naissait sur certains visages, d'autres paires semblaient fonctionner à merveille. Lui-même se tenait suffisamment à l'écart de la table 3, comme pour éviter qu'on ne l'associe à celle-ci. Reportant son attention sur le meuble en question, le japonais soupira.

Avec un peu de chance, personne ne se présenterait. Peut-être se prendrait-il le râteau de son existence. Peut-être inspirerait-il la pitié ou l'amusement. Mais au moins, ni Leina, ni Jupiter ne le forcerait à retenter l'expérience par la suite. N'est-ce pas ? Serrant doucement sa prise sur la boîte de chocolats qu'il avait achetée dans les jours précédents l'événement, Naoki se résolut à combler la distance entre lui et la table. Sa main libre se tendit en direction de l'une des chaises, la tirant en arrière afin d'y prendre place. Curieusement, le raclement de la chaise lui parut dédoublé et en relevant la tête, il aperçut une silhouette en face de lui. Alors comme ça, ils avaient eu la même idée, agissant de concert sans même le remarquer.

« Ah, euh, bonjour. » s'empressa-t-il de saluer l'inconnue. « Vous... Vous êtes aussi à la table 3 ? »

Sous l'effet de la surprise, les mots étaient sortis, presque naturellement. Tout en écoutant la réponse de son interlocutrice, le japonais en profita pour la détailler. La première chose qui le frappe fut son regard. De jolis yeux en amande, d'une couleur qu'il n'avait jamais encore eu l'occasion de voir chez une personne. Portait-elle des lentilles ? La question lui traversa l'esprit mais il se retint de justesse de la poser. Ce ne serait certainement pas poli. Et encore moins une bonne approche pour un speed dating... Qui sait, peut-être que la jeune femme attendait beaucoup de cette rencontre ? Il ne voulait pas la décevoir ou la blesser.

« Je vous en prie, installez vous. » ajouta-t-il maladroitement, voyant que son intervention les avait stoppés net dans leur mouvement.

Autour d'eux, les tables trouvaient leurs participants. Tout le monde semblait plus ou moins décidés à jouer le jeu. Est-ce que certains reconnaissaient un visage familier ? Comment autant d'inconnus pouvaient-ils trouver un quelconque intérêt à ce genre de jeu ?

« Je m'appelle Naoki Fujitaka. Et vous ? »

Autant démarrer la conversation par un sujet qu'il maîtrisait. Les ennuis viendraient bien assez vite.
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Sam 19 Fév - 14:24
Une lettre. Voilà ce que tu as reçu. Tu as vu que ça venait de l'événement de la Saint-Valentin. La fameuse loterie à laquelle tu t'es inscrite sans trop réfléchir. La loterie s'est transformée en speed-dating ? En soirée organisée par la municipalité ? Il y a encore quelques mois, ta réaction aurait été différente. Tu n'aurais même pas répondu ou tu aurais oublié d'y aller ayant des choses bien plus importantes en tête. Mais aujourd'hui, tout est différent et tu te retrouves seule pour la première fois de ta vie. Ce n'est pas simple de se rendre compte qu'en entrant dans la vie active, tu as fini par laisser tous tes amis derrière toi. Alors tu as cherché un peu de fantaisie avec une simple pensée : pourquoi pas ?

Il y a la date du rendez-vous et on demande aux invités d'apporter un petit quelque chose pour votre Valentin secret. Ou Valentine d'ailleurs. Les deux te conviennent, tu ne serais pas dérangée par ça. C'est l'amitié qui t'intéresse, l'amour, tu n'as jamais été prête pour cela et il est devenu mortel avec cette bien étrange maladie. Tu as été épargné par celle-ci, tu ne connais personne qui y a été vraiment mêlé et tu as beaucoup de questions sur ce sujet délicat. Tu as même un bonus sur la carte : ce que ton partenaire à noter dans ce qu'il aimerait gagner. Du chocolat. Au matcha. Au matcha vraiment ? Ce n'était pas courant. Tu ne savais pas où tu pourrais trouver ça mais tu as un petit sourire au coin des lèvres. Toi aussi tu as noté que tu voulais une simple boîte de chocolat. En faisant quelques recherches sur internet, tu as fini par te procurer de quoi cuisiner toi-même des chocolats au matcha.

Les chocolats faits, tu as trouvé une boîte en carton rouge que tu as ornée d'un ruban et tu as placé les chocolats sur du papier cuisson. Le cadeau : c'est fait ! Maintenant, il fallait te mettre sur ton 31. Voilà une chose que tu n'as pas faite depuis un sacré bout de temps. En mettant ton nez dans ta garde-robe, tu as pu retrouver des robes et des jupes que tu n'as plus remis depuis des années. En essayant la première, tu te rends compte d'à quel point ton corps a changé. Est-ce le chagrin que tu gardes en toi qui commence à te grignoter ? Tes joues sont creusées, ton ventre n'a jamais été aussi plat et tes côtes presque visibles te mettent mal à l'aise. Tes cuisses sont fines et musclées mais tu as perdu des fesses et même… de la poitrine. Tu ne t'en es pas rendu compte avec tes soutien-gorges de sport. Mais il faut vraiment que tu te reprennes en main.

Tu fais alors le test ultime : ta robe du bal de promo. Tu étais si fine à tes seize ans. Voilà. Tu rentres dedans. Alors ça fera l'affaire. Une robe noire à bretelle, avec un col qui baille sur la poitrine et des motifs argentés par-dessus. Un collant, des bottines à talons remplacent tes éternelles baskets. Des créoles à tes oreilles. Tes cheveux sont moins volumineux que d'habitude aussi alors pour ne pas trop y penser, tu les rassemble en un chignon haut dont certaines mèches ressortent, toujours rebelles. Tu finis par remettre la main sur une trousse de maquillage. Un rouge à lèvres chaud avec du mascara et tu es transformée. Qui pourrait passer à côté de toi ce soir ? Tu sais malheureusement que tu auras du mal à sourire. Que tu ne seras pas à l'aise. Mais tu te plais. C'est un bon début, non ?

■■■

Tu as peut-être mis un peu plus de temps que prévu pour te préparer. Tu n'es pas la première, il y a déjà du monde. Tu tiens ta boite de chocolat à la main, ton sac pendant sur ton coude, ton manteau ouvert alors que tu cherches la place qui t'est réservée. La numéro 3. Il n'aura pas fallu beaucoup de temps avant de rejoindre celui qui allait être ton valentin pour ce soir. D'un bel unisson, vous avez saisi vos chaises en même temps. Tu tournes la tête vers lui, intrigué par ses cheveux verts et ses traits fins. Son regard fuyant est d'un noir profond, sa peau clair et en dehors de ses cheveux, son look n'est pas tape à l'oeil. Après, tu n'y connais pas grand chose en mode. Et tu n'as pas d'à priori là-dessus. Il prend la parole le premier. Tu acquiesces à sa question. « Bonjour ! Oui, c'est bien celle que je cherchais… » Tu es un peu figée, médusée. C'est vraiment une sensation étrange de s'être apprêté pour un inconnu. Il interrompt le silence en te demandant de t'installer. Et tu trouves sa réaction très galante.

Tu poses les chocolats sur la table, tu prends le temps de retirer ton manteau, dévoilant tes bras nus dans un frisson et ton sac se pose à tes pieds. Tes ongles sont coupés courts, tu n'as pas pu tout faire non plus. On ne passe pas d'une sportive accomplie à une fashionista aussi facilement. Il se présente et sa voix coule sur un prénom exotique qui chante dans tes oreilles. Il est tellement poli. C'est plutôt rare de nos jours. « Dana Teariki. Mais appelez-moi Dana. » Il te regarde à peine dans les yeux. Il n'a pas l'air à son aise non plus. Tu es obligée de rebondir sur ce que tu as entendu. « C'est vraiment… un drôle d'événement, vous ne trouvez pas ? Il y a tant de monde… Les loteries de  Saint-Valentin ont du succès semble-t-il. » Faire la conversation, rester poli. Afficher un sourire de façade. Tout ça, tu maîtrises. Tu tentes de briser un peu la glace en poussant ton cadeau dans sa direction.

« Des chocolats. Au matcha. Je les ai fait moi-même, j'espère qu'ils seront mangeables. A priori, je n'y ai mis que des bonnes choses. » Tu pinces tes lèvres légèrement dans un sourire amusé, guettant sa réaction. « Êtes-vous japonais ? Entre le matcha et votre nom, il m'a semblé retrouver cette culture. Je travaille dans le tourisme, ça doit aider un peu. » Tu es bien bavarde Dana. Tu ne sembles pas du tout avoir froid dans ta robe noir et argenté. Tu viens poser tes coudes sur la table, tu es penchée vers l'avant, ton menton posé sur tes mains, prête à l'écouter. Un homme d'une autre culture, c'est toujours intéressant ? Peut-être aime-t-il voyager ? Ou est-il ici depuis longtemps ? Tu veux faire disparaitre sa gêne et le faire se sentir plus à l'aise. C'est une chose facile pour toi : tu aimes prendre soin d'autrui.
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Dim 20 Fév - 10:24
Sa partenaire pour la soirée avait mis la barre très haut. Et cela se confirma quand elle ôta finalement son manteau, dévoilant une tenue des plus élégantes. Si le japonais lui-même avait volontairement fait un effort de son côté, troquant ses T-shirts geek pour la neutralité du blanc, dont la teinte se trouvait seulement rehaussée par une veste bleue marine, longue elle aussi et aux manches tombantes idéale pour cacher son tatouage fleuri, le tout surmontant un simple jeans, dévoilant un look décontracté mais sans plus, force était de reconnaître que la jeune femme était séduisante. Maintenant que les uns et les autres se découvraient, Naoki réalisait que certains avaient fait le choix de la séduction pour ce speed dating. Espéraient-ils à ce point trouver l'amour en sachant que celui-ci pouvait s'avérer mortel lorsque non réciproque ? La voix de son interlocutrice le tira de ses pensées.

« C'est un joli prénom. »

Et il le pensait très sincèrement, bien que les mots résonnèrent de manière fausse à ses oreilles. Combien de fois Dana se l'était-elle entendu dire ? Combien de tentatives de drague avaient-elles démarré de la sorte ? Réfléchis Naoki, tu peux faire mieux ! Tu le dois ! Pour autant, ce fut la jeune femme qui relance la conversation la première, visiblement la plus à l'aise des deux à cet instant. Dans les apparences en tout cas. Le japonais était bien loin d'imaginer qu'elle était en vérité aussi mal à l'aise que lui à cette rencontre. Mais il se résolut à ne pas la laisser mener ces efforts toute seule.

« En effet... Je ne pensais pas que l'on serait aussi nombreux à vrai dire. Rien ne laissait prévoir un speed dating à l'issue de la loterie de ce que j'ai compris. »

Et même si cela avait été le cas, est-ce que ça aurait décourager Leina et Jupiter de les inscrire tous les trois en connaissance de cause ? Bien sûr que non. Ceux et celles qui se trouvaient là s'étaient inscrites en pensant espérer gagner un lot. Qui aurait pu prévoir que la municipalité se jouerait d'eux une nouvelle fois et que le lot en question serait une personne ?

« Dire qu'autant de personnes sont à la recherche de l'amour tout en sachant les conséquences qu'il peut avoir... »

Ah. Voilà qu'il avait trop parlé. Ils venaient tout juste de se rencontrer et de commencer à discuter, le japonais ne voulait pas casser l'ambiance de la sorte. Encore moins si son interlocutrice faisait partie de ceux espérant trouver l'amour ce soir. Du coin de l'oeil, Naoki perçut le mouvement dans sa direction et ses yeux s'élargirent en découvrant la boîte de chocolats. Encore davantage quand Dana lui affirma les avoir préparés elle-même.

« C'est... C'est vous qui les avez faits ? Au matcha vous dites ? »

Son regard allait de la boîte en carton rouge au visage de la jeune femme. Il ne savait pas quoi dire, traversé d'émotions contradictoires. Avec l'annonce du speed dating, il ne s'attendait pas vraiment à voir ses attentes exaucées. Un petit geste aurait suffi.

« Je... C'est très gentil de votre part, de vous être donné autant de peine, merci... J'ai un peu honte de vous offrir mon cadeau à présent. » Joignant le geste à la parole, il lui présenta à son tour la boîte de chocolats, de manière très solennelle, emballé à la japonaise. « Je suis désolé, ceux-là ne sont pas faits maison. Je ne cuisine pas trop de sucré à vrai dire. Mais si vous me dites quel est votre plat préféré, je pourrais vous le cuisiner à l'occasion. »

Sans même noter l'invitation discrète à se revoir glissée au travers de ses propos, le japonais hocha la tête à la question de Dana.

« Je, oui. Je suis arrivé il y a quelques mois maintenant. Pour le travail. » précisa-t-il rapidement pour ne pas entrer dans les détails.

Ainsi, Dana travaillait dans le tourisme ? Cela expliquait son aisance à faire la conversation pour deux...

« Vous devez en rencontrer des personnes avec votre métier... Que faites-vous  exactement ? Êtes-vous de la région ? »

Le domaine du tourisme offrait un certain nombre d'emplois possibles et imaginables. Du billettiste aérien au guide local.

« Voulez-vous que j'aille nous chercher des boissons ? » demanda-t-il soudain, comme pour esquiver que la jeune femme ne lui retourne la question concernant sa profession.
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Dim 20 Fév - 19:29
Un compliment glissé sur ton prénom. Galant, respectueux et maintenant un mot qui fait plaisir, tu es de plus en plus sûr que tu vas passer un agréable moment à la table 3. Il est élégant dans sa veste bleue et tu as pu apercevoir un tee-shirt et un jean pour créer un peu de contraste. Tu as du mal à lui donner un âge. Peut-être le même que le tien c'est difficile à dire. Rien ne laissait paraître que ça allait se transformer en étrange bal de Saint Valentin. Sa remarque sur le fait que les gens cherchent l'amour en s'exposant à des risques assombrit quelque peu la conversation. Tu ne peux pas passer à côté de ça. Bien que tu veuilles éviter de mettre les pieds dans le plat, tu gardes ce qu'il a dit dans un coin de ton esprit pour rebondir dessus plus tard. Tu as préféré faire glisser ton cadeau vers lui, pour se diriger vers une note plus légère.

Il a l'air vraiment touché et surpris à la fois. Tu ne peux t'empêcher d'esquisser un léger sourire quand son regard passe de la boîte à ton visage. Il a honte de ses chocolats désormais. Ah non non non ! Ce n'était pas du tout l'effet escompté ! Tu reçois entre tes mains une jolie boîte qu'il te donne d'une manière un peu cérémonieuse. « C'est parfait ! Ne vous inquiétez pas ! Les chocolats classiques me vont très bien ! C'est moi qui me suis emportée... Merci beaucoup pour ce cadeau. » Tu te retrouves soudainement un peu honteuse. Tu en as trop fait ? A force de rester dans ton coin, tu as perdu les codes. Au boulot, tu emmènes parfois des plats maison pour les partager car tu sais que ça fait plaisir. Cela fait juste partie de tes habitudes, partie de toi. Mais le dénommé Naoki te fait alors une proposition surprenante. « Mon plat préféré ? »

Te le cuisiner ? Tes yeux s'ouvrent grands sous la surprise. Voilà une proposition qui te touche en plein cœur. « Ce serait vraiment gentil... A l'occasion alors. » Tu réponds dans un murmure. Est-ce une véritable promesse ? Ou juste de la politesse ? Impossible à dire encore et tu l'écoutes te révéler qu'il est bien japonais et en Nouvelle-Zélande depuis quelques mois. "Oh c'est formidable. Bienvenue dans ce beau pays." Il précise que c'est pour le travail mais ne s'attarde pas dessus. Il préfère te questionner sur le tien. Si tu rencontres des gens ? D'où viens-tu Dana ? « En fait... Je suis née à Tahiti. Ma mère vient de là-bas. Mais j'ai toujours vécu ici. Ce pays est le mien. Et je suis monitrice de plongée. » Tu observes sa réaction. Tu n'as pas l'habitude de parler de ton métier mais tu sais qu'il est plutôt atypique.

« Donc oui, je rencontre beaucoup de monde, mais cela ne dure qu'une heure à peine. Le temps d'ajuster la combinaison, de les rassurer et de faire le grand plongeon. Une fois sous l'eau, il n'y a plus que la beauté de l'océan à leurs yeux. Moi je ne suis là que pour les épauler au cours de cette rencontre. » Et ils ne s'attardent pas sur toi. Mais ça, tu le sais, tu le fais un peu exprès d'ailleurs avec ton air hautain. Tu as toujours détesté les dragueurs et tu ne laisses la chance à personne de te parler quand tu es en train de travailler. De toute façon, sous l'eau, ce n'est pas très pratique. Mais alors que tu allais lui retourner la question, il se propose d'aller vous chercher des boissons. « Oui avec plaisir. Sans alcool pour moi. » Tu le laisses s'éloigner et tu prends le temps de regarder ce qui se passe autour de toi. Il y a des rires, des conversations, les langues se délient et tout ce beau monde à l'air de passer un bon moment. C'est agréable.

Ça le serait sûrement plus s'il n'y avait pas cette mystérieuse maladie. Hanahaki. Les touristes en parlent parfois. Tu as bien rembarré un homme l'autre jour qui prétendait l'éprouver pour ton joli minois. Aucune fleur ne sortait de sa bouche. Une plaisanterie de mauvais goût. Quand il revient, tu le remercies en avançant ton verre pour trinquer. « A cette drôle de rencontre ? » Et après avoir bu une gorgée, tu baisses les yeux, mordant ta lèvre, cherchant les mots. « Dis-moi Naoki. Je peux t'appeler Naoki ? Tu t'étonnais tout à l'heure du nombre de personnes qui sont venues, malgré les conséquences...» Tu reposes ton verre avec un air sérieux. Tu trouves toi aussi cela particulièrement dangereux. « Je dois dire que j'ai eu beaucoup de chance. Je ne connais personne qui a été en contact avec ce phénomène. Les touristes en parlent parfois mais ils font un baptême de plongée pour échapper à leur quotidien plus qu'autre chose… »

Tu te penches un peu sur la table avec un air de confidence. « Venir ici était un risque à prendre, je suis d'accord. Mais pour ma défense, je n'ai rencontré personne depuis très longtemps. Et je n'avais pas envie de déposer mes chocolats sans te parler un peu après. C'est humain non ? »  La glace commençait à fondre entre vous mais tu es peut-être en train de la remettre en place en voulant parler de ce sujet épineux. « Que penses-tu de tout ça ? Tu es là toi aussi. On t'aurait forcé à venir peut-être ? » Tu ne fais que supposer et ton ton est léger. Tu n'as surtout pas envie de le brusquer mais tu as senti que le sujet était sensible. Tu le manies donc avec toutes les précautions qui s'imposent. Après tout, serais-tu prête à cracher des fleurs Dana ? L'amour ne t'intéresse pas plus maintenant qu'hier. Mais la question mérite d'être posée.
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Lun 21 Fév - 22:42
La maladresse fut aussitôt oubliée au travers de la promesse d'un bon repas et la conversation s'orienta très vite sur des sujets plus banaux à l'oreille : origines, profession... Le genre d'informations que l'on s'échangeait lors de speed datings afin d'apprendre à mieux connaître son partenaire. Pour avoir lui-même pris part à quelques uns de ces rendez-vous arrangés, plus vous faire plaisir à ses amis que plaire à ces dames, Naoki savait basiquement à quoi s'en tenir. A la seule différence que les Gôkon* se déroulaient en groupe, pour éviter le malaise d'avoir à échanger en tête à tête avec un parfait inconnu. Une manière de se rassurer, de gagner en confiance pour oser faire le premier pas. En face de Dana, c'était une toute autre histoire. Heureusement, la jeune femme ne semblait pas avoir sa langue dans sa poche et le japonais écarquilla les yeux en apprenant qu'elle était monitrice de plongée.

« Monitrice ? A votre âge ? C'est rare... »

Maintenant qu'il y repensait, il ne connaissait même pas son âge.

« Enfin, je veux dire... Pardon, c'était maladroit de ma part. Mais je comprends que vous ayez décidé de faire de la plongée votre métier. L'endroit semble idéal pour ça. Ça me rappelle Okinawa. »

L'archipel au sud du Japon étant lui-même réputé pour ses spots de plongée, il était fort probable que Dana ait déjà eu des plongeurs japonais. Peut-être que le nom lui était familier. Autant pour éviter de s'enfoncer davantage face à la jeune femme que pour empêcher cette dernière de lui retourner la question comme la politesse l'exigeait, Naoki trouva l'excuse des boissons très appropriée à la situation. Sitôt que la réponse de son interlocutrice lui parvint, le japonais s'éclipsa en direction du buffet pour faire son choix parmi les nombreux verres remplis à l'attention des participants. Après s'être saisi de deux verres d'un jus plutôt coloré, il revint sur ses pas, tendant l'un deux à la jeune femme.

« A cette drôle de rencontre. » répéta-t-il en souriant tandis qu'ils trinquaient.

L'arrivée soudaine du tutoiement dans la bouche de Dana le surprit. Pour une raison qui lui échappait, les personnes d'ici recouraient facilement à celui-ci passées quelques minutes de conversation. Le souvenir de Philip flotta devant ses yeux. Était-ce parce qu'ils avaient probablement le même âge que la transition se faisait plus naturellement ? Quoiqu'il en soit, son interlocutrice réussit à obtenir toute son attention en une fraction de secondes. Le japonais hocha lentement la tête à sa question rhétorique avant que les mots qui suivirent ne le fasse se raidir. Naoki sentit sa gorge s'assécher à mesure que les mots de la jeune femme lui parvenaient. Il dut se faire violence pour ne pas vider son verre d'une traite.

« Je suis désolé Dana, je n'avais pas l'intention de vous- te blesser en disant ça... »

Oui, c'était humain. Elle avait tout à fait raison. Tout comme elle était dans son droit d'attendre plus de ce genre d'événement. Et par ses mots, le japonais réalisa qu'il avait pu se montrer méprisant sans le vouloir.

« Je n'étais pas au courant pour la loterie, ce sont mes colocataires qui m'ont inscrit sans me le dire. Mais ça aurait été impoli de ne pas venir alors... »

Alors quoi ? Venir pour ne pas blesser la personne ? N'était-ce pas pire de le présenter ainsi ? La tentation de se réduire au silence en vidant son verre se fit plus forte encore.

« Je ne suis pas en train de dire que je regrette d'être ici ! Tu es une personne charmante Dana. Vraiment, je le pense ! »

Mais. Parce qu'il y avait toujours un mais. Inconsciemment, le japonais baissa les yeux en direction de son poignet gauche, en dessous duquel se trouvait caché le tatouage.

« Mais je sais les ravages que peut causer cette maladie. Je ne veux plus que quelqu'un souffre à cause de moi. Je... Je ne comprends pas que l'on puisse prendre le risque de causer la mort d'une personne aussi facilement. Je trouve ça inconscient et égoïste. »

Voilà qui risquaient de réduire à néant les espoirs de la jeune femme, si tentée que cette dernière en ait eu en arrivant à la salle des fêtes. Ou même avant cela, au moment de s'inscrire à la loterie comme tant d'autres personnes avant elle, célibataires ou non. Dana la première avouait que cela faisait longtemps qu'elle n'avait eu personne dans sa vie et que ce speed dating improvisé était peut-être l'occasion pour elle de changer la donne.

« Je suis désolé que tu sois tombée sur moi. »

Et il le pensait. Après ce qu'il venait de lui, ses maladresses répétées, sa peur d'envisager quoique ce soit. Réalisant qu'il fixait son poignet depuis plusieurs secondes, Naoki reporta son attention sur son verre, posé devant lui, incapable de regarder son interlocutrice en face. Dire qu'elle était la première à qui il confiait cela.

« Pourquoi es-tu venue ce soir ? » finit-il par demander du bout des lèvres, comme incertain de vouloir entendre la réponse.
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Mar 22 Fév - 10:30
La réaction de Naoki est amusante. A ton âge ? Ça doit être à cause de l'effet "robe de lycéenne" que tu as ressorti de ton placard. Ton métier n'est pas répandu c'est vrai, mais pas plus ou pas moins qu'un autre ? Tu penches ta tête que le côté, un peu surprise, cherchant un sourire pour effacer les doutes qui naissent dans ta gorge. Il se reprend et s'excuse de sa maladresse. Il évoque Okinawa et tu acquiesces. Bien sûr que tu connais ce spot de plongée. On te le vend souvent. Tu aimerais y faire un tour un jour. Voyager a longtemps été un rêve inatteignable à cause de la maladie de ton père et de tous les efforts que tu fournissais pour rester à prendre soin de lui. Désormais, c'est possible. Tu ranges cette affirmation dans un coin de ton esprit en levant ton verre.

Ta remarque semble plus piquante que prévu. Ça t'arrive tout le temps. Tu es trop franche, trop directe. Les gens finissent souvent par t'en vouloir alors que tu as simplement dit une vérité sans y avoir mis les formes. Tu observes qu'il a du mal à passer au tutoiement et encore une fois, il s'excuse. Tes cils battent vite, tu es prise au dépourvu. Il a l'air si triste tout à coup. Le japonais vient expliquer que ces colocataires l'ont inscrit et qu'il ne voulait pas laisser son partenaire de rencontre, ça aurait été impoli. Tu n'y avais pas pensé et tu l'écoutes attentivement en intégrant son point de vue. Il ne veut pas décevoir les gens. C'est prévenant. Mais il ne fait plus que s'excuser et tu te tends au fur et à mesure que tu l'entends se confondre en excuse.

« Tu ne me blesses pas du tout. Merci de me donner ton point de vue Naoki. C'est génial que tu sois venu ce soir. Tu es une personne très charmante toi aussi. » Tu le penses véritablement. Il a le courage de dire ce qu'il pense vraiment par la suite. Tu peux sentir une souffrance immense l'écraser. Transparaître à travers lui dans ses paroles. Quelle idée d'être aussi empathique. Il regarde parfois son poignet qui est caché par ses manches longues.

Alors.





Tu comprends.

Quand il s'excuse encore, tu as envie de le gifler. De le faire réagir. Comment peut-il s'excuser ainsi ? Tout le temps ? Alors qu'il fait de son mieux et qu'il porte bien plus de souffrance qu'il ne veut bien le montrer ? Tu as une petite pensée ironique. En fait Dana : il agit exactement comme toi. Toi aussi tu portes un deuil. Quelque chose dont tu n'as pas encore trouvé le courage d'évoquer à qui que ce soit. Car tu es seul au monde aujourd'hui. Et quelque part, tu as l'impression que Naoki est comme toi en ce moment. Seul au monde. C'est l'effet que procure le deuil. La douleur de la perte. Et souvent la culpabilité qui l'accompagne.

Sans même t'en rendre compte, tu détournes le regard toi aussi. C'est très dur tout ce qui se passe en toi. Avoir envie de secouer un inconnu, vraiment ? Est-ce simplement à toi que tu as envie de dire des paroles réconfortantes ? Sa dernière question, tu ne l'as même pas entendu. La violence ne peut pas résoudre ce poids intérieur. Alors au contraire, tu décides de parler de ton cas. Ce sera moins douloureux pour lui. Tu l'as un peu agressé avec ta question et tu le regrettes désormais. « C'est moi qui suis désolée que tu sois tombée sur moi. » Tu te racles la gorge, croise les jambes et t'avance sur ta chaise. Tu n'as plus touché à ton jus de fruit. Tout ce que tu vois, c'est qu'il n'arrive même plus à te regarder. Et ça te serre le cœur.

Foutu pour foutu.

« C'est très courageux de me dire ce que tu penses sincèrement de tout ça. Je te remercie de m'en avoir parlé. Je ne me sens pas blessée, bien au contraire. Peu de gens ont ce courage de dire ce qu'il pense. Je suis une inconnue. Il n'y a pas d'enjeu à le faire. Alors sache qu'avec moi, tu peux vider ton sac. » Qu'est-ce qui te prend Dana ? C'est parce que tu ne le connais pas ? C'est parce que sa tristesse fait écho à la tienne ? Es-tu vraiment prête à en parler ? Alors, comme tu as l'habitude de le faire, sans réfléchir : tu te jettes à l'eau. « Mon père est mort il y a quelques mois. » Tu laisses un petit silence pour lui laisser digérer la phrase qui doit être aussi dure à entendre qu'elle n'a été à sortir de ta bouche. « J'ai passé les six dernières années de sa vie à prendre soin de lui. Ma mère et mon frère sont partis vivre à Tahiti, mais papa voulait rester ici coûte que coûte alors je suis restée avec lui. Il ne nous avait jamais caché sa sclérose en plaques. Mais ça a été bien plus difficile de le gérer que tout ce que j'aurais pu imaginer. »

Tous ses maux que tu portes depuis des semaines. Ce silence, cette interdiction d'en parler que tu t'es faite à toi-même. En te plongeant dans les yeux noirs de Naoki qui t'écoute enfin, tu sais que c'est la bonne chose. En parler. « Si je suis venu ce soir, c'est que j'ai envie de renouer avec la vie. Notre appartement vide est insupportable. Et aucun océan n'est assez profond pour noyer mon chagrin. » Tu es fière de toi. Pas de larme. Tu en parles avec détachement. Tu vas même jusqu'à avancer ta main pour la poser sur la sienne. « La mort fait partie de la vie. Aussi brutale qu'elle puisse être. Parfois on l'attend, d'autres on ne l'attend pas. Mais il y a une chose dont je suis absolument sûre Naoki. » Tu ne sais pas d'où te sors cette conviction. Au fond, encore une fois, c'est une chose que tu aimerais entendre toi. Peut-être que ça ne va pas sonner juste en lui. Mais tu le dis. Car tu as besoin de le faire à ce moment-là. « Je ne connais pas ton histoire. Mais je suis sure d'une chose. » Tu prends une profonde inspiration et tu laisses aller ton intuition jusqu'au bout.

« Tu n'y es pour rien. Ce n'est pas de ta faute.  »
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Jeu 24 Fév - 22:53
Voilà que Dana s'excusait à son tour. Le japonais s'en voulut davantage d'avoir plombé leur conversation qui s'annonçait pourtant sous de bonnes augures. Il entendit les propos de la jeune femme, tous ces compliments qui faisaient de lui une personne courageuse alors qu'il était tout l'inverse. Sur le moment, il ressentit même de la colère. Celle-là qui vous anime devant l'injustice d'une situation. Il eut envie de la reprendre, de la contredire, de lui dire qu'elle avait tort. Qu'elle ne voulait pas l'entendre vider son sac, que si jamais il s'y adonnait, alors elle aurait toutes les raisons du monde de le déteste. Et c'était peut-être tout ce qu'il méritait au final. Qu'on le déteste. Non essayer de rechercher un semblant d'affection à cette soirée de la Saint Valentin. Les secondes s'écoulèrent dans sa tête et au moment où Naoki ouvrit la bouche pour se lancer, l'annonce tomba. Brusquement.

Mon père est mort il y a quelques mois.

Ses propres mots se bloquèrent au fond de sa gorge, ceux de Dana bourdonnant à ses oreilles. Toute la colère et la tristesse retombèrent d'un coup tellement la révélation de la jeune femme le prit de court. Ce ne fut que lorsque cette dernière reprit la parole pour s'expliquer à ce sujet que le japonais consentit à relever lentement les yeux pour reporter son attention sur son interlocutrice. Prudemment. Prêt à détourner le regard à la moindre tentative de Dana pour chercher le sien. Mais curieusement, les explications de la jeune femme l'apaisèrent. Comme si le fait qu'elle se dévoilait à son tour, extériorisant sa propre douleur mettait du baume sur la sienne. Fracassés par la vie à leur manière. Et voilà qu'ils se retrouvaient autour de cette petite table portant le chiffre 3. Voués à se rencontrer, choisis par le destin pour trouver en l'autre le courage d'aller de l'avant.

« Je l'ignorais Dana... Je suis dé-... Toutes mes condoléances. » se reprit-il de justesse pour ne pas s'excuser une nouvelle fois devant le regard que lui adressa son interlocutrice.

Dans l'histoire, c'était définitivement elle la plus courageuse des deux. Il s'agissait tout de même de son père, dont elle avait vu l'état se dégrader tandis qu'elle prenait soin de lui, seule, loin de leur famille. D'avoir la responsabilité de son départ. La culpabilité, le chagrin, la solitude. Et pourtant, elle était là ce soir, devant lui. A sourire, même si ce n'était qu'une façade. Elle essayait. Vraiment. Au contact de sa main, un peu fraîche, sur la sienne, Naoki sursauta. Rompant le contact visuel, il ne put s'empêcher de baisser brièvement les yeux en direction de leurs mains jointes.

« Je n'en suis pas si sûr Dana... J'ai... J'ai manqué de jugement, je n'ai pas voulu voir la vérité. Je n'ai pas réagi à temps, je me suis laissé convaincre. Et après il était trop tard. »

Même si cette personne respirait encore, contrairement au père de son interlocutrice. La comparaison entre leurs deux situations de deuil était certainement mal venue, le japonais en prit conscience. Alors doucement, il vint poser son autre main sur celle de la jeune femme.

« Je dois encore apprendre à me le pardonner... Mais si tu me promets d'être heureuse alors, je te promet d'essayer en retour. C'est... C'était ce qu'aurait voulu ton père. Que tu sois heureuse. » Pause. « Désolé, je n'avais pas l'intention de... parler de tout ça ou même de t'ennuyer avec... On dirait que j'ai un peu gâché l'ambiance... Tu dois trouver cette situation vraiment gênante... J'espère qu'au moins, ça t'a fait un peu de bien de... vider ton sac ? » tenta-t-il maladroitement en reprenant les termes employés par la jeune femme. « Tu sais, j'aimerais beaucoup que tu m'apprennes à plonger à l'occasion Dana. »

Que tu ne sois pas la seule à le faire. Et que dans le silence de l'océan, il ne t'arrive à penser à de mauvaises choses. Les mots peinaient à lui venir et il mit quelques secondes supplémentaires à réaliser que sa main demeurait toujours sur celle de Dana. Un dénouement normal pour un speed dating diraient certains. Les joues rouges, il enleva vivement la sienne, balbutiant ce qui ressemblait à de nouvelles excuses avant d'ajouter pour changer de sujet :

« Tu as les mains froides... Tu veux ma veste ? » proposa-t-il spontanément. « Je ne sais pas s'ils vont servir quelque chose de chaud au buffet... »  
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Dim 27 Fév - 19:38
Ce moment est vraiment en train de se dérouler ? Ces mots sont vraiment sortis de ta bouche ? C'est comme si… tu avais arrêté de penser pendant plusieurs minutes. Les mots sont sortis sans être jugé, sans être contrôlés, juste pour parler de ton histoire comme d'une chose banale et sans importance. Tu pensais que ça te ferait plus d'effet, vraiment. Tu te rends juste compte d'à quel point tu es vide en ce moment. Les sentiments ont déserté ton cœur en même temps que l'âme de ton paternel à quitter ce monde. Tu as un peu l'impression d'être morte avec lui. D'une certaine manière. Naoki te présente ses condoléances et tu ne sais pas quoi répondre. Ta main s'est posée sur la sienne mais il n'arrive pas à te regarder dans les yeux. Tu peux comprendre : ça a l'air encore douloureux pour lui. Quelque part, tu es un peu fasciné par la peine qu'il porte. Au moins, chez lui elle se manifeste clairement. C'est pour ça que tu as envie de l'aider. C'est plus fort que toi.

Tu parles du fait qu'il n'a pas à éprouver toute cette culpabilité qui fait que ses épaules se voutent légèrement. Il te répond et tu peux entendre les regrets danser dans sa voix. Il n'a pas voulu voir la vérité et ensuite, il était trop tard. Alors que tu pensais qu'il enlèverait sa main de la tienne, plus fraîche, il vient au contraire posé son autre main pour te réchauffer. Il te propose… un marché ? Tu l'écoutes et tu sens un petit pincement au cœur. Quelque chose de chaud. Une chose que tu n'as pas ressenti depuis longtemps. Tu es un peu triste qu'il dise qu'il n'a pas l'intention de parler de son histoire. Il utilise plutôt le mot "ennuyer" et dit avoir gâché l'ambiance. Encore une fois, tu as envie de le gifler. Et un sourire naît dans ton esprit. Il est pourtant adorable, mais il se rabaisse beaucoup trop : s'en rend-t'il compte au moins ? Il est si délicat dans sa manière de parler. Comme si tu étais une chose en verre. Il a peut-être dit ou fait des choses qui font qu'aujourd'hui il se comporte comme ça ?

« Te promettre d'être heureuse ? » Tu es un peu perdue, cette conversation commence à te toucher plus que tu ne l'imaginais. C'est toi cette fois qui n'arrive plus à le regarder. « Sens-toi libre de me parler de ce que tu veux. C'est juste ce que je voulais dire. Tu plombes rien du tout Naoki. Je viens te dire quelque chose de pas très joyeux non plus. Mais la vie continue. » Tu pousses un léger soupir, avant de relever tes yeux ambres vers lui. « Oui, ça m'a fait du bien. » C'est ce que tu crois. Enfin, tu n'es pas déçue de l'avoir fait. Tu t'aperçois finalement que ça ne change rien. Vous ne vous connaissez pas encore. Et tu ne sens aucun jugement dans son regard. A part vis-à-vis de lui-même. Tu te demandes vraiment pourquoi tu refusais catégoriquement d'en parler avant. C'est comme si… tu commençais enfin à passer à autre chose ?

Non c'est impossible. Tu penseras à lui tous les jours, tout le temps. Et ta peine sera infinie. Ce n'est qu'un jeu, une fête, une chose futile pour te distraire. Le japonais finit par retirer sa main en rougissant légèrement. Tu fais de même pour ne pas le gêner davantage. « Par-pardon. » Tu sais pourtant que les asiatiques ne sont pas aussi tactiles. Mais c'est le genre de détail que tu as tendance à oublier. « J'ai toujours les mains froides. Il parait que c'est signe de bonne santé ! » Tu répliques du tac au tac, toi aussi ayant envie de passer à autre chose. « Oh oui, il y a un repas de prévu vraiment ? Ce serait parfait, je meurs de faim. » Une idée te vient alors. « Tu m'autorises à ouvrir tes chocolats pour les goûter ? » Une lueur de malice vient briller dans tes yeux quand tu le regardes alors que tu poses tes coudes sur la table. Tu viens siroter un peu le verre de jus de fruit qu'il t'a ramené tout à l'heure.

« Tu aimerais que je t'apprenne à plonger ? C'est possible. Tu n'es pas claustrophobe, pas de problème cardiaque ou respiratoire particulier ? » Voilà que tu as repris ton rôle de monitrice sans même t'en rendre compte. Tu t'aperçois que c'est peut-être un peu bizarre de lui demander ça maintenant… mais c'est important pour toi de le savoir pour un éventuel baptême de plongée sous-marine. En attendant son autorisation, tu ouvres la jolie boîte soigneusement emballée pour découvrir de quoi satisfaire ta fringale. Tu pousses le plateau vers ton Valentin. « Prends-en un avec moi ? Je me sentirais moins seule. » Quand tu prends un chocolat entre tes doigts, pour finalement le faire glisser entre tes lèvres et le faire fondre sur ta langue, tu te perds un peu dans tes pensées. Il a raison. Ton père aurait voulu que tu continues d'avancer et d'être heureuse. Tu ne sais pas si tu en seras vraiment capable, mais tu fais de ton mieux pour être d'une bonne compagnie. « Par contre, ta coloration verte ne va pas trop aimer l'océan. Ça te va super bien, j'aime beaucoup. »
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Ven 4 Mar - 22:44
Libre de parler de ce qu'il voulait ? Encore fallait-il qu'il le sache lui-même. Changer le passé, ça il n'en avait pas le pouvoir. Personne ne l'avait. Affronter ses erreurs ou bien fuir son passé. C'était le choix de chacun. Cependant, la confession touchante de la jeune femme l'avait ému. Au point de le faire se remettre en question. Elle avait eu le courage de mettre des mots sur sa douleur et son chagrin. Face à un parfait inconnu. Naoki ne savait pas exactement ce qui l'avait poussé à lui révéler cela. Et pourtant, leurs peines trouvaient leur écho en chacun d'eux. La vie continue. Voilà qui laissa le japonais songeur. Tout le contraire de son interlocutrice, dont l'enthousiasme finit par arracher un sourire amusé à Naoki.

« Je ne sais pas si on peut parler d'un repas... » prévint-il. « Il s'agit plutôt d'un buffet. Avec de quoi boire et manger. »

En fin de comptes, ils avaient bien fait de s'offrir des chocolats. Les gourmandises sucrées leur permettraient peut-être de tenir toute la soirée. Une idée qui ne tarda pas à traverser l'esprit de Dana, dont la question surprit le japonais.

« Ah, c'est que... Tu sais, ils ne doivent pas être aussi bons que les tiens... »

La malice dans ses yeux le prit de court. Elle était décidément charmante. Bien que ce ne fut pas dans sa coutume que l'on ouvrit son cadeau devant la personne qui vous l'offrait – afin de ne pas embarrasser cette dernière si celui-ci ne plaisait pas à son destinataire – Naoki hocha lentement la tête. Pour quelqu'un qui vivait avec deux tornades vivantes, il aurait dû s'habituer à la franchise des néo-zélandais depuis le temps. Tandis que la jeune femme défait l'emballage, les questions fusèrent dans sa direction et le japonais y réfléchit sérieusement.

« Je ne crois pas. Est-ce que la plongée demande des aptitudes particulières ? » demanda-t-il avec une curiosité sincère.

Parce que le sport et lui...

« Mais c'est ton cadeau... » protesta-t-il vainement avant que le regard de son interlocutrice ne le fasse changer d'avis.

Son bras se tendit en direction de la boîte alors que le japonais cherchait du regard laquelle de ces petites formes chocolatées il pourrait choisir. Juste le temps de faire son choix et de refermer les doigts sur l'une d'entre elles qu'il relevait la tête pour apercevoir Dana déguster son chocolat. Naoki se figea, le regard perdu sur les lèvres de la jeune femme avant qu'un mouvement de cette dernière ne le tira de sa torpeur. Paniqué à l'idée qu'elle l'ait surpris, il s'empressa de porter le chocolat à ses propres lèvres, détournant les yeux. Charmante. Un peu trop sans doute. L'idée le frappa soudain, comme une évidence.

« Ne devrait-on pas goûter tes chocolats aussi ? Je suis certain qu'ils sont délicieux et ce serait dommage que tu n'en profites pas, surtout après le temps que tu as dû passer à les préparer. »

Sans réellement attendre de réponse de la part de l'intéressée, l'esprit affolé, ses mains s'activaient déjà à ouvrir la boîte qui lui était destinée, peinant à défaire le ruban dans sa précipitation, avant de finalement être en mesure de lui présenter la petite pile verte chocolatée. Après qu'ils se soient renvoyés la politesse à tour de rôle pour savoir lequel d'entre eux aurait le privilège de goûter ces fameux chocolats au matcha le premier, d'avoir manqué de se saisir du même chocolat avec une maladresse presque familière, Naoki porta doucement l'un d'eux à ses lèvres. Ses yeux s'écarquillèrent alors que le goût se répandait dans sa bouche.

« C'est super bon ! »

La spontanéité s'exprima dans le plaisir gustatif.

« Est-ce que... ça n'a pas été trop difficile de trouver de quoi les faire toi-même ? J'ai pu voir que certains produits importés sont plutôt chers. » conclut-il en grimaçant.

Quel idiot. Il n'avait pas pensé au coût qu'avait dû représenter ces chocolats.

« Je te dois une séance de plongée Dana. »

Un moyen d'allier l'utile à l'agréable. Il devait bien cela à la jeune femme pour tous les efforts qu'elle avait fait. Le ballet des doigts reprit son cours, chacun piochant à sa guise dans les deux boîtes généreusement offertes. La remarque de son interlocutrice l'interpella soudain.

« Merci... Je n'avais pas pensé à ça... » commença-t-il en attrapant l'une de ses mèches rebelles pour la faire jouer entre ses doigts. « Ce ne serait pas mieux de les décolorer avant de plonger ? Ce genre de produit ne doit pas être très bon pour l'océan... Et je pourrais toujours les recolorer ensuite. Si je trouve ce qu'il faut. Je dois encore prendre mes marques pour ce qui est de trouver les produits dont j'ai besoin. »

Tout en écoutant sa Valentine lui répondre, le japonais reporta son attention sur cette dernière avant de rire doucement. Devant l'expression de son interlocutrice, Naoki s'empressa de s'expliquer :

« Tu as du chocolat au coin des lèvres. Non, l'autre côté. » Puis voyant qu'elle se trompait d'endroit, il lui désigna la zone en question en s'aidant de son doigt sur son propre visage. « Non, là. Plus bas Dana. Attends. » Doucement, il se pencha en avant pour poser son doigt au coin des lèvres de la jeune femme, frôlant sa peau. « Juste ici. »
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Dim 6 Mar - 14:30
Tu commences à prendre goût au fait de retrouver une vie sociale. Le japonais semble plus détendu que lorsque vous êtes arrivés à cette table en tirant vos chaises de concert. Pas de repas prévu, juste de quoi grignoter apparemment alors les chocolats reste une bonne idée et en ouvrant la boite, tu peux sentir à nouveau une petite déception dans la voix de ton interlocuteur. « Le goût est une question de point de vue. Certains préfèrent les chocolats industriels ou n'aiment pas le chocolat du tout. » Tu répliques simplement en tentant de le faire changer d'avis. Vous parliez de la plongée alors tu réponds à sa question tout en ouvrant la boîte. « La plongée demande beaucoup de calme. La panique est le plus grand danger quand on respire avec des bouteilles d'oxygène. Donc il faut se sentir prêt à vivre une nouvelle expérience. Et pouvoir donner sa confiance à sa monitrice préférée. » Tu lui fais un clin d'œil alors que tu retires le dernier plastique sur les chocolats.

Naoki proteste une dernière fois en expliquant qu'il s'agit de ton cadeau. Tu ne peux t'empêcher de répliquer : « Et bien justement : je peux en faire ce que je veux. » Ce qui te fait penser au film Charlie et la chocolaterie que tu as dû regarder avec ton petit frère une petite quinzaine de fois au moins. Tu prends le premier à ta portée et le porte à tes lèvres en repensant à ce souvenir. Etrangement, alors tu fermes les yeux pour déguster la sucrerie, tu te sens observée. Est-ce qu'une impression ? Quand tu ouvres tes paupières tu peux voir les doigts de ton Valentin choisir le sien, le regard toujours aussi fuyant. Ça ne doit pas être lui alors. Le chocolat blanc fond sur ta langue et tu es heureuse de retrouver cette sensation. Tes derniers chocolats remontent à un moment. Sa voix interrompt le flot continu de tes pensées. Il sera effectivement juste d'ouvrir les tiens également.

« Oh oui vas-y, ne te gêne pas ! Par contre je passe mon tour, je n'aime pas particulièrement le matcha…  » Tu lèches le bout de ton doigt qui a une trace de chocolat fondu rapidement. Ton regard passe de ses cheveux à la couleur si particulière, sa peau parfaite et ses mains tremblantes qui ouvrent ton cadeau. Tu te laisses absorbée par ce qui se passe. Et alors que tu avances ta main pour reprendre un chocolat, tu rencontres la sienne sur le chemin de ceux au matcha. « Oh pardon. Je compte sur ton avis du coup. » Tu glisses pour détendre l'atmosphère alors que sa main chaude à provoquer un petit courant électrique le long de la tienne toujours fraîche au vu de ta petite robe au beau milieu du mois de février. Tu as un peu peur du verdict. Puisque tu n'as même pas osé les goûter… Mais tu peux voir dans ses yeux qu'il est ravi. Ouf. Tu iras mettre un commentaire positif sur la recette que tu as suivie pour marquer le coup.

Il semble alors s'inquiéter de la manière dont tu t'y es prise pour trouver l'ingrédient spécial. Tu lui réponds après avoir mangé ton deuxième chocolat. « Il y a une boutique en ligne de produits du monde que j'aime beaucoup. J'y commande certaines spécialités qui viennent de Tahiti en particulier. Je ne peux pas m'en passer.  Ça n'a pas été compliqué  » Et il surenchérit. Ta voix t'échappe, de plus en plus à l'aise en sa présence, pour remettre sur le tapis cette histoire de plat préféré. « Et la séance de plongée, c'est moi qui te l'offre : tu me dois un repas maison, on a dit. » Etait-il sérieux ? Va-t-il se défiler ? Tu cherches de plus en plus à lire entre les lignes au fur et à mesure de la discussion. Le compliment sur sa coloration fait son petit effet et tu es ravie. A sa proposition de décoloration, tu mords ta lèvre pour réfléchir un instant. « Mauvais pour l'océan mais mauvais pour tes cheveux surtout… Je te déconseille de les fragiliser avec une décoloration avant de les mettre en contact avec le sel. Ils seront mieux comme ça et tu pourras toujours refaire la couleur après. Tu l'as fait toi-même ? »

Tu adores regarder ce genre de vidéo qui parle de coloration mais tu sais à quel point tes cheveux sont épais, foncés et refusent de se décolorer pour porter des choses plus pastel comme il le faisait. Beau sur les autres, mais trop dangereux pour tes cheveux et ton métier pour le moment. Un jour peut-être. Tu aimes tellement tes boucles naturelles, tu n'es pas prête à faire ce genre de sacrifice. Alors que tu imagines des cheveux bleutés ou rosés comme les sirènes, le jeune homme se met à rire. Qui a-t-il de drôle ? Il s'explique et tu détournes le regard. Du chocolat ? C'est embarrassant. Alors que tu attrapes la serviette, tu nettoies le mauvais côté. En vivant seule, tu ne te soucis plus de ce genre de détails. Il t'est déjà arrivé de porter une trace de dentifrice toute l'après-midi sur la joue. Tu n'es pas sortable. Il finit par venir à ton secours en se penchant sur la table pour frôler ta peau du bout du doigt. Comme avec vos mains toute à l'heure, tu frissonnes et te redresse en bredouillant quelques mots. « O-ok merci. »

Une fois la trace de chocolat retirée, tu reposes ta serviette et te racle la gorge. Tu n'as plus l'habitude qu'on se penche vers toi. Ou simplement qu'on prenne soin de toi de la sorte. La rougeur sur tes joues ne semblent pas partir. « Je… Je suis heureuse que mes chocolats soient bons. Qu'ils te plaisent surtout. » Tu cherches à reprendre un peu d'assurance. « Je crains que ça ne soit pas bon pour la ligne mais il faut bien se faire plaisir de temps en temps…  » Tu finis ton verre de jus de fruit, tournant le regard vers ce qui se passe autour de vous. L'ambiance est romantique, des bougies ont été allumées ça et là et tu finis même par remarquer un fond de musique de jazz. Une voix grave chantent sensuellement des chansons d'amour. Peut-être… peut-être qu'ils sont allés un peu loin dans le cliché.

Une pensée soudaine te vient et tu n'as pas de filtre ce soir. Tu parles comme tu penses. « Je suis en train de me rendre compte que… c'est la première fois que je fête la St-Valentin. » Une étrange révélation. Qui ferait peut-être rougir d'avantage d'autres personnes mais pas toi. C'est une réelle constatation sur ta vie. Tu n'as jamais prêté attention à ces choses-là. Tu as eu des histoires, un peu d'expérience pour découvrir que pour toi le genre importe peu mais tu ne t'es jamais lancé dans une relation assez sérieuse pour faire une fête ensemble. Tu ne trouves pas cela dommage non plus. Tu avais d'autres priorités plus urgentes à tes yeux dans ta vie. « Vous fêtez la St-Valentin au Japon ?  » Puis une question plus directe car tu ne veux plus être la seule à rougir. « L'as-tu déjà fêté avec une personne que tu aimes ? » Tu as posé ton coude sur la table, ta tête se posant dans ta main alors que tu le regardes attentivement. Ton autre main joue avec ton verre vide et tu hésites à reprendre un autre chocolat. La gourmandise est un vilain défaut parait-il.
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Mar 8 Mar - 22:35
Du calme hein ? Cela ne devrait pas être un problème pour lui. Après tout, ses colocataires étaient les premiers à le décrire comme quelqu'un de discret, posé... Inexpressif. Et puis, s'il avait été capable de déménager aussi loin de son pays natal, avec seulement la promesse d'un emploi à la clé, le japonais se fit la réflexion qu'une séance de plongée d'une heure ou deux ne devrait pas constituer un défi plus grand que le précédent qu'il venait de relever non ? Malheureusement pour lui, le clin d’œil malicieux de la jeune femme lui fit immédiatement perdre ses moyens et Naoki sentit la chaleur envahir ses joues. Peut-être n'était-il pas si prêt que ça à plonger en fait... Par chance, la dégustation des chocolats tint leurs bouches respectives occupées, chacun savourant le moment présent. Rassuré d'apprendre que Dana avait facilement trouvé de quoi cuisiner les fameux chocolats au matcha, la mention du site intéressa vivement le japonais.

« Tu m'en vois rassuré... J'aimerais que tu me donnes le nom de ce site si tu veux bien. Je ne trouve pas toujours les produits dont j'ai besoin pour cuisiner. »

Oh, ses colocataires lui avaient bien soufflé le nom de quelques épiceries asiatiques que comptait la ville en son sein. Mais en plus d'afficher des prix parfois délirants, la qualité et la variété n'étaient pas toujours au rendez-vous. Et Naoki ne pouvait se résoudre à vivre de pâtes, de pizzas et de produits surgelés comme le faisaient les deux autres. La surprise s'installa de nouveau sur son visage quand il entendit son interlocutrice lui assurer de lui offrir la séance de plongée. Même s'il n'avait pas vraiment la moindre idée du prix que cela pouvait représenter, Naoki imaginait sans mal que le coût de l'entretien du matériel suffisait pour que les tarifs soient relativement élevés. Et que dire du temps de la jeune femme ?

« Tu es sûre ? L'argent n'est pas un problème Dana... Je ne voudrais pas te mettre dans l'embarras... Une heure passée en ta compagnie ne vaut pas ma cuisine. »

Les mots franchirent ses lèvres plus rapidement, trop rapidement même. Le japonais ne prit pas conscience du sous-entendu qui s'y était glissé, trop désireux d'insister sur l'importance que pouvait revêtir le travail de Dana à ses yeux.

« Tu ne m'as pas répondu concernant ton plat préféré. Qu'est-ce que tu aimerais manger ? »

La conversation dériva sur sa coloration, Naoki écoutant les conseils de son interlocutrice avec la plus grande attention. La fin lui fit lâcher la mèche retenue captive entre ses doigts, laissant ceux-ci se perdre sur la peau de sa nuque.

« Je comprends... J'ai toujours fait appel à un professionnel pour ma coloration, je ne savais pas que ça pourrait les abîmer de les décolorer avant la plongée... Merci Dana. »

La réputation des coiffeurs japonais n'était plus à faire. Le monde entier s'accordait à dire qu'ils étaient capables des plus belles prouesses et excentricités capillaires.

« Mais je vais certainement devoir faire les prochaines moi-même. »

Faute de pouvoir retrouver la qualité qu'il avait connue au Japon. Des exceptions existaient peut-être ici, à Auckland. Là-dessus, il pourrait toujours demander des conseils à ses colocataires, les deux ayant teint – en partie ou totalement – leurs cheveux. Cependant, Naoki hésitait à solliciter leur avis sur la question. C'était un coup à se voir pousser les portes de l'établissement le plus farfelu du quartier, encadré des deux amis, désireux d'être présent au moment de ladite coloration. Le risque de ressortir du salon avec les cheveux roses bonbon était trop grand pour que le japonais ne se risqua à le prendre. Cet instant suspendu où il s'amusa de la maladresse de la jeune femme, celui-là même où elle perdit de son assurance... Naoki ne put s'empêcher de sourire devant son embarras évident, portant de nouveau son verre à ses lèvres. Le côté très sucré des chocolats donnait soif. A moins que ce ne soit autre chose ? L'annonce de Dana lui fit relever les yeux. Il ne s'attendait pas à une telle révélation, même si... Et bien, l'intéressée avait su lui prouver combien elle pouvait faire preuve d'une franchise déroutante parfois. Le japonais ne sut pas quoi répondre, pris de court une nouvelle fois. Devait-il s'en attrister ? La rassurer ? La neutralité dans le timbre de voix de son interlocutrice le laissait perdu. Heureusement, cette dernière poursuivit sur sa lancée, sans pour autant changer de sujet.

« Oui. Ce sont d'abord les femmes qui offrent des chocolats le 14 février... et un mois après, pendant le White day, ce sont les hommes qui en ont reçus, qui en offrent en retour. Pourquoi me regardes-tu comme ça ? Ce n'est pas comme ça que vous faites ? » interrogea-t-il naïvement.

Pause.

« Mais... Est-ce que tu serais libre le 14 mars ? »

Proposer un rendez-vous un mois plus tard ? Cela devait sonner étrange aux oreilles de la jeune femme. Mais cela lui permettrait aussi d'honorer la tradition du White day, tout en s'assurant la possibilité de tenir sa promesse faite à Dana de lui cuisiner son plat préféré. En revanche, il allait devoir trouver une solution pour réussir à avoir l'appartement pour lui tout seul ce jour-là... A moins qu'il ne soit déjà parti d'ici là ? La question suivante lui fit détourner les yeux. Il n'eut pas envie d'y répondre. Seulement voilà, son interlocutrice avait pris les devants sur le sujet, le coinçant par la même occasion.

« C'est... Ce n'est pas... Non, pas vraiment... »

Non pas qu'il ne se soit jamais vu offert de chocolats par le passé. Ou même invité à des soirées de rencontres comme aujourd'hui. Mais avec le recul, passer tout son temps devant un écran n'aidait pas se consacrer à ce genre de choses. Des fans, il en avait. Beaucoup. Une petite amie ? L'idée ne lui avait même pas effleuré l'esprit. Entre les entraînements et les compétitions, il n'avait pas le temps. Ou l'intérêt ?

« Je n'avais pas le temps pour ça. »

Jusqu'à ce que la réalité le rattrape.

« Vous êtes... toujours aussi francs en Nouvelle-Zélande ? » demanda-t-il soudain, s'efforçant de mettre les formes.
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Mer 9 Mar - 10:30
La conversation est de plus en plus fluide. Tu ris, tu te détends et tu sens tes joues s'enflammer parfois quand il ose te regarder plus longtemps. Tu ne sais pas encore quoi penser de Naoki. Un jeune homme attachant, d'une nature discrète qui a du mal à parler de lui mais qui semble cacher de véritable trésor d'attention et tu sens lentement un lien se tisser entre vous. Tu acquiesces et lui donne le nom de ta boutique en ligne préférée pour qu'il puisse retrouver le fameux matcha et certainement d'autres produits que l'on ne trouve pas partout dans cette ville. Tu es un peu surprise quand il dit ne pas vouloir que tu lui offres sa séance. Tu t'engouffres dans le sous-entendu en jouant avec pour ne pas rougir d'avantage. « Comme tu veux. Le client est roi après tout. » Tu hausses les épaules, tu ne veux pas faire d'histoire. Si ça le gêne que tu lui offres sa séance, c'est tout à son honneur de la régler quand même. Il veut dire que ton travail a de la valeur. Et quelque part, tu y vois une belle attention plutôt qu'une maladresse. Il rebondit sur ce que tu aimerais manger et tu te retrouves à te pincer légèrement les lèvres, pensive. Tu as fini de jouer avec ton verre, tu hésites à répondre. Tous les plats qui te viennent en tête te rappellent ta famille qui te manque.

Mais tu finis par trouver une réponse satisfaisante. « Hmm... Sache d'abord que je suis végétarienne... Pas d'œuf, de poisson ou de viande pour moi. Je crois que ça me ferait plaisir de manger des lasagnes aux légumes. Je n'en ai pas goûté depuis une éternité. » En espérant ne pas lui demander l'impossible, tu te rappelles adorer cette recette par ta maman tahitienne qui a aussi des origines françaises et qui vous préparait à ton frère et toi ce genre de petits plats mijotés. Il te semble te rappeler que le Japon aime cuisiner le poisson bien sûr mais surtout les légumes. Ils mangent tout de même moins de viande qu'ici, tu espères que l'idée lui parlera. Il parle de sa coloration et explique qu'il laisse des coiffeurs s'en occuper d'habitude mais qu'il va devoir s'y atteler tout seul. « Le sel marin agresse les cheveux, les dessèche surtout j'en sais quelque chose. L'océan est magnifique mais, tout comme le soleil, il peut être dangereux par certains aspects. » Comment ne pas repenser à ton saignement de nez de l'autre soir. Celui où tu as rencontré un officier de l'armée de l'air dans lequel tu as foncé, tête la première. Tu viens toucher ton nez en y repensant, te tendant un instant avant de changer de posture. Il n'y a vraiment pas que des choses glamours à explorer les profondeurs régulièrement. Mais ça fait partie de toi désormais.

Quand tu lui demandes s'il y a des traditions différentes dans son pays d'origine, tu es heureuse d'apprendre une chose nouvelle. Un White Day vraiment ? Tu es un peu surprise et Naoki te le fait remarquer. Ton visage est de plus en plus expressif à ses côtés. « Euh oui, je ne connaissais pas du tout. Mais je trouve ça tout à fait charmant. » Tu arrives à glisser avant qu'il ne te propose de le fêter avec toi indirectement en te donnant rendez-vous le mois prochain. Il t'arrache un sourire alors que tu sors ton portable. « Je n'ai aucune idée de quand ça tombe... mais pourquoi pas ? » Un rire doux alors que tu viens caché ton visage derrière l'écran du smartphone. « Ce sera un lundi. Tu as de la chance, c'est mon jour de congé. » Tu te retiens de glisser un nouveau clin d'œil. A la place, tu t'avances un peu sur la table, posant tes deux coudes sur celle-ci, ta tête entre tes mains avec un petit sourire. « C'est une merveilleuse idée. J'ai hâte de fêter le White Day avec toi, mon Valentin. » Serais-tu en train de flirter Dana ? Cela ne t'es pas arrivé depuis des années. Mais c'est la première fois que tu te sens assez à l'aise avec quelqu'un. Tu as l'impression de pouvoir le cerner, comprendre ce qu'il ressent et tu as envie de le pousser un peu. Tu espères que tes taquineries ne l'embêteront pas.

Mais tu vas assez loin pour lui demander si lui, a déjà fêter la St-Valentin avec un partenaire qu'il aimait vraiment. Il bredouille que lui non plus. Tu trouves sa réaction à la fois adorable, un peu triste mais cela résonne en toi. Vous vous ressemblez aussi là dessus ? Ton cœur se sert quelque peu. Un si beau garçon, tu es étonnée de l'apprendre. Tu as pensé qu'une personne qu'il aimait avait attrapé la maladie ou quelque chose comme ça, mais il t'a laissé parlé de ton père sans t'en dire plus. Tu peux respecter son silence pour l'instant, c'est une chose très personnelle tout de même et tu n'insisteras pas aujourd'hui. Quand il finit par demander si ta franchise vient de ta nationalité, tu laisses échapper un nouvel éclat de rire. « Je... je ne sais pas ! Tu as côtoyé d'autres néo-zélandais franc du collier ? Ça vient peut-être de mes origines tahitiennes. Je n'ai jamais vu ma mère garder sa langue dans sa poche. Et je n'ai jamais réussi non plus. »

Tu n'es pas désolée de le gêner. Bien au contraire. Vous en apprenez plus l'un sur l'autre et vous passez un merveilleux moment à faire connaissance. Pas uniquement superficiellement, pas pour entrer gentiment dans les conventions. Ça fait partie de toi, Dana. Tu cernes les gens, tu les écoutes et tu te livres quand tu peux. Une chose à laquelle tu ne t'es pas livrée depuis si longtemps. Tu es heureuse de renouer avec cette partie de toi-même que tu croyais perdue. Un sourire un peu plus triste se peint sur ton visage et tu baisses les yeux en retirant tes coudes de la table. « Je me sens bien avec toi. Je ne parle pas de moi si facilement d'habitude. Tu sais écouter, mettre à l'aise les gens. Je suis heureuse de t'avoir rencontré ce soir Naoki, je passe une merveilleuse soirée. » La tristesse arrive à se cacher un peu derrière la lumière dans tes yeux et cette fois c'est toi qui te lève. « Je vais nous chercher à boire et à grignoter. » Tu te rends compte alors que tes cheveux serrés en chignon sont lourds et tu tires sur le pic qui les retenait pour laisser tes cheveux libres te réchauffer la nuque et les épaules. Tu attrapes les verres vides en posant le pic sur la table. « A tout de suite ! »

Tu pars joyeusement dans ta petite robe de lycée, tes longues boucles se baladant dans ton dos. En t'approchant du buffet, tu finis par jeter un coup d'œil autour de toi. Un peu plus longuement. Dans les autres invités, un visage te parait familier dans le lointain. Ton cœur ratte un battement. Lawrence. Ton officier est ici ? Tu ne peux t'empêcher de plisser les yeux pour le découvrir en compagnie d'un homme. Est-ce bien lui ? Qu'est-ce que sa présence dans cet événement étrange signifie ? Tu ne te laisses pas complètement distraire, ton estomac te rappelant à l'ordre. Il y a des amuses bouches. Tu vérifies que certains petits fours en pâte feuilletés ne soient fourrés que de fromage, tu te renseignes. Tu remplis les verres de jus et tu reviens avec une assiette garnie de petites joyeusetés salées. Le bel officier serait célibataire alors ? Venu avec quelqu'un ? Tu auras certainement l'occasion de lui poser des questions plus tard alors tu fais de ton mieux pour te centrer sur ton partenaire de ce soir en déposant tes trouvailles sur la fameuse table numéro 3.

En t'asseyant pour reprendre ton verre en main, tu décides de l'approcher du sien. « Trinquons à cette soirée. A notre rencontre ? » Tu tentes même de glisser un petit kampaï comme tu l'as entendu parfois dans tes mangas préférés. Tu repenses au fait qu'il ait dit ne pas avoir eu de temps pour ça... pour l'amour ? C'est intriguant tout de même. Tu ne veux pas être intrusive, alors tu tente un autre sujet. « Tu es à Auckland depuis longtemps ? » Puis en attrapant un petit four encore un peu tiède, tu laisses glisser tes ambres vers ses obsidiennes pour tenter tout de même d'en savoir plus sur lui. « Tu m'as dit que ce sont tes colocataires qui t'ont inscrit c'est ça ? Vous vous êtes rencontrés comment ? » Tu ne peux t'empêcher de croquer dedans et de laisser échapper un petit soupir de satisfaction. « Ah ! Ils sont bons, ça fait plaisir. » Auras-tu encore de la nourriture au coin des lèvres ? Tu es insortable. Vraiment.
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Ven 11 Mar - 22:25
Son désarroi face à la générosité de la jeune femme et notamment sa tentative pour la contredire eurent le mérite de porter leurs fruits. Dana elle-même parut se prêter au jeu et le sujet fut rapidement clos, non sans soulagement pour le japonais. Il aurait été trop embarrassé qu'elle lui offre une telle chose quand elle faisait payer ses autres clients, réguliers ou non. Leur conversation suivit leur cours, pour revenir sur la question demeurée en suspens un peu plus tôt dans la soirée. Tandis qu'il portait son verre à ses lèvres, Naoki observa discrètement son interlocutrice, en quête d'un début d'indice quant à ses goûts alimentaires. Pourtant, il était loin de se douter que cette dernière était végétarienne. Aussi, quand la liste des ingrédients interdits ne cessa de s'allonger, le japonais reposa lentement le verre sur la table, quelque peu confus. Lui-même cuisinait beaucoup à base d’œuf et de poisson. S'il pouvait volontiers se passer de viande dans ses élaborations culinaires, préparer un plat uniquement à base de légumes se révélerait peut-être un peu compliqué de son point de vue. Alors que Naoki passait mentalement en revue les quelques plats auxquels il songeait, la requête jaillit des lèvres de Dana, il sentit son visage se décomposer.

« Des lasagnes aux légumes... ? » répéta-t-il abasourdi.

Définitivement pas le genre de mets dont il avait l'habitude. Et s'il avait déjà passé la journée en compagnie d'une jeune femme lorsqu'il se trouvait encore au Japon, il s'agissait assurément du style de cuisine du restaurant où cette dernière aurait voulu se rendre. Quelque chose comme... de la gastronomie française ? Ou italienne peut-être ? Le genre dont raffolait les japonaises, comme hystériques devant la carte de tels établissements.

« Je n'ai jamais cuisiné ça... » avoua-t-il, avant d'ajouter :  « Mais je ferai de mon mieux. »

Après tout, Dana n'avait très probablement jamais préparé de chocolats au matcha avant aujourd'hui. De cela, le japonais était à peu près certain puisqu'elle avait elle-même avoué qu'elle n'aimait pas celui-ci. Il lui avait promis de lui cuisiner le plat de son choix, alors il s'y tiendrait. C'était la moindre des choses qu'il pouvait faire pour la remercier de son attention. L'allusion à la dangerosité du soleil lui arracha une légère grimace.

« J'en sais quelque chose... Je n'ai pas arrêté d'attraper des coups de soleil depuis mon arrivée. »

Des souvenirs loin d'être agréables mais qui eurent au moins le mérite d'amuser. Un tendre sourire se dessina sur ses lèvres quand Dana accepta l'idée de passer le White day avec lui. Plus que l'occasion de le célébrer sérieusement, le japonais avait trouvé le timing parfait pour honorer sa promesse vis-à-vis de son interlocutrice. Il hocha doucement la tête pour confirmer la date aussi bien que le rendez-vous, avant de rougir aux propos de la jeune femme. Son sourire trembla, son regard se fit fuyant.

« Je... Euh... Moi aussi... »

Toujours cette même franchise... Elle ne cessait de le désarçonner... Cette facilité avec laquelle les Occidentaux se disaient les choses... Naoki doutait d'en être un jour capable. En comparaison, les conversations et mœurs de son pays natal semblaient si ancrées dans les sous-entendus ou les non-dits qu'il parvenait difficilement à intégrer ce concept depuis son arrivée à Auckland. Heureusement, le rire de Dana le rassura aussitôt, lui qui craignait de s'être montré impoli malgré ses efforts pour mettre les formes dans son interrogation.

« Je l'ignore mais mes colocataires sont très expressifs eux aussi. Je n'y suis pas habitué. »

Ce n'était pas une manière de te justifier. Simple constat. Difficile de remettre en question 28 années passées au Japon. Rien, absolument rien ne le prépara à l'avalanche de compliments dont il fit soudain l'objet. Le japonais reporta son attention sur la jeune femme, agréablement surprise de l'entendre parler de lui de la sorte. S'il ne pensait pas le mériter, savoir qu'elle appréciait sa compagnie fit naître une douce chaleur dans sa poitrine. Naoki chercha ses mots. Il aurait voulu lui répondre, avouer que c'était réciproque et qu'il ne regrettait pas d'être venu, lui qui doutait d'être un quelconque intérêt pour son partenaire de la soirée. En vain. Dana se leva sans qu'il n'ait pu lâcher le moindre mot à son encontre, laissant tout juste le japonais capable de balbutier un timide remerciement tandis qu'elle prenait à son tour la direction du buffet. De nouveau silencieux, Naoki la suivit du regard, comme hypnotisé par le mouvement des boucles brunes ondulant dans le dos de la jeune femme au gré de la démarche de cette dernière.

Un battement. Sa gorge qui s'assécha subitement et cette main qui chercha vainement un verre pour y remédier. Et toujours cette chaleur dans sa poitrine. Il se résolut à détourner les yeux de la silhouette de Dana, laissant son regard parcourir la salle. Installé à une table un peu plus loin, il aperçut Jupiter. Avec un homme. La vision l'interpella mais surtout, l'aisance avec laquelle son colocataire semblait gérer la situation. N'avait-il vraiment aucune honte ? Le japonais allait finir par penser qu'il lui manquait une case. Ce n'était pas possible autrement... Le bruit de céramique sur la table le tira de ses pensées et il tourna immédiatement la tête en direction de Dana. Ils ne tardèrent pas à trinquer de nouveau, d'une manière plus naturelle et spontanée qu'auparavant. Le terme dans la bouche de son interlocutrice l'amusa tout particulièrement et il ne chercha même pas à la reprendre sur sa prononciation. Naoki la remercia une fois de plus pour les petits fours qu'elle était allée leur chercher quand la question tomba, laissant le japonais pensif.

« Cela fait quelques mois déjà. Je suis arrivé en é- avant Halloween. » se reprit-il de justesse, se souvenant que l'été ne survenait pas à la même période en Nouvelle-Zélande. « Je suis venu pour le travail. Comme je ne trouvais pas de logement, j'ai fini par postuler à une annonce pour une chambre dans une colocation. C'est comme ça que j'ai rencontré Jupiter. »

Enfin, rencontré... Il le connaissait d'avant cette fameuse journée ensoleillée qui avait scellé leurs destins.

« Comme je suis joueur professionnel, je suis amené à déménager à l'international  lorsque je rejoins une nouvelle équipe. C'est pourquoi je suis arrivé à Auckland. » précisa-t-il rapidement, craignant que l'intonation de sa voix ne le trahisse à l'évocation du prénom de son colocataire.

Tandis qu'il approchait son verre de son visage, l'exclamation de Dana l'intrigua. Voyant qu'un peu de miettes s'étaient égarées au coin des lèvres de cette dernière l'amusa de plus belle. Naoki rit doucement avant de cacher son sourire dans son verre. En son for intérieur, il espérait que la jeune femme ne le remarque pas. Il ne manquerait plus qu'elle pense qu'il se moquait d'elle. Bon, peut-être un peu alors. Mais sans aucune méchanceté derrière.

« Les petits fours sont à quoi ? » demanda-t-il, leur préférant toutefois une petite brochette de légumes joliment préparée. « Est-ce que tu es déjà allée à l'étranger Dana ? »
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Mer 16 Mar - 10:25
A l'annonce de ton régime culinaire particulier, tu peux voir ton interlocuteur se décomposer. Il avoue ne jamais avoir cuisiné ça. Tu apprécies beaucoup son honnêteté bien que tu puisses lire sur son visage ce qu'il ressent. Peu de personnes sont aussi expressives. Le sait-il ? Cela le gênerait que tu lui fasses remarquer ? Tu l'as bien assez taquiné ce soir alors tu gardes ça pour toi pour le moment. Il parle ensuite de ses déboires avec le soleil et tu peux comprendre qu'à sa peau pâle, il a dû effectivement souffrir. Tu n'as pas ce genre de problèmes bien que tu fasses le plus attention possible pour préserver ta peau. La combinaison aide bien à te protéger en général. Quand tu acceptes de passer le White Day en sa compagnie, il a l'air heureux, un peu gêné toujours, le regard fuyant. Ses colocataires sont très francs eux aussi et ça te fait rire. Il avoue ne pas y être habitué et ça se voit comme le nez au milieu de la figure. Le changement de culture a l'air d'être brutal. Tu finis par le laisser quelques instants pour le ravitaillement, les verres étaient vides et les chocolats ne suffiront pas à combler ton appétit ce soir.

Tu fais de ton mieux pour chasser le grand blond de tes pensées quand tu retournes voir le japonais aux cheveux verts qui t'attend à la table numéro 3. Tu continues de le questionner et il te répond de bonne grâce. Il site le nom de son colocataire avant d'expliquer qu'il est joueur professionnel. Là, tu fais des yeux ronds. Tes cheveux maintenant détaché couvre tes épaules et ton dos et tu dévores les petits fours en l'écoutant attentivement. Ton appétit semble enfin être moins préoccupant pour que tu puisses reprendre la parole en t'essuyant le coin des lèvres soigneusement avant de répondre. « Tomates ici. Fromage là. Je pense qu'il y a de l'œuf dans la préparation de la pâte feuilletée. Je ne suis pas sûre. Mais je m'autorise quelques exceptions surtout quand c'est gratuit. » Tu lui annonces en haussant les épaules. Tu tentes de lui montrer ta décontraction sur le sujet. Il n'y a rien d'obligatoire ou qui mette ta santé en jeu. Tu aimes juste les fonds marins et les animaux pour te résoudre à manger à nouveau de la viande pour le moment.

Ton Valentin attentif te demande si tu as déjà voyagé. Après une gorgée de jus de fruit, tu hoches négativement la tête. « Malheureusement non. Enfin, je connais Tahiti pour y avoir passé la plupart de mes congés auprès de ma mère et mon petit frère Allon qui l'a rejoint. Et j'y suis née. Mais j'ai fait toute ma scolarité ici, à Auckland. Sans la maladie de mon père, j'aurais peut-être pu suivre mes amis de lycée en voyage mais j'ai choisi de ne jamais le laisser. C'était trop dur pour moi. » Tu baisses les yeux en l'avouant à voix haute. Tu te caches un peu dans ton verre, laisse échapper un soupir qui te donne un peu de courage, avant de reprendre. « Désolée. Je sais que lui a beaucoup voyagé et il m'en parlait sans cesse. Des Etats-Unis, du Brésil, de l'Europe. Des océans merveilleux dans lesquels il avait plongé. Il m'a transmis sa passion pour la plongée. Mais maintenant que tu m'en as reparlé... et que c'est à nouveau possible, je plongerais bien à Okinawa si je peux visiter le Japon. Ou en mer méditerranéenne peut-être ?» Tu tentes de retrouver ton sourire de ton mieux. Tu t'encourages intérieurement. Papa serait content que tu voyages à ton tour.

« Mon rêve à moi, c'était de devenir professeur de sport. » Tu dis ça comme ça. On dirait que c'est un peu sorti de nulle part. Mais tu es heureuse d'en reparler de nouveau. De dépoussiérer ce qu'il y a au fond de toi. « C'est bête hein ? Mais je n'ai pas pu entrer à l'université. Cinq ans c'était trop long, il nous fallait de l'argent tout de suite. Je suis peut-être trop vieille pour reprendre mes études maintenant... »Cette dernière phrase aussi tu l'as dit à voix haute ? Mince alors. Tu détournes un peu le regard, mords ta lèvre avant de le relancer sur le sujet mystérieux. « Je ne voudrais pas être indiscrète mais... tu es joueur professionnel de quoi ? Est-ce que c'était ton rêve de le devenir ? »C'était intriguant en effet. Il n'avait pas encore évoqué son métier. Est-il connu dans son domaine ? Il voulait garder l'anonymat ? Tu avais imaginé que lorsqu'on devenait "joueur professionnel" c'était dans un domaine qui nous tenait à cœur et qu'on le clamait sur tous les toits. Mais tu n'avais pas tous les éléments en main pour comprendre son silence.

Les petits fours finissent par disparaître un à un de l'assiette en carton. Tu te penches vers ton sac resté à tes pieds et sors une carte de visite, avec ton visage, ton nom, une adresse mail  et ton numéro de téléphone dessus. Tu la poses et la fait glisser sur la table dans sa direction. « Contacte-moi quand tu veux. » Comme ça tu es sûre de ne pas oublier de lui donner. Ce serait bête de ne pas pouvoir se contacter après avoir passé une si belle soirée ensemble ? A nouveau les coudes sur la table, tes ambres sont tournées vers lui pour tenter d'en apprendre encore un peu plus sur lui. Mais l'heure tourne et la nuit est déjà tombée à l'extérieur de la salle. Tu laisses échapper malgré toi un léger bâillement au vu de ta journée de travail qui s'est quelque peu éternisée. « Ta famille te manque ? » Tu demandes d'une petite voix pour relancer la conversation. A-t-il ses parents qui l'attendent au Japon ? Qui s'inquiète pour lui et son travail particulier ? Ta curiosité est toujours aussi vive. Tu remets ton manteau sur tes épaules car la fatigue te donne un peu plus froid que tout à l'heure. Mais tu restes attentive avec un sourire poli. Cela faisait si longtemps que tu n'avais pas parlé avec un ami. Tu es trop heureuse pour vouloir que ça s'arrête maintenant.
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Ven 18 Mar - 21:34
Ses yeux passèrent d'un petit four à un autre, les explications de la jeune femme parvenant jusqu'à ses oreilles. Le japonais prit le temps de faire son choix, profitant qu'il portait celui-ci à ses lèvres pour mieux les garder closes en écoutant de savoir si Dana avait déjà elle-même voyagé par le passé. Avant d'entendre de nouveau le son de sa voix, Naoki eut la réponse à sa question. Et quand son interlocutrice développa davantage, il réalisa son erreur. Évidemment. Elle avait parlé de son père décédé plus tôt dans la journée. Qu'elle avait fait le choix de demeurer à ses côtés pour l'accompagner dans la maladie. Le japonais s'en voulut pour sa maladresse, baissant les yeux en direction de son propre verre, à la manière de la jeune femme. Quand cette dernière s'excusa, Naoki releva la tête, cherchant par réflexe le regard de son interlocutrice. Ne le trouvant pas, il se fit violence pour trouver ses mots.

« C'était maladroit de ma part... J'aurais dû m'en douter... Après ce que tu m'as dit... Je pensais que peut-être, avant que ton père ne tombe malade... »

Pourquoi se renvoyait-il l'impression de s'enfoncer davantage en tentant de se justifier ? Après avoir marqué une courte pause, il reprit, plus doucement encore :

« Je ne suis pas doué pour ce qui est de faire la conversation... J'espère que tu auras l'occasion de voyager par la suite si c'est ce que tu souhaites. Si tu as besoin de quoique ce soit concernant Okinawa, n'hésites pas à me demander. »

Parce qu'ils étaient plusieurs à lui avoir tendu la main à son arrivée à Auckland, à faire en sorte qu'il se sente bien dans ce nouveau pays qui serait désormais le sien. C'était la moindre des choses de rendre la pareille. Encore plus envers une personne comme Dana qu'il appréciait de plus en plus. Sa franchise était toute aussi désarmante que celles de ses colocataires mais il y avait également autre chose... Comme une sincérité touchante de la part d'une parfaite inconnue comme elle. Ils avaient pu en apprendre autant l'un sur l'autre en si peu de temps... Dire qu'ils n'avaient même pas bu pour en arriver là. Une chance pour lui qui tenait mal l'alcool. Comme la plupart de ses pairs de ce qu'il avait pu comprendre.

« Professeur de sport ? »

Sa surprise était réelle, transparaissant dans le timbre de sa voix. Il en était d'autant plus stupéfait car il s'imaginait – sans doute naïvement – que monitrice de plongée s'y apparentait plus ou moins, la spécialisation en plus.

« Tu n'aimes pas ce que tu fais actuellement ? » demanda-t-il, un brin trop spontané.

La suite lui apporta un début de réponse, lui serrant la gorge. Sans un mot, Naoki se saisit de son verre pour le porter à ses lèvres. Il prenait conscience du luxe dont il avait bénéficié lorsqu'il était encore étudiant. Une famille aimante et en bonne santé. Capable de subvenir au moindre de ses besoins. De lui garantir des études s'il le désirait. De longues études. Et il les avait délaissées, au profit de sa passion. Normal diraient certains. Le japonais aurait aimé s'en convaincre. Mais face à la jeune femme, il en était tout bonnement incapable. En plus de ressentir une honte nouvelle.

« Non, ce qui est bête, c'est de gâcher la chance que l'on a. »

Malgré la proximité du verre et de ses lèvres, les mots étaient sortis. Plus rapidement que prévus.

« Je te trouve encore jeune Dana ! Je suis certain que tu réussirais tes études. Tu es... »

Téméraire ? Courageuse ? Charmante ? Une chance pour lui, la conversation revint sur sa profession.

« Le E-sport. Les jeux en ligne, ce genre de choses. »

Un sourire nostalgique flotta sur ses lèvres, en partie caché par son verre, tandis qu'il se remémorait ses heures passées devant les jeux vidéos quand il n'était encore qu'un enfant. Une manie qui ne l'avait jamais quitté, encore aujourd'hui.

« Je ne me souviens plus de comment je me suis retrouvé avec une manette entre les mains mais... Je n'ai jamais cessé de jouer depuis. J'ai... beaucoup de chance d'avoir pu en faire mon métier. »

Et comme chacun d'eux avait également ses inconvénients, lui-même avait eu droit au revers de la médaille. La célébrité lui avait coûté.

« Mais je ne suis pas très connu dans le milieu. » ajouta-t-il précipitamment. « Je ne suis pas assez bon et puis, je préfère que ça reste comme ça. »

Mensonge. Il enrobait chacune de ses syllabes, mielleux et faux. A la vue de la carte que lui glissait Dana, le japonais s'empressa de reposer son verre pour s'en saisir à deux mains, observant poliment le détail du petit bout de carton.

« D'accord. Je t'enverrai l'adresse de l'appartement par SMS. Pour le déjeuner du 14 mars. »

Mieux valait le formuler ainsi. Si tenté que son interlocutrice ne lui pose pas un lapin après avoir vérifié sur Internet où se situait l'appartement en question. Le quartier ne vendait pas du rêve, loin de là. Pas plus que l'immeuble en fait. Mais peut-être aurait-il moins d'appréhension à venir en journée plutôt qu'en soirée ? Dans cet entre-deux qui voyait le soleil se coucher et les lumières artificielles de la ville s'éveiller. La question le prit de court et il releva les yeux, détaillant la jeune femme en silence. Elle semblait fatiguée.

« Surtout ma petite sœur. J'imagine qu'elle doit elle aussi en train de fêter la Saint Valentin... »

Peut-être aurait-il la bonne surprise de découvrir des messages de sa part dès lors qu'il aurait l'occasion de regarder son téléphone. La connaissant, elle le harcèlerait de questions pour deviner les goûts de son crush du moment... Pensant que tous les hommes avaient les mêmes... C'était bien le genre d'Aiko ! Un nouveau sourire se dessina sur ses lèvres.

« Tu veux rentrer ? Il commence à se faire tard. »

Sans véritablement attendre de réponse de la part de Dana, le japonais se leva lentement, glissant la carte de l'intéressée dans l'une de ses poches.

« Je ne voudrais pas que tu sois fatiguée demain. Je préfère te savoir pleine d'énergie et de bonne humeur pour tes clients. » la rassura-t-il. « Ça va aller pour rentrer ? Tu veux que j'appelle un taxi ? »
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